Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

vendredi 25 juin 2010

Quitter père et mère


L'oiseau doit quitter son nid pour prendre son envol...
Pierrette, mariée et mère de trois enfants, a l’habitude, avec son mari, de rendre visite à ses parents presque chaque semaine. Mais souvent elle en revient avec une certaine amertume : sa mère est très critique sur sa manière d’éduquer ses enfants, et son père n’a qu’un contact très superficiel avec elle. Lorsqu’elle se retrouve ainsi entre ses parents, Pierrette a parfois l’impression de redevenir petite fille au lieu de la femme responsable qu’elle est aujourd'hui.

Gérald a des problèmes professionnels ; plusieurs fois, il a été contraint de changer d’entreprise pour cause de mésentente avec ses supérieurs. Il reconnaît :
« Régulièrement, je m’oppose à mon chef en étant sûr de mon bon droit. J’ai le sentiment de remporter des victoires en m’opposant à lui… et pourtant c’est toujours moi qui perds, puisqu’au bout d’un certain temps, je me fais virer. » Un travail sur soi lui a permis de comprendre le scénario qu’il rejoue : à travers son chef, c’est à son père qu’il s’oppose.

Dans ma pratique de coach, il m’arrive de rencontrer des personnes qui se trouvent gênées, voire paralysées, par le poids des liens qui les attachent à leurs parents. Pourtant, une sagesse très ancienne insiste sur l’importance de quitter son père et sa mère. Beaucoup d’entre nous ont entendu cette phrase, tirée du livre de la Genèse : « C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, s'attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair. »

Quitter, c’est laisser quelqu’un en s’éloignant, en prenant congé. Quitter le domicile de ses parents et s’en éloigner physiquement, c’est une chose ; mais se détacher affectivement de ses parents en est une autre, plus difficile. Pourtant, pour que nous puissions devenir un être libre et responsable, un adulte autonome, il nous a bien fallu un jour quitter père et/ ou mère. Il a fallu passer par cette étape cruciale qui consiste à dénouer les liens qui nous unissaient à nos parents, et même à les trancher, si nécessaire. Dans un certain nombre de cas, cela n’est pas chose aisée, par exemple quand les parents désirent garder la main sur leur enfant, et, croyant l’aider, le ligotent et veulent en faire leur possession.

J’aime bien la distinction indépendance/ autonomie proposée par l’analyse transactionnelle : l’indépendance – état d’une personne qui ne dépend pas de quelqu’un ou de quelque chose – serait plutôt en lien avec la position « moi OK, toi pas OK » ; alors que l’autonomie – droit pour l’individu de déterminer librement les règles auxquelles il se soumet – serait plus en lien avec la position « moi OK, toi OK ». Qui dit autonomie dit capacité de faire des choix.

Alors nous pouvons nous interroger : par rapport à mes parents, est-ce que je me situe plutôt comme autonome, comme indépendant, comme dépendant ? Est-ce que je sais choisir sans me référer à eux ? Et comment est-ce que je me construis avec ça ?

La semaine prochaine, nous aborderons un autre aspect de cette question : comment aider un enfant à acquérir son autonomie d’adulte ?

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Aider l'enfant à quitter père et mère
    Education des enfants
    Trouver sa place

vendredi 18 juin 2010

Les besoins

Un besoin, c’est une exigence née de la nature ou de la vie sociale, dont on ressent la nécessité.
Dans les années 1940-45, le psychologue américain Abraham Maslow s’intéresse aux leviers de la motivation et définit une hiérarchie des besoins, qu’on représente souvent sous forme d’une pyramide. (Entre parenthèses, Maslow n’a jamais présenté les besoins sous forme de pyramide !)

Boire, un besoin physiologique
Selon  Maslow, les besoins sont hiérarchisés en cinq niveaux :

1 – Besoins physiques ou physiologiques ;
2 – Besoins de sécurité ou de protection ;
3 – Besoins d’appartenance ou de socialisation ;
4 – Besoins d’estime ou de reconnaissance ;
5 – Besoins d’accomplissement.

Depuis, bien d’autres classifications des besoins ont été proposées par de nombreux auteurs ; mais celle-ci a le mérite de la simplicité.  Maslow précise que les besoins de niveaux supérieurs ne sont fortement ressentis que lorsque les besoins d’ordre inférieur sont satisfaits.

La pyramide des besoins
On peut se poser la question : en quoi est-ce utile de connaître ses propres besoins? Le modèle de la hiérarchie des besoins permet d’une part de mieux se connaître et d’autre part de mieux gérer son propre fonctionnement. La première chose est de réaliser que nous avons des besoins. Chacun de nous a des besoins légitimes, il est important que nous puissions les satisfaire. Quels sont mes besoins? Quels sont les besoins de la personne à qui je m’adresse – que ce soit mon client, mon conjoint, un membre de ma famille, une relation occasionnelle ? Parfois il est difficile d’admettre les besoins de l’autre, car ils peuvent être très différents des miens.

Une fois mes besoins identifiés, il est utile de vérifier si ceux des niveaux inférieurs sont d’abord assurés. Marion, qui travaille comme consultante, se souvient encore d’un éloge sur ses résultats fait en présence de son directeur général il y a trois ans, alors qu’elle a complètement oublié quel était le montant de son augmentation de salaire cette année-là. Par contre Lucien, qui exerce le métier de soudeur, a de la peine à joindre les deux bouts et se souvient très bien de sa dernière augmentation. Pour Lucien, le plus important est de pouvoir loger et nourrir sa famille décemment (niveaux 1 et 2) ; pour Marion, ces besoins de base sont assurés ; elle recherche surtout de la reconnaissance (niveau 4).

Ce n’est pas parce qu’on ignore un besoin qu’il disparaît ; au contraire, il risque de réapparaître d’une façon ou d’une autre. C’est un peu comme une voiture qui a besoin d’huile ; si j’enlève la jauge d’huile, je ne verrai pas le niveau ; mais si je roule trop longtemps sans remettre d’huile, je risque quelques ennuis. Le besoin doit être satisfait pour pouvoir bien fonctionner. Etienne a un poste de directeur commercial ; il est très compétent professionnellement, il travaille à fond pour rendre sa famille heureuse. Il a besoin de reconnaissance dans son travail, et aussi de l’affection de sa famille. Mais il ne connaît pas l’école de sa fille, ni même qu’elle s’est inscrite à un cours de danse. On peut se poser la question de la balance des besoins d’Etienne… On ne construit pas la pyramide à l’envers !

Prenons soin de nos besoins !

Renaud CHEREL



Pour aller plus loin... (mise à jour du 01/01/2013)


Selon le modèle de Virginia Henderson, infirmière, les besoins fondamentaux de l'être humain peuvent être classés suivant une liste ordonnée que les professionnels de santé utilisent lors des soins d'une personne malade ou en bonne santé. Cette liste est donnée sous forme de verbes exprimant des capacités de l'individu à faire des tâches données; elle est manifestement influencée par le behaviorisme. Ci-dessous la liste des 14 besoins de Virginia Henderson.

1. Respirer.
Capacité d'une personne à maintenir un niveau d'échanges gazeux suffisant et une bonne oxygénation.
2. Boire et manger.
Capacité d'une personne à pouvoir boire ou manger, à mâcher et à déglutir. Également à avoir faim et absorber suffisamment de nutriments pour capitaliser l'énergie nécessaire à son activité.
3. Éliminer.
Capacité d'une personne à être autonome pour éliminer selles et urine et d'assurer son hygiène intime. Également d'éliminer les déchets du fonctionnement de l'organisme.
4. Se mouvoir.
Se mouvoir, maintenir une bonne posture et maintenir une circulation sanguine adéquate.
Capacité d'une personne de se déplacer seule ou avec des moyens mécaniques, d'aménager son domicile de façon adéquate et de ressentir un confort. Également de connaître les limites de son corps.
5. Dormir, se reposer.
Capacité d'une personne à dormir et à se sentir reposée. Également de gérer sa fatigue et son potentiel d'énergie.
6. Se vêtir et se dévêtir.
Capacité d'une personne de pouvoir s'habiller et se déshabiller, à acheter des vêtements. Également de construire son identité physique et mentale.
7. Maintenir sa température.
Maintenir sa température corporelle dans la limite de la normale (37,2 °C).
Capacité d'une personne à s'équiper en fonction de son environnement et d'en apprécier les limites.
8. Être propre.
Être propre, soigné et protéger ses téguments.
Capacité d'une personne à se laver, à maintenir son niveau d'hygiène, à prendre soin d'elle et à se servir de produits pour entretenir sa peau, à ressentir un bien-être et de se sentir belle. Également à se percevoir au travers du regard d'autrui.
9. Éviter les dangers.
Capacité d'une personne à maintenir et promouvoir son intégrité physique et mentale, en connaissance des dangers potentiels de son environnement.
10. Communiquer avec ses semblables.
Capacité d'une personne à être comprise et comprendre grâce à l'attitude, la parole, ou un code. Également à s'insérer dans un groupe social, à vivre pleinement ses relations affectives et sa sexualité.
11. Pratiquer sa religion ou agir selon ses croyances.
Capacité d'une personne à connaître et promouvoir ses propres principes, croyances et valeurs. Également à les impliquer dans le sens qu'elle souhaite donner à sa vie.
12. S'occuper en vue de se réaliser.
Capacité d'une personne à avoir des activités ludiques ou créatrices, des loisirs, à les impliquer dans son autoréalisation et conserver son estime de soi. Également de tenir un rôle dans une organisation sociale.
13. Se divertir, se récréer.
Capacité d'une personne à se détendre et à se cultiver. Également à s'investir dans une activité qui ne se centre pas sur une problématique personnelle et d'en éprouver une satisfaction personnelle.
14. Apprendre.
Capacité d'une personne à apprendre d'autrui ou d'un événement et d'être en mesure d'évoluer. Également à s'adapter à un changement, à entrer en résilience et à pouvoir transmettre un savoir.


Voir aussi dans ce blog :
    Oser demander
    Frugalité
    Comment gérer mes contradictions internes?

Liens externes :
    Pyramide des besoins de Maslow
    Quatorze besoins fondamentaux
    Maslow Besoins  Un site très complet sur la notion de besoin

lundi 14 juin 2010

Gérer son temps

"L'heure pour tous" (Arman)
En dehors des considérations sur la définition du temps, il reste un domaine très pragmatique : qu’est-ce que nous faisons de notre temps ? Sur la terre, nous disposons tous exactement du même temps, 24 heures par jour. Et pourtant, l’on observe de très grandes différences dans les comportements, face à cette quantité de temps égale pour tous : certains sont toujours pressés, courent d’une activité à une autre, alors que d’autres se contentent d’un rythme plus modéré. On voit des personnes qui sont régulièrement en retard, quelles que soient les circonstances, alors que d’autres sont quasiment toujours à l’heure. Certains, que l’on peut qualifier de multitâches, aiment faire plusieurs choses à la fois ; d’autres au contraire préfèrent se concentrer sur une chose à la fois de façon à effectuer les tâches l’une après l’autre.

Il faut dire que, dans notre société actuelle, nous subissons une forte pression sociale vis-à-vis de la question du temps. La publicité, les médias nous assènent à longueur de journée qu’il nous faut tout, tout de suite. Plus on a de tout, mieux c’est, et l’on privilégie la quantité au lieu de la qualité. Nos modes de vie nous poussent à courir tout le temps, et nous le payons souvent par un excès de stress.

Pourtant, gérer son temps, cela s’apprend. Voici 5 domaines où je peux améliorer mes comportements, notamment au travail :

Gérer mon budget temps
Plus j'ai de temps disponible pour une tâche donnée, plus cette tâche prendra de temps. Pour chaque tâche à venir, j'évalue le temps nécessaire et je prévois un budget temps en incluant une marge de manœuvre pour les imprévus.

Optimiser mes capacités personnelles
J'ai appris à me connaître et j'optimise mes talents, je mémorise l'important ; pour le reste, j'utilise des outils (agenda, ordinateur, téléphone…) ou je délègue ; je me garde des temps de créativité ; j'organise au mieux mon espace de travail en disposant les choses comme elles me conviennent.

Gérer la succession des tâches
Je privilégie les séquences de travail homogènes en gérant au mieux les interruptions. Si je travaille dans un bureau, quand je suis très occupé, je ferme la porte ; le reste du temps, je la laisse ouverte. Je fais alterner les séquences plutôt que de chercher à tout faire en même temps.

Affecter mes priorités
J'ai une claire vision des priorités de l'entreprise et des miennes, de ce qui fait avancer ma mission. Je décide rapidement de ce que je dois faire, déléguer, ou laisser tomber.

Situer dans le contexte
Je vérifie régulièrement que mes objectifs sont en phase à la fois avec les besoins internes de l'entreprise et avec le marché et la concurrence ; je n’hésite pas à questionner sur ces points mes supérieurs, mes collègues, mes concurrents.

Il faut prendre son temps, sinon c'est le temps qui vous prend. (Balthus)


Renaud CHEREL



Voir aussi dans ce blog sur la même thématique : 
    Chacun son rythme
    La notion du temps
    Se situer dans  le temps
    Valeur produite et temps passé
    Activisme-et-hyperactivité
    Divertissements et loisirs
    Compartimenter sa vie

jeudi 10 juin 2010

La notion du temps

Le temps, c’est quoi, au fait ?
Horloge astronomique de Prague
(Photo R. Cherel)
Beaucoup de philosophes et de savants se sont penchés sur cette question sans pouvoir apporter de réponse. Selon la théorie de la relativité, le temps est un paramètre dont la mesure dépend de la vitesse de l’observateur et de sa proximité avec un objet massif. Mais cette approche scientifique est assez loin de notre notion habituelle du temps et de ses conséquences concrètes !

En effet, il nous faut gérer le temps que nous vivons au jour le jour, encombrés par nos contraintes et nos humeurs changeantes. Le temps ressenti dans ces moments n’est plus le temps mathématique, mesuré en fractions de milliardièmes de seconde par des dispositifs de plus en plus précis. Subjectivement, il nous arrive de vivre des moments où le temps semble passer très lentement. Personnellement, je me souviens d’avoir assisté à un accident sur la route, une voiture en face de moi a quitté la chaussée mouillée et a fait plusieurs tonneaux dans un champ en contrebas. J’ai vu en détails la voiture se retourner lentement et son toit s’aplatir, une fois puis deux fois, un peu comme dans un film au ralenti, avant de s’arrêter. L’événement, qui s’est passé en quelques secondes, m’a paru durer plusieurs minutes.

Dans d’autres occasions, au contraire, quand par exemple nous sommes absorbés dans une tâche qui nous passionne, nous n’avons plus conscience du temps : alors qu’il nous semble avoir commencé il y a quelques instants, nous nous apercevons que le temps a passé très vite : « Je n’ai pas vu passer le temps : trois heures se sont écoulées sans que je m’en rende compte… » De la même façon, bien des personnes âgées trouvent que le temps passe aujourd'hui plus vite que pendant leur jeunesse. Beaucoup d’expressions du langage quotidien signifient ainsi un temps considéré comme un flux qui nous entraîne avec lui : la notion de temps, qui fait intervenir l’idée du passage d’un point à un autre, est donc intimement mêlée à celle de distance.

Il existe des hypothèses permettant d’expliquer cet effet subjectif d’un écoulement variable du temps : quand le cerveau a beaucoup d’événements à traiter (par exemple lors d’un accident), il y consacre davantage de ressources attentionnelles et les choses semblent se dérouler plus lentement. Avec l’âge, nous rencontrons moins de situations nouvelles, donc moins d’événements à traiter, et le temps semble passer plus vite. Et il est intéressant de noter qu’on retrouve là un temps individuel s’opposant au temps universel, et qui rejoint, mais d’une autre manière, les concepts issus de la science moderne.

Parfois aussi le temps est comme une denrée que l’on trouve, que l’on possède, que l’on perd : « J’ai trouvé du temps pour faire cela. J’ai gagné du temps. Je prends mon temps. J’ai un peu de temps, un rien de temps. Je n’ai pas le temps. J’ai perdu mon temps ; il me faut rattraper du temps. Donne-moi un peu de temps. Du temps partagé.… »

Mais dans tous les cas, on ne peut pas maîtriser le temps ; on ne peut que le vivre… avec plus ou moins de bonheur. Si plus que jamais, à notre époque, nous nous plaignons de manquer de temps, peut-être pouvons-nous nous poser la question de savoir comment nous vivons le temps qui nous est accordé ?

La fuite du temps (Georges Remi)


Renaud CHEREL


Voir la suite :  Gérer son temps

Voir aussi dans ce blog :
    Chacun son rythme
    Se situer dans le temps
    Valeur produite et temps passé

mercredi 9 juin 2010

Evénements et résilience

Qu’est-ce qu’un événement ? C’est ce qui arrive et qui a une certaine importance pour la personne ; certains le définissent comme une « discontinuité dans le fil de la vie quotidienne », d’autres comme une « expérience de vie qui exige une adaptation ». Dans tous ces cas, l’accent est mis sur la signification qui est lue et vécue par le sujet, compte-tenu de sa propre histoire. Autrement dit, l’événement est vécu en tant que tel dans la mesure où la personne lui donne un sens. Sinon, on parle de « non-événement ».Un événement est donc un fait objectif qui a un aspect subjectif.

Zohra, en arrivant d’Algérie avec son mari, avait traversé la France en deux jours depuis Marseille jusqu’à la Bretagne. Elle en a gardé un souvenir inoubliable et elle en a parlé pendant tout le reste de sa vie : ce fut pour elle un événement positif. Il se trouve que Jérôme a effectué le même déplacement dans son cadre professionnel, en passant par les mêmes étapes, pour visiter des clients : cet épisode ne lui a laissé que peu de traces, ce fut pour lui un non-événement.

Nous sommes tous confrontés à des événements dans notre vie, que nous ressentons plus ou moins fortement comme positifs ou négatifs : rencontres, découvertes, accidents, deuils, sépara-tions, licenciements, voire agressions ou attentats…

On parle d’événement traumatique quand il représenter une menace pour l'intégrité de la personne, dépassant ses possibilités de réaction, survenant de manière soudaine et non anticipée, et s'accompagnant d'un sentiment de terreur, de détresse, d'effroi, de solitude, d'abandon. Certaines personnes semblent plus sensibles que d’autres aux événements en tant que discontinuités de vie. Pour elles, le moindre changement dans les habitudes quotidiennes pourra provoquer de l’angoisse. D’autres au contraire, bien qu’affectées par un ou plusieurs traumatismes, semblent avoir la capacité de récupérer et de revenir à une vie normale : c’est ce qu’on appelle la résilience, concept popularisé en France par Boris Cyrulnik.
Certains résistent aux événements les plus stressants...

Tim fut abandonné par sa mère à l’âge de trois ans et battu par son père alcoolique qui lui brisa les deux jambes, à la suite de quoi il passa deux ans à l’hôpital. Placé en institution, il subit des violences sexuelles. Aujourd’hui, il témoigne "qu’il n’y a pas de blessures qui ne puissent être lentement cicatrisées par l’amour".

Une personne très résiliente n’est pas pour autant invulnérable, mais elle a une meilleure résistance aux chocs ! La résilience est le résultat de multiples processus qui viennent interrompre des trajectoires négatives. C’est un état dynamique, qui évolue. Même si la résilience semble innée chez certains (ou acquise très tôt dans l’enfance), nous pouvons apprendre à résister aux traumatismes, en faisant appel à nos ressources intérieures, à la confiance enfouie en chacun de nous et qui parfois a du mal à s’exprimer.

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog : 
    Permanence et changement
    Fragilité
    Guérir de l'abandon

dimanche 6 juin 2010

Nos croyances

Peut-on distinguer savoirs et croyances ?
Le philosophe britannique Hume disait que toute connaissance est croyance. Certes, mais l’inverse n’est pas vrai : toute croyance n’est pas connaissance. S’il n’y a pas de différence fondamentale entre savoir et croyance, on peut distinguer entre des savoirs rationnels basés sur la vérification des faits ou l’expérimentation reproductible, et des croyances non vérifiées ou non démontrables. On définira alors une croyance comme le fait de croire une chose vraie, vraisemblable ou possible, sans avoir de possibilité de le démontrer, avec un aspect affectif fort ; dans ce sens, les croyances ne sont pas de l’ordre du vrai ou du faux, mais de l’ordre de l’existentiel.

Les croyances sont généralement liées à des expériences de vie (personnelles), mais aussi à la culture, l’époque, le lieu où nous vivons. Pour chaque individu, il existe des croyances sur soi, sur les autres, sur la réalité extérieure. Une croyance n’est pas forcément négative, elle peut au contraire nous aider considérablement.

Prenons des exemples dans la vie courante : Jacques est très amoureux de Sophie; mais quand elle lui demande de danser avec elle, il refuse en affirmant : « Je ne sais pas danser et je suis absolument incapable d’apprendre à danser ! » (croyance limitante). Par contre professionnelle-ment il pense qu’il est bon vendeur (croyance aidante). Quant à Sophie, elle déclare à ses collègues de bureau : « Moi, je trouve toujours une place pour me garer dans les cinq minutes ! » (croyance aidante) mais avoue être nulle en calcul mental (croyance limitante). Nos croyances peuvent donc nous limiter ou bien nous aider dans la vie de tous les jours mais aussi pour réaliser nos projets.

Beaucoup de croyances sont liées à des généralisations : « Les hommes sont comme ceci, les femmes sont comme cela… » ou bien : « Après 55 ans, c’est impossible de changer ou d’apprendre de nouvelles choses. » Enfin, certaines croyances sont liées à des projections : il est très tentant de projeter sur l’autre les pensées ou sentiments que j’éprouve moi-même face à telle situation. « Oh, je sais bien qu’elle est jalouse ; il faut dire qu’à sa place je le serais aussi… » Il est finalement assez difficile de réaliser profondément que l’autre peut réagir et penser de façon complètement différente de moi, malgré les apparences.
Nous avons donc tous des croyances, et nous passons beaucoup de temps à les valider : « Tu vois bien…Je te l’avais dit ! »

Mais la bonne nouvelle, c’est qu’il nous est possible de modifier nos croyances – notamment nos croyances limitantes – grâce à un certain nombre de techniques. Le simple fait de se demander : « Qu’est-ce que j’ai comme croyances qui me limitent?» et d’en faire la liste sans tricher avec soi-même permet déjà d’avancer. Pour aller plus loin, demandez à votre coach qui se fera un plaisir de vous accompagner dans votre cheminement !

Renaud CHEREL

Voir aussi dans ce blog :
    Croyances et savoirs
    Croyances et relations sociales
    Fixer des limites

mercredi 2 juin 2010

Le printemps est revenu

Cette année, l’hiver a été long et pénible, avec des alternances de mauvais temps, de pluie, de froidure et de neige qui n’en finissaient pas. Voici tout de même que le printemps fait son appari-tion, plutôt timidement, avec ses giboulées, ses averses entre lesquelles on aperçoit des grands pans de ciel bleu, son vent qui pousse d’un rythme rapide les nuages dans l’azur. Nous ne sommes pas totalement sortis de l’hiver, il encore faut compter avec les alternances de tempéra-ture et avec le vent.

Le printemps est la saison de la renaissance et de la fraîcheur. Les arbres fleurissent, les animaux sortent de leur hibernation, les humains retrouvent le moral avec l'apparition du soleil. La nature, elle ne s’y trompe pas : la voilà qui explose. Apprécions ce moment privilégié par tous nos sens en éveil.

Roseraie du parc de Bagatelle (photo R. Cherel)
- Par la vue, admirons les fleurs qui éclosent de tous côtés : le vert soutenu de l’herbe drue des pelouses et celui, plus tendre, des jeunes feuilles des arbres. Les tons pastel des primevères, la carnation plus vive des crocus, des tulipes et des jacinthes, le blanc et l’or des narcisses et des jonquilles, le blanc-rosé des anémones des bois et bientôt le bleu des campanules printanières et l’infinie variété de couleurs des roses… sans oublier de lever les yeux pour admirer la beauté des ciels changeants.

- Par l’ouïe, apprécions les chants variés des oiseaux : les chardonnerets, les hirondelles et les verdiers qui gazouillent, les tourterelles et les pigeons qui roucoulent, les moineaux qui pépient, les merles qui sifflent et même les corbeaux et corneilles qui croassent… sans oublier les mé-sanges qui zinzinulent (dixit mon dictionnaire !) Mais aussi le bourdonnement des insectes et les bruissements du vent…

- Par le toucher, et ce qu’on appelle le sens kinesthésique, prenons conscience de nos sensations corporelles : au printemps, notre corps sort de sa léthargie hivernale et nos sensations sont plus aiguisées. Peut-être avons-nous renouvelé notre garde-robe, et nous apprécions le contact de ces nouveaux vêtements. Sentons sur notre peau le souffle du vent vif, piquant, et parfois celui du vent plus tiède qui vient nous caresser légèrement.

- Par l’odorat, nous retrouvons les odeurs d’herbe froissée ou coupée à la tonte des pelouses, celles exhalées par la sève montante, les bourgeons et les feuilles naissantes, et les fragrances des fleurs printanières. Mais aussi l’odeur des croissants et du pain frais au petit matin ou celles, plus lourdes, de la soirée allongée par le changement d’heure.

- Par le goût, profitons des saveurs qui nous sont offertes au printemps : les nouveaux légumes, les fruits de saison, les viandes grillées et parfumées d’herbes…

C’est le moment de faire des projets, d’élaborer, de construire, d’essayer quelque chose de nouveau, de sortir du cafard de l’hiver. Par exemple en démarrant une nouvelle activité : prendre des cours de danse, apprendre une nouvelle langue, ou planter son propre jardin d’herbes culinaires. Ou peut-être une de ces choses que vous aviez l’intention de faire tout en pensant que vous n’aviez pas le temps. Pourquoi ne pas éteindre la télévision et décider de le faire en vous lançant un défi excitant ?

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Printemps