Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 29 décembre 2014

Meilleurs vœux 2015 !



J’ai choisi de figurer mes vœux 2015 sur du bois. 

Le bois représente un élément fondamental de la nature, la matière par excellence ; il fut la première matière utilisée pour fabriquer instruments, armes, constructions et combustible. 

Symbole de vie, le bois nous fascine ; en brûlant, il nous chauffe, nous donne un sentiment de bien être et nous sécurise. 

Tiré de l’arbre dont il retient la force et les pouvoirs médiateurs entre le ciel et la terre, il est un synonyme de valeur, de stabilité, d’élégance confortable et de qualité.

Le bois, matière noble, ne vieillit pas : il se patine avec le temps. Et les bois flottés, usés par les courants et par les vents, nous inspirent des images de durabilité et de sagesse.

Que cette année 2015 soit pour vous faite du meilleur bois !


Renaud CHEREL


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lundi 22 décembre 2014

Bilan 2014

En ces derniers jours de 2014, c’est peut-être le moment de prendre un peu de temps pour jeter un regard sur cette année écoulée et d’en faire en quelque sorte le bilan. Un bilan fait un état global de la situation, prenant en compte les faits négatifs d’une part et les faits positifs d’autre part. Mais comme la crise est toujours là et que peut-être avons-nous tendance, en considérant la réalité, à nous appesantir davantage sur le négatif que sur le positif, à porter d’abord notre attention sur qui ne va pas, je vous propose de prendre le contrepied de cette attitude et de nous concentrer en premier lieu sur les aspects positifs de ce que nous avons vécu depuis un an.

Quels événements, quelles rencontres, durant ces douze derniers mois, ont été pour moi à l’origine d’émotions positives, de joie, de paix, de bonheur, ou simplement sources d’intérêt, d’innovation, de création ? Je prends le temps de laisser émerger dans ma mémoire les faits les plus marquants, d’en dresser la liste, puis d’en détailler pour chacun les circonstances : c’était quand ? Avec quelles personnes ? Comment cela s’est-il passé ? Dans la mesure du possible, j’évoque dans ma mémoire tous les détails de la scène, avec les couleurs, les sons, les sensations, les odeurs, de façon à revivre cet événement : quelles émotions ai-je alors ressenties ? Et qu’est-ce que cela provoque en moi aujourd'hui ? L’intérêt de ce travail, c’est de me constituer des ressources mentales pour faire face à certaines difficultés. Car le fait de me rappeler un événement heureux ou positif pour moi va réactiver les émotions positives qui y sont associées, émotions capable de combattre celles, négatives, que je peux ressentir dans une difficulté actuelle. Et cet effet est encore plus net si je suis une personne qui a tendance à ressasser des choses négatives.

Dans le même esprit, je peux aussi évoquer les épreuves ou les difficultés par lesquelles je suis éventuellement passé au cours de cette année. Bien sûr, ces épreuves ont apporté leur lot de souffrance et de conséquences négatives, que je n’ai pas envie d’évoquer et encore moins de revivre. Mais là encore, au lieu de m’enfoncer dans les sentiments négatifs, le doute, le découragement ou même le désespoir, je peux regarder l’une ou l’autre de ces difficultés sous un autre angle : « Ce qui ne me tue pas me fortifie » disait Nietzsche.

Au-delà de cet événement en lui-même, au-delà de la douleur, de la colère ou de la tristesse que j’ai éprouvée lorsqu’il est advenu, qu’est-ce qu’il m’a fait découvrir de positif sur moi-même et sur les autres ? Quelle porte a-t-il éventuellement ouvert en moi, dont je n’étais pas conscient auparavant ? Est-ce que cela a été l’occasion pour moi de déployer des ressources nouvelles, d’utiliser des stratégies innovantes ou créatives ? Cette épreuve n’a-t-elle pas finalement initié des changements positifs en moi ou dans ceux qui m’entourent ?

Bien souvent, les épreuves qu’il nous est donné d’affronter dans le courant de notre vie nous aident à grandir.


Renaud CHEREL


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lundi 15 décembre 2014

Valeur produite et temps passé

« La valeur de ce que j’ai produit, c’est le temps que j’y ai passé. » Nous avons souvent le sentiment que la somme de temps et d’efforts consacrés à une tâche lui confère sa valeur.

Pourtant, en regardant autour de nous, nous sommes obligés de constater que le temps passé à travailler sur un produit et la valeur marchande de ce produit sont deux choses bien différentes. Pour employer une expression actuelle, on peut dire qu’elles sont même complètement déconnectées : il n’y a pas de relation entre la valeur d’un produit et le temps que l’on a consacré à le produire. Quelques anecdotes peuvent illustrer cette observation :

En pleine gloire, Picasso mangeait dans les plus grands restaurants et traçait souvent, à même la nappe, des croquis et dessins divers. Un jour, le restaurateur lui proposa d’oublier la note si l’artiste consentait à lui abandonner son œuvre. Picasso lui donna le coin de nappe en papier. Quelques minutes plus tard, l’hôte revint voir son client pour une requête : « Maître, pourriez-vous signer votre dessin ? ». Alors, Picasso, secouant la tête : « Non. Je paye la note mais je n’achète pas le restaurant. »

Paul McCartney raconte avoir écrit la musique de la chanson « Yesterday » en cinq minutes, après l’avoir entendue en rêve. Or, d’après le Livre Guinness des records, ce serait la chanson la plus reprise de tous les temps. Elle fait aussi partie des titres les plus joués par les radios du monde entier.

L'une des musiques les plus reprises de tous les temps
n'aurait demandé, selon son auteur, que cinq minutes d'écriture.
Une heure de travail de certains génies peut produire davantage qu’une année de labeur d’une personne ordinaire. On peut citer les productions de gens comme Einstein ou Newton dans le domaine des sciences, Léonard de Vinci dans celui des inventions techniques, Mozart dans la musique ou bien encore de Victor Hugo, Shakespeare, Goethe et d’autres en littérature.

Pourtant, on peut considérer les choses d’un point de vue différent, dans lequel l’acte de production serait une façon parmi d’autres d’être en relation : je produis quelque chose en vue d’améliorer l’existence d’autrui – et la mienne également, par le fait. Dans cette perspective, l’un des biens les plus précieux est le temps que nous avons à vivre, et donner de son temps, c’est donner quelque chose d’essentiel. Depuis quelques années, on voit émerger de très nombreuses initiatives visant à rétablir un rapport de proportionnalité entre le temps passé et la valeur de ce qui est échangé.

Ainsi, une heure de cours d’économie internationale donnée par un directeur général de société peut être échangée contre une heure de ménage donnée par la concierge de sa résidence. Inventés aux États-Unis, les SEL (Systèmes d’Échange Local) fonctionnent sur ce principe en France depuis 1994. Un SEL est un système d'échange de produits ou de services au sein d'un groupe de personnes vivant dans un même secteur géographique. Le SEL permet à tout individu d'échanger des compétences, des savoir-faire et des produits avec les autres membres du groupe. Le principal but des SEL est de recréer du lien social. Qu’en pensez-vous ?


Renaud CHEREL


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lundi 8 décembre 2014

Accepter nos parents tels qu'ils sont

Nous avons vu dans l'article précédent que les réunions familiales pouvaient donner lieu à des conflits entre proches. Pourquoi cela ? Parce que nous conservons des traces vivantes de notre premier attachement, celui vis-à-vis de nos parents, et que nous attendons toujours d’être reconnu par eux à notre juste valeur. Mais l’image que nous avons de nos parents ne correspond pas à la réalité : pendant notre enfance, nous les avons idéalisés, nous avons surdimensionné certains aspects de leur personnalité ou de leurs comportements et nous en avons gommé d’autres.

En effet, quand nous aimons quelqu’un, nous sommes attentifs au moindre de ses gestes, de ses regards, de ses paroles, qui prennent une importance considérable. Enfant, nous analysons ainsi les paroles et les comportements de nos parents et de nos frères et sœurs, qui s’impriment d’autant plus fortement en nous que notre attachement est plus puissant. L’enfant se construit avec ce qu’il reçoit, en positif et en négatif. Et ce dont il estime avoir été privé prend une grande importance. Le psychologue D. W. Winnicott disait que « la souffrance vient de ce qui n’est pas advenu ». Des manques dont les parents n’ont pas forcément eu conscience au moment où ils étaient ressentis par leur enfant.

Ainsi, nos parents font désormais partie de notre « roman familial », une histoire que nous avons écrite dans notre imaginaire, mais qui ne correspond qu’approximativement à la réalité. Cela vous étonne ? Pourtant tous les psychanalystes en ont fait l’expérience : les parents décrits par leurs patients n’ont pas grand chose à voir avec les personnes réelles. Si vous en voulez une preuve, comparez vos souvenirs d’enfance avec ceux de vos frères et sœurs quand vous en avez, ou avec ceux de vos proches qui ont partagé des moments en commun avec vos parents et vous : vous décèlerez bien des différences.

Conséquence : nous risquons de reprocher à nos parents de ne pas être conforme à l’image que nous avons d’eux. C’est d’ailleurs ce que nous faisons, en général, pendant la crise de l’adolescence, période de révolte ou de contestation pour beaucoup. Cette contestation n’est pas malsaine, mais elle demande à être dépassée : vient un moment où il nous faut accepter non seulement que nos parents ne soient pas ce que nous aurions voulu qu’ils soient, mais aussi notre difficulté ou notre incapacité à les changer. Cela vaut aussi pour les frères et sœurs.

En acceptant nos parents tels qu'ils sont,
nous entrons dans une relation plus sereine et plus riche. 
Car on peut se poser la question : pourquoi vouloir changer mes parents ? Accéder à l’état d’adulte, c’est peut-être se dire qu’ils ont fait envers moi ce qu’ils ont pu, avec les moyens qu’ils détenaient à ce moment-là. Vouloir les changer aujourd'hui ne changera rien au passé. Il est donc temps d’entrer dans une relation plus libre avec eux, d’adulte à adulte. Le jour où j’y parviens, j’accède à une certaine libération intérieure : je ne les ai pas changés, eux, mais j’ai changé mon propre regard, moi. Et, du coup, il y a de fortes chances pour que notre relation change et gagne en qualité.


Renaud CHEREL


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    Bonheurs et malheurs des réunions de famille

lundi 1 décembre 2014

Bonheurs et malheurs des réunions de famille

La fin de l’année approche, et avec elle, pour beaucoup d’entre nous, les traditionnelles réunions de famille à l’occasion de la fête de Noël. Des amis en discutent :

« Ah ! que j’aime ce moment où l’on se retrouve en famille pour fêter Noël, s’exclame Lili. On va tous à la messe de minuit et puis on se retrouve autour d’une bonne dinde aux marrons et d’une bûche glacée pour le réveillon… Après quoi, on ouvre les cadeaux déposés au pied du sapin, les enfants tout excités sautent comme des puces ! C’est génial, j’adore ! »

« Toutes ces traditions, c’est dépassé, rétorque Rosine ; chez nous c’est trop dur ! Je vais encore une fois me retrouver assise en face de ma sœur que je déteste – c’est la petite préférée de mes parents – et à côté de ma mère, qui n’arrête pas de critiquer la façon dont je m’habille et dont je m’occupe de mes enfants ! »

« Depuis que ma grand-mère est décédée, on n’organise plus de grande réunion de famille comme avant, dans sa grande maison en Normandie, regrette Peter. Pour moi, ces réunions, c’était tout le parfum de mon enfance et de mon adolescence : je retrouvais mes cousins et cousines et on rigolait bien. Les derniers temps, entre adultes, le cœur n’y était plus vraiment, mais la grand-mère y tenait, alors on continuait à se retrouver… »

« Chez nous aussi, c’est plus difficile qu’avant, acquiesce Lili ; depuis le divorce de mon frère Giraud, son ex-femme, avec qui je m’entendais très bien, ne participe plus à nos retrouvailles, et ses enfants restent avec leur mère pour les fêtes. Du coup, c’est tristounet, Giraud fait la tête et ça ne se passe pas bien avec mes parents. »


Pourquoi tant de conflits ou de tensions larvées à l’occasion des fêtes de famille ? C’est que, subjectivement, dans ces occasions, différentes facettes de notre identité et de notre histoire viennent se télescoper. Cet environnement familier, cet événement dont la gestuelle se répète depuis des décennies, voire des générations, vient faire cohabiter l’adulte que nous sommes avec l’enfant que nous avons été. Il peut nous arriver alors d’idéaliser ces moments, de régresser vers notre enfance, et les rancœurs, les contentieux non réglés de cette époque vont resurgir avec force : un rien, une remarque, un regard suffisent pour que l’adulte que nous sommes devenu disparaisse derrière l’enfant que nous avons été.

Le psychologue et psychanalyste Sigmund Freud a bien analysé ces mécanismes. Il montre que, pour progresser vers son statut d’adulte, l’être humain doit se détacher de ses parents ; mais comme, enfants, il les a idéalisés, il va éprouver le besoin de les « destituer ». C’est seulement après ces étapes qu’il pourra devenir un adulte libre et responsable. Mais ce processus de détachement peut prendre toute une vie, et les fête de famille en constituent des points de focalisation. Chez certaines personnes, il n’arrivera jamais à son terme. Nous examinerons semaine prochaine quelques pistes propres à faciliter cette progression.


Renaud CHEREL


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     Accepter nos parents tels qu'ils sont
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lundi 24 novembre 2014

Cultivez la douceur avec fermeté

L’alliance de la douceur et de la fermeté confère une grande force à ceux qui savent la pratiquer. Ne sommes-nous pas attirés par les personnes qui exercent leur force avec douceur et dont la présence dégage une impression de sécurité ? Au contraire, face à une personne dure, la relation est plus difficile : certains ont tendance à se rebeller, d’autres se sentent insécurisés et cherchent à fuir, d’autres encore ne disent mot et se soumettent à contrecœur. Mais dans le domaine professionnel, tout nous incite à penser que la douceur n’est pas de mise : dans un univers de concurrence et de performance, ce sont les durs, les mordants, les requins qui sont gagnants ; les doux n’y ont pas de place.

La douceur, ça se cultive...
Pourtant, on peut être doux et fort à la fois ; la plus grande force n’est pas celle qui s’exprime dans l’explosion de la violence. Les adolescents le savent bien, qui poussent leurs parents à leurs limites : quand la colère explose, on sent bien qu’on s’est laissé déborder et qu’au fond c’était un signe de faiblesse. De par sa nature, la douceur refuse la violence ; utilisée avec discernement, elle éloigne les menaces et les offenses envers soi-même et envers les autres. Inversement, la douceur n’est pas mollesse, qui n’offre aucune résistance à la pression et se laisse écraser. La mollesse conduit au laxisme, lequel laisse tout faire sans s’y opposer et renonce à l’exigence, par confort ou parfois par principe.

Ainsi, la douceur n’exclut pas l’exigence, et on peut être doux tout en demeurant ferme et solide : ferme sur ses convictions et ses valeurs, doux dans la façon de les exprimer et de les partager, en restant à l’écoute de celles des autres. Car le doux cherche le bien de l'autre et fait en sorte de ne pas le blesser. Il est en relation dans l’empathie, la bienveillance, la prévenance. Le doux est patient, il écoute, console et encourage son vis-à-vis sans chercher à s’imposer par la force. 

Cultivez la douceur, et elle se développera en vous, elle deviendra progressivement une ressource sur laquelle vous pourrez compter dans vos relations avec les autres. Comment s’y prendre ?

Première étape : la douceur passe d’abord par le corps. Je peux installer de la douceur dans ma manière d’agir, de non-agir ou de réagir. Je peux agir sur le ton de ma voix, dans un débit moins précipité, éventuellement dans la lenteur du geste pour éviter la brusquerie. Je peux mettre de la douceur dans le choix de mes paroles et préférer parfois le silence à l’intervention verbale rapide, mais cassante ou maladroite.

Seconde étape : faire de la douceur un état d’esprit, une qualité du cœur qui enveloppe sans étouffer, qui préfère laisser pousser patiemment, un mode de relation qui veille sans surveiller. Pratiquée ainsi, la douceur deviendra peu à peu un état d’être qui, une fois appliqué à ma pensée, à mes paroles et à mes gestes, va renforcer ma sérénité mais aussi le sentiment de sécurité des personnes qui m’entourent.


Renaud CHEREL


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    Dureté ou douceur
    Communication non défensive

lundi 17 novembre 2014

Dureté ou douceur ?

Publicité pour de la literie
Nous vivons dans une société qui se durcit régulièrement depuis plusieurs décennies, notamment dans le domaine professionnel. C’est principalement une dureté morale et psychologique qui se développe : matériellement, nous ne connaissons plus les famines et les épidémies qu’ont subies nos ancêtres, sans compter les violences des guerres et l’insécurité générale. Mais cette sorte de dureté n’en est pas moins difficile à vivre, d’autant plus que les structures traditionnelles de solidarité – la famille élargie, le voisinage, le village dont on connaissait tous les habitants, les corporations – sont fragilisées aujourd'hui. Pourtant, cette dureté est souvent jugée nécessaire pour assurer de la part des entreprises des performances croissantes, face à un marché mondial de plus en plus concurrentiel. Et, à l’échelle individuelle, il peut nous paraître impossible d’allier douceur et efficacité, deux notions incompatibles.
 
Face à cette dureté de la société, le marketing s’est rapidement focalisé sur le concept de douceur qui est devenu très à la mode dans les messages publicitaires, à commencer par le fameux « Un peu de douceur dans un monde de brutes » affiché par une grande marque de chocolat… il y a 20 ans déjà. La douceur s’affiche partout : depuis les produits pour le corps, laits hydratants, gels douche, crèmes de beauté, jusqu’aux aliments, chocolat, potages, yaourts, café, en passant par le papier toilette, les adoucissants pour le linge ou même des stations de radio ou des automobiles.

La douceur serait-elle l’opposé de la dureté ? Platon (encore lui !) s’était déjà penché sur cette question il y a 2 400 ans, lorsqu’il réfléchissait sur la démocratie dans « La République ». Une spécialiste de ce philosophe, Monique Dixsaut, explique que selon Platon, « une certaine forme de culture comporte en elle-même un germe, un risque de mollesse. La vertu nationale, cette "douceur athénienne" qui aurait donné naissance au plus humain des régimes, la démocratie, engendré la civilisation la plus brillante et la plus raffinée, contient en elle ce dont elle risque de périr. » Mais – et cela me paraît extrêmement pertinent – Platon n’oppose pas les choses comme on pourrait s’y attendre : il associe douceur et fermeté, fruits d’une éducation bien conduite, d’une part, qu’il oppose à dureté et mollesse, conséquences d’une mauvaise éducation d’autre part. Une culture appropriée redresse la sauvagerie naturelle tout en préservant et en favorisant la douceur naturelle.

Cette distinction est intéressante car elle permet d’affirmer que la douceur n’exclut pas la fermeté, bien au contraire : sinon, elle tombe dans la mollesse, un excès qui est une sorte de laisser-faire, « une tolérance indifférente envers toutes les transgressions, et une curiosité frivole à l'égard de toute espèce d'innovation. » Que ce soit dans le domaine privé, dans l’éducation des enfants ou les relations avec les proches, ou bien dans le domaine professionnel, la douceur alliée à la fermeté font des merveilles et sont d’une efficacité redoutables. À travers quelques exemples, nous verrons dans le prochain article comment allier douceur et fermeté sans tomber dans mollesse ou dureté.


Renaud CHEREL


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lundi 10 novembre 2014

Sortir d'une autocritique malsaine

L’autocritique peut être une pratique saine, à condition d’être entreprise dans un esprit constructif, et non pas pour me dévaloriser aux yeux des autres ou de moi-même.

Miserere (Rouault)
La dévalorisation de soi s’accompagne souvent d’un certain nombre d’autoaccusations: j’ai tendance à m’attribuer des fautes que je n’ai pas commises. Parfois, face à la colère des autres, j’interprète celle-ci comme liée à une de ces fautes de ma part, sans savoir exactement laquelle… en bref je me sens responsable et coupable de choses qui, en fin de compte, ne dépendent pas de moi.

Et les conséquences ne s’arrêtent pas là, car mon attitude vis-à-vis de moi-même se répercute sur mon attitude vis-à-vis des autres : si je me soupçonne d'être prétentieux, je risque de juger ceux qui ont une bonne estime d'eux-mêmes comme étant prétentieux. Parent, je risque de dévaloriser mes enfants en projetant sur eux mes propres échecs : en n’étant pas satisfait de leurs résultats, c’est moi que je remets en cause. Ou bien je peux m’interdire d’agir par peur de l'échec et, en miroir, condamner l’action des autres sous un certain nombre de prétextes.

Quand on observe comment fonctionnent les prétentieux, on s’aperçoit qu’ils représentent le pôle opposé de la même logique. Alors que dans la dévalorisation, j’estime que je suis moins bon que les autres, dans la prétention je crois être meilleur que les autres. Prétentieux, je ne m’attribue jamais les fautes, même quand j’en suis l’auteur ; je juge et critique facilement les décisions des autres ; j’estime que la meilleure façon de faire est la mienne ; je me justifie par toutes sortes d’arguments, etc.
La dévalorisation de soi, comme la prétention, peuvent amener à me réfugier dans une attitude cynique et aigrie face à la société et à la vie en général, où tout est sujet à critique. Prétention et dévaluation sont donc les deux faces opposées d’une même attitude : dans les deux cas, je suis dans la comparaison.

Pour sortir de cette dualité, il est nécessaire de changer de perspective pour aller vers une autre logique qui ne s'alimente plus de la comparaison. Les deux pôles en sont l'estime de soi d'un côté et la vraie humilité de l'autre. Au passage, le mot humilité vient de humus, terre : l'homme est de la terre et non pas du ciel ; autrement dit, il n'est pas un dieu, quoiqu'il fasse ou pense.

Alors d’autres attitudes seront possibles :
- Je conçois mes erreurs comme des étapes nécessaires d’un chemin de progression. Cela ne supprime pas pour autant l’exigence personnelle ; mais je pourrai admettre des erreurs à condition de savoir en tirer les leçons qui permettront de les éviter par la suite.
- Je demeurer dans le non-jugement, la neutralité bienveillante à mon propre égard, et par conséquent sans juger les personnes – moi-même ou les autres. Ce qui ne m’empêche pas de juger, après analyse, des décisions, des comportements ou des actions.
- Je me reconnais à ma juste valeur, et réciproquement j’admets l’autre dans sa différence, en évitant autant que possible la comparaison.


Renaud CHEREL


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    Francais, champions de l'autocritique
    Humilité et modestie

lundi 3 novembre 2014

Français, champions de l'autocritique


Sondage après sondage, les Français se montrent volontiers autocritiques et pessimistes pour leur pays. Tout le monde vous le dira : rien ne va dans notre pays, les hommes politiques sont des incapables, l’économie de la France décline, l’avenir est bouché. Les initiatives nouvelles et les projets de changement sont très fréquemment critiqués et finalement rejetés. Pourtant, nous bénéficions d’un niveau de vie plutôt élevé, d’un accès gratuit aux soins médicaux, aux écoles et aux universités. La France, cinquième puissance mondiale par le PIB, est très attractive puisqu’elle demeure au premier rang mondial de la fréquentation touristique. Cette contradiction est une énigme pour les étrangers : « Comment les Français, qui ont inventé la joie de vivre (…), peuvent-ils être si résolument tristes ? », s’est demandé l’hebdomadaire britannique The Economist.

Des chercheurs et des sociologues ont travaillé sur cette question et concluent que, si le chômage actuel ne contribue pas à l’optimisme, cette tendance à l’autocritique ne date pas d'aujourd'hui, elle est ancrée dans notre culture. Pour certains, cette capacité à constamment critiquer, accuser, dénoncer, se moquer est une conséquence des sentiments révolutionnaires toujours présents dans l’inconscient collectif. Certains pays, comme les États-Unis, ont une culture de la surestimation de soi, et d'autres pays, comme la France, ont une culture de la sous-estimation de soi. Ce penchant s’expliquerait par des attitudes mentales acquises à l’école et à d’autres occasions de socialisation, plus particulièrement pendant la jeunesse.

Il y a quelques années, j’écoutais sur France Culture un débat sur l’école auxquels contribuaient un auteur anglais et une personne de l’Éducation Nationale. L’auteur citait un sondage en deux parties effectué auprès d’élèves de CM2 dans une cinquantaine de pays.

La première partie du test consistait en une évaluation du niveau de lecture des élèves en utilisant des critères comparables dans les différents pays. Les élèves français se situaient assez bien sans être en tête du groupe de pays, à un niveau comparable à celui des anglais et des allemands.

Dans la seconde partie, les élèves étaient invités à évaluer leur propre niveau de lecture. Là, surprise : les jeunes français s’évaluaient comme étant d’un niveau très mauvais. Ils se situaient dans les dernières places du classement, juste devant l’Afrique du sud et un autre pays que je n’ai pas retenu. Tous les autres pays européens avaient une opinion meilleure de leurs performances.

Ce type de sondage semble indiquer que, dès l’enfance, nous sommes conditionnés pour nous juger plus mauvais que nous ne sommes. Cependant, fort heureusement, ce conditionnement, s’il existe, n’a rien d’absolu ! D’une part, nous pouvons nous déconditionner, et je proposerai quelques pistes en ce sens dans le prochain article ; et d’autre part, rien ne nous empêche d’encourager et de développer chez nos enfants – et chez les jeunes avec qui nous sommes en contact – une saine estime de soi. Certes un regard critique est une bonne chose, mais quand il aboutit au blocage des initiatives et qu’il interdit d’agir par peur de l’échec, il devient toxique. Pouvons-nous changer d’attitude ?


Renaud CHEREL


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    Estime de soi et confiance en soi
    Sortir d'une autocritique malsaine
    Optimisme, pessimisme

Liens externes :
    Les Francais aussi déprimés que les Ouzbeks

lundi 27 octobre 2014

Que faire, face à l'agressivité passive?

Nous avons vu dans l'article précédent que certaines personnes peuvent se comporter de façon dite « passive-agressive ». Bien souvent, face à ce type de comportement, que l’on soit conjoint, ami proche ou relation de travail, on peut ressentir de la colère ou de la frustration, car on se rend compte que plus on insiste, plus la personne résiste. Comment faire pour sortir du blocage et résoudre la situation de façon satisfaisante pour les deux parties ?

L'attitude passive-agressive peut s'installer
subrepticement dans la vie de couple...
La stratégie que je vous propose s’inspire des principes de la communication non violente et part du constat suivant : je ne peux pas changer l’autre en lui demandant de changer, s’il ne le veut pas ; par contre, je peux changer mes comportements, mon attitude à son égard ; et de ce fait, notre relation changera, ce qui pourra éventuellement changer les comportements de l’autre.

Pour cela, la première étape est de prendre conscience de ce que je ressens : le fait de regarder en face ma propre irritation me donne la capacité de la maîtriser. Je deviens alors capable de me dire : « À quoi bon me mettre en colère ? Je vois bien que ce n’est pas la meilleure solution pour changer les choses. »

La seconde étape consiste à énoncer les faits, sans porter de jugement sur la personne, mais en décrivant le plus simplement possible ses comportements, ce qui se passe. Cette étape est difficile à mettre en pratique, car nous passons une grande part de notre temps à porter des jugements sur les choses et les gens, sans forcément en avoir conscience !

Ensuite, adopter la position « basse », autrement dit, ne pas imposer son autorité ou chercher à avoir raison contre cette personne. En effet, la personne passive-agressive est souvent dans une position de rébellion silencieuse ou indirecte contre l'autorité. Le fait même de lui reprocher quelque chose me place à ses yeux en figure d’autorité. Si je me déclare impuissant – je ne peux pas faire les choses à sa place –, ce qui est perçu pour elle comme une relation d'autorité peut disparaître.

Cette position est complétée par une demande de participation active de sa part : je lui demande son avis, je lui pose des questions ouvertes pour lui permettre de s’expliquer, je l’incite à trouver elle-même ses propres solutions et nous en discutons ensemble. À chaque fois, je me concentre sur les comportements et non directement sur la personne.

Tout cela demande de la patience, car la personne peut réagir négativement, notamment quand elle est confrontée à ses comportements. 

À éviter :
Ne pas faire l’autruche, en faisant semblant d’ignorer l’opposition de la personne.
Ne pas prendre une position parentale en la critiquant ou en édictant ce qu’elle devrait faire et lui servir un discours culpabilisant ou infantilisant. Il s’agit d’exprimer mes besoins tout en montrant mon désaccord avec la façon dont elle s’exprime.

Dernier élément : quand cela est possible, choisir le bon moment pour avoir cet échange, en évitant les moments où la personne est particulièrement stressée ou fatiguée.


Renaud CHEREL


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Liens externes :
    Gérer l'agressivité passive d'un proche

Bibliographie :
François LELORD et Christophe ANDRE : Comment gérer les personnalités difficiles, éd. Odile Jacob, Paris, mars 2000.

Les deux auteurs de cet ouvrage, psychiatres, montrent à partir de quelques cas concrets, les traits saillants de différentes personnalité réputées difficiles, ainsi que les interprétations destinées à mieux comprendre les raisons de leur comportement. Ils proposent alors des solutions simples permettant d'aider chacun à mieux réagir face à ces comportements qui peuvent nous agacer au quotidien et souvent nous insupporter, solutions susceptibles de nous simplifier considérablement la vie ! 

lundi 20 octobre 2014

L'agressivité passive, mécanisme de défense

Comme le cactus, il se défend sans bouger...
Rodolphe n’arrive pas facilement à exprimer sa colère et ses sentiments ; très souvent il présente à ses interlocuteurs une façade passive. Au travail, il oppose souvent de la résistance aux changements, se mure dans une certaine passivité… Alors qu’il était en désaccord avec son patron, il lui est arrivé de cumuler les absences et les retards. À enfants se plaignent de ce qu’il dise toujours oui, mais que par la suite, il n’en fasse qu’à sa tête, s’oppose à ce qui était convenu, grogne et boude. Lorsqu’il se sent frustré ou en colère, Rodolphe affiche son mécontentement par des soupirs, des gestes brusques ou bien un manque d’enthousiasme, une sorte d’apathie générale.
la maison, sa femme et ses

Il craint la réaction négative de son interlocuteur et préfère acquiescer à toute demande, même si elle lui paraît irraisonnable. Ainsi, par peur du conflit, Rodolphe ne dit pratiquement jamais non et évite d’aborder les problèmes réels : bien souvent, il va détourner la question et s’intéresser à des choses secondaires. Parfois – mais cela arrive rarement – la colère de Rodolphe peut exploser violemment quand la coupe déborde.

Ce type de comportement risque d’induire des réactions négatives de la part de son entourage, que ce soit sa famille, ses collègues de travail ou ses supérieurs hiérarchiques, qui peuvent se sentir impuissants face à cette résistance quasi impalpable. Il en résulte souvent de la colère ou de la frustration de la part de ses interlocuteurs. Mais plus on l’attaque, plus Rodolphe va avoir tendance à se réfugier dans son attitude.

Rodolphe adopte là des comportements d’agressivité passive, un mécanisme de défense psychique consistant à exprimer son ressentiment par une position passive et une manière détournée d’atteindre l’autre. Ce mécanisme de défense est plus souvent utilisé par les hommes que par les femmes, probablement – mais pas seulement – parce que leur éducation ne leur a pas permis d’exprimer leurs émotions quand ils étaient jeunes. Ou bien l’enfant s’est senti impuissant à exprimer ses émotions, face à une figure d’autorité qui lui faisait craindre la menace d’un châtiment. Dans d’autres cas, un enfant a eu le sentiment de ne pas recevoir suffisamment d’attention et de reconnaissance, et ne sachant pas exprimer ce qu’il ressent par des mots, peut se soulever contre l’autorité de manière passive. Cela peut se traduire par le refus d’obéir (aux parents, au professeur), par l’arrivée en retard aux cours ou par l’absentéisme. Ce peut être encore par le rejet d’une petite sœur ou d’un petit frère qui lui « vole » l’affection de ses parents.

Notons que la personne passive-agressive n’est pas forcément consciente de son propre fonctionnement. Elle peut être tentée de jouer la victime et ne pas reconnaître sa part de responsabilité. Pour changer de comportement, il lui faudra d’abord en prendre conscience, puis identifier ses émotions et les maîtriser de façon à pouvoir les exprimer à l’autre de manière claire, tout en demeurant dans une attitude respectueuse et, bien entendu, non violente : ce parcours demande d’effectuer un travail difficile, qui prend du temps.


Renaud CHEREL


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    Destructivité
    Pourquoi la violence?
    Que faire face à l'agressivité passive?

lundi 13 octobre 2014

Comment trouver sa place ?

Trouver sa place... ou sa voie ?
Notre époque est probablement moins sécurisante que les précédentes, du fait de la disparition progressive d’un grand nombre d’éléments structurant la société jusqu’alors. Beaucoup d’idéologies ont été jetées au panier, les institutions sont remises en cause, les fonctions officielles ont perdu leur caractère sacré, les repères familiaux et générationnels sont désavoués… La liberté de choix – de sa profession, de son mode de vie, de son lieu de résidence… bref, de tous les éléments de son existence – a rarement été aussi grande dans l’histoire, mais le manque de références sur lesquelles s’appuyer peut être vécu comme très insécurisant. Ce qui peut expliquer la difficulté de beaucoup à trouver leur place. Certains s’investissent à fond dans leur travail mais se trouvent mal à l’aise dans leur vie privée ; d’autres au contraire ont trouvé un certain équilibre personnel mais se sentent en porte-à-faux dans leur activité professionnelle : les uns et les autres cherchent « leur place ».

Comment trouver sa place ? Comme évoqué dans mon dernier article, il me semble que l’essentiel n’est pas de trouver « sa place » et de s’y installer, mais de se mettre en route. Il n’y a pas de place parfaite où nous pourrions nous installer pour ne plus en bouger. Ce qui importe, c’est l’itinéraire, le voyage intérieur que cela suppose ; car nous sommes des êtres dynamiques, nous sommes faits pour bouger, pour évoluer.

Voici quelques pistes pour aider dans cette recherche de sa propre voie :
   
- Je ne confonds pas l’être et le faire, même si la société me pousse dans cette direction. Si je suis une personne très active, qui réalise beaucoup de choses, je me rappelle que ma vie ne se réduit pas à cette activité, qu’elle est plus riche et plus profonde que cela. Parfois l’hyperactivité est utilisée comme un paravent qui cache d’autres questions inconfortables.
       
- De même, je ne me réduit pas à ma fonction, aussi importante qu’elle puisse paraître. Même si mon titre me donne un certain poids aux yeux des autres – président de ceci, directeur de cela – je ne me réduis pas à ce titre. Si un jour ce titre m’est retiré, je demeure une personne à part entière.
        
- Dans le même ordre d’idée, je ne fais pas la confusion entre l’être et l’avoir. Si les hasards de l’existence, ou si mes efforts personnels m’ont permis d’acquérir des biens matériels en quantité ou en valeur, ma personne ne se réduit pas à ces biens. J’existe en dehors d’eux, et par conséquent je n’y attache pas une importance excessive.

- J’évite de me comparer aux autres. À l’époque où l’on préconise le « bench marking » dans tous les domaines, ce conseil peut paraître naïf et dérisoire. Soyons clair : s’il s’agit de comparer des techniques, des savoir-faire, des compétences, c’est un facteur de progrès ; par contre, il y a problème dès lors que je me compare à d’autres en tant que personne. Je crois en effet que chacun d’entre nous est un être unique est merveilleux, comparable à aucun autre.


Renaud CHEREL


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    Trouver a place
    Comment réussir sa vie ?
    Être et avoir

lundi 6 octobre 2014

Trouver sa place


Lilian, 38 ans, a travaillé à différents postes de responsabilité dans une grosse PME. Après 12 ans dans cette entreprise, elle vient d’obtenir une belle promotion, mais pourtant elle se sent stressée, convaincue de ne pas être à la hauteur. Cherchant à être parfaite et à rendre le monde parfait, elle ne se trouve pas assez compétente au regard de ses responsabilités et tremble à l’idée d’être un jour démasquée.

Richard est pharmacien chercheur dans un laboratoire, une situation confortable financièrement mais qui pourtant ne le satisfait pas pleinement : « J’ai fait des études de pharmacie poussé par mes parents, explique-t-il, mais ce n’était pas la voie que j’aurais choisie : je me sens plutôt artiste et j’aime le contact avec les gens. Là, je me retrouve confiné dans un labo, je passe mon temps à tester de nouvelles molécules, à traiter des tableau de chiffres, ce n’est pas très marrant… »

Rosenn est une femme discrète ; dans une assemblée ou une réunion, elle prend rarement la parole car elle a l’impression que les différentes opinions se sont déjà exprimées avant qu’elle n’ouvre la bouche, et bien mieux qu’elle n’aurait pu le faire elle-même. Au vrai, elle a du mal à s’affirmer car elle ne sait jamais très bien où est sa place.

Quelle est ma bonne place dans le monde ? Comment la trouver ? Jadis, notre place était souvent fixée d’avance : on habitait là où la famille résidait depuis des générations, on reprenait le métier de ses parents, l’on trouvait son conjoint dans son environnement immédiat, sans se poser trop de questions. Aujourd'hui, les circonstances sont bien plus ouvertes mais aussi plus compliquées ; aussi n’est-il pas étonnant que beaucoup de gens se posent, plus ou moins consciemment, la question de leur « place ». Place au sens géographique, peut-être, mais aussi au sens professionnel, affectif, relationnel. La place qui permettrait à chacun de s’accomplir, d’exprimer ses talents, d’être heureux tout simplement.

Selon certains sociologues, tels l’Américain Frank J. Sulloway, le rang dans la fratrie jouerait un rôle déterminant dans la façon dont on se place ensuite dans sa vie d’adulte. L’aîné, qui s’efforce de conserver sa place et ses acquis, deviendra un défenseur de l’ordre établi et un ennemi acharné du changement. En revanche, le cadet, qui a dû lutter pour conquérir sa place, adhèrera avec enthousiasme à toutes les idées nouvelles et se montrera plutôt rebelle.

Sans être aussi systématique, je pense aussi que notre rang dans la fratrie nous influence dans ce domaine. Mais nous pouvons réagir : une bonne part de mon travail de coach consiste à aider les personnes que j’accompagne à trouver leur bonne place, ou plus exactement leur bon itinéraire. C’est pourquoi j’aime bien la démarche qui consiste pour mon client à identifier d’où il part puis déterminer où il veut aller, pour ensuite dérouler une trajectoire entre les deux. Il se peut qu’en chemin, l’objectif qu’il s’était donné soit modifié ; mais l’important, me semble-t-il, c’était de se mettre en route.


Renaud CHEREL


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