Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 25 juin 2012

Pardon et réconciliation


Pardon - réconciliation
Pardonner, se réconcilier, voilà des démarches difficiles… et pourtant, elles sont indispensables pour vivre ensemble en harmonie, que ce soit dans le couple, entre amis ou voisins ou même entre communautés différentes.

Selon le Petit Robert, pardonner, c’est tenir une offense pour non avenue, ne pas en garder de ressentiment, renoncer à en tirer vengeance.

L’aptitude à pardonner à autrui ou à soi-même est une marque de maturité. En effet, le désir de représailles est une des réactions spontanées de l’enfant face à une frustration ; la capacité à pardonner, qui représente un progrès considérable par rapport au désir instinctif de vengeance, ne va s’acquérir que progressivement. Si cette capacité n’a pas été acquise dans l’enfance, si elle n’a pas été nourrie par des exemples, il sera d’autant plus difficile – mais pas impossible – de pardonner à l’âge adulte.

Pour mieux circonscrire le sens du pardon, on peut préciser ce qu’il n’est pas :

Pardonner n’est pas comprendre
En réfléchissant sur les faits, je vois que la personne qui m’a blessé a des circonstances atténuantes, elle a agi ainsi à cause de telle ou telle raison. Si je me montre compréhensif au terme d’un processus de réflexion, je ne pardonne pas pour autant.

Pardonner n’est pas excuser
« L’excuse, pour être juste, doit s’appliquer à un mal reconnu comme non volontaire : on ne pardonne pas à quelqu’un qui vous a marché sur les pieds par inadvertance, on l’excuse... » (J.M. Gueullette). Avant de pardonner librement, en tant qu’offensé, j’ai reconnu la responsabilité de mon offenseur.

Pardonner n’est pas justifier l’autre
Je ne te dis pas que tu n’as pas eu tort, mais je reconnais que nous sommes humains, toi et moi, et donc imparfaits, susceptibles de commettre des erreurs. En pardonnant, implicitement je reconnais que moi aussi, j’ai besoin du pardon des autres.

Pardonner n’est pas oublier
Si j’ai oublié ce qui s’est passé, puis-je parler de pardon ? La qualité d’un don, d’un cadeau, réside d’abord dans l’intention de celui qui offre. De la même façon, la valeur du pardon se mesure à la gravité de la faute. Si la faute est oubliée, c’est comme si elle n’existait plus à mes yeux, il n’y a donc pas de pardon.

Pardonner n’est pas effacer la faute
La faute a été commise, c’est un fait ; mais le pardon permet de la dépasser. Car ce que je pardonne, au fond, ce n’est pas la faute, c’est la personne. « Je t’estime plus que ta faute, je t’estime au-delà de ta faute. »

Le pardon demande du temps pour mûrir.

L’offenseur acceptera-t-il ce pardon ? Pas forcément : il peut ne pas demander le pardon. Par contre, s’il le fait, la démarche peut aboutir à la réconciliation, dans une nouvelle rencontre pour retrouver un accord, une harmonie, pour faire la paix. La réconciliation rétablit les relations brisées, détériorées, habitées de déception, de mépris, voire de haine. En nous réconciliant, nous renouons des liens pour repartir ensemble.


Renaud CHEREL



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lundi 18 juin 2012

Vivre avec un râleur


Dans le cadre privé, il peut être difficile de vivre aux côtés d’une personne très négative ou rabat-joie. Là encore, comme sur le lieu de travail, on va retrouver différentes attitudes selon les personnalités, avec cependant une nuance importante : beaucoup se permettent en privé des attitudes qu’ils n’oseraient pas montrer en public. Paradoxalement, c’est auprès des leurs qu’ils vont consentir à exprimer leurs émotions les plus négatives. Au final, ils peuvent se montrer plus désagréables auprès de leurs proches (famille, amis intimes) qu’envers des collègues de travail ou des étrangers.

Parmi les rabat-joie, certains ont l’œil critique et ne voient que les détails qui clochent ; d’autres profèrent de sombres prédictions sur l’avenir ; d’autres encore ne cessent de ruminer les torts qu’on leur a fait subir. Évidemment, leur attitude retentit sur le climat général, et la vie à leurs côtés peut se transformer en une longue série d’épreuves car ils gâchent non seulement leur plaisir mais aussi celui des autres. Leur comportement risque de poser des problèmes dans la vie du couple ; mais il s’agit d’abord pour eux d’en prendre conscience.

Olmer le reconnaît : « Ma famille est ce que j’ai de plus précieux au monde, mais je ne peux pas m’en empêcher : c’est toujours à la maison que ma colère explose. Il en faut peu pour me contrarier : je vais tempêter contre un objet que je ne retrouve pas immédiatement, et le moindre petit embouteillage provoque une explosion, comme s’il se produisait exprès pour me mettre en retard… Une fois contrarié, il m’arrive de m’enfermer dans un état bougon pendant des heures à ressasser mes griefs. »

Pour Léna, avec qui il vit, c’est parfois extrêmement pénible ; pourtant elle ne peut pas lui demander de changer d’un coup de baguette magique, même si pour elle la tentation est grande de lui reprocher vivement son comportement. Il est préférable, face à un tel problème, d’avoir une discussion de couple. Il s’agit d’abord d’écouter l’autre, de comprendre pourquoi ce type de comportement est important dans son histoire. Léna expliquera pourquoi elle a tant de mal avec ce côté de la personnalité d’Olmer : elle-même a souffert d’un père affreusement pénible. Alors Olmer comprendra à quel point son propre comportement est difficile à supporter pour elle et sera d’autant plus enclin à en tenir compte. Peut-être pourra-t-il dire à Léna ce qu’il a vécu lui-même à l’origine de sa frustration, ou bien sera-t-il incapable de savoir d’où cela vient : à chacun d’accepter l’idée que l’autre puisse être différent.

Ensuite, Lena peut lui dire sa vision du monde : non pas qu’il a tort, mais qu’elle voit les choses autrement et qu’à son avis la vie est plutôt belle. Olmer, de son côté trouvera sans doute la vision de Léna trop optimiste et naïve. Mais dans cet échange il ne s’agit pas de juger si l’un a raison et l’autre a tort mais de partager : car au fond, le monde n’est ni rose ni noir, il est multicolore… Et chacun pourra peu à peu redécouvrir les belles qualités de l’autre qui l’ont tant séduit dans les débuts de leur relation.

Renaud CHEREL



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lundi 11 juin 2012

Gérer les râleurs au travail


Dans le cadre professionnel, on peut rencontrer différentes sortes de râleurs ; quelques exemples :

Oscar est un pinailleur, éternel insatisfait pour qui rien n’est assez parfait : il risque de se noyer dans les détails. Au bureau, il est souvent critique envers ses collègues, leur reprochant de négliger certains points ou de ne pas respecter les règles en vigueur. Au fond, il cherche à bien faire, mais peut-être trop bien et il finit par nuire à l’avancement des projets qui, à ses yeux, pourraient encore être améliorés.

Humphrey, lui, se méfie excessivement de tout et de tous et passe du temps à expliquer qu’il ne peut pas faire confiance à tel collègue, ni à son chef, ni à la Direction de l’entreprise. Ses collègues le traitent parfois de « parano » ; mais précisons ici que la vraie paranoïa désigne une maladie mentale bien particulière.

Quant à Mauricette, non seulement elle râle, mais elle a une certaine tendance à la médisance : elle colporte des rumeurs, en interne auprès de ses collègues, ce qui crée une mauvaise ambiance dans son service ; et aussi en externe, auprès des clients et des concurrents, ce qui dégrade la réputation de l’entreprise.

Fleur, enfin, se plaint constamment : elle est fatiguée, elle a du travail en retard, le service est mal organisé, on lui donne trop de responsabilités, la prime n’est pas assez élevée… éternelle insatisfaite, elle se plaint quelle que soit la situation… mais ne se remet pas beaucoup en cause.

Comment gérer ces collègues ou collaborateurs ?
Concernant Oscar, le perfectionniste, il peut être constructif de lui faire prendre conscience que son attitude nuit au bon fonctionnement de son service : bien sûr, son intention est louable, mais les autres fonctionnent différemment ; par ailleurs ils peuvent ressentir comme agressives les remarques qui leur sont faites. On peut aussi inviter Oscar à considérer les enjeux dans leur globalité.

Avec Humphrey, il est important de lui exprimer clairement ses intentions en respectant scrupuleusement les formes (courtoisie, ponctualité) et en faisant référence aux règlements et procédures. S’il est rassuré, il sera probablement moins excessif et on pourra écouter ce qu’il a à dire en le prenant au sérieux, car sa méfiance lui permet d’anticiper des ennuis ou des inconvénients que d’autres n’auraient pas perçus.

Que faire contre la médisance de Mauricette ? Être à l’écoute au quotidien et désamorcer les sujets sensibles en prenant les devants, par exemple en l’incitant à exprimer directement son mécontentement. En somme, il s’agit de ne pas laisser la situation se dégrader. Pour aborder un sujet sensible, il faut privilégier le tête-à-tête avec Mauricette, dans l'état d'esprit d'une négociation : chacun met ses griefs respectifs sur la table pour repartir sur des bases saines. Si cela ne fonctionne pas, il faudra sans doute couper les relations avec elle et tisser un réseau de gens de confiance dont la parole viendra atténuer la sienne.

Face à Fleur, il ne s’agit pas de rentrer dans son jeu en la plaignant à son tour ; c’est en restant très professionnel qu’on pourra l’aider à relativiser les choses.

Renaud CHEREL



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lundi 4 juin 2012

Grognons et râleurs



Beaucoup de gens autour de nous sont grognons ou râleurs : râler, critiquer, cela fait partie d’un sport national français dont on ne prend vraiment la mesure qu’en sortant de nos frontières. Ayant eu l’occasion de voyager seul à l’étranger, j’ai pu m’apercevoir que les français avaient mauvaise réputation. Cette impression personnelle a été confirmée par différentes enquêtes que j’ai pu consulter. Par exemple, Expedia, leader mondial du voyage en ligne, publiait en 2009 les résultats d’une étude annuelle, menée auprès de 4 500 hôteliers dans le monde entier, sur les comportements des voyageurs de 27 nationalités différentes. Les Français y obtenaient la palme des pires touristes au monde : ils étaient classés comme étant les plus réfractaires aux langues étrangères et figuraient parmi les plus pingres, les plus râleurs et les plus impolis.

Dans un autre domaine, l’Observatoire international des salariés publié par TNS-Sofres en 2007 met en évidence le côté râleur des français : ceux-ci sont plus pessimistes, plus las et entrent plus facilement en conflit avec la direction de leur entreprise que les salariés des autres nationalités étudiés. Cependant, le râleur français se montre moins négatif quand il est salarié d'un groupe étranger, comme si le contact avec d’autres points de vue modéraient son côté vindicatif.

Là encore, les enquêtes coïncident avec mon expérience personnelle : lorsque je travaillais dans un groupe international, j’avais eu l’occasion de visiter nos installations dans l’Iowa, aux États-Unis. Et j’avais été frappé, lors de discussions informelle avec mes collègues américains, par la façon dont ils se positionnaient par rapport à l’entreprise dont nous étions employés. En effet, en France j’avais l’habitude d’entendre les critiques et récriminations permanentes de certains de mes collègues cadres, ce qui ne les empêchait pas de continuer à travailler dans l’entreprise. Là, rien de tel : je voyais mes collègues américains faire leur travail sans râler et appliquer scrupuleusement les consignes de la direction. Un soir, en prenant une bière, je leur demandais si de temps en temps ils n’éprouvaient pas le besoin d’exprimer leur désaccord ou leur différence. L’un d’eux me résuma leur position : « Moi, j’ai passé un contrat avec cette entreprise ; tant que l’objectif de l’entreprise et les moyens qu’elle met pour y parvenir correspondent à ma vision personnelle, j’y vais à fond. Si j’ai des points de désaccord, je le dis ; et si l’on n’arrive pas à s’entendre sur des points importants, je m’en vais, je vais trouver du travail ailleurs. »

Notons que cela se passait avant la crise de 2008 : le discours des américains ne serait peut-être pas le même aujourd'hui. On pourrait discuter longuement sur le mérite de l’un ou l’autre des points de vue, ou chercher à justifier la position des français ; mais là n’est pas mon propos. Ma question est plus simple : il est probable que peu d’entre nous se reconnaissent dans le portrait du français râleur. Si pourtant c’est le cas, quelles satisfactions le fait d’être grincheux(se), râleur(se), pessimiste ou ronchon m’apporte-t-il ? Et quelles conséquences cela a-t-il pour les autres ?

Renaud CHEREL




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    Vivre avec un râleur
    Colère
    Critique constructive

Liens externes : 
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