Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 29 juin 2015

Peut-on se changer soi-même?

La science nous apprend – et en cela elle rejoint les philosophies les plus anciennes – que tout change, que rien dans l’univers ne reste fixe. Les plus fines particules qui nous constituent ne cessent de tourbillonner les unes autour des autres, tandis que les plus grandes structures de l’univers comme les galaxies tournent sur elles-mêmes, se déforment et évoluent continuellement. Les cellules de mon corps se renouvellent à des rythmes différents selon les tissus, si bien que, matériellement, quasiment rien de ce qui me constituait il y a six mois ne subsiste aujourd'hui. Je ne suis pas conscient de ce renouvellement incessant des constituants de mon corps, et en même temps je constate les signes inéluctables de mon vieillissement sur ma peau et dans mon corps. Je peux penser qu’à l’intérieur je ne change pas, que je suis toujours la même personne ; mais en même temps, je peux facilement me rendre compte que je suis quelqu’un de très différent de l’enfant que j’ai été.

Il semble donc que j’ai été forgé par les conditions matérielles dans lesquelles j’ai vécu, par les événements qui sont advenus dans ma vie, par les rencontres que j’ai faites : en somme, tout indique que je sois le produit involontaire et inéluctable de mon histoire dans l’environnement qui est le mien.
D’un autre côté, l’expérience montre que l’on ne change pas tant que cela, au fond : l’immense majorité des gens conservent la même base de personnalité tout au long de leur vie et ne s’en éloignent pas beaucoup. Il arrive qu’une femme épouse un homme – ou décide de vivre avec lui – en étant persuadée qu’elle va le changer. Mais la plupart du temps – il y a toujours des exceptions quand il s’agit de l’humain – elle s’aperçoit, dix ou quinze ans plus tard, que son cher et tendre a conservé tout ce qu’elle avait voulu extirper et a même acquis de nouvelles mauvaises habitudes…

Mais alors, serions-nous seulement le produit de forces aveugles, du hasard ou du destin, sans aucune possibilité de les infléchir ? Certains ont adopté cette thèse. Pour ma part, je crois qu’il nous reste un certain degré de liberté, et que nous pouvons volontairement changer, même si notre tempérament de base demeurera jusqu’au bout.

Comment s’y prendre ? La première étape, c’est de bien se connaître ; car à quoi bon vouloir changer si l’on ne sait pas d’où l’on part ? Il faut au préalable faire un état des lieux, afin de discerner ce qu’il faudrait changer et ce qui peut être conservé. Il est recommandé d’entreprendre cette démarche avec l’aide d’autrui. Un ami, un proche, ou mieux, une personne spécialisée : conseiller, coach, psy ; ou bien encore en groupe. Car il est difficile de se voir soi-même avec objectivité : le regard des autres, surtout lorsqu’il est porté avec bienveillance, nous en apprend beaucoup sur nous-même. Ensuite, mettre en œuvre les techniques de changement proposées par la méthode que nous avons choisie, sans vouloir tout changer à la fois mais en progressant à petit pas, sans excès. Bien souvent, c'est le changement de comportement qui me changera mentalement et non l'inverse.




Renaud CHEREL

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lundi 22 juin 2015

Cultiver l'humilité

L’humilité ne se limite pas à la modestie, qui n’en est que l’habit social ; être humble ne se réduit pas à me montrer aimable, poli ou discret sur mes succès. Je peux très bien être humble intérieurement tout en étant capable de tenir ma place socialement et de faire preuve d’autorité si la situation l’exige. À l’inverse, je peux très bien me montrer en apparence modeste et respectueux, tout en nourrissant des sentiments négatifs et en m’estimant intérieurement bien supérieur à mes interlocuteurs.


La vraie connaissance de soi aboutit à l’humilité : me connaissant, j’ai une perception lucide de ce que je suis réellement et je peux regarder d’un œil égal mes qualités et mes défauts, mes points forts et mes faiblesses. Je peux considérer sereinement ma place dans le monde sans être écrasé par ce constat : je ne suis qu’un individu parmi plus de sept milliards d’habitants d’un grain de poussière perdu dans l’univers ; et en même temps, je suis un être unique et merveilleux.

Ainsi cultivée, l’humilité contribue à mon bien-être psychique mais aussi à ma progression éthique et spirituelle en me permettant de me rapprocher de la vérité. Contrairement à l’orgueil, l’humilité me permet de redevenir moi-même et de me rapprocher de la réalité. Je sais que je ne suis presque rien, mais ce presque rien se tient debout, les pieds solidement plantés dans le réel. Ainsi la vraie humilité est une force, elle est source de confiance en soi et de dynamisme.

Comment faire pour cultiver l’humilité ?
Parmi les démarches possibles, celle utilisée pour la communication non violente me paraît intéressante. La première étape consiste à faire le constat de ce que je suis et de la manière dont je fonctionne, avec le plus d’objectivité possible. C’est la mise en œuvre de l’observateur intérieur. Dans cette démarche, les outils de connaissance de soi sont très utiles.

La seconde étape consiste à repérer en moi toutes les manifestations de jugement et de mépris par rapport à autrui, pour les questionner : qui suis-je pour juger l’autre ? Cela ne m’empêche en rien de porter un jugement sur certains actes.

La troisième étape va être de prendre conscience des émotions qui s’agitent en moi, jusqu’à pouvoir mettre des mots dessus. La verbalisation est importante car elle permet de me réunifier en faisant communiquer mes deux hémisphères cérébraux. Ces émotions correspondent probablement à des manques que je ressens, à des besoins non satisfaits. Quels sont ces besoins ?

Quatrième étape : une fois ces émotions et besoins identifiés, je suis plus à même de m’exprimer ou de me taire, de faire face aux critiques émises par autrui et d’identifier celles qui me paraissent justifiées : celles-là, je les accepte et j’en tire parti pour m’améliorer et progresser.


D’une manière générale, l’humilité me permet d’adopter l’attitude préconisée par Épictète : accepter les choses sur lesquelles je ne puis rien, agir sur celles qu’il m’est possible d’influencer ou de modifier, dans le sens d’un plus grand bien.

Tout cela, évidemment, constitue un long cheminement, le chemin d’une vie.


Renaud CHEREL

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    Frugalité

Liens externes
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lundi 15 juin 2015

Humilité et modestie

Quelques collègues discutent à la pause café.

- « J’ai vraiment du mal avec ma nouvelle affectation, annonce Denise. Je ne me sens pas capable, pas assez compétente pour assumer mes nouvelles responsabilités dans ce poste.

- Allons donc, riposte Gauthier, tu es trop modeste ! Moi qui te connais depuis quelques années, je sais que tu es parfaitement capable de faire ce job, tu as toutes les compétences requises.

- L’humilité, ça ne paye pas, dans l’entreprise, commente Ermine. On ne te fera pas de cadeau, alors il faut toujours paraître forte et sûre de toi, sinon les autres te marchent dessus sans états d’âme.

- Mais tu connais Denise, explique Brice, elle n’est pas du genre à jouer les fanfaronnes. Elle se pose toujours des questions, mais au final elle remplit parfaitement les missions qui lui sont confiées. »
Le Chat (Philippe Geluck)

Dans la société d’aujourd'hui, la tendance est à la valorisation de soi ; il s’agit d’abord de s’affirmer, de s’imposer, de paraître à défaut d’être. On recherche avant tout à donner une bonne image de soi. Dans ce contexte, l’humilité, jadis vertu cardinale, n’est plus à la mode et se trouve quelque peu mise de côté. Dans le langage courant, nous confondons d’ailleurs souvent l’humilité avec le manque d’estime de soi, voire le complexe d’infériorité.

Pourtant, l’humilité n’est pas une dévalorisation de soi. Le mot humilité vient du latin humus, la terre : en pratiquant l’humilité, j’ai les pieds sur terre, je cherche à avoir une vision réaliste de moi-même, de ma condition humaine et de ma place dans l’univers. Sans méconnaître mes propres qualités, mais en admettant que je ne suis pas grand-chose, au fond : je suis un être mortel, et rien de ce que je possède ne vient réellement de moi. Je reconnais ne guère pouvoir influencer la plupart des éléments qui déterminent mon existence et celle de ceux à qui je tiens.

L’humilité est donc un équilibre qui s’oppose à toutes sortes de visions déformées de soi, que ce soit dans l’exagération (orgueil, vanité, égocentrisme) ou dans la dépréciation (dégoût ou haine de soi, fausse modestie). En cela, l’humilité s’oppose clairement à la fausse modestie. Celle-ci demeure dans l’ordre du paraître : elle feint l'humilité afin de provoquer une réaction positive des autres et d’attirer parfois encore plus de compliments.

L’humilité, valorisée par toutes les grandes religions comme par beaucoup de philosophies, ne semble pas être une qualité innée chez les humains. C’est plutôt une vertu qui s’acquiert avec le temps et l’expérience de vie. Son apparition et son développement sont favorisés par un travail de connaissance de soi et de réflexion spirituelle. Car être humble, c’est finalement reconnaître ce que je suis, ni plus, ni moins. Cela ne m’empêche pas éventuellement d’être fier d’avoir accompli telle ou telle chose avec les moyens dont je disposais. Mais dans le même temps, j’accepte les événements sur lesquels je n’ai aucune influence.

Faut-il donc rechercher l’humilité ? Dans le prochain article, je vous propose d’examiner quelques bénéfices de l’humilité ainsi que des outils pour y parvenir.


Renaud CHEREL

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lundi 8 juin 2015

Comment améliorer son écoute

L’écoute active passe par plusieurs étapes :

Première étape : il s’agit de concentrer mon attention sur la personne qui s’exprime, et donc de mettre de côté mes propres besoins et préoccupations. Je vais alors mettre en œuvre la perception la plus large possible de ce qui est émis par mon interlocuteur : non seulement le contenu verbal de ce qu’il exprime, mais aussi le volume et le ton de sa voix (le paraverbal) ainsi que ses mimiques et sa gestuelle (le non verbal). Enfin, je vais prendre en compte le contexte dans lequel s’inscrit cette communication : une personne ne s’exprime généralement pas de la même manière en public qu’en privé, dans un environnement stressant ou au contraire détendu.

Seconde étape : comprendre ce qui a été dit ou exprimé. Je n’entends pas aussi bien dans le brouhaha d’une foule que dans une pièce calme, et je risque de perdre des éléments d’information, diminuant mes chances de comprendre parfaitement mon interlocuteur. Par ailleurs, je m’assure de la signification des mots qu’il utilise, a fortiori s’il s’exprime dans une langue étrangère. Même en français, le sens des mots peut varier selon les locuteurs, ce qui peut parfois amener à des contresens. À ce stade, il est utile d’opérer un retour d’information, en restituant à mon vis-à-vis ce que j’ai compris de ce qu’il vient de dire. D’où l’intérêt de la reformulation, dont le sujet a déjà été traité dans une lettre précédente. Précisons seulement que la reformulation, pour être efficace, va prendre en compte à la fois les mots prononcés par l’interlocuteur et son langage non verbal, tout en le laissant libre de sa réponse et de son cheminement.

Troisième étape : bien interpréter. Muni des informations et indices précédents, je peux être en mesure d’entendre ce que je pense être le véritable message derrière la façade de ce qui est dit. Il y a là évidemment une part d’interprétation : à travers son rire un peu forcé, j’entends que telle personne est en réalité au bord du désespoir. Face à telle autre qui me dit que tout va bien alors qu’elle se tord les mains, je discerne une certaine souffrance. Cette capacité d’interprétation juste n’est pas l’apanage de quelques personnes très douées, mais peut être cultivée par tout un chacun, notamment en utilisant la reformulation. Pour que cette interprétation soit la plus fidèle possible, il me faut lâcher prise de mes propres opinions et jugements pour donner place à la personne qui parle. Et si, m’ayant entendu reformuler ce qu’elle a dit, la personne me répond : « Non, ce n’est absolument pas cela que je voulais dire », c’est une excellente occasion pour moi de corriger et d’améliorer ma façon d’interpréter.

Dernier point, et non des moindres : il y a des moments où je ne suis pas en état d’écouter l’autre, parce que fatigué ou envahi par d’autres émotions. Dans ce cas, pourquoi ne pas le signaler en toute simplicité à mon interlocuteur, en prenant rendez-vous à un autre moment clairement défini ?


Renaud CHEREL


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    Ecoute active   

lundi 1 juin 2015

Ecoute active

Alors qu’elles font du jogging ensemble, Rita se confie à son amie Nelly ; elle en a gros sur le cœur et a besoin d’évacuer un trop plein d’émotions. Nelly a vraiment la sensation de bien être attentive, aussi elle est surprise quand Rita l’interpelle : « eh, tu m’écoutes ? »

Ce soir-là, alors qu’elle a vécu une journée compliquée, Perrine réagit contre José, son mari : « Ce n’est pas la peine que je te parle, tu ne comprends rien à ce que je te dis ! »

Léonard parle de ses soucis avec Roger, qui hoche régulièrement la tête en ponctuant chaque phrase de son interlocuteur par des « humm », « je comprends… ». Mais quand Léonard lui demande « Alors, qu’est-ce que tu en penses ? », Roger reste sans voix et se rend compte qu’il n’écoutait pas vraiment.

Est-ce que j'entends vraiment ce que l'autre veut me dire?
Il nous arrive de ne pas pouvoir écouter l’autre parce que nous sommes indisponible ; nous en sommes conscient et le signalons à notre interlocuteur : «  Arrête ! Tu vois bien que je suis occupé ! » « Ok, mais là je n’ai pas le temps… » On peut aussi indiquer à l’autre un moment plus favorable : « Je termine cela et je suis à toi dans une minute » ou bien : « Je ne suis pas disponible maintenant, on en reparle en prenant le café, d’accord ? » Dans ce premier type de situation, la communication est relativement claire, même si elle n’est pas toujours très adroite.

Mais il existe des occasions où nous croyons écouter l’autre alors qu’il ne se sent pas écouté. Bien sûr, nous pouvons toujours l’accuser de stupidité ou de manque d’attention, mais la meilleure solution consiste à s’interroger : « J’avais l’impression d’être présent à mon interlocuteur, mais celui-ci ne l’a pas ressenti ; pourquoi ? » Peut-être parce que je n’étais pas en écoute active.

Notre communication a toujours un contenu explicite (les mots que l’on utilise mais aussi les gestes et expressions du visage) et un contenu implicite (le message que l’auteur a l’intention d’exprimer, consciemment ou inconsciemment). Et ce message peut-être très différent des mots prononcés.

L’écoute active consiste à tenter d’entendre, au delà de ce qui est dit, ce qui anime vraiment la personne. A priori, mieux nous connaissons cette personne et plus nous serons capable de détecter les petits signes qui nous feront entendre ce qu’elle veut réellement exprimer. Cependant nous nous sentons parfois parfaitement en phase avec de parfaits étrangers, comme s’il existait une complicité souterraine avec eux. Et à l’inverse, des personnes proches peuvent continuer de nous surprendre, car elles restent totalement imprévisibles pour nous.

En adoptant une écoute active vis-à-vis d’un interlocuteur, je n’ai pas la certitude de toujours saisir le sens de ses propos, mais je pourrai au moins identifier ce que je n’ai pas compris, et ainsi poser les bonnes questions pour l'aider à préciser sa pensée ou ses sentiments. Devenue une habitude, l’écoute active s’avère alors être un outil extrêmement efficace pour une bonne communication.


Renaud CHEREL


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