Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 25 mai 2015

Sentiment d'insécurité

À l’approche des vacances, quatre amies échangent à propos du sentiment d’insécurité.

-« Je trouve qu’il y a plus d’insécurité aujourd'hui que par le passé, dit Marguerite. Avec tout ce que l’on voit à la télé ou dans les journaux, il y a des pays qu’il vaut mieux éviter pour partir en vacances…

- Quand j’arrive en vacances, explique Séverine, ma première préoccupation, c’est d’aller faire les courses. J’ai besoin de savoir que le frigidaire et les placards sont pleins. C’est vital. Ensuite, je me sens plus en sécurité.

- Moi, j’aime bien quand chaque chose est à sa place et que tout est propre, ajoute Perrette. Ce sont les premières choses que je vérifie en arrivant, ainsi que les fermetures des portes et des fenêtres. L’hygiène et la sécurité, pour moi-même et pour mes enfants, c’est très important.


- Ce qui me sécurise avant tout, avoue Ingrid, c’est l’image que les autres ont de moi. Habiter dans une belle maison, être vue dans les endroits chics, c’est hyper important pour moi et je suis fière de m’y montrer. Je m’identifie à ce qui donne de l’image, cela m’apporte de la sécurité, de l’identité.


- Je ne me sens pas en sécurité avec des inconnus : j’ai tendance à m’en méfier, explique Oda. En vacances, le risque me semble plus élevé et je reste sur mes gardes. Mais si on m’écoute, si je me sens aimée, entre guillemets, alors la confiance peut s’installer et je commence à me sentir en sécurité. »

Pour le psychologue américain Abraham Maslow, le besoin de sécurité faisait partie des besoins fondamentaux de la personne humaine. Chacun de nous – même le plus audacieux ou le plus téméraire – a besoin d’une certaine forme de sécurité dans sa vie. Mais les exemples précédents illustrent la variété des préoccupations en matière de sécurité.

Selon le Petit Robert, la sécurité est un état d’esprit confiant et tranquille d’une personne qui se croit à l’abri du danger. Cette définition fait ressortir l’aspect éminemment subjectif de la notion de sécurité : certaines personnes peuvent se sentir insécurisées là où d’autres se sentent parfaitement à l’aise. Par exemple, certaines personnes redoutent de prendre l’avion quand d’autres n’y prêtent pas attention ; ou bien le fait de devoir prendre la parole devant un groupe peut être ressenti comme très stressant pour certains et relativement anodin pour d’autres.

Par ailleurs, pour la même personne, se produit le phénomène d’habituation : on observe que l’habitude d’une situation a tendance à diminuer la sensation d’insécurité éprouvée. L’environnement peut être objectivement dangereux, mais sa fréquentation régulière fait baisser l’état de stress et d’anxiété. En fait, le sentiment d’insécurité naît de la rencontre entre un état interne, plus ou moins sensible aux risques potentiels, et un environnement externe, qui peut être objectivement dangereux ou pas. 

Enfin, la préoccupation de sécurité peut concerner la société dans son ensemble, comme pour Marguerite – c’est le versant social – ou bien soi et ses proches, comme l’expriment ses amies : c’est le versant psychologique.

Et vous, qu’est-ce qui vous insécurise ?


Renaud CHEREL


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    Le stress
    Peurs



lundi 18 mai 2015

Allier contrôle et lâcher-prise

Dans le domaine du contrôle comme dans d’autres, nous pouvons nous inspirer du philosophe Épictète : il nous conseille de nous concentrer sur ce qui dépend de nous et d’accepter sereinement ce qui ne dépend pas de nous, ce que l’on pourrait traduire aujourd'hui par le « lâcher-prise ».


Il n’est pas question de tout lâcher, mais d’acquérir une certaine souplesse, en adaptant nos attitudes en fonction de la situation. Reprenons les exemples de la semaine dernière :

- Philippine a mis au point une stratégie pour contrôler que son menu a la qualité désirée, en le faisant tester par d’autres personnes. Ce type de stratégie, couramment utilisé dans le domaine professionnel, est bien adapté à la situation et on ne peut que le recommander, notamment s’agissant d’un nouveau produit ou lors de circonstances inédites.

- On peut penser que Sylvestre a de bonnes raisons d’être très exigeant et même perfectionniste. Cependant, son comportement est-il bien adapté au travail qui lui est demandé ? C’est le cas par exemple s’il participe à l’élaboration d’ouvrages de grande qualité dans une maison prestigieuse. Par contre, si l’objectif de l’entreprise est de produire très rapidement et en masse des ouvrages bon marché, il lui sera peut-être reproché d’être tatillon et surtout de ne pas aller assez vite… Alors, à Sylvestre de jouer : s’il a une certaine influence sur la politique de l’entreprise, il peut éventuellement agir pour la réorienter vers plus de qualité – après s’être au préalable assuré qu’un marché existe et qu’il est accessible ! Sinon, il n’a qu’une alternative : ou bien faire preuve de souplesse et s’adapter à la politique de l’entreprise ; ou bien aller chercher ailleurs un contexte plus conforme à ses aspirations et à sa manière de faire.

- Natacha a pu vivre des expériences traumatisantes qui l’ont conduite à se couper de ses émotions et de son affectivité. Peut-être même que, dès l’enfance, elle n’a pas été encouragée à les exprimer. En cherchant à maîtriser tout se qui se passe en elle et autour d’elle, elle tente de se sécuriser et d’échapper à l’angoisse que les choses lui échappent. Bien sûr, ce comportement a des avantages en éliminant beaucoup de mauvaises surprises ; son efficacité et son organisation sont unanimement appréciées. Mais Natacha se retrouve en état de tension permanente et cela génère des frustrations en elle et dans son entourage. Ses enfants et ses proches se trouvent peut-être trop cadrés et souffrent probablement de son manque de démonstrations affectives. Là encore, une certaine souplesse lui permettra un fonctionnement plus harmonieux. En lâchant prise sur un certain nombre de choses moins prioritaires, en consentant à exprimer ses émotions, Natacha va permettre que s’améliore toute l’ambiance familiale.

Dans ces deux derniers exemples, il est question de changer pour s’adapter à la situation. Certains peuvent penser « Mais je ne peux pas changer, ce n’est pas possible, j’ai toujours fait comme cela ! » On ne peut pas changer son tempérament, certes, mais j’affirme que chacun peut changer de comportement, même à un âge avancé, s’il est motivé.


Renaud CHEREL


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    Faut-il vouloir tout contrôler?
    Locus de contrôle
    Vivre sa vie au mieux

mardi 12 mai 2015

Faut-il vouloir tout contrôler ?

Philippine reçoit à dîner sa responsable hiérarchique. Elle a décidé de lui cuisiner une nouvelle recette découverte chez des amis ; pour être sûre de son résultat, elle l’a essayée une première fois en famille la semaine précédente. Non seulement elle a pu contrôler les étapes de la confection de son plat, mais les avis de son mari et de ses enfants lui ont permis d’améliorer quelques détails.

Sylvestre travaille comme cadre dans l’édition. C’est un perfectionniste qui cherche toujours à tout contrôler. Très exigeant au travail, il veut que les résultats soient parfaits et ne compte pas ses heures. Ses collaborateurs le redoutent car il est sans cesse sur leur dos et possède un œil de lynx pour déceler le moindre petit manquement ou défaut.

Natacha, mère de trois enfants, cherche à contrôler les différents aspects de sa vie privée : « le contrôle, c’est la sécurité », affirme-t-elle. Elle surveille tout, planifie, anticipe dans tous les domaines, pour réduire au maximum les mauvaises surprises. Elle avoue ressentir une angoisse que les choses lui échappent. « La spontanéité m’a joué de mauvais tours par le passé, alors je fais passer la raison avant l’émotion et la passion. »

Les contrôles sont nécessaires dans certains contextes...
Lorsque nous décidons de mener à bien un projet ou une activité de manière efficiente, il est souvent utile d’exercer un certain contrôle – dans le sens de vérification – sur les différentes étapes, de manière à nous assurer d’obtenir le résultat escompté. De plus, si nous intervenons dans un domaine nouveau, ou si l’activité comporte de nombreuses interactions avec l’extérieur, le contrôle va nous permettre d’améliorer rapidement nos façons de faire. Notons cependant que toute activité ne répond pas forcément à des critères d’efficacité et de performance : certaines d’entre elles sont gratuites ou ne relèvent pas d’une logique rationnelle. Le contrôle n’est donc pas indispensable partout et en toute circonstance.
... mais jusqu'à quel niveau ?
Le contrôle peut être un mécanisme de défense : tourné vers l’extérieur, c’est une tentative de gérer ou de diriger de manière exagérée les événements et les objets de l’environnement, afin de minimiser l’anxiété et résoudre les conflits internes. Le contrôle peut aussi se tourner vers le monde intérieur, en cherchant à maîtriser ses émotions, sa vie affective ou sa spontanéité, au risque de s’épuiser littéralement.

La société très individualiste dans laquelle nous vivons aujourd'hui nous pousse vers une recherche de contrôle toujours plus pressante. Jadis, notre trajectoire était quasiment déterminée dès la naissance. Aujourd'hui, c’est à nous de conduire notre vie ; nous nous sentons responsables et gestionnaires de notre santé et notre bonheur, avec la liberté de choisir nos rencontres, nos activités, notre façon de vivre. Mais cela génère des tensions : la performance et l’efficacité sont très valorisés, alors que notre environnement paraît toujours plus imprévisible. La notion de permanence n’existe plus : l’entreprise où nous travaillons peut être rachetée ou faire faillite sans prévenir, nous changerons probablement plusieurs fois de lieu de résidence dans notre vie et nos relations affectives peuvent être remises en cause.

Alors, comment allier contrôle et lâcher-prise ? Nous le verrons semaine prochaine.


Renaud CHEREL


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    Faut il chercher la perfection?
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lundi 4 mai 2015

Peut-on exercer sa volonté?

L'âne qui résiste à son maître
fait-il preuve de volonté ?
La volonté a beaucoup été étudiée par les philosophes, à commencer par Socrate. Cependant, si les réflexions sur la volonté et le libre arbitre ont été considérables au cours des siècles, aujourd'hui la réalité de ce concept en tant que faculté de l’être humain est contestée par un certain nombre de scientifiques, psychologues et spécialistes du cerveau. En effet, il est impossible de définir de façon scientifique la volonté ou la volonté d'agir. En psychologie, l'approche la plus répandue s'intéresse à l'action et aux buts recherchés, à la façon d’agir et ses motivations. Dans ce cadre, la volonté est assimilée à un type de souhait particulier répondant à trois critères : durable, rationnel et conscient. La volonté se différencie alors du désir, qui est irrationnel, et de la velléité qui est un souhait faible et passager.

Ainsi définie, la décision volontaire est un processus qui fait intervenir de nombreuses composantes, des désirs qui peuvent s’opposer à des résistances. Par exemple Sonia a tendance à repousser les choses au lendemain ; comme elle redoutait d’aller chez le dentiste, elle n’a pas pris rendez-vous pour un examen préventif. C’est une rage de dents qui l’a poussée à consulter en urgence. Sa décision était sous la dépendance de ses tendances habituelles, de ses craintes et de ses besoins.

Plus qu’un processus immédiat et facile, la décision volontaire apparaît souvent comme laborieuse ; elle est prise après en avoir pesé les conséquences, les avantages et les inconvénients. C’est pourquoi, en psychologie classique, on divise l’acte volontaire en 4 moments : conception, délibération, décision, réalisation.

On parlera de volonté lorsque la personne s’engage dans un projet et que le souhait qu’elle cherche à satisfaire est réalisable à ses yeux. L’acte volontaire est assumé, il fait appel à des objectifs, des moyens et des connaissances. Un acte accompli par ignorance n’est pas dit « volontaire », pas plus qu’un acte inconscient. C’est dans ce cadre que l’individu est dit responsable de ses actes.

Peut-on alors exercer sa volonté ? Je répondrai que l’on peut améliorer les conditions dans lesquelles exercer sa volonté. En développant mon « observateur intérieur », je suis plus à même d’identifier mes comportements indésirables, souvent automatiques. Je vais alors être capable de stopper telle réaction habituelle, inappropriée dans les circonstances présentes, ou au contraire de la maintenir parce que je juge que c’est la bonne façon de faire.

Si ma réponse habituelle n’est pas appropriée, comment en trouver une autre ? Cela n’est pas très facile, car la force des habitudes est très puissante. La réponse tient dans un petit mot : l’entraînement. Comme l’esprit est lié au corps, il s’agit de m’exercer régulièrement à des gestes qui favorisent l’expression d’émotions opposées à celle que je veux éviter, dans des situations à enjeux faibles. Par exemple, Marceau, souvent dans la colère, ne remarque même pas qu’il est en colère et qu’il élève la voix à la moindre provocation ; c’est sa réponse habituelle. En travaillant sur des gestuelles calmes et pondérées, il va tout naturellement développer en lui l'écoute et la tolérance.


Renaud CHEREL


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