Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

mardi 1 mars 2011

Toujours et jamais

Depuis longtemps, j’ai appris à prendre mes distances par rapport aux mots "toujours" et "jamais" et je les emploie avec beaucoup de précautions. Naturellement, je ne peux pas affirmer : "Je n’utilise jamais le mot jamais", ou "j’évite toujours de dire toujours", ce qui serait auto-contradictoire ! Pourquoi cette prudence vis-à-vis de ces expressions ? Parce que je me suis rendu compte que ce sont des obstacles puissants à une bonne communication entre les personnes. Les expressions « toujours » et « jamais » du langage courant peuvent être des pièges qui emprisonnent les interlocuteurs.

Prenons quelques exemples.
« Tu n’es jamais libre quand je t’appelle ! » s’exclame Videlina.
-« Comment ça, jamais libre ? C’est complètement faux ! Tu exagères ! » rétorque Ronan, vexé. Peut être Videlina aurait-elle pu formuler sa remarque d’une autre façon, par exemple en disant : « Les fois où je t’ai appelé, la semaine dernière, tu n’étais pas libre. » Ce faisant, elle n’enferme pas Ronan dans une attitude systématique, mais situe les faits dans un contexte précis.

"Comment ça, jamais libre ? Tu exagères !!"
Une autre fois, Videlina reproche à Ronan : « Tu te mets toujours en colère quand nous parlons de ça… » En formulant de cette manière, c’est un peu comme si Videlina fermait une porte à Ronan ; elle risque d’enfermer définitivement Ronan dans un fonctionnement, dans un rôle dont il aura du mal à sortir. Il se peut d’ailleurs que Videlina poursuive en pensant ou en disant : « Puisque c’est comme ça, maintenant, c’est terminé, je ne t’en parlerai plus jamais ! » Et Ronan, de son côté, risque de durcir son attitude, et de se mettre effectivement en colère quand on aborde ce sujet.

Car mes comportements sont bien évidemment influencés par l’autre, surtout quand cet autre est proche ou important à mes yeux. Si cet autre m’emprisonne dans ce que je ressens comme un jugement, je n’ai bien souvent le choix qu’entre deux attitudes : soit j’abonde dans son sens : « Tu veux que je sois méchant ? Eh bien, je vais te montrer combien je peux être méchant ! » Ou bien, à l’inverse, je me rebelle, je cherche à montrer que je ne suis pas celui ou celle que tu crois. Dans les deux cas, la communication est mise à mal.

Par contre, si Videlina reformule sa remarque en disant : « Les trois dernières fois que nous avons parlé de cela… » elle ne fait que restituer des faits, sans généraliser pour en tirer une règle sur un comportement systématique de Ronan. Celui-ci, alors, ne se sent pas jugé ; cela ne veut pas dire qu’il va obligatoirement modifier son attitude, mais que, Videlina ne lui ayant pas barricadé la porte, il a la possibilité de changer s’il le veut.

Même chose pour les expressions « chaque fois que » ou « tout le temps ».
Il ne s’agit pas de les exclure de son vocabulaire, mais de les manier avec précautions, ce qui améliorera notre communication tant à la maison qu’au travail.

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Communication non défensive

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