Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

jeudi 19 mai 2011

Couleurs : bleu et violet

L'arc-en ciel se termine par le bleu, le violet et l'indigo.

Dans le bleu, troisième couleur fondamentale qui peut être considérée comme la plus profonde, le regard se perd : couleur de l’océan et du ciel, il évoque la transparence des espaces infinis et donc ce qui est immatériel, les domaines de l’esprit, de l’âme et de l’immortalité. Le bleu clair représenterait plutôt le champ de l’imaginaire, alors que le bleu sombre, bleu nuit, celui du rêve. En même temps, le bleu pur est par excellence la couleur froide. C’est pourquoi le bleu peut suggérer une idée d’intelligence froide et détachée ou bien une éternité tranquille, peut-être au-delà de ce monde. Appliquée à un objet, la couleur bleue allège les formes, comme si en quelque sorte elle les dématérialisait. Le bleu, qui absorbe en lui-même les contradictions et les résout, fait apparaître son porteur comme digne de confiance, sûr, et en même temps au-dessus des simples préoccupations terrestres. Un environnement bleu a un effet calmant et apaisant, il évoque le repos et peut provoquer la production par le corps de substances calmantes. Mais contrairement au vert, il ne tonifie pas, car il ne fournit qu’une évasion sans prise sur le réel. Cependant, tous les bleus ne sont pas sereins et calmes. Certains bleus électriques ou brillants deviennent dynamiques et forts – une couleur engageante qui exprime la joie de vivre. Le bleu profond symbolise une harmonie entre sagesse, maîtrise de soi et réalisation spirituelle, à la fois dans un mouvement de distanciation et de retour vers l’intérieur de soi pour augmenter la pensée personnelle, les intuitions profondes, et la compréhension instantanée.

Depuis une douzaine d’années, la lumière bleue est utilisée dans le traitement d'une grande variété de problèmes psychologiques, y compris les addictions, les désordres alimentaires, l'impuissance et les dépressions saisonnières (luminothérapie) : en effet, le bleu serait efficace sur la mélatonine, l’hormone du sommeil impliquée dans les troubles de l’horloge biologique.

Quelques logos basés sur la couleur bleue

Note : je donne ici mon commentaire à partir de ressentis personnels sans préjuger de la stratégie de communication des marques !

Le logo du Centre National de la Recherche Scientifique est conçu à partir de cette couleur bleue qui évoque l'intelligence et les hautes fonctions mentales. Mais la froideur de cette couleur est quelque peu tempérée par l'utilisation, en plus du blanc, de deux bleus différents, dont celui utilisé pour le fond de la figure est nuancé d'un ton foncé à la périphérie et plus clair au centre, pour rompre la monotonie d'un  aplat en suggérant une légère impression de relief.
La forme de cette figure a attiré mon attention et m'a laissé perplexe car ce n'est ni un cercle, ni un ovale, ni aucune forme simple que j'aurais pu déduire de la combinaison de telles figures. En fait, il s'agit d'une figure complexe - CNRS oblige, naturellement - construite à l'aide de onze courbes de Bézier, ces courbes utilisées couramment pour concevoir des formes par ordinateur. Si vous désirez obtenir plus de précisions - et que vous avez le goût des mathématiques - consultez à ce sujet l'excellent article de Didier Henrion, Directeur de recherche CNRS au LAAS à Toulouse.

Voici, dans un autre style, le logo du Conseil Général du département du nord. Le bleu choisi en aplat est encore plus froid que le précédent, et cette impression de froideur est à mon sens rehaussée par le blanc du lettrage réalisé en défonce, ainsi que - une fois encore - par le choix du carré. Ici, peu d'arrondis viennent adoucir les formes, à part la partie inférieure du N ; l'arrondi qui termine les trois pointes formant le prolongement du N vers le haut à gauche leur donne au contraire un aspect pointu, incisif. Dans notre pays où nous écrivons de la gauche vers la droite, le passé est en général représenté à gauche et l'avenir à droite : ce logo évoque donc pour moi une descente, ce qui ne me paraît pas très dynamique. Quant à cette répétition du chiffre trois dans les jambages du N, elle n'évoque rien pour moi ; mais peut-être est-elle liée à des aspects historiques ou géographiques locaux que j'ignore.

Le violet, couleur de la tempérance, incarne l'équilibre entre la stimulation du rouge et le calme du bleu, entre la passion et l’intelligence, entre l’amour et la sagesse, et finalement entre la terre et le ciel. Dans la tradition chinoise, le violet signifie le passage de l’actif yang au passif yin. Le violet, derrière lequel s’accomplissent des transformations ou des passages d’un état à un autre, est la couleur du secret ; chez les chrétiens, il a été très tôt utilisé au temps de la Passion pour souligner un invisible mystère, la rencontre entre les deux natures, terrestre et céleste, du Christ. Une conséquence tardive de ce symbolisme a fait du violet une couleur de deuil, qui évoque la mort non pas en tant qu’état mais en tant que passage.

Le violet élève, calme l’esprit et les nerfs, offre un sens de spiritualité, encourage la créativité. Le porteur de violet est perçu comme créatif, mais aussi individualiste et original.

Quelques logos basés sur la couleur violette

En France, pays du bon vin, un certain nombre de marques de vins utilisent le violet dans leur palette, mais peu l'utilisent exclusivement. J'ai trouvé ce logo de l'école du vin plein de subtilité dans sa simplicité, comme doit l'être un bon vin. Il y a d'abord l'utilisation ingénieuse du carré, non pas tracé mais seulement évoqué - décidément, on le retrouve souvent - dont à première vue on peut croire qu'il s'agit d'un rectangle. C'est bien un carré : attention à ne pas se tromper quand on évalue un vin. Ensuite, les deux violets de part et d'autre de la figure centrale diffèrent légèrement, suggérant une certaine diversité ; mais tous deux contiennent un peu plus de rouge que de bleu : ils penchent plus vers l'émotion et le plaisir que vers la sphère mentale et le raisonnement. D'autre part, considérez la figure centrale où vous pouvez deviner un verre à vin là où il n'y a rien : la forme n'est que suggérée par une absence de couleur ; autrement dit, dans ce logo, le vin existe et le verre censé le contenir n'existe pas ! Intéressant, non ?

Dans un autre domaine, observons le logo de Yahoo, qui avait créé une certaine polémique à l'époque de sa sortie, notamment en raison du choix de la couleur violette : ici, le bleu domine légèrement sur le rouge : l'intelligence vient tempérer le plaisir et la joie exprimés par le cri "yahoo" - "yahou" en français. Ici, plus question de carré, mais du cercle enveloppant, convivial, cercle représentant une certaine totalité : avec Yahoo, je peux aller partout où je veux. En même temps, le choix d'une police de caractères un peu décalés, mais pas trop, suggère une certaine fantaisie. Enfin, la ligne d'écriture monte légèrement vers la droite, ce qui est un signe d'optimisme. Et le violet est ici le signe d'une certaine originalité.

Dans le message suivant, je terminerai ce cycle du symbolisme des couleurs par des nuances qui ne sont pas explicitement dans l’arc-en-ciel mais qui en découlent.


Renaud CHEREL




Voir aussi dans ce blog : 
    Couleurs : rouge et orangé
    Couleurs : jaune et vert
    Couleurs : noir et blanc, gris, rose et brun
    La force des symboles

Liens : Logo du CNRS

lundi 16 mai 2011

Couleurs : jaune et vert

Le jaune est la seconde couleur fondamentale du spectre visible. Couleur la plus chaude et la plus lumineuse du spectre, intense comme une coulée de métal en fusion, le jaune exprime de façon éclatante l’optimisme, la jeunesse, mais aussi l’énergie, la force et la puissance. Dans le couple complémentaire jaune - bleu, le jaune symbolise le principe masculin et le bleu le principe féminin.

Le jaune d’or est la couleur du soleil, il manifeste donc la puissance des divinités régnant dans les cieux. C’est pourquoi sur terre il met en évidence celle des princes et des rois, pour proclamer l’origine divine de leurs pouvoirs. Par extension le jaune est, avec le blanc, la couleur de l’éternité.

Mais, comme souvent dans la symbolique, il y a ambivalence : le jaune divin, une fois sur terre, peut exprimer son contraire, le soufre de Satan. Le jaune fut ainsi associé à la tromperie, à l’adultère… et les syndicalistes traitant de jaune celui qui se désolidarise de sa classe sociale retrouvent le même symbole. On perçoit cette même opposition dans l’Islam, où le jaune doré signifie sage et de bon conseil, alors que le jaune pâle est signe de trahison et déception.

Les nuances du jaune d'or portent la promesse d'un futur positif. Le jaune ressortira des couleurs environnantes et instillera l'optimisme et l'énergie, aussi bien qu’il initiera des pensées créatives. D’après les spécialistes, la couleur jaune stimule les processus mentaux et le système nerveux, active la mémoire et encourage la communication.

Quelques logos basés sur la couleur jaune

Note: je donne ici mon commentaire à partir de ressentis personnels, sans préjuger de la stratégie de communication des marques !

Les Pages Jaunes capitalisent sur l'aspect optimiste du jaune, effet accentué par le sourire affiché sur le visage suggéré. Pour compenser ce côté très ludique apporté par le jaune éclatant et même brillant, la forme est celle d'un carré. Mais, contrairement au logo carré d'Orange vu précédemment, la sévérité du carré est ici tempérée de deux manières : d'abord en arrondissant ses angles, et ensuite en créant un double, ou une ombre noire sur laquelle vient s'insérer un lettrage très sage où vient interférer tout de même un "j" non conventionnel.

Dans un autre domaine, celui de l'alimentaire, et avec un tout autre style, voici le logo d'une marque de bière, Abbaye de Leffe. On a toujours l'évocation de la joie avec le jaune, mais ici la teinte dominante, qui rappelle celle de la bière blonde, tire davantage sur le jaune d'or, avec ses promesses d'un futur agréable. En même temps, le choix de la police de caractères inspirée du gothique ainsi que le relief suggéré par la teinte plus sombre donnent à l'ensemble un caractère ancien, l'idée d'une tradition implantée depuis longtemps.

Le vert vient ensuite dans l’ordre du spectre visible ; équilibre naturel entre teintes froide (bleu) et chaude (jaune), c’est la couleur dominante dans la nature. À la sortie de l’hiver, celle-ci reverdit : le vert printanier est promesse de renouveau, c’est pourquoi le vert est la couleur de l’espérance chrétienne. Vert est l’éveil des eaux primordiales et de la vie. Les nuances naturelles de vert, végétales ou minérales, sont perçues comme tranquilles et régénératives. Le vert est considéré comme la couleur de la paix mais aussi, plus récemment, de l'écologie et du retour à la nature. Le drapeau de l’Islam, né dans le désert où la végétation est rare, est de couleur verte, emblème du salut, symbole de toutes les richesses et de la jeunesse éternelle promise aux élus.

Ainsi, dans de nombreuses traditions, le vert, nuance bénéfique, symbolise le vert paradis de la jeunesse du monde. Mais comme les vertes feuilles des arbres rougeoient à l’automne, le vert est, dans ces mêmes traditions, toujours associé au rouge, sa couleur complémentaire.

L’effet du vert est tranquillisant, calmant, rafraîchissant ; il relaxe mentalement et aide à alléger la dépression, la nervosité et l’anxiété. C’est pourquoi il est souvent utilisé dans les hôpitaux ou les lieux thérapeutiques ; ancienne couleur des apothicaires, il demeure aujourd'hui la couleur des enseignes de pharmacie. En décoration intérieure, le vert constitue un arrière-plan idéal dans la conception des décors et des harmonies.

Quelques logos basés sur la couleur verte


Le label "Agriculture biologique", écrit en blanc et vert prairie, évoque facilement l'aspect naturel des produits qu'il qualifie. le vert utilisé évoque la fraîcheur de l'herbe printanière. Le logo s'inscrit lui aussi dans un pré carré, pour indiquer le sérieux de la démarche. Ce sérieux est souligné par l'emploi de caractères majuscules, réputés un peu moins lisibles que les minuscules. Là encore, le graphiste a éprouvé le besoin d'équilibrer la composition en compensant cette rigueur  par différents éléments : l'arrondi de la lettre "A" qui adoucit les formes, et la présence d'un papillon stylisé qui vient apporter un peu de fantaisie à l'ensemble.  


Nous avons ici le logo d'une chaîne de magasins issue d'un groupe coopératif et établie en milieu rural, qui proposent essentiellement des produits agricoles, para-agricoles et jardinerie, d'où le choix du vert, dans lequel a été introduit un peu de bleu pour le rendre moins cru. Ici le logo est inscrit dans un cercle, qui représente une totalité, un monde. 

Il est intéressant de noter que le logo d'origine était inscrit dans un carré, celui-ci atténué par l'introduction d'un cercle. Le carré a été abandonné dans le logo actuel, mais la couleur verte conservée, quoique légèrement modifiée. Ce changement de nuance d'un vert forêt vers un vert émeraude correspond bien, selon moi, au changement de cible commerciale : alors qu'au départ les magasins de cette chaîne étaient exclusivement orientés vers une clientèle rurale, ils sont fréquentés par une clientèle de plus en plus urbaine. L'adjonction de bleu ajoute ainsi une touche plus cérébrale dans la symbolique (voir le message sur la couleur bleue).

Renaud CHEREL

Voir aussi dans ce blog :
    Couleurs : rouge et orangé
    Couleurs : bleu et violet
    Couleurs : noir et blanc, gris, rose et brun
    La force des symboles

dimanche 8 mai 2011

Couleurs : rouge et orangé

Nous vivons dans un environnement qui nous assaille d’une grande variété de couleurs de toutes sortes, probablement bien davantage que nos lointains ancêtres : eux n’avaient recours qu’à certaines teintes de base, tirées des roches ou des végétaux. Cette profusion des couleurs auxquelles nous sommes sans cesse exposés a un impact subtil mais réel sur nos émotions, sur notre sensation de bien-être ou de mal-être et sur nos comportements. C’est pourquoi la plupart des entreprises actuellement utilisent pour leur communication non seulement un logo, mais aussi des codes de couleurs destinés à personnaliser leur message et à transmettre une ambiance, une tonali-té particulière qui sera perçue plus ou moins consciemment par l’utilisateur ou le client.

Je vous propose donc d’explorer quelques-uns de ces codes et de leurs effets en présentant les principales couleurs dans leur ordre d’apparition dans un arc-en-ciel – c’est-à-dire, pour le physicien, selon leurs différentes longueurs d’onde.

Commençons par le rouge, la couleur la plus externe de l’arc-en-ciel, correspondant à la longueur d’onde la plus grande. C’est la teinte du feu et du sang, symboles fondamentaux du principe de vie, de la passion, dont il partage l’ambigüité selon qu’il est clair ou foncé. Le rouge clair, diurne, est énergique, stimulant, entraînant, provocant : c’est le rouge vif des drapeaux et de beaucoup d’enseignes publicitaires modernes. Le rouge sombre, au contraire, est crépusculaire, plus secret, plus mystérieux ; il incite à la vigilance, voire à l’interdiction ; il peut symboliser aussi l’énergie vitale de la libido, la régénération de l’homme ou de son œuvre. C’est le rouge des feux de circulation routière et des feux stop à l’arrière des véhicules, celui des signaux d’alerte mais également celui des décors de maisons closes. Ambivalence du rouge qui peut signifier vie et mort, amour et haine.

Utilisé dans l’environnement, le rouge augmente l’enthousiasme, stimule l'énergie et encourage l’action. Couleur chaude, le rouge peut avoir des effets physiques : augmentation de la tension artérielle, de la respiration, de la fréquence du pouls.

Quelques logos basés sur la couleur rouge :
Note : je donne ici mon commentaire personnel, sans préjuger de la stratégie de communication des marques concernées !


La marque de vêtements et accessoires  de sport Puma ®  a misé sur une image de dynamisme et d'énergie à travers son logo : ici la symbolique du rouge vient renforcer celle du félin qui bondit. C'est le choix de la police de caractère, très sobre, qui vient rééquilibrer l'image en apportant une touche de stabilité, d'assise au sol.


Observez le contraste avec le logo choisi par le Conseil Général du département de la Somme : ici également l'on joue exclusivement avec le rouge et le blanc, mais le choix d'un rouge plus sombre, à la limite du violacé, apporte un côté un peu plus sérieux à ce logo, avec peut-être une part de mystère, renforcée par l'effet de reflet des lettres. Notez aussi le choix d'écrire le nom du département à l'aide de plusieurs polices de caractères différentes, qui suggère une idée de variété et atténue la raideur du carré tout en restant d'une grande élégance.


La couleur orangée, proche parente du rouge, mélange de jaune et de rouge – deux couleurs chaudes – symbolise l’équilibre entre l’esprit et la libido. Un orangé joyeux et flamboyant rayonne la chaleur et l'énergie. Mais cet équilibre est fragile, c’est pourquoi cette teinte suscite souvent de fortes associations soit positives, soit négatives, et provoque généralement des réponses du genre « j’adore ! » ou « je déteste ! » La couleur safranée des moines bouddhistes évoque la révélation de l’amour divin. Inversement, quand l’équilibre des teintes est rompu, l’orangé peut devenir la couleur symbolique de la gloutonnerie, de l’infidélité et de la luxure. Certaines tonalités moins éclatantes d'orange, telles que les teintes terre cuite ou rouille, sont moins controversées et de ce fait plus appréciées et très largement utilisées en décoration.

Physiquement, l’orangé stimulerait l’activité, l’appétit et encouragerait la socialisation.

Quelques logos basés sur la couleur orange :



L'opérateur téléphonique Orange a également choisi la voie de la simplicité ; là aussi, le dynamisme suggéré par la couleur orange est tempéré, cadré même par la rigueur du carré, symbole des réalités matérielles. La police de caractère très simple laisse imaginer que ce service est accessible à tous.



Dans cet exemple, au contraire, le choix du graphisme accompagne le dynamisme de la couleur au lieu de le tempérer, suggérant assez bien l'idée de voyage, de déplacement. Ce mouvement est encore souligné par l'idée du vent, amenée par l'image du moulin. Remarquez au passage comment le dégradé de couleurs du dessin du rouge vers l'orange correspond au dégradé dans les lettres et donne une profondeur à l'image. On peut voir aussi dans le choix de cette couleur un clin d'oeil en direction de Guillaume d'Orange, chef de la révolte des Pays-Bas contre le roi d'Espagne Philippe II, qui conduisit à l'indépendance de la partie nord du pays.

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Couleurs : jaune et vert
    Couleurs : bleu et violet
    Couleurs : noir et blanc, gris, rose et brun

vendredi 6 mai 2011

Echecs et erreurs

Identifier ses erreurs... (dessin R. Cherel)
Élise explique : -« Moi, dans ma vie professionnelle, je n’ai pas le droit de faire des erreurs. J’éprouve un fort sentiment de culpabilité quand je trouve une erreur que je ne peux pas corriger. Si on me critique sur une erreur mais qu’on ne me permet pas de mieux faire, alors c’est terrible. Par contre, j’essaierai de mieux faire ce qu’on m’a dit si c’est dans une perspective d’amélioration. »

-« Moi, dit André, je ne connais pas trop l’échec : je le masque, je positive. Quand un objectif m’est fixé, chaque fois je prépare les éventuelles possibilités où je ne l’atteindrais pas. Mais comme je prévois toujours un objectif à 120%, j’ai toujours de la marge pour un peu d’échec : au bout du compte, je retombe sur mes pieds !... Mais si je rencontre un véritable échec, alors là c’est la cata ! »

Caroline fonctionne un peu différemment : « Moi aussi j’ai tendance à envisager toutes les possibilités. Mais je doute toujours un peu de moi, de mes capacités… Alors je préfère être reconnue dans mes compétences au niveau n-1, plutôt que d’être exposée en première ligne au risque d’échec. »

-« Ah, remarque Henri-Jean, je vous trouve bien compliqués ! Moi, je ne me pose pas tant de questions. Je fonce dans le tas, et en général j’arrive au résultat demandé, mais pas forcément de la manière souhaitée. Bon, c’est vrai que des fois, il y a quelques dégâts collatéraux, mais on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs ! »

Souvent, dans nos comportements d’adultes, nous redoutons l’échec et craignons de faire des erreurs. Pour les éviter, ou ne pas les voir, nous utilisons différentes stratégies, comme Élise, André, Caroline ou Henri-Jean. Et pourtant, l’observation du comportement d’un petit enfant nous montre qu’un certain nombre de compétences sont acquises par essais et erreurs successifs. Par exemple, pour apprendre à marcher, l’enfant est d’abord maladroit. Il tombe, il se relève, il se cogne aux objets et peu à peu il apprend à avancer correctement, debout sur ses deux jambes. Il fait ainsi pour un grand nombre d’apprentissages de base. Mais en grandissant, il prend conscience du regard des autres et des jugements portés sur ses actes, et peu à peu il élabore une stratégie personnelle pour répondre à cela.

Peut-on tirer parti de ses erreurs et de ses échecs ? Les erreurs sont des leçons que la vie me donne, je peux en tirer parti en trois temps :

- J’apprends à les accepter : c’est un travail délicat à faire, qui implique une remise en question de mes certitudes.
- J’analyse leurs causes : quelles sont les racines profondes de cet échec ? Comment expliquer ces erreurs à répétition ?
- Je m’en sers pour progresser : chaque erreur, si elle est bien analysée, pourra être évitée par la suite. Mes échecs peuvent être riches d'enseignements, s’ils me rendent plus sage et plus expérimenté, mieux équipé face à l'adversité.
-Au besoin, je peux me faire épauler par une personne extérieure ou un coach pour mieux discerner.

« L'échec est le fondement de la réussite. » (Lao-Tseu)

Renaud CHEREL


Ce message vous a plu ? Vous pouvez lire aussi dans ce blog :
    Se former en permanence
    L'échec, étape vers la réussite
    Transformer l'échec en réussite

Liens externes :
    Savoir tirer parti de ses erreurs

mercredi 4 mai 2011

Aube

J’avais préparé un sujet pour aujourd'hui, mais je ne résiste pas au plaisir de vous faire part du spectacle de beauté auquel j’ai assisté ce matin.

Comme tous les jours, je prends mon petit déjeuner dans la salle de séjour, face à la grande baie vitrée qui donne plein est.

Il fait encore sombre. La colline d’en face, couronnée de grands chênes dont les silhouettes effeuillées tendent leurs doigts vers le ciel qui pâlit lentement, me fait songer au corps sombre d’un énorme animal endormi. Au creux de son ventre, les taches plus claires sont des maisons que l’on distingue à peine, embuées qu’elles sont dans une fine brume matinale.

Le bleu sombre du ciel immense blêmit peu à peu dans les hauteurs, et vire vers les tons rose à l’horizon, barré d’une épaisse bande continue de nuages bleu-violacés. On pourrait facilement confondre celle-ci avec une haute chaîne de montagnes qui se perdrait dans les lointains. Mais nous sommes près de Paris, c'est la plaine qui s'étend au-delà de la colline…
Lever de soleil sur Ville d'Avray (région parisienne - photo R. Cherel)
Dans le rose naissant du ciel, s’égrènent de petits cumulus gris violacé comme un troupeau de moutons éparpillés dans la prairie céleste. Juste au dessus de moi, des nuages gris et bas circulent paresseusement de droite à gauche, semblables à de lourds vaisseaux se dirigeant lentement vers le nord.

Des chants d’oiseaux résonnent dans l’air immobile, se répondant par des gazouillis et des trilles sonores.

À l’est, en face de moi, la prétendue chaîne de montagne semble se disloquer graduellement sous la pression d’un invisible volcan, tandis que des fissures rougeoyantes apparaissent dans ses flancs comme autant de coulées de lave en fusion. Au-dessus, ceux des nuages du troupeau qui s’étaient aventurés dans cette région s’auréolent d’un éclat qui peu à peu, tel un métal en fusion, vire de l’orange au vermeil puis à l’or et se met à briller d’un éclat étincelant. Par contraste, la colline d’en face semble s’assombrir encore, mystérieuse, tous ses détails noyés dans l’ombre.

En quelques minutes, les nuées les plus proches sont ornées de festons d’or et de feu qui mettent en relief leurs volumes cotonneux. Le bleu du ciel s’intensifie, devenant plus profond. Tout semble se préparer à l’imminence d’un événement majeur.

Le silence est rompu par un couple de pies qui traverse le ciel en jacassant. Dans le lointain, une cloche se met à sonner.

Et voilà que l’astre solaire paraît, éclatant, magnifique, d’une brillance déjà insoutenable au regard, son orbe émergeant avec une lenteur princière pour s’élancer vers l’espace du ciel.

Instant magique. Un jour nouveau est né.

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Beauté, laideur
    Poème d'été : Naissance d'un jour nouveau

Liens externes :
    Les photos d'Anne Jutras

mardi 3 mai 2011

Beauté, laideur

La Vénus de Villendorf
était-elle un canon de beauté ?...
À la pause de midi, des collègues discutent autour d’une tasse de café, et leur échange les amène à parler de ce qui est beau ou laid.

...ou bien faut-il lui préférer "La naissance
de Vénus" de Bouguereau ?
-« Au fond, réfléchit Mario, ce qui est beau est plus ou moins lié à ce qui est utile. C’est pour cela que j’aime bien le design : c’est une recherche d’harmonie entre les formes et les fonctions de l'objet. Un objet qui est vraiment bien conçu pour sa fonction est un bel objet. »

-« Pas d’accord, dit Marie-Alix, le beau n’a rien à voir avec l’utile. Le beau, c’est ce qui suscite chez moi une émotion esthétique… En face de quelque chose de beau, j’ai le cœur qui bat, un sentiment d’admiration qui m’envahit… Je déteste la laideur et j’ai depuis toujours le goût du beau. J’en ai besoin : pour moi c’est une nécessité vitale. »

-« Moi, je suis sensible à la beauté formelle, répond Wang… La beauté répond à des critères de simplicité, de symétrie… Comme une formule mathématique claire, concise, synthétique. La référence absolue, pour moi, c’est E=Mc². En une formule, Einstein a compressé presque tout l’univers. C’est du grand art. C’est beau. »

-« Je ne me trouve pas super-belle, murmure Lise. Mais je me dis que je ne suis pas un thon non plus… Et si je ne suis pas dans les canons de la beauté, au moins je suis protégée des agressions physiques. Quelque part, ça me rassure, voilà. Bon, c’est vrai que, quand je regarde certaines nanas, je me sens un peu jalouse… »

Nous sommes souvent amenés à prononcer des jugements sur les gens et les choses : c’est beau, c’est laid… La notion de beauté a-t-elle des fondements objectifs ou bien est-elle entièrement subjective, dépendant de la culture, du contexte historique ou culturel dans lequel nous nous situons ? Dépend-elle du regard des autres ou bien est-elle déjà présente en moi depuis toujours ? Qu’est-ce que la beauté, qu’est-ce que la laideur, au fond ?

Dans le Petit Robert, il est dit que la beauté est le caractère de ce qui est beau, c’est-à-dire de ce qui fait éprouver une émotion esthétique, un sentiment d’admiration. C’est aussi le caractère de ce qui est moralement admirable. Ces définitions me paraissent intéressantes parce qu’elles ne lient pas la beauté à des critères objectifs, à une essence, mais à des émotions, des sentiments et des jugements.

L’ambition de cette chronique n’est pas de se lancer dans de hautes considérations philosophiques, mais de poser, au hasard de faits rencontrés dans la vie quotidienne, des questions susceptibles de nous faire avancer sur notre chemin de vie. Dans ce sens, pourquoi ne pas me poser des questions sur la beauté, la laideur : est-ce que ce sont des notions importantes pour moi ? Par rapport à cela, est-ce que je réagis comme l’une des personnes citées, ou bien autrement ? Est-ce que la contemplation de ce qui est beau pourrait apporter un plus dans ma vie ?

La beauté ne pourrait-elle pas me rendre la vie plus… belle ?


Renaud CHEREL



Voir aussi dans ce blog :
    Les plus beaux sont-ils les meilleurs?
    Aube
    Étonnement

Liens externes :
    Appel pour une beauté libre
    Laideur et beauté