Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 25 février 2013

Poser un regard positif sur le monde


Nous avons vu la dernière fois que l’usage d’un optimisme raisonnable nous apportait beaucoup de bienfaits. Mais, dans le contexte du pessimisme ambiant – et même du cynisme plutôt valorisé par notre société –, comment éviter ce regard négatif, teinté de défiance, qu’il nous arrive peut-être de porter sur les événements et sur les personnes ?

Ce dimanche , Jean-Baptiste Almeras était interviewé sur France 2 à l’occasion de la sortie de son livre « Peut mieux faire », constitué par la collection de ses anciens bulletins scolaires : une litanie assez affligeante de commentaires négatifs… L’auteur expliquait sur le plateau combien, enfant, il redoutait l’arrivée des bulletins scolaires à la maison et comment ceux-ci accomplissaient mois après mois un travail de démotivation en lui. Résultat : il n’avait vraiment pas envie de travailler et, découragé, il n’a pas passé son Bac. Cela ne l’a pas empêché de devenir, plus tard, directeur d’une prestigieuse librairie parisienne ; mais il regrette d’avoir perdu beaucoup de temps et d’énergie à reconquérir ce qu’il n’avait pas eu au départ.

Ce petit livre met le doigt sur un système – lequel n’est pas pratiqué par tous les enseignants, cependant – qui privilégie de mettre l’accent sur les erreurs, les fautes, les incorrections, plutôt que sur les succès, les réussites, les progrès ; un système qui préfère la sanction à la stimulation et à l’encouragement. Certains me rétorqueront que, sans cette épreuve qui lui a forgé le caractère, ce monsieur ne serait pas devenu ce qu’il est aujourd'hui. Peut-être, mais cet argument me paraît paradoxalement trop optimiste ! Car à côté d’une réussite comme celle-là, combien de milliers d’autres élèves se sont trouvés découragés et ne sont pas parvenus à remonter la pente de l’insuccès ?

Quel parent gronde son bébé qui tombe après avoir fait son premier pas ? Au contraire, nous sommes fiers de ce premier pas de bébé, nous le félicitons pour son entrée dans le monde des grands, nous l’encourageons à recommencer, à faire un second pas et encore un autre… L’optimiste raisonnable commence par poser un regard positif sur le monde et sur les personnes, et l’expérience montre que ce regard positif suscite d’emblée un effort pour mieux faire, se traduisant le plus souvent par un progrès de la part de celui ou celle qui bénéficie de ce regard.

Conserver un regard d'enfant...
Mais ce n’est pas tout : le fait de poser ce regard positif sur les autres nous apporte aussi des retours favorables : notre relation avec autrui en est assainie. Cela ne signifie pas qu’il nous faille arrêter d’exprimer à l’autre nos désirs et nos limites, bien au contraire. Rappelons-nous que l’inconscient est sensible aux affirmations mais pas aux négations : quand je dis à l’autre ce que je ne veux pas qu’il fasse, il m’entend rationnellement ; mais sa part inconsciente, là où siègent ses motivations, ne m’entend pas. Et donc l’effort pour me faire entendre sera grand ; par contre, il entendra beaucoup mieux si j’exprime ce que je veux, à condition que cela soit posé dans la clarté et la confiance.



Renaud Cherel



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Liens externes :
    Psychologies.com : Dossier 6 raisons de croire en soi et en l'avenir

lundi 18 février 2013

Optimisme, pessimisme


Baptiste se sent assez heureux de son sort et se dit que beaucoup de gens sont plus mal lotis que lui. Plutôt tourné vers l’avenir, il élabore facilement des projets dont il entrevoit rapidement tous les avantages, mais il lui arrive souvent de sous-estimer les obstacles potentiels. De son passé, il a tendance à ne retenir que les bons moments, et à plus ou moins oublier les épreuves et les difficultés qu’il a traversées.

Amandine, au contraire, a tendance à considérer que les choses vont plutôt mal actuellement, et quand elle examine un projet, elle en discerne rapidement les failles et les faiblesses. Elle est capable d’anticiper les obstacles qui risquent de s’opposer au projet et considère presque instinctivement les objections qui pourraient lui être adressées. Quand elle se remémore son expérience passée, toutes les difficultés qu’elle a dû traverser surgissent à son esprit.

On peut dire que Baptiste a une vision optimiste des choses, par opposition à Amandine qui pourrait être qualifiée de pessimiste. L’optimiste anticipe positivement ce qui peut arriver, en étant attentif à ce qui peut s’avérer heureux, utile ou dynamique dans la situation nouvelle qui se présente. Le pessimiste, à l’inverse, envisage d’abord les difficultés ou les blocages de cette même situation.

Dans la société française d’aujourd'hui, l’optimisme est souvent perçu comme de la naïveté, qui nous maintient dans l’illusion que « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ». Cette façon de voir semble caractéristique de notre pays : selon une étude du réseau Gallup International menée auprès de 51 pays fin 2011, les français décrochent la palme du pessimisme, confirmant une tendance établie depuis des années.
 
Pourtant, à y regarder de près, les deux points de vue ont leurs avantages et leurs inconvénients.

Côté pessimiste, des scientifiques de l’université de New York ont testé la stratégie de "mental contrasting", qui consiste à penser aux obstacles éventuels à surmonter avant d’entreprendre un projet. Cette stratégie permet de prendre des décisions plus efficaces et d’atteindre davantage d’objectifs qu’un groupe témoin plus « optimiste ». Cependant, une autre étude montre que, si le fait d’envisager les obstacles éventuels augmente la détermination, l’efficacité est liée à la croyance que l’objectif est atteignable. Sinon, le pessimisme a un effet inverse de découragement.

Côté optimisme il semblerait, d’après les nombreuses études menées sur le sujet, qu’une attitude généralement optimiste dans la vie soit associée à une meilleure santé et à une espérance de vie plus longue, liée notamment à des risques plus faibles de problèmes cardiaques. L’optimisme semble être un trait socialement souhaitable dans la plupart des communautés : les optimistes sont en général plus facilement acceptés, tandis que ceux qui répandent la morosité sont traités de manière moins favorable. Mais pour être opérant, l’optimisme doit être tourné vers l’avenir : revenir sur des faits accomplis et se reposer sur ses lauriers peut nous conduire à faire des choix immédiats qui vont à l’encontre de nos objectifs à long terme.

Comme le verre à moitié plein, l’optimisme est recommandé, à condition de consommer avec modération !



Renaud Cherel



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lundi 11 février 2013

Etonnement


Nous sommes bombardés par les médias de nouvelles sensationnelles, d’exploits inédits, d’images étonnantes, de phrases choquantes qui nous surprennent et attisent notre curiosité. Pas un jour ne passe sans que la télévision, les journaux ou la radio ne nous délivrent quelque nouvelle suscitant notre étonnement : telle découverte médicale qui va améliorer la santé de milliers de patients – ou au contraire les malversations d’un laboratoire pharmaceutique qui ont fait des milliers de victimes ; les dernières frasques d’une star de cinéma ; la chute dans les sondages de tel personnage politique ; les exploits de tel sportif ou de telle équipe… on peut multiplier les exemples à l’infini. Cette forme d’étonnement bon marché, proche de celle du badaud face au prestidigitateur ou au marchand ambulant qui dévide son boniment, n’est pas celle qui m’intéresse ici.

Il existe en effet une autre forme d’étonnement, plus fondamentale, plus existentielle peut-être, illustrée par ceux qui contribuent à faire bouger le monde. Socrate, Platon, Aristote ont répété que la philosophie est fille de l’étonnement, car celui-ci déclenche le travail de réflexion et de création. Nombre de grandes figures marquantes dans l’histoire de l’humanité ont accepté de se poser des questions, de s’étonner à propos de choses apparemment banales ou négligées par la plupart de leurs contemporains. Que ce soient des philosophes comme Averroès ou Bergson, des scientifiques comme Einstein ou Marie Curie, des artistes comme Michel-Ange ou Picasso, des religieux comme saint Augustin ou mère Térésa, des ingénieurs comme Léonard de Vinci ou Gustave Eiffel, tous ont conservé à l’âge adulte cette capacité d’étonnement qui caractérise l’esprit d’enfance, cet étonnement qui rime avec émerveillement.

L’étonnement nous permet de progresser dans la connaissance et la compréhension de la réalité à laquelle nous faisons face. En effet, c’est lui qui nous pousse à nous poser des questions – formulées explicitement ou non – sur les faits ou sur les personnes, et à tenter d’avancer des réponses à notre manière. Cet étonnement a poussé chacun des personnages que j’ai cités à se poser des questions, dans son domaine respectif, sur l’existence de certaines choses, pourquoi elles sont ainsi et pas autrement, ou quelle est leur nature, au fond. Par exemple, Averroès s’interrogeait (entre autres !) sur la vérité, Bergson sur la conscience, Einstein sur la relativité, Marie Curie sur la radioactivité, Picasso sur la perception de la réalité, saint Augustin sur la liberté, mère Térésa sur la souffrance, Eiffel sur l’utilisation industrielle des métaux… quant à Léonard de Vinci, il a exploré la plupart des domaines connus à son époque.

Cultivons notre capacité d’étonnement, ne cédons pas à la tentation d’être blasés. Étonnons-nous encore de ce qui est banal, sans banaliser notre étonnement. Nous avons la capacité de recevoir la vie comme un miracle permanent, et les petits événements quotidiens, acceptés comme des dons merveilleux, nous souriront : l’harmonie de ce refrain qui chante dans ma tête, le sourire chaleureux de cette personne croisée en chemin, la beauté d’une goutte de rosée scintillant dans la lumière du matin, tout peut être sujet d’émerveillement.

Alors, étonnez-vous !


Renaud Cherel


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    Beauté, laideur

Liens externes :
    L'étonnement est le début de la philosophie et du blog

lundi 4 février 2013

Faut-il chercher la perfection ?


"L'homme de Vitruve" de Léonard de Vinci : l'homme parfait?
Philémon est épuisé : au bureau, il cherche constamment à ne jamais décevoir et à être irréprochable en exerçant une vigilance de tous les instants. Cela lui demande des efforts extrêmes mais, malgré cela, il ne parvient pas à se prémunir contre tous les imprévus. Quand il doit faire face à une situation non préparée, c’est la panique.

Selma est artiste peintre ; elle a toujours eu le souci méticuleux du détail, et a l’habitude de travailler à son chevalet jusqu’à ce que l’exécution sur le tableau corresponde exactement à l’image qu’elle avait en tête. Elle retire de sa ténacité et de ses efforts soutenus une réelle sensation de plaisir, d’autant plus que ses œuvres sont appréciées du public.

Zita, par peur des critiques, cherche à être parfaite maîtresse de maison, elle passe des heures à astiquer les moindres recoins de son intérieur : « Mon appartement doit être impeccable… Si quelqu’un venait à l’improviste, je ne supporterais pas qu’il puisse voir du désordre ou de la poussière. » Zita est préoccupée par le jugement que l’on pourrait ainsi porter sur elle.

Au travail, Valentin ne peut pas s’empêcher de consacrer du temps et de l’énergie aux petits détails sans importance, au lieu de s’atteler aux points essentiels du projet en cours dans son service. Ses collègues lui reprochent d’avancer trop lentement ; il en retire une opinion négative de lui-même et se sent minable.

Osmonde est un bourreau de travail incapable de se détendre. Très efficace, elle suit ses dossiers heure par heure et ne peut s’empêcher de consulter ses mails professionnels jusque sur la plage. Mais à la moindre erreur ou au simple lapsus, elle se fait intérieurement des reproches acerbes pendant des journées entières.

Faut-il être parfait ? Doit-on chercher la perfection ?

Nous vivons dans une société qui nous pousse à faire toujours mieux, à être toujours plus performants, non seulement dans la sphère professionnelle, mais dans tous les domaines de la vie. Le désir de s’améliorer est certainement très positif ; mais lorsqu’il se transforme en volonté acharnée de perfection, il peut provoquer des dégâts, à notre détriment et à celui de notre entourage.

D’un côté, le souci de perfection peut nous fournir une grande énergie motrice : il nous pousse à mener à bien nos projets et nous fournit la motivation nécessaire pour persévérer face au découragement et aux obstacles qui ne manquent pas de se dresser sur la route. Avec le risque de déborder sur d’autres domaines de la vie.

De l’autre, le perfectionnisme devient toxique quand on s’efforce compulsivement et sans trêve d’atteindre des buts irréalistes et que, face à l’échec, on n’en retire qu’amertume et auto-jugement négatif. Il peut mener à la procrastination quand il sert à reporter les tâches à plus tard : « Je ne peux pas démarrer ce projet tant que je ne maîtriserai pas parfaitement la procédure ». Au final, il peut se traduire par une faible productivité.

Il s’agit donc de trouver le bon dosage entre les deux, en acceptant de ne pas être parfaits !


Renaud Cherel



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