Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

mardi 27 septembre 2016

Avarice et radinerie


Des amis échangent sur leur façon de dépenser.

-« Je ne comprends pas qu’on puisse claquer son salaire en restaurant ou en frivolités ! s’exclame Suzette. Une fois le plaisir passé, il ne reste rien. Mon plaisir à moi, c’est de mettre de l’argent de côté chaque mois pour alimenter mes comptes épargne. Ainsi, je suis certaine de pouvoir faire face en cas de coup dur. Et puis pour moi, pas question de vivre à crédit ou, pire encore, de me trouver à découvert !

- Moi, je ne suis pas avare, mais j’ai le sens de l’économie, c’est tout, lui répond Nina. Ce qui m’importe c’est de dépenser mon argent au mieux en faisant de bonnes affaires. Je me sers d’Internet pour comparer les prix, recevoir des échantillons gratuits, profiter des bons d'achat, des réductions, gagner des produits gratuits, profiter de prix dégriffés, etc.

- Nous vivons dans une société de gaspillage incroyable. Je ne veux pas de cette hyperconsommation qui est en train de tout polluer et de pourrir la Terre, explique Vladimir. Avec mon amie, on cherche à consommer mieux pour produire le moins de déchets possibles. On préfère récupérer les objets, les réparer et les recycler quand c’est possible, plutôt que toujours acheter du neuf, et on pratique le troc entre particuliers pour les objets dont on n’a plus besoin. On peut très bien vivre heureux en consommant moins. »

Le philosophe grec Théophraste distinguait l’avarice, qui est une épargne excessive, de la radinerie qui est un manque de prodigalité. Autrement dit, l’avarice met davantage l’accent sur la passion d’accumuler les richesses et la radinerie sur celle de les retenir. Aujourd'hui, les deux mots ont un sens à peu près équivalent qui se rapporte à un attachement excessif à l’argent.

Ceci étant dit, la radinerie est aujourd'hui une attitude assumée et revendiquée qui est apparue en France dans les années 2000, suite à une tendance émergée quelques années plus tôt aux États-Unis. Le contexte de baisse du pouvoir d’achat et de hausse des prix aggravé par la crise de 2008 a accentué cette tendance, vite intégrée d’ailleurs par les stratégies marketing de nombreuses marques.

Comme pour beaucoup de traits de caractères, c’est l’aspect excessif de celui-ci qui devient problématique. Avoir le sens de l’économie, bien savoir thésauriser, conserver, organiser et classer, c’est une bonne chose. Par contre, si cette tendance nous gâche la vie et celle de notre entourage, cela vaut la peine de réévaluer notre comportement. D’une part, le manque de générosité peut poser des difficultés à nos proches et les faire souffrir ; d’autre part la rétention de l’argent peut s’accompagner d’une tendance à limiter les contacts avec les autres, à se renfermer sur soi-même, à vivre en vase clos.

D’où vient cette tendance à l’avarice ? Plusieurs causes sont évoquées par les spécialistes : elle peut être liée à des privations survenues dans l’enfance, à la peur de mourir, à un réflexe de compensation face à un sentiment de vide intérieur…

Nous pourrons examiner dans le prochain message comment sortir de cette tendance.



Renaud CHEREL


Vous pouvez lire aussi dans ce blog des articles sur la même thématique :
    Être et avoir
    Frugalité
    Se défaire de l'avarice

mardi 20 septembre 2016

Comment sortir de l'hyperactivité?


Il convient d’abord de préciser de quoi il s’agit, autrement dit de faire un autodiagnostic sur son comportement :  
- Est-ce que cette hyperactivité est liée à un contexte précis, par exemple mon activité professionnelle ou un événement familial particulier (heureux ou malheureux), ou bien est-ce que je me comporte ainsi à peu près dans tous les domaines et tout le temps ?
           
- Est-ce que je suis soumis à des pressions fortes dans mon travail, comme par exemple une demande d’augmentation du rythme d’activité ou des cadences, une évaluation continue des performances, une menace de licenciement… ? 
     
- Est-ce que dans le passé, mes parents ou mes proches me reprochaient déjà d’être un enfant très agité, ne tenant pas en place, hyperactif, ou bien avais-je plutôt un comportement normal par rapport à ce critère ?

Selon les réponses à ces questions, vous pouvez évaluer si votre hyperactivité est permanente, remontant à votre enfance, ou bien si elle est conjoncturelle, liée au contexte que vous vivez en ce moment.

Dans le premier cas, si vous vivez très bien avec cela, et que vous avez le sentiment de gérer correctement cette hyperactivité, il n’est probablement pas utile de changer : vous vivez intensément, vous avez des initiatives et de la créativité, en somme vous vivez ce qui demanderait plusieurs vies à d’autres : supprimer tout cela vous conduirait à un ennui mortel ! Si par contre ce comportement entraîne pour vous et votre entourage toutes sortes d’inconvénients et que vous vivez mal cette situation, vous souffrez peut-être du Trouble du Déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH), auquel cas il serait bon de consulter un professionnel (médecin ou psy) qui pourra confirmer le diagnostic et indiquer un traitement approprié.

Dans le second cas(hyperactivité conjoncturelle), il vous faut évaluer l’origine de votre comportement, éventuellement en vous aidant d’une personne extérieure, par exemple un coach. Ensuite, il vous faudra mettre en perspective vos priorités. Autrement dit, choisissez un moment où vous êtes calme et détendu – au besoin, créez-le ! – pour vous poser les questions suivantes : Qu’est-ce qui est le plus important pour moi actuellement ? Vous pouvez répondre par un verbe. Prenez le temps d’approfondir : C’est vraiment cela qui est important pour moi ? Ou bien au fond c’est un écran de fumée ? Et cela s’appuie sur quelles valeurs ? – là vous répondez par des noms. 

À partir de ces réponses, tirez-en les conséquences : si vous consacrez la plus grande part de votre énergie à ce qui n’est pas le plus important pour vous, il est temps de changer. Rebranchez-vous sur le plus important, en laissant tomber ou en déléguant ce qui est secondaire. Modifiez progressivement vos rythmes et vos habitudes. Prenez le temps régulièrement de faire des pauses. Pratiquez la relaxation, les séances de massage ou des exercices de respiration. Adonnez-vous à un passe-temps qui vous permette d’être davantage dans la contemplation, la réception, que dans l’action, l’initiative : peinture, photo artistique, yoga... Prenez le temps de manger sainement en savourant chaque bouchée... 

Bref, prenez soin de vous !



Renaud CHEREL


Vous pouvez lire aussi dans ce blog des articles sur la même thématique :
    Gérer son temps
    La série 10 outils pour gérer le stress
    L'observateur intérieur ou la pleine conscience

Liens externes:
    Jeux cérébraux : http://fr.ibraining.com/
    Voir aussi article très documenté sur TDAH : http://www.tdah-adulte.org/

mardi 13 septembre 2016

Activisme et hyperactivité


Des amis discutent sur leur rapport au travail.

-« Moi, je cherche à faire des étincelles très vite, explique Josselin. Puis c’est le burn-out ! Plusieurs fois déjà ça m’est arrivé, suite à une période où j’ai travaillé jour et nuit, sept jours sur sept. Dans ces moments-là, il m’est impossible de prendre des congés.

- C’est un peu pareil pour moi, opine Vinciane. Je suis une fonceuse, j’ai de l’énergie. Je mets le masque de "Tout va bien !" et j’avance. Je dois toujours être moteur. Je fais, je crée des choses tout le temps. Déjà jeune j’étais comme ça : j’ai le souvenir d’une année scolaire en apnée pendant 9 mois…

- J’ai travaillé beaucoup – trop, explique Pétronille. J’ai beaucoup été dans l’efficacité, il fallait se sentir indispensable… et puis j’ai eu une grosse fatigue, et cela m’a fait réfléchir : j’avais la sensation de tourner dans le vide, un peu comme un hamster dans sa cage. Je cherchais à faire pour avoir. Je n’avais pas le droit d’aller mal. Maintenant j’ai changé de fonctionnement et je vais mieux.

- Oh là là, vous me faites peur, avec votre activisme ! s’exclame Marin. Rien que de vous voir faire, ça me fatigue. Moi, je prends mon temps pour faire les choses, et je déteste qu’on me bouscule. C’est vrai qu’au travail, on me met la pression ; mais si on insiste pour me faire aller plus vite, j’utilise plutôt la résistance passive. Je vais résister de façon invisible. Je n’ai pas eu de grosse promotion, mais bon… »

L’activisme, ou hyperactivité, est cité par un certain nombre d’auteurs comme faisant partie des mécanismes de défense psychologiques. Il s’agit de la « gestion des conflits psychiques ou des situations traumatiques externes, par le recours à l’action, à la place de la réflexion ou du vécu des affects. »

Alors que l’incapacité à tenir en place et l’hyperactivité chez les enfants sont souvent pris comme des signaux d’alerte, cela n’est plus considéré comme un problème à l’âge adulte. Au contraire, notre société valorise les comportements hyperactifs dans l’univers professionnel où la compétitivité fait rage. Pourtant, d’après les psychologues, l’activisme est souvent une façon de masquer ou de justifier une anxiété chronique, la peur de ne pas être à la hauteur, la peur de ne pas être aimé.

Mais on ne peut pas rejeter sur le seul individu au travail l’entière responsabilité de cette hyper-activité ; la vie professionnelle et même notre société dans son ensemble en prennent une part importante. On voit bien que l’organisation du travail impose des contraintes croissantes dans le cadre de la productivité. Le sujet est contraint de déployer des efforts considérables pour produire davantage, tout en maintenant un haut niveau de qualité. Le risque, pour celui qui réussit à s’impliquer subjectivement dans son travail, qui cherche à l’accomplir le plus consciencieusement possible, c’est de devenir vulnérable au risque de l’hyperactivité. Il risque de tomber dans un engrenage sans fin où on lui demandera toujours plus.

Peut-on sortir de l’hyperactivité ? Nous le verrons dans le prochain message.



Renaud CHEREL


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mardi 6 septembre 2016

Redémarrage


Pour beaucoup d’entre nous, la période des vacances d’été s’achève, nous sommes dans le redémarrage d’une nouvelle année scolaire ou d’une nouvelle campagne d’activités. Il va falloir reprendre les occupations habituelles, le travail, les trajets quotidiens. Mais cela s’accompagne probablement aussi de nouveaux projets, de nouvelles relations, peut-être d’un changement géographique qui tous nécessitent une nouvelle organisation, pas forcément facile à mettre en place. Comme nous sommes tous différents, certains se sentent très stimulés à l’idée de ces changements, alors que d’autres les redoutent. Inversement, ceux-ci sont probablement rassurés par la reprise d’une certaine routine quotidienne, alors que ceux-là, détestant cette même routine, se projettent déjà dans de futures escapades.

Avant de nous plonger tête baissée dans cette nouvelle saison, avons-nous pris le temps de faire un petit bilan de cette période estivale qui s’achève, pour en récolter les fruits et les savourer ? Comment l’avons-nous vécue ? Si j’ai pu vivre au mieux ce qu’il m’était donné de vivre, si j’ai pleinement profité de ce temps d’été, je peux capitaliser ces bons souvenirs en me remémorant les bons moments passés, en échangeant avec d’autres et en les racontant ou en revoyant les photos ou les films de ces moments. Alors je me constitue en quelque sorte une réserve d’énergie dans laquelle je vais pouvoir puiser pour redémarrer dans des conditions optimales.

Si cela n’a pas été le cas, si j’ai vécu des événements pénibles ou des deuils, si j’ai été gagné par le climat de morosité et même de peur qui se diffuse actuellement dans notre société française, je peux tout de même positiver. Même dans les moments les plus difficiles, je prétends, moi Renaud Cherel, qu’il y a toujours moyen de poser un regard positif sur ce qui a été vécu, et je parle d’expérience. Je peux par exemple sélectionner dans mes souvenirs de l’été les meilleurs instants – il doit bien s’en trouver tout de même – pour m’en faire un bouquet. Je peux aussi tirer de mes expériences moins agréables ou de mes échecs des leçons pour la suite : car – on ne le répètera jamais assez – c’est en surmontant ses échecs que l’on finit par réussir. Et dans tous les cas, je peux me répéter : « ne regrette rien », car aucun regret ne transformera le passé. Mieux vaut me tourner vers le futur et considérer la meilleure manière de l’aborder, à partir de ce que je suis aujourd'hui et des conditions dans lesquelles je me trouve.

Dernière précaution : il me faut évaluer de quoi je suis capable, de façon à ne pas me lancer dans des entreprises trop hasardeuses que je n’arriverais pas à conclure. Cet avertissement n’aura probablement aucun effet pour ceux d’entre nous qui sont stimulés par la prise de risques et pour qui l’audace est une seconde nature. Mais avec le temps et l’expérience, même ceux-là s’assagiront !

Ainsi préparés, nous allons pouvoir nous lancer avec une belle énergie dans cette nouvelle saison qui commence. C’est tout le bien que je nous souhaite !



Renaud CHEREL

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