Depuis longtemps, j’ai appris à prendre mes distances par rapport aux mots "toujours" et "jamais" et je les emploie avec beaucoup de précautions. Naturellement, je ne peux pas affirmer : "Je n’utilise jamais le mot jamais", ou "j’évite toujours de dire toujours", ce qui serait auto-contradictoire ! Pourquoi cette prudence vis-à-vis de ces expressions ? Parce que je me suis rendu compte que ce sont des obstacles puissants à une bonne communication entre les personnes. Les expressions « toujours » et « jamais » du langage courant peuvent être des pièges qui emprisonnent les interlocuteurs.
Prenons quelques exemples.
« Tu n’es jamais libre quand je t’appelle ! » s’exclame Videlina.
-« Comment ça, jamais libre ? C’est complètement faux ! Tu exagères ! » rétorque Ronan, vexé. Peut être Videlina aurait-elle pu formuler sa remarque d’une autre façon, par exemple en disant : « Les fois où je t’ai appelé, la semaine dernière, tu n’étais pas libre. » Ce faisant, elle n’enferme pas Ronan dans une attitude systématique, mais situe les faits dans un contexte précis.
"Comment ça, jamais libre ? Tu exagères !!" |
Car mes comportements sont bien évidemment influencés par l’autre, surtout quand cet autre est proche ou important à mes yeux. Si cet autre m’emprisonne dans ce que je ressens comme un jugement, je n’ai bien souvent le choix qu’entre deux attitudes : soit j’abonde dans son sens : « Tu veux que je sois méchant ? Eh bien, je vais te montrer combien je peux être méchant ! » Ou bien, à l’inverse, je me rebelle, je cherche à montrer que je ne suis pas celui ou celle que tu crois. Dans les deux cas, la communication est mise à mal.
Par contre, si Videlina reformule sa remarque en disant : « Les trois dernières fois que nous avons parlé de cela… » elle ne fait que restituer des faits, sans généraliser pour en tirer une règle sur un comportement systématique de Ronan. Celui-ci, alors, ne se sent pas jugé ; cela ne veut pas dire qu’il va obligatoirement modifier son attitude, mais que, Videlina ne lui ayant pas barricadé la porte, il a la possibilité de changer s’il le veut.
Même chose pour les expressions « chaque fois que » ou « tout le temps ».
Il ne s’agit pas de les exclure de son vocabulaire, mais de les manier avec précautions, ce qui améliorera notre communication tant à la maison qu’au travail.
Renaud CHEREL
Voir aussi dans ce blog :
Communication non défensive
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