Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

jeudi 31 décembre 2015

Meilleurs vœux 2016 !

Meilleurs vœux pour l'année 2016 ! Qu'elle soit remplie pour vous de ces quatre bienfaits...



Renaud CHEREL


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    Souhaiter ou présenter ses vœux
    Meilleurs vœux 2014  
    Poème d'hiver : Meilleurs vœux 2013  
    Meilleurs vœux 2012

lundi 21 décembre 2015

L'hiver et nos rythmes biologiques

Il y a plusieurs façons de définir la période de temps correspondant à la saison d’hiver. L’hiver astronomique débute lors du solstice d’hiver et se termine à l’équinoxe, qui marque le début du printemps. Le solstice d’hiver correspond au moment de l’année où, dans la course de la planète terre autour du soleil, la position apparente de celui-ci atteint son extrême sud. Cela correspond donc à la nuit la plus longue dans l’hémisphère nord, et inversement la plus courte dans l’hémisphère sud qui, lui, est en été. Cette position est atteinte en 2015 dans la nuit de lundi 21 à mardi 22 décembre, date à partir de laquelle les jours rallongent.

L’hiver météorologique, lui, correspond à la période la plus froide de l’année, soit pour l’Europe de début décembre à fin février. C’est cette période-là qui joue principalement sur le cycle des êtres vivants. Pour les végétaux, cela se traduit par la mort des plantes annuelles, le repos végétatif pour les vivaces, la perte des feuilles pour les arbres feuillus. L’hiver influence aussi le comportement des animaux, le repos ou la phase larvaire pour la plupart des insectes, la migration des oiseaux, l’hibernation pour certains mammifères ou les changement de pelage pour d’autres.

"Les quatre saisons" (de gauche à droite et de haut en
bas : hiver, printemps, été, automne) - Arcimboldo.
Nous autres êtres humains n’échappons pas à la règle, notre activité est également soumise à un certain nombre de rythmes biologiques. Certains sont liés à la durée du jour (rythme circadien), d’autres plus brefs (rythmes ultradiens), d’autres liés au cycle des saisons (rythmes circannuels). Par exemple pendant l’hiver, la plus faible luminosité associée à une plus courte durée du jour diminuent notre production de vitamine D mais aussi de mélatonine. La logique demanderait donc que notre activité soit moindre en hiver qu’en été, rythme que respectaient les sociétés rurales avec les gros travaux des culture et des moissons en été, et des activité moins dévoreuses d’énergie en hiver. Mais notre société a inversé les rythmes, puisque l’été est la saison privilégiée des vacances, alors que nous dépensons le maximum d’énergie pendant l’hiver !

De plus, avec la lumière artificielle et l’usage des écrans de nos portables et autres tablettes, nous malmenons aussi nos rythmes circadiens. Cette désynchronisation n’est pas sans effets sur notre santé physique et psychique : elle contribue à nous stresser davantage et nous fragilise. Elle provoque non seulement des effets passagers comme des « coups de pompe » ou de petites déprimes, mais peut aussi avoir des conséquences beaucoup plus graves, préparant le terrain à des affections lourdes, cancers, maladies cardiaques ou rénales…

En étant plus attentifs à nos rythmes biologiques, nous nous garantissons une meilleure qualité de vie. À chacun, évidemment, de composer avec les contraintes, professionnelles ou autres, auxquelles il doit faire face. Mais lorsque nous sommes obligés de bousculer nos rythmes biologiques, pensons à mettre en place des ajustements qui nous permettront de compenser, au moins en partie, ces perturbations.

Que ces considérations ne nous empêchent pas, bien sûr, de vivre pleinement les fêtes de fin d’année. Joyeux Noël à tous !


Renaud CHEREL


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    Le cycle des saisons de notre vie: hiver et printemps
    Début d'hiver
    

lundi 14 décembre 2015

Néoneurones

Avez-vous entendu parler des néoneurones ?

Les neurones sont associés en réseaux
L’équipe du Pr Pierre-Marie Lledo, de l’Institut Pasteur, a découvert en 2003 que des nouveaux neurones, ou néoneurones, étaient produits dans le cerveau des adultes jusqu’à un âge avancé, le sujet le plus âgé chez qui on a observé ce phénomène ayant dépassé l’âge de 89 ans. Cette découverte a renversé un dogme scientifique vieux de près d’un siècle, selon lequel le nombre de neurones de notre cerveau serait définitivement fixé très tôt après la naissance. Chaque neurone étant incapable de se multiplier – contrairement à la plupart des autres cellules de notre corps qui se renouvellent régulièrement –, toute perte était donc irréversible. Cette découverte révolutionne beaucoup de choses que l’on croyait savoir sur le cerveau et revêt de nombreux aspects très encourageants.

Ainsi, le cerveau est capable de s’auto-réparer. On savait déjà que certaines régions du cerveau pouvaient se développer pour compenser la déficience d’une autre zone : ainsi, on constate chez les aveugles un surdéveloppement des zones correspondant à l’ouïe et aux autre sens. Mais on sait maintenant que le cerveau d’un adulte a la capacité – certes, à un rythme lent – de générer des neurones pour en remplacer d’autres qui ont disparu. Cela ouvre évidemment des perspectives très prometteuses pour soigner les maladies neuro-dégénératives telles que Parkinson ou Alzheimer.

« Très intéressant, me direz-vous, mais en quoi cela me concerne-t-il ? Cela est affaire de spécialistes ! » Eh bien, lisez la suite…

L’origine de ces néoneurones est à trouver dans les cellules gliales, qui représentent environ la moitié du nombre total de cellules du cerveau, et qui, elles, sont capables se multiplier. Certaines de ces cellules, dites gliales souches, peuvent se transformer en neurones, lesquels migrent vers la région du cerveau qui en a éventuellement besoin, par exemple suite à une lésion provoquée par un accident.

Or, on a découvert que cette migration ne survenait que s’il y avait un manque et que par ailleurs, sans stimulation, ces néoneurones ne survivaient pas longtemps. Et que l’apparition de néoneurones chez l’adulte est favorisée non seulement par une lésion, mais aussi par la curiosité, l’éveil et le plaisir. Ces nouveaux neurones nous rendent donc, à tout âge, capables d’acquérir de nouvelles compétences cognitives ou opérationnelles. À l’inverse, le désintérêt pour la nouveauté ou un état dépressif se répercutent sur la production de néoneurones.

Ainsi, pour reprendre une ancienne comparaison tombée en désuétude, mon cerveau est comparable à un muscle, il a toujours besoin s’entraînement et de stimulations pour fonctionner. Par conséquent, si je conserve ma curiosité et ma capacité d’émerveillement, alors, quel que soit mon âge, mon cerveau restera capable de générer de nouveaux neurones me permettant d’apprendre des choses nouvelles et de m’adapter à des situations inédites. Mais, répétons-le, ils ne le feront bien que si je suis motivé et que j’y trouve du plaisir !

Alors, pour votre santé et votre bonheur, conservez dans la mesure du possible des activités, voyagez, rencontrez des gens, informez-vous, bref, n’hésitez pas à faire fonctionner – et multiplier – vos petites cellules grises !


Renaud CHEREL


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    Se former en permanence
    Exprimer et libérer sa créativité
    Comment cultiver nos différentes formes d'intelligence

lundi 7 décembre 2015

Savoir demander de l'aide


Même si certains individus se sentent à l’aise dans la solitude ou vivent en ermites, nous autres humains sommes majoritairement des êtres sociaux. Qui n’a jamais eu besoin d’aide, ne serait-ce que pendant son enfance ? Nous pouvons d’ailleurs observer que toutes les sociétés, à toutes les époques, ont su élaborer des systèmes d’aides aux individus qui en avaient besoin. Dans une période où la menace d’attentats sanglants continue de planer, nous ressentons combien sont précieuses les manifestations de soutien et les aides apportées aux victimes et à leurs familles.

Mais il peut nous arriver de ne pas oser recourir à autrui pour résoudre un problème ou sortir d’une difficulté. En effet, demander de l’aide nous fait apparaître plus vulnérable et nous positionne en état d’infériorité, ce qui peut être inconfortable. Pourtant, nous pouvons considérer les choses sous un autre angle : en demandant de l’aide à l’autre, je lui rends paradoxalement un certain service. Je ne parle pas d’excès, bien entendu : il ne s’agit pas de décider de vivre toute sa vie aux crochets des autres ! Mais en sollicitant l’aide d’autrui, je lui envoie un message non verbal qui signifie « Je te fais confiance ».

Je lui donne l’occasion de se montrer généreux, d’exprimer des qualités et des aspects positifs de sa personnalité qui étaient peut-être sous-utilisés. Par là même, en lui demandant un service, je valorise cette personne, je lui accorde une dignité dont peut-être elle avait soif sans forcément avoir conscience de ce besoin de reconnaissance en elle. Le prix que je paye – celui de me sentir momentanément en état d’infériorité – est largement compensé, non seulement par l’aide concrète que je reçois, mais aussi par le lien qui s’instaure entre cette personne et moi, par le plaisir qu’elle ressentira de m’aider et par la valorisation de cette personne qui peut-être, grâce à ce service rendu, aura pris davantage confiance en elle.

Ainsi, la demande d’aide peut être un outil de valorisation : les éducateurs le savent bien, qui demandent aux jeunes des services dans lesquels ils vont pouvoir peu à peu exercer des responsabilités et s’affirmer. C’est aussi le cas, d’une façon un peu différente, dans le monde de l’entreprise, lorsqu’un responsable hiérarchique délègue un certain nombre de tâches à ses subordonnés. Cela suppose évidemment de sa part de bien savoir situer les limites du domaine de chacun et de savoir dire non quand cela est nécessaire.

Un exemple qui m’a beaucoup frappé est le geste de l’abbé Pierre, lorsqu’il rencontra Georges Legay en 1949. Ce dernier, un ancien bagnard, était désespéré, ne croyant plus en rien ni en lui-même et résolu à se suicider. L’abbé Pierre lui dit : « Je ne peux pas t'aider, je n'ai rien à te donner. Mais toi, tu peux m'aider à aider les autres. » Georges devint alors le premier compagnon d’Emmaüs et participa avec énergie au développement de ce mouvement.

Osons donc demander de l’aide à autrui, osons faire ce cadeau à l’autre en lui faisant confiance et en lui signifiant qu’il est important à nos yeux !


Renaud CHEREL


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    Demander de l'aide,  mécanisme de défense
    Oser demander
    Donner et recevoir

lundi 30 novembre 2015

Demander de l'aide, mécanisme de défense

Faut-il attendre la dernière extrémité pour demander de l'aide?

Wilfrid se rendait avec sa femme Peggy à un mariage, à une centaine de km de chez eux. Son GPS était en panne, mais il a assuré maîtriser la situation : « Pas de problème, je connais le chemin ». Sauf qu’il a pris la mauvaise sortie d’autoroute… et qu’il n’a jamais voulu s’arrêter dans une station-service pour demander sa route. Résultat, alors qu’ils étaient partis avec un peu d’avance, ils sont arrivés à la cérémonie avec un bon quart d’heure de retard. Ce genre d’incident, qui se renouvelle assez fréquemment, a le don d’énerver Peggy : « Mais pourquoi ne demande-t-il pas de l’aide ? Ce n’est tout de même pas compliqué ! »

Sylviane, divorcée récemment, a du mal à s’organiser avec ses deux enfants en bas-âge. Mais elle a osé faire appel à son réseau d’amies, et celles-ci ont répondu positivement : elles la soutiennent et lui rendent de petits services au quotidien. Pour Sylviane, le fait de se sentir soutenue dans ses moments de galère compte autant que le service lui-même.

Valérien a été licencié et il a du mal à retrouver un emploi. Mais il n’en a pas parlé à ses amis, de peur d’être déconsidéré. Il veut s’en tirer tout seul et ne sollicite aucune aide de ses proches ; au contraire, il affiche en public un air dégagé alors que son moral est au plus bas et qu’il se sent déprimer de plus en plus.

Le recours à autrui est considéré comme un mécanisme de défense par Alain Braconnier, qui le définit comme la capacité de « rechercher l’aide et le soutien de quelqu’un d’autre que soi pour faire face à une situation difficile ».

On peut demander de l’aide pour recevoir différents types de soutiens : un soutien matériel ou financier ; un soutien intellectuel par l’apport d’informations utiles pour résoudre une situation compliquée ; un soutien d’estime pour se sentir rassuré ; un soutien émotionnel pour se sentir plus écouté, compris…

Cependant, nous sommes souvent réticents à demander de l’aide, pour de nombreuses raisons : par timidité, par crainte de se sentir redevable, de montrer ses faiblesses, par peur d’être déconsidéré ou rejeté par les autres. Ce peut être aussi par peur de déranger les autres, de leur infliger de nouveaux soucis alors qu’ils ont déjà leurs propres problèmes à résoudre. Les hommes ont souvent plus de difficulté que les femmes à demander de l’aide : par éducation, ils doivent paraître forts, indépendants et capables. Et tous, quand nous nous sentons dépressifs ou angoissés, nous tendons à nous refermer sur nous-mêmes alors même que nous aurions encore plus besoin d’être écoutés, soutenus, aidés.

Ces comportements s’appuient sur une fausse équivalence : avoir besoin d’aide serait un signe de faiblesse, alors que fournir de l’aide, ce serait être fort. Pourtant, nous sommes des êtres sociaux et chacun de nous a besoins d’aide à certains moments. La plupart des humains aiment rendre service et sont plutôt heureux d’être sollicités pour apporter une aide. Semaine prochaine, nous verrons comment demander simplement de l’aide.


Renaud CHEREL


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    Les mécanismes de défense psychologique
    Savoir demander de l'aide

lundi 23 novembre 2015

A la fois nomade et sédentaire

Dans le message précédent, j’ai opposé nomades et sédentaires. Avant d’aller plus loin, j’aimerais préciser que nous autres, Occidentaux, éprouvons le besoin de polariser les concepts par dualités : le noir opposé au blanc, le bien au mal, le pur à l’impur, le courage à la lâcheté, etc., contrairement aux Orientaux qui préfèrent considérer tous les intermédiaires entre deux opposés. 

Jusqu’à un certain point, ces oppositions sont justifiées : elles nous permettent certainement de mieux conceptualiser les choses, et de préciser ou de caractériser chacun des concepts étudiés. Mais ensuite, revenant à la réalité concrète, il nous faut prendre en compte toutes les nuances qu’elle nous présente, ce que bien souvent nous omettons de faire. Il en est évidemment de même pour le sujet qui nous occupe, l’opposition entre nomadisme et sédentarité. L’image du nomade véhicule des idées de liberté, de mouvement, de découverte de choses nouvelles ou inconnues ; le nomade est également insaisissable, imprévisible et donc a toujours posé dans nos sociétés sédentarisées la question de la sécurité. À l’inverse, l’image du sédentaire évoque la stabilité, la continuité, l’ancrage et donc la solidité ; par extension, une certaine sécurité.

Pourtant, on peut dire que chacun des deux a besoin de l’autre : le monde ne cesse de changer et le sédentaire a besoin de mouvement pour s’adapter au changement. De son côté, le nomade transporte avec lui une certaine permanence, sans laquelle il tomberait dans l’errance. Aujourd'hui, dans notre société, nous sommes tiraillés entre ces deux tendances. D’un côté, nous sommes poussés à la sédentarité, à la stabilité. Pour prendre deux exemples actuels :
- l’accès à la propriété privée du logement, même si elle n’est pas accessible à tous, est présenté comme un droit ; 
- par le biais d’Internet, les services à domicile se généralisent, et incitent les particuliers à se sédentariser encore davantage. 
Mais dans le même temps, nous sommes de plus en plus poussés à la mobilité, aussi bien dans la carrière professionnelle où la flexibilité est recherchée, que dans les loisirs, où les croisières et voyages en tous genres ne se sont jamais autant développés.

Dans ces conditions, difficile d’opposer sédentaires et nomades ! Les deux types de comportement sont nécessaires à la vie de la société, comme pour nous-mêmes. En général, on tend à être davantage sédentaire en vieillissant ; mais les seniors forment aujourd'hui les gros bataillons des agences de voyages… Par ailleurs, certains individus, très sédentaires physiquement, sont très nomades dans leur tête : je pense à Marcel Proust, reclus dans sa chambre une grande partie de sa vie, dont l’esprit était si vagabond. Plus près de nous, combien d’internautes conversent depuis chez eux avec des « amis » originaires de la planète entière !
Marcel Proust a composé son oeuvre sans presque jamais
quitter sa chambre... 

Nous gagnerons en harmonie en acceptant, en nous et autour de nous, les aspects sédentaires et nomades pour en tirer plus de richesse à travers leurs complémentarités. À nous de les doser selon le type d’activité, mais aussi selon les périodes de notre vie, certaines étant plus propices au nomadisme et d’autres nous appelant à plus de sédentarité.


Renaud CHEREL


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    Nomades et sédentaires
    Permanence et changement

lundi 16 novembre 2015

Nomades et sédentaires

Nos ancêtres lointains étaient essentiellement des nomades
Nous sommes tous issus de peuples nomades, qui se sont sédentarisés avec le développement de l’agriculture. Mais aujourd'hui, contrairement à la tendance historique qui a vu la sédentarité s’accentuer en France, il semble que le nomadisme se développe à nouveau.
- Du fait des incertitudes sur le marché de l’emploi, les travailleurs sont plus mobiles qu’avant, et de moins en moins d’emploi sont garantis à vie.        
- Le nombre de SDF est en forte augmentation depuis le début de la crise de 2008.        
- Ceux qui ont un emploi stable et un domicile fixe passent plus de temps dans les transports pour se rendre au travail et voyagent davantage que par le passé.        
- Enfin, on peut parler d’un nomadisme virtuel, quand Internet nous met en relation avec pratiquement le monde entier.

Les technologies d'aujourd'hui favorisent le nomadisme.
Bien sûr, la différence essentielle entre les nomades et les sédentaires est liée à leur mobilité ; mais on peut dire aussi qu’elle se manifeste dans leur rapport au temps. Les nomades ont un regard à court terme, ils considèrent d’abord les événements et les choses à brève échéance ; à l’inverse, les sédentaires ont un regard à moyen ou à long terme, ils considèrent les choses et les événements dans la durée. Pas étonnant alors que, dans notre société où tout s’accélère, le nomadisme prenne de l’ampleur. Mais le nomade traditionnel fait partie d’un groupe itinérant avec lui. Alors qu’aujourd'hui, le groupe a explosé : le risque est grand que les nomades modernes ne se transforment en errants sans racines et sans but.

Certains auteurs, comme Claude Riveline, Professeur à l'École des mines de Paris, analysent le fonctionnement de la société à l’aide de l’opposition nomades – sédentaires. Ainsi, explique-t-il, dans l’entreprise, le producteur ou le fabriquant sera le plus souvent du côté sédentaire alors que le vendeur ou l’agent commercial sera du côté nomade. Dans la vie publique, l’élu est de type nomade alors que l’administration qui le seconde est sédentaire. Et dans le couple, même si les modèles évoluent rapidement, la femme, si elle est mère de famille, sera plutôt sédentaire et son conjoint plutôt nomade. Il existerait ainsi une confrontation entre sédentaires et nomades dans toutes les sphères de la société.

Les événements graves survenus à Paris semaine dernière peuvent aussi être analysés sous cet angle : contrairement aux armées conventionnelles opérant dans une logique sédentaire, les terroristes fonctionnent dans une logique nomade ; très mobiles, ils opèrent dispersés par petits groupes en accordant une large place à l’improvisation. Mais ils se battent pour une organisation qui cherche à s’installer, à se sédentariser… Je n’irai pas plus loin sur ce sujet, car incompétent dans le domaine de l’analyse politique. Mais cette approche nomade/ sédentaire me paraît à la fois originale et féconde pour tenter de déchiffrer certains aspects du monde dans lequel nous vivons.

Ajoutons que, même s’il existe des personnalités plus enclines au sédentarisme et d’autres au nomadisme, la plupart d’entre nous sont à la fois sédentaires et nomades. Nous verrons dans le prochain message comment gérer ces deux aspects parfois conflictuels en nous-mêmes.


Renaud CHEREL


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    A la fois nomade et sédentaire
    Permanence et changement
    Changement et blocages

Liens externes:
    Nomades et sédentaires, l'irréductible affrontement

lundi 9 novembre 2015

Neurones miroirs

Ludovique s’extasie devant la capacité à communiquer de son fils Noël, âgé de quelques mois : quand elle lui fait des sourires, il répond aussitôt en souriant à son tour. Et cela ne se limite pas aux sourires : Noël répond très souvent à ses mimiques par des expressions semblables. Si petit, il est déjà capable de prendre l’air triste ou sérieux ou de faire la moue en regardant le visage de sa mère.

Très spontanément l'enfant imite les attitudes de sa mère
et partage ses états émotionnels.
Jean-Christophe est en apprentissage en chaudronnerie ; en ce moment, il perfectionne sa maîtrise de la soudure en observant la gestuelle de son patron de stage, qui a trente ans de métier derrière lui. Après avoir observé avec attention la façon de s’y prendre, il effectue la soudure à son tour. Au fil des exercices, son geste se fait plus adroit et lui-même se sent plus sûr de lui.

Jeanne est en conversation téléphonique avec sa meilleure amie. En entendant sa voix, elle partage ses émotions, et sans la voir, elle se représente si bien ses ressentis que ceux-ci apparaissent sur son visage : elle fronce les sourcils quand elle sent la colère de son amie, et rit quand elle la devine joyeuse.

Ces réactions qui font partie de notre vie quotidienne sont en fait liée à l’existence dans notre cerveau de neurones miroirs. Les neurones miroirs ont été découverts par des neurophysiologistes italiens il y a une vingtaine d’années, d’abord chez le singe. Ils ont la particularité de s’activer lorsqu'un individu exécute une action mais aussi lorsqu'il observe un autre individu exécuter la même action, ou même lorsqu'il imagine une telle action tout en restant immobile. Ces neurones sont regroupés en systèmes, qui permettent l’imitation des gestes : par conséquent, ils jouent un grand rôle dans l’apprentissage.

Par ailleurs, en dehors des systèmes miroirs correspondant aux comportements moteurs, il en existe d’autres qui sont liés aux émotions. Ceux-ci permettent de simuler l'état émotionnel d'autrui dans notre cerveau et donc de mieux identifier les émotions éprouvées par les autres, notamment ceux avec qui nous sommes plus liés émotionnellement. L’activité de ces neurones nous permet ainsi de nous mettre en quelque sorte à la place de l’autre, c’est pourquoi on les appelle encore neurones empathiques.

Quelles leçons tirer de ces observations ? Je vous en propose deux : 
       
- Prendre conscience de l’influence que je peux avoir sur les autres, notamment ceux avec qui j’ai des liens émotionnels forts : mes enfants, ma famille, mon entourage, mes amis, mes relations professionnelles et notamment les personnes dont je suis responsable...

- La contagion émotionnelle joue dans les deux sens : si je trouve telle personne agressive, est-ce totalement lié à son comportement, ou bien me renvoie-t-elle en miroir une part de ma propre agressivité ? L’effet miroir est souvent beaucoup plus puissant qu’on ne le pense. Si moi-même je travaille à mettre plus de cohérence entre ce que je dis, ce que je pense et ce que je fais, à être plus serein et moins stressé, alors cela aura forcément un impact sur l’attitude des autres envers moi.


Renaud CHEREL


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lundi 2 novembre 2015

Quand tutoyer et quand vouvoyer?

William Alexander a publié dans le Los Angeles Times un schéma sur l’usage de « vous » et « tu » en français. Je ne résiste pas au plaisir de vous le traduire !
Remarque : comme vous le savez bien, dans les situations réelles, c’est encore plus compliqué que cela ! Comment voulez-vous que les étrangers s’y retrouvent ?


Renaud CHEREL


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    Tutoiement et vouvoiement

lundi 26 octobre 2015

Tutoiement et vouvoiement

« Pouvez-vous me donner les horaires des trains pour Lyon ? » demande Paloma à l’employé SNCF.

Valéry passe devant un SDF dans la rue et celui-ci lui lance : « T’as pas un euro ? ».

Simon a rendez-vous avec le directeur de son entreprise et le salue : « Bonjour Monsieur Dupont. Vous m’avez fait demander ? »

Marion, quatre ans, s’adresse à une dame inconnue : « T’as vu ma poupée, comme elle est belle ? »

Le français est une des langues où l’on peut choisir entre tutoyer ou vouvoyer un interlocuteur, comme on peut aussi le faire en espagnol et, dans une certaine mesure, en italien. Par contre, en anglais, cette possibilité n’existe quasiment plus, le pronom thou ayant pratiquement disparu au profit de you.

Concernant la langue française, l’usage du ‘tu’ et du ‘vous’ a beaucoup évolué selon les époques. Aujourd’hui, le tutoiement est de plus en plus répandu, notamment parmi les jeunes générations, peut-être sous l’influence de la langue anglaise, mais aussi probablement selon l’évolution des rapports interpersonnels dans notre société.

Classiquement, dans notre culture, le tutoiement marque davantage la proximité du lien ou l’intimité, il signifie moins de formalité dans les contacts. Il est plus facilement utilisé quand il y a parité des niveaux : entre ados, en famille, entre collègues, entre membres d’une même association ou d’un même groupe social.

A l’inverse, le vouvoiement est davantage utilisé pour signifier une certaine distance : vis-à-vis des inconnus, des gens que l’on connaît peu ou mal, ou bien ceux qui appartiennent à des univers différents du nôtre. Le vouvoiement peut aussi marquer formellement le respect envers l’interlocuteur ou sa fonction, ou la hiérarchie.

En apprenant à parler, l’enfant tutoie tout le monde ; c’est en grandissant qu’il apprend à discerner les personnes à vouvoyer, et celles qu’il peut tutoyer. À l’inverse, chez l’adulte, le passage du ‘vous’ formel au ‘tu’ informel est un rituel qui marque l’évolution de la relation vers plus de proximité. Ce changement est instantanément perceptible : il se produit alors une espèce de décontraction mentale et physique, qui transforme les comportements des deux personnes en présence. Ce passage se fait plus facilement quand une certaine parité est perçue entre les interlocuteurs : par exemple entre personnes du même sexe ou d’âge voisin.

Cependant, d’autres significations se sont progressivement attachées au tutoiement, probablement sous l’influence du jeunisme ambiant. Tutoyer, c’est se montrer jeune, dynamique, tourné vers l’avenir, sans formalisme… Par réaction, le vouvoiement peut apparaître comme porteur de valeurs plus classiques, voire même véhiculer une certaine pesanteur ou un immobilisme dépassés. Cela s’est marqué dans le domaine professionnel : on notera que les premières entreprises à généraliser le tutoiement ont été celles qui cherchaient à donner une image jeune, par exemple dans les média, la publicité ou les nouvelles technologies. Par contraste, le vouvoiement, qui peut apparaître comme la marque d’un certain formalisme, a résisté davantage dans des entreprises plus traditionnelles, la finance, ou des industries anciennes.

Nous verrons dans le prochain message comment choisir entre tutoiement et vouvoiement.


Renaud CHEREL


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    Relations humaines
    Quand tutoyer et quand vouvoyer?

lundi 19 octobre 2015

Causalité, finalité

Principe de causalité : pour les tenants de la causalité, les relations causales influencent le présent à partir du passé. Un autre façon de formuler ce principe est de dire que si un phénomène (nommé cause) produit un autre phénomène (nommé effet), alors l’effet ne peut précéder la cause.

On a longtemps avancé un second aspect du principe de causalité : à une même cause correspond nécessairement un même effet (ce qu’on appelle le déterminisme). Mais cet aspect a été écarté dans la physique moderne : en effet, dans l’état des connaissances actuelles, la détermination complète de l’état initial d’un système complexe est impossible. Or, l’expérience montre que dans certains systèmes, des différences minimes aboutissent à des effets extrêmement différents (systèmes chaotiques).

Toute la science contemporaine est donc bâtie sur un axiome : la cause précède l’effet. Pourtant, même dans les sciences dures, un domaine semble lui résister, la physique quantique ; un certain nombre de théories ont d’ailleurs été élaborées pour contourner ce problème.

Principe de finalité : à l’inverse, pour les tenants de la finalité, le projet final influence le présent. Ce principe avait été formulé dès l’Antiquité, avec Aristote qui affirmait : « La nature ne fait rien en vain. » Selon le philosophe grec, tout être a une fin, un but. Rien dans la nature n’est gratuit, manqué ou superflu. C’est notamment le cas si l’on admet l’existence d’un dieu créateur, ayant créé le monde dans une certaine intention, même si celle-ci nous est inconnue.

Ces deux écoles de pensée semblent exclusives l’une de l’autre. Pourtant, nous les mélangeons sans cesse dans le langage courant. Par exemple nous pouvons dire : « si je n’avais pas raté la marche, je ne serais pas tombé » : causalité. Ou bien : « les épines permettent au rosier de se défendre contre les oiseaux. » Là, nous avons un discours finaliste en attribuant une intention à une plante. Mais celle-ci a-t-elle la volonté de se défendre ? Difficile à dire, alors qu’elle ne possède pas de système nerveux, ni aucune structure pouvant jouer ce rôle. Buffon allait très loin dans ce sens, affirmant par exemple que le melon était fait pour être partagé en famille, d’où les divisions de la peau du fruit : vision à la fois très finaliste et anthropocentrique (centrée sur l’homme)…

La rose explique au petit Prince qu'elle a des épines
pour se protéger...
Faut-il trancher entre les deux ? Ou bien les admettre simultanément dans deux sphères séparées, en postulant que la science – et la causalité – traitent du « comment », et la religion ou la métaphysique traitent du « pourquoi » ? Certains auteurs défendent une position intermédiaire : l’existence de causes immédiates démontrées par la science ne saurait exclure la nécessité d’une cause finale ou d’une cause première. 

Pour illustrer cette position : la démonstration que la flèche est poussée par la tension de la corde (cause immédiate) ne saurait expliquer la volonté de l’archer de tuer le sanglier pour se nourrir – ou pour s’enrichir en vendant la viande (cause finale).

Et vous, qu’en pensez-vous ?


Renaud CHEREL


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    Croyances et savoirs

mercredi 14 octobre 2015

Comment gérer mes contradictions internes

Il nous arrive d'être tiraillés entre
des désirs et des émotions contradictoires
À partir du moment où je réalise que les êtres vivants fonctionnent en sollicitant des systèmes ago-antagonistes (voir message précédent), mes contradictions internes m’apparaissent sous un jour plus positif. C’est d’ailleurs un trait typique de nos sociétés occidentales que cette vision dualiste du monde à laquelle nous souscrivons souvent : c’est vrai ou c’est faux, c’est noir ou blanc, c’est bien ou mal, c’est beau ou laid, etc. Dans les traditions orientales, la réalité est vue de façon plus nuancée : dans telle affirmation il y a du vrai et du faux ; il y a bien souvent une pointe de noir dans le blanc et de blanc dans le noir ; un bien peut avoir des aspects négatifs et un mal des aspects bénéfiques ; la beauté est souvent rehaussée par quelque imperfection, etc. 

En considérant mes propres contradictions sous cet angle, elles m’apparaîtront davantage comme des outils mis à ma disposition pour m’assumer davantage en tant qu’être humain. Ce sont elles, en particulier, qui font de moi un être imparfait, certes, mais un être étonnant, unique et merveilleux. Pour les regarder avec plus de sérénité, je peux imaginer mon esprit et mes émotions comme un ensemble de sages en train de débattre, chacun exprimant son opinion.

Les premières contradictions qui peuvent m’apparaître sont celles entre mes pensées et mes actes : elles sont peu bénéfiques et je peux les minimiser en faisant le tri dans mes valeurs morales, afin de garder les plus importantes pour les appliquer à moi-même avant de les attendre des autres. Ce faisant, je gagnerai en estime de moi-même et mes relations seront plus saines et plus satisfaisantes.
D’autres conflits intérieurs peuvent provenir de mes conditionnement durant l’enfance. Quels modèles m’étaient-ils proposés ? Aujourd'hui, en tant qu’adulte, suis-je d’accord avec ceux-là, ou en réaction contre eux ? À moi de choisir de conserver ce qui convient à mes valeurs et à mes convictions, et à laisser de côté le reste.

Il se peut aussi que la vie n’ait pas été facile pour moi, et que je sois plein de rancœurs et de reproches. Mais le fait de blâmer mes parents ou la société ne changera rien au passé. Moi seul ai le pouvoir de changer les choses sur lesquelles j’ai de l’influence, et de changer mon regard sur les gens, les choses, les événements sur lesquels je n’ai aucun contrôle. Alors je pourrai accepter avec sérénité ce sur lequel je ne peux rien.

Mes contradictions peuvent aussi me paralyser, en étant incapable de choisir. Car tout choix entraîne nécessairement la perte de certains avantages. Mais ces pertes me rendent plus fort et m’ouvrent à de nouvelles opportunités. En saisissant l’occasion qui se présente aujourd'hui, je ne gaspillerai pas mon énergie dans des regrets inutiles, à ruminer le passé qui n’est plus. Et si je subis un échec, j’en tire la leçon qui m’évitera de commettre la même erreur la prochaine fois. 

Enfin, il est important de rester à l’écoute de mes besoins et de les nourrir.



Renaud CHEREL


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lundi 5 octobre 2015

Contradictions internes

Les êtres vivants fonctionnent avec des systèmes antagonistes, c’est-à-dire dont les actions sont opposées. Pour prendre un exemple : quand je tends le bras pour saisir un objet, mon triceps (muscle côté dorsal) se contracte tandis que mon biceps (côté ventral) s’étire ; mais le biceps demeure en tension. Les deux muscles agissent de façon opposée, c’est ce qui me permet d’arrêter mon mouvement de façon fluide. Dans ce mouvement, l’activité du triceps est dite agoniste – elle permet l’action – tandis que celle du biceps est antagoniste – elle s’oppose à l’action. Quand je replie mon bras, à l’inverse, c’est le biceps qui est agoniste, et le triceps devient antagoniste. C’est pourquoi l’on parle de systèmes ago-antagonistes.

Un grand nombre de nos systèmes physiologiques fonctionnent de cette manière ; ainsi, nos hormones fonctionnent souvent par couples ago-antagonistes, de même que les neurotransmetteurs, mais aussi notre système de défense immunitaire, etc.

Poser l’hypothèse que notre fonctionnement psychique est comparable à un ensemble de systèmes ago-antagonistes permet de comprendre beaucoup de choses. En effet, combien de fois m’est-il arrivé de désirer une chose, et en même temps de la repousser ? Qui n’a pas, au moins une fois, ressenti à la fois un sentiment et son contraire ? Tout se passe alors comme si, dans le moment même où j’éprouve une émotion, l’émotion contraire vient m’envahir : j’ai peur, mais en même temps j’ai envie de foncer dans l’obstacle comme un téméraire ; je suis joyeux, mais en même temps vient s’y mêler une sorte de tristesse ; je suis surpris par cet événement, mais en même temps je m’y attendais…

Hergé a su parfaitement illustrer les antagonismes
qui s'agitent dans l'esprit de ses personnages.
C’est souvent à l’adolescence que les antagonismes sont les plus visibles. Joseph est envahi de sentiments contradictoires et c’est vis-à-vis des personnes qu’il aime le plus qu’il se montre le plus désagréable. Il se rebelle contre sa mère tout en réalisant que sa remarque est juste. Il lance des piques cruelles à sa sœur, attaques qu’il regrette aussitôt, tout en éprouvant un secret plaisir en la voyant réagir. Ce genre de contradiction est généralement admis – même s’il est parfois difficile à supporter par l’entourage et par l’adolescent lui-même –, car il signe les profonds changements qui adviennent durant le passage de l’enfance à l’âge adulte.

Par contre, on admet moins facilement les contradictions internes chez l’adulte. Et pourtant, elles surgissent constamment, même si elles sont moins visibles. La meilleure amie de Lara vient de lui apprendre qu’elle va se marier avec l’homme qu’elle aime. Lara se sent à la fois heureuse du bonheur de son amie, et malheureuse aussi, car elle craint de perdre une part d’affection. « Est-ce que notre amitié sera aussi forte qu’avant ? » s’interroge-t-elle, sans oser poser ouvertement la question.

Xavière est furieuse contre son chef de service, qui s’est attribué tout le mérite de son idée à elle, Xavière, lors de la dernière réunion avec l’équipe de direction. En même temps, elle se dit qu’elle ne lui en veut pas, car c’est une règle tacite dans l’entreprise.

Et vous, devez-vous souvent gérer des contradictions internes ?


Renaud CHEREL


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lundi 28 septembre 2015

Construire un bon compromis

Dans le message précédent, nous avons vu l’intérêt de construire un compromis. Précisons d’emblée que le compromis n’est pas une solution universelle : il existe bien sûr des situations où il s’avère nécessaire de trancher, soit du fait de l’urgence, soit parce que l’ensemble des informations n’est pas disponible pour toutes les parties, ou encore pour d’autres raisons. Lorsque l’alerte au feu retentit dans la caserne des pompiers, ce n’est pas le moment de discuter de l’intérêt d’intervenir sur le sinistre ou pas. En dehors de ces situations qui doivent rester exceptionnelles, le compromis est envisageable dans la plupart des cas.
L'art du compromis peut s'acquérir dès le plus jeune âge.

L’esprit dans lequel construire un compromis s’inscrit dans celui de la communication non violente. Dans les deux cas, l’on s’appuie sur les mêmes principes :

- Prendre d’abord le temps d’échanger. Si l’autre personne intervient alors que je suis occupé à une tâche importante, il est possible, la plupart du temps, de répondre : « Je termine cette tâche et je suis à toi dans tel délai » Que ce soit deux minutes ou une demi-heure, l’important est de préciser la durée et de s’y tenir.

- Une fois face à la personne, rester calme, sans se laisser déborder par les émotions. Il ne s’agit pas d’éliminer les émotions qui peuvent monter en moi et qui de toute façon trouveront un moyen de s’exprimer, mais de leur laisser leur juste place. Pour cela, je tente de considérer la situation le plus objectivement possible, sans jugement : quels sont les faits ? Qu’est-ce qui est en train de se passer ?

- Donner ma propre vision des faits et des ressentis qu’ils ont provoqués en moi. C’est le moment où mes émotions peuvent s’exprimer, mais sans excès ni théâtralisation. Poursuivre en exprimant fermement mon point de vue et ma demande : il ne s’agit pas de céder ou de capituler a priori.

- Être à l’écoute de la personne ; cela signifie non seulement que je sois attentif aux paroles qu’elle prononce, mais aussi à ce qu’elle exprime par ailleurs : intonations et puissance de voix (langage paraverbal), gestuelle et attitude du corps (langage non verbal). Souvent ces derniers langages complètent très utilement l’information apportée par la parole.

- Poser des questions pour faire préciser à l’autre ce que je n’ai pas bien compris, et au besoin reformuler avec mes propres mots, ce qui permettra éventuellement d’éclaircir certains points qui ne me paraissaient pas clairs. L’écoute et le questionnement me permettent de comprendre le point de vue de l’autre, même si je ne le partage pas : je respecte la personne, même si ses actes ou ses déclarations me paraissent inappropriés par rapport à la situation.

- En dernier lieu, proposer une solution en accord avec les deux points de vue. Il est également possible de demander à la personne quel compromis elle serait en mesure de proposer. Si cette solution paraît acceptable dans son principe, elle peut ensuite être affinée dans ses détails afin que les deux interlocuteurs y trouvent chacun leur compte.


Renaud Cherel

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