La fin de l’année approche, et avec elle, pour beaucoup
d’entre nous, les traditionnelles réunions de famille à l’occasion de la fête
de Noël. Des amis en discutent :
« Ah ! que j’aime ce moment où l’on se retrouve en
famille pour fêter Noël, s’exclame Lili. On va tous à la messe de minuit et
puis on se retrouve autour d’une bonne dinde aux marrons et d’une bûche glacée
pour le réveillon… Après quoi, on ouvre les cadeaux déposés au pied du sapin,
les enfants tout excités sautent comme des puces ! C’est génial, j’adore ! »
« Toutes ces traditions, c’est dépassé, rétorque
Rosine ; chez nous c’est trop dur ! Je vais encore une fois me
retrouver assise en face de ma sœur que je déteste – c’est la petite préférée
de mes parents – et à côté de ma mère, qui n’arrête pas de critiquer la façon
dont je m’habille et dont je m’occupe de mes enfants ! »
« Depuis que ma grand-mère est décédée, on n’organise
plus de grande réunion de famille comme avant, dans sa grande maison en
Normandie, regrette Peter. Pour moi, ces réunions, c’était tout le parfum de mon
enfance et de mon adolescence : je retrouvais mes cousins et cousines et
on rigolait bien. Les derniers temps, entre adultes, le cœur n’y était plus
vraiment, mais la grand-mère y tenait, alors on continuait à se
retrouver… »
« Chez nous aussi, c’est plus difficile qu’avant, acquiesce
Lili ; depuis le divorce de mon frère Giraud, son ex-femme, avec qui je
m’entendais très bien, ne participe plus à nos retrouvailles, et ses enfants
restent avec leur mère pour les fêtes. Du coup, c’est tristounet, Giraud fait
la tête et ça ne se passe pas bien avec mes parents. »
Pourquoi tant de conflits ou de tensions larvées à
l’occasion des fêtes de famille ? C’est que, subjectivement, dans ces occasions,
différentes facettes de notre identité et de notre histoire viennent se télescoper.
Cet environnement familier, cet événement dont la gestuelle se répète depuis
des décennies, voire des générations, vient faire cohabiter l’adulte que nous
sommes avec l’enfant que nous avons été. Il peut nous arriver alors d’idéaliser
ces moments, de régresser vers notre enfance, et les rancœurs, les contentieux
non réglés de cette époque vont resurgir avec force : un rien, une
remarque, un regard suffisent pour que l’adulte que nous sommes devenu
disparaisse derrière l’enfant que nous avons été.
Le psychologue et psychanalyste Sigmund Freud a bien analysé ces mécanismes. Il
montre que, pour progresser vers son statut d’adulte, l’être humain doit se
détacher de ses parents ; mais comme, enfants, il les a idéalisés, il va
éprouver le besoin de les « destituer ». C’est seulement après ces étapes qu’il
pourra devenir un adulte libre et responsable. Mais ce processus de détachement
peut prendre toute une vie, et les fête de famille en constituent des points de
focalisation. Chez certaines personnes, il n’arrivera jamais à son terme. Nous
examinerons semaine prochaine quelques pistes propres à faciliter cette
progression.
Renaud CHEREL
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Vivre avec un râleur
La joie