Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

mardi 22 mars 2011

Peurs

"Le Cri" - Tableau de Munch
Véronique est étudiante et parle facilement de ses peurs : « Ce qui me fait bouger, en fait, c’est la peur. Je suis facilement terrorisée par mon environnement. J’ai peur avant un examen, avant un entretien, avec un côté un peu imaginatif : j’ai tendance à me représente ce qui peut m’arriver de pire. Cette peur, elle se situe au niveau du ventre, j’ai alors besoin d’aller très souvent aux toilettes. »

Marc, lui, se situerait presque à l’opposé : « J’ai fait l’armée et maintenant je suis officier de réserve. Moi, je suis tout ou rien, je cherche toujours à aller au bout des choses. Il m’est arrivé de prendre de très gros risques, mais la peur, ça, je ne connais pas… » Pourtant, mis en confiance, Marc reconnaît : « J’ai longtemps cru que je n’avais pas de peurs. Plus j’avance et plus je découvre que la peur existe aussi chez moi. Mais la plupart du temps, elle se cache derrière une énorme colère. Au fond, je crains de reconnaître mes faiblesses. Montrer ma vulnérabilité, pour moi c’est difficile ; il faut vraiment me sentir très en sécurité. »

La peur est très certainement l’une de nos émotions les plus primitives, une réaction physiologique : de l’adrénaline est libérée dans le sang, la fréquence des battements du cœur augmente, tout comme le rythme de la respiration et le taux de sucre dans les muscles. C’est un mécanisme de survie efficace, une adaptation à l’environnement hostile, aux prédateurs, que l’on retrouve de façon très générale dans le monde animal. Cette réaction instinctive permet aux animaux d’éviter des situations périlleuses pour eux-mêmes ou pour leur progéniture. L’esprit humain, dans sa complexité, a cependant transposé cette émotion et l’a dirigée vers des objets extrêmement divers et dans des conditions qui n’ont parfois plus rien à voir avec les situations primitives : la peur devient alors une réaction inadaptée.

La peur est donc une émotion naturelle et universelle, mais dont l’objet est variable selon les personnes et les conditions extérieures. Encore faut-il être capable de la gérer en la reconnaissant pour pouvoir éventuellement la maîtriser : c’est ce qu’on appelle le courage. On ne peut pas dire d’une personne qui ne ressent pas le danger ou la peur qu’elle est courageuse. La société dans son ensemble, le groupe social et familial auquel nous appartenons, ont pu nous apporter des clés et des apprentissages pour surmonter nos peurs. Inversement, les sociétés totalitaires fonctionnent sur la peur. C’est le cas aussi dans notre environnement quand certains individus ou certains groupes s’appuient sur la peur pour conforter leur pouvoir ou leur fonction.

Il peut être intéressant de me poser la question : est-ce qu’il m’arrive d’éprouver de la peur ? Si oui, dans quelles circonstances ? Et avec quel degré d’intensité ? Et si ce n’est pas le cas, si je me retrouve plutôt dans ce qu’affirme Marc, est-ce que, comme lui, je ne me cache pas à moi-même ma vulnérabilité ?

Renaud CHEREL

lundi 14 mars 2011

Bonnes résolutions

Le début de l’année peut être le moment de prendre de bonnes résolutions. « C’est décidé, affirmait Joëlle en janvier 2010, cette année j’arrête de regarder la télévision : les programmes sont nuls, je perds mon temps en restant le nez devant, alors qu’il y a plein de choses intéressantes à faire ! Et puis cela me permettra de me coucher plus tôt et de mieux dormir. »

Zadig, lui aussi, avait pris de bonnes résolutions : « Depuis que je suis marié, je mange mieux et j’ai arrêté le sport… résultat je grossis ! Il faut vraiment que je me reprenne en main : j’ai pris la décision de faire plus de sport, à fond. En même temps, j’arrête de fumer, ce n’est pas bon pour la forme. »

Hélas ! À la fin de l’année, tous deux reconnaissent que leurs bonnes résolutions n’ont pas tenu bien longtemps. Joëlle passe plus de temps qu’elle ne souhaiterait devant le petit écran, et a toujours recours à des produits pour dormir. Zadig s’est remis insensiblement à fumer : juste une petite cigarette, puis deux, trois… jusqu’à retrouver le même rythme qu’avant. Quant au sport, il affirme ne pas trouver le temps d’en faire.

Voilà deux personnes qui étaient pourtant sincères, mais leurs bonnes vieilles habitudes ont rapidement repris le dessus. Comme Joëlle et Zadig, il nous arrive probablement de prendre des bonnes résolutions et de ne pas les appliquer. Pourtant, nous pouvons constater dans notre entourage que certaines personnes réussissent à s’y tenir. Comment font-elles ?

Même si beaucoup de facteurs entrent en jeu dans ce genre de choses – nous constatons nous-mêmes qu’à certaines périodes de notre vie, il est plus difficile de nous tenir à ce que nous avons décidé – quelques indications simples permettent de mieux réussir à appliquer ses bonnes résolutions.
Bonne résolution : se réserver du temps en famille...

- Ne cherchez pas à tout changer du jour au lendemain : cela a peu de chance de fonctionner. Choisissez plutôt de changer un nombre limité d’habitudes.

- Réservez-vous du temps régulièrement pour cette nouvelle habitude. Une bonne astuce, au moins dans les premiers temps, est de la noter dans votre agenda, si possible au même moment de la journée. Ainsi cela deviendra une routine qui peu à peu se mettra automatiquement en place.

- Ne soyez pas trop pressé : physiologiquement, il faut une vingtaine de répétitions pour que notre corps enregistre une nouvelle habitude. Si l’activité que vous avez choisie est journalière, l’ancrage ne se fera que si vous persévérez au moins trois semaines ; si le rythme choisi est deux fois par semaine, il vous faudra continuer au moins deux mois et demi avant que l’habitude ne se mette en place…

- Il peut être utile d’identifier la cause du problème plutôt que tenter d’en réparer les conséquences. Si vous êtes de mauvaise humeur, si vous fumez trop, si vous avez des insomnies à cause du stress au travail, sans doute serait-il plus efficace de regarder d’abord ce qui peut être modifié de ce côté-là…

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Bilan et souhaits
    Rêves et projets
    La reprise

Liens externes :
    20 bonnes résolutions pour réussir 2010
Piochez parmi ces bons conseils, reconductible d'une année sur l'autre !

mercredi 9 mars 2011

Bilan et projets

Le géographe (Johannes Vermeer)
Dans ces derniers jours de l’année, c’est le moment peut-être de jeter un regard en arrière, permettant d’effectuer un bilan de ce que j’ai vécu pendant cette année – ou pendant l’étape de ma vie que je suis en train de traverser actuellement – et de réaliser un état des lieux du présent. Ainsi, j’identifie et je caractérise mon point de départ. À partir de cela, je peux envisager le futur et envisager mon point d’arrivée : où est-ce que je voudrais aller ? Cette démarche peut être réalisée par exemple en répondant aux questions proposées ci-dessous. Bien entendu, ceci est une suggestion que chacun est libre d’accommoder à sa façon !

Pour chacune des questions, je peux répondre selon les différents domaines de ma vie, car je ne fonctionne pas forcément de la même façon quand je suis au travail, dans une relation intime ou avec des amis. Exemples de domaines : celui de ma vie personnelle ; le domaine professionnel ; ma vie de couple ; ma vie familiale (parents, enfants, cousins, etc.) ; ma vie sociale (amis, relations…) Je peux évidemment créer autant de domaines que je désire. Si par exemple j’ai une vie sociale très riche, je peux subdiviser ce domaine en vie associative, parti politique, syndicat, etc.

Mon bilan personnel, par domaine :

Quelles expériences ai-je vécues positivement ces dernières années ? En quelques mots, je résume ce qu’elles m’ont apporté.

De quels échecs ai-je le souvenir ? J’ai la possibilité me servir de mes échecs pour grandir : ils peuvent être précieux, riches d'enseignements, et m’éviter de refaire les mêmes erreurs à l’avenir. Cependant, admettre mes erreurs, accepter l'échec, analyser ses causes, cela reste un travail délicat à faire ; dans cette démarche, je peux éventuellement me faire épauler par une personne ayant un bon discernement.

L’état des lieux aujourd'hui :

Quels sont mes compétences ? Mes talents ? C’est-à-dire les choses qu’à la fois je sais bien faire et j’aime bien faire – pour plus de détails, voir le blog du 24 septembre 2010 intitulé « Les Talents ». Cet état des lieux réalisé par domaine de vie me permet de mieux équilibrer mes activités, car j’ai parfois tendance à trop privilégier un domaine de vie au détriment des autres.

L’avenir, là où je veux aller :

Quels sont mes souhaits, les rêves que j’aimerais réaliser ? Il y a un temps pour agir et un temps pour rêver : encore faut-il se donner ce temps-là et la fin de l’année est peut-être le bon moment pour le faire. Concrètement, sur un cahier – ou un support durable – je liste au moins 25 rêves, en réservant une page par rêve pour y insérer des remarques, des commentaires. Là encore, il peut être plus facile pour certains de ranger ces rêves par domaines : ce que j’aimerais faire ou être professionnellement, dans ma vie personnelle, dans ma vie sociale etc.

Bon bilan et bons projets pour 2011 !

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog : 
    Bonnes résolutions
    Bilan et souhaits
    Bilan de l'année
    Bilan 2014
    Rêves et projets

jeudi 3 mars 2011

Neige

Cette année, la neige est survenue plus tôt que de coutume avant même la date officielle de l’hiver sur une grande partie de la France, et semble vouloir renouveler fréquemment ses apparitions.

La neige, c’est bien sûr synonyme de difficultésde circulation, d’embarras dans les aéroports ou sur les autoroutes, de rupture de continuité dans la mécanique bien huilée de notre économie nationale. Au plan plus immédiat, c’est le risque de glissades ou de chutes dangereuses, d’une cheville foulée ou d’un poignet cassé. Et certains d’entre nous de pester contre ces aléas clima-tiques qui viennent rompre le cours de nos habitudes….

Mais comment résister au charme de la neige qui nous ouvre une fenêtre sur nos émerveillements d’enfance ? À la secrète excitation qui nous envahit à la vue de cette blancheur ? La neige est encore tombée cette nuit sur la région parisienne et avec les premières lueurs du jour se déploie sous mes yeux un paysage somptueux. Par la fenêtre, un paysage magique est apparu comme par enchantement. Les maisons sur la colline d’en face, recouvertes d’un manteau ouaté, prennent des allures de chalets de montagne et les branches des arbres, délicatement festonnées de blanc, dessinent des entrelacs complexes de noirs et de blancs d’une fragile beauté.

J’adore le spectacle des flocons de neige striant le ciel dans leur chute nonchalante. Tantôt de petits flocons très fins et légers dansent en virevoltant, peu pressés d’atteindre le sol ; tantôt de gros flocons descendent sans bruit comme des plumes arrachées d’un édredon de ciel gris ; ou bien encore une sorte de grésil tombe dru et encapuchonne le paysage d’une blanche capeline en quelques instants, effaçant silencieusement les traces de pas ou d’activités humaines. La neige immaculée redonne aux paysages, même les plus habituels et les plus ordinaires, un aspect un peu féérique, effaçant temporairement les blessures et les laideurs du panorama. Cinq centimètres de neige et notre regard sur notre environnement est transformé : enveloppé de ce léger manteau blanc, le monde paraît plus calme, plus paisible. Bien sûr, au fond, rien n’est changé ; cependant, devant cette blancheur silencieuse, alors que tous les bruits sont étouffés par la neige, je me sens d’une humeur plus contemplative, plus paisible, plus sereine.

Dans la symbolique occidentale, la couleur de la neige, le blanc, est généralement associés à la notion de pureté, à l'innocence, à la chasteté, à la virginité, mais aussi à la paix, à la spiritualité, à la sainteté et à la vie. Mais paradoxalement le blanc est aussi associé à une symbolique contraire : la notion de vide, la vieillesse, la mauvaise santé et finalement la mort : c’est la couleur du deuil dans certains pays asiatiques et, au Moyen Âge, la couleur de deuil des reines de France.

Quoi qu’il en soit, profitons de ce qui nous est donné, laissons pour un instant les yeux de l’enfant qui est en nous s’émerveiller de la blancheur et de la paix renouvelées du monde… et rêver, un instant seulement, que cette image devienne réalité !


Renaud CHEREL




Neige à Ville d'Avray (Ouest de Paris)









Photos : Renaud Cherel

Voir aussi dans ce blog : 
    Début d'hiver
    Fin d'hiver
    Flocons de neige

Liens externes : 
    Galerie photos hiver : Les belles photos d'Anne Jutras...

mardi 1 mars 2011

Toujours et jamais

Depuis longtemps, j’ai appris à prendre mes distances par rapport aux mots "toujours" et "jamais" et je les emploie avec beaucoup de précautions. Naturellement, je ne peux pas affirmer : "Je n’utilise jamais le mot jamais", ou "j’évite toujours de dire toujours", ce qui serait auto-contradictoire ! Pourquoi cette prudence vis-à-vis de ces expressions ? Parce que je me suis rendu compte que ce sont des obstacles puissants à une bonne communication entre les personnes. Les expressions « toujours » et « jamais » du langage courant peuvent être des pièges qui emprisonnent les interlocuteurs.

Prenons quelques exemples.
« Tu n’es jamais libre quand je t’appelle ! » s’exclame Videlina.
-« Comment ça, jamais libre ? C’est complètement faux ! Tu exagères ! » rétorque Ronan, vexé. Peut être Videlina aurait-elle pu formuler sa remarque d’une autre façon, par exemple en disant : « Les fois où je t’ai appelé, la semaine dernière, tu n’étais pas libre. » Ce faisant, elle n’enferme pas Ronan dans une attitude systématique, mais situe les faits dans un contexte précis.

"Comment ça, jamais libre ? Tu exagères !!"
Une autre fois, Videlina reproche à Ronan : « Tu te mets toujours en colère quand nous parlons de ça… » En formulant de cette manière, c’est un peu comme si Videlina fermait une porte à Ronan ; elle risque d’enfermer définitivement Ronan dans un fonctionnement, dans un rôle dont il aura du mal à sortir. Il se peut d’ailleurs que Videlina poursuive en pensant ou en disant : « Puisque c’est comme ça, maintenant, c’est terminé, je ne t’en parlerai plus jamais ! » Et Ronan, de son côté, risque de durcir son attitude, et de se mettre effectivement en colère quand on aborde ce sujet.

Car mes comportements sont bien évidemment influencés par l’autre, surtout quand cet autre est proche ou important à mes yeux. Si cet autre m’emprisonne dans ce que je ressens comme un jugement, je n’ai bien souvent le choix qu’entre deux attitudes : soit j’abonde dans son sens : « Tu veux que je sois méchant ? Eh bien, je vais te montrer combien je peux être méchant ! » Ou bien, à l’inverse, je me rebelle, je cherche à montrer que je ne suis pas celui ou celle que tu crois. Dans les deux cas, la communication est mise à mal.

Par contre, si Videlina reformule sa remarque en disant : « Les trois dernières fois que nous avons parlé de cela… » elle ne fait que restituer des faits, sans généraliser pour en tirer une règle sur un comportement systématique de Ronan. Celui-ci, alors, ne se sent pas jugé ; cela ne veut pas dire qu’il va obligatoirement modifier son attitude, mais que, Videlina ne lui ayant pas barricadé la porte, il a la possibilité de changer s’il le veut.

Même chose pour les expressions « chaque fois que » ou « tout le temps ».
Il ne s’agit pas de les exclure de son vocabulaire, mais de les manier avec précautions, ce qui améliorera notre communication tant à la maison qu’au travail.

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Communication non défensive