Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

dimanche 29 novembre 2009

Profiter de la critique

Une critique constructive reçue dans un esprit de dialogue
peut permettre de progresser.
Si, comme indiqué semaine dernière, vous avez demandé un délai de réflexion à votre interlocuteur à la suite d’une critique de sa part, profitez-en pour en tirer le meilleur parti. Voici quelques pistes dans ce sens :

- Tous les exercices visant à renforcer l’estime de soi vous rendront plus solide face à la critique.

- Utilisez des techniques d’ancrage positif : en clair, il s’agit de pouvoir vous appuyer, quand vous en avez besoin, sur le rappel d’expériences positives qui vont faire barrage à l’effet déprimant de la critique. Par exemple vous allez évoquer mentalement un franc succès dans une mission ou une tâche effectuée, des encouragements reçus. L’ancrage fonctionne bien s’il est imagé et sa puissance proportionnée à la critique.

- Si vous avez éprouvé des émotions fortes (colère, peur, tristesse…) à la réception de cette critique, c’est qu’elle renvoie probablement à des situations antérieures vécues négativement et non résolues. En revisitant ces situations semblables, vous pourrez peut-être remonter à un événement vécu dans votre enfance : lequel ? Découvrir ce à quoi fait écho cette réaction forte permet de prendre du recul. Notons que souvent, il est plus facile de faire ce travail en étant accompagné (par un coach ou un psychothérapeute).

- Si vous avez des doutes sur la validité de la critique sans pouvoir immédiatement trancher : cette critique est-elle légitime ou non ? Rien ne vous empêche d’explorer ce degré de validité, soit en consultant les règlements ou autres normes encadrant votre activité, soit en faisant appel au point de vue de personnes extérieures qui ont de l’expérience ou une certaine autorité en la matière.

- Dans les cas où la remarque vous semble maladroite mais fondée, demandez-vous : « Comment aurais-je aimé que cette remarque me soit formulée pour qu’elle me semble recevable ? » Mon interlocuteur aurait pu me dire les choses de telle façon, j’aurai trouvé cela plus acceptable. Lorsque vous le rencontrerez comme prévu, vous pourrez lui livrer cette réflexion et en parler ensemble.

- Enfin, il arrive très souvent que la critique (explicite) cache une demande (implicite) de l’interlocuteur, comme : «Je veux que tu fasses plus attention à moi » ou bien : « Je suis une personne valable, moi aussi ». Demandez-vous donc quelle demande y avait-il derrière la critique de votre interlocuteur ? Explorez la validité et la légitimité de cette demande pour déterminer si vous allez choisir d’y accéder et dans quelle mesure.

Dans certains cas, une critique qui vous a laissé plutôt indifférent méritera une réponse appropriée à la demande qui se cachait derrière ! Dans une relation de couple par exemple, un geste affectueux ou une attention peuvent parfois constituer la réponse appropriée à une critique qui cachait la demande : « Est-ce que tu m’aimes ? »

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Critique constructive
    Recevoir la critique
    Les émotions
    Tirer parti de mes ennemis

lundi 23 novembre 2009

Recevoir la critique

Donner et recevoir sereinement la critique est un art.
Dans le message précédent (voir Critique Constructive), j’ai évoqué comment aborder la critique de façon constructive ; aujourd'hui, voyons comment la recevoir. Généralement, les remarques négatives ne sont pas agréables à entendre. Cela d’autant plus si elles touchent des points sensibles, des zones de fragilité en nous. La plupart du temps, ce n’est pas la critique elle-même qui nous touche, mais les idées et émotions qu’elle suscite.

Alors, comment vivre la critique de façon constructive ?

Question complexe, car liée d’une part à la critique elle-même, la façon dont elle est posée et l’environnement dans laquelle elle se situe et d’autre part à notre histoire personnelle, aux dévalorisations ou humiliations que nous avons pu subir antérieurement. Sans vouloir épuiser ce sujet, je vous suggère quelques pistes, en proposant aujourd'hui des outils utilisables dans l’instant ; lundi prochain, nous en verrons d’autres permettant de retravailler à moyen terme sur votre façon de réagir à la critique.

Écoutez de façon neutre
Plus facile à dire qu’à faire, car parfois nos émotions peuvent nous submerger ! Un premier moyen, c’est de dissocier votre identité du comportement qui a fait l’objet de la critique. Naturellement, cette dissociation est plus difficile quand la critique porte sur votre personne, comme : « T’es qu’un pauvre type ! » ou bien « T’es aussi butée que ta mère ! »
Mais ce genre de phrase est souvent accompagné d’un discours plus important, ce qui nous amène au second moyen : tentez de vous concentrer sur la compréhension du message. Par le contenu et par les émotions exprimées, qu’est-ce que mon interlocuteur veut me communiquer ? Et qu’est-ce que ces émotions que je ressens me disent, à moi ?

Assurez-vous que vous avez compris
Vous pouvez alors dire à l’autre ce que vous avez compris : reformulez ce qu’il/elle vous reproche sans essayer d'interpréter. Posez des questions pour lui permettre de préciser les points vagues ou les généralisations, ses sentiments, les conséquences de votre comportement.

Remerciez votre interlocuteur
Toutes les critiques ne sont pas émises pour vous démolir ! Dans la plupart des cas, la personne a formulé – plus ou moins adroitement – sa critique dans un but d’amélioration. Peut-être d’ailleurs cela a-t-il été difficile pour elle. Si la critique vous paraît fondée, cela vous permet d’avancer. Sinon, c’est quand même pour vous une occasion de ressentir et d'explorer des émotions et leur signification. Plus largement, cela peut vous permettre de mieux comprendre comment les autres perçoivent vos comportements et d’améliorer vos compétences relationnelles.

Réagissez à la critique
Si la critique est fausse, dites-le sans détour, sans justification et sans accusation en donnant les faits et les informations nécessaires. Ceci est en réalité un exercice très difficile pour la plupart d’entre nous et demande un certain entraînement.
Si elle est justifiée ou possible, demandez à votre interlocuteur le comportement qu’il attend de votre part ou ce qu’il propose de faire à la place.

Demandez un délai de réflexion
Dans la plupart des cas, il est possible de dire que vous allez y réfléchir et de proposer un rendez-vous pour en reparler. Nous verrons semaine prochaine comment mettre à profit ce délai.

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Critique constructive
    Profiter de la critique
    Sentiment de culpabilité

lundi 16 novembre 2009

Critique constructive

Marianne est agacée par son fils Joël qui ne comprend pas ses explications sur le devoir de maths à rendre demain. Découragée, elle lui lance : « Joël, qu’est-ce que tu peux être buté par moments ! Qu’est-ce que j’ai fait pour avoir un fils aussi bête ? Tu ne comprendras donc jamais rien ! »

Roland est chef du service informatique de sa boîte ; ce matin, un ingénieur de son service lui présentait un projet sur lequel travaille depuis plusieurs mois. Après avoir écouté sa présentation, Roland commente d’un ton sarcastique : « C’est ça que vous avez appris dans votre école d’ingénieurs ? Vos spécifications sont ridicules ! Aucune chance que votre projet soit accepté ! »

La critique n’est pas a priori quelque chose de négatif : il est des moments où elle est nécessaire, que ce soit de la part de parents, d’éducateurs, ou de managers. Dans tous ces cas de figure, c’est une tâche indispensable et pourtant l’une des plus difficiles et des plus redoutables, d’une part pour ceux qui y sont soumis mais aussi – cela peut paraitre surprenant – pour ceux qui l’utilisent. Car une mauvaise pratique de la critique peut avoir des conséquences désastreuses, et aboutir parfois au résultat inverse de ce qu’elle était censée corriger.

J'arrête de critiquer pour le plaisir de critiquer !
Joël s’est bloqué de plus en plus sur ses exercices de maths et ses résultats ont empiré dans cette matière. Bien sûr, Marianne n’est pas la cause première de cela, mais ses critiques ont ébranlé la confiance en soi de son fils, qui finit par ne plus croire en sa capacité de progresser.

Quand à l’ingénieur qui travaille avec Roland, il est sorti effondré de leur entretien. Il s’est dit qu’on ne lui confierait pas de projet important après ce fiasco, et a perdu une bonne part de la belle motivation qu’il avait en démarrant sur ce projet. Il en vient à se demander s’il ne vaudrait pas mieux aller travailler ailleurs.

Pourtant, la critique constructive est un moteur et un outil de progression. Le psychanalyste américain Harry Levinson a travaillé de nombreuses années sur l’art de la critique constructive et donne quelques indications utiles :

- Portez la critique sur des actes ou des réalisations, mais pas sur des personnes. Les gens qui se sentent attaqués personnellement se mettent sur la défensive. Selon leur tempérament, ils vont se rebeller et contre-attaquer, louvoyer pour faire tomber la responsabilité sur d’autres, faire de la résistance passive ou bien encore déprimer.

- Soyez spécifique : la critique doit porter sur un point précis et non pas une indication vague. Tel point a été exécuté correctement, tel autre point doit encore être amélioré : une erreur identifiée et corrigée permet de progresser.

- Proposez une ou des solutions, des pistes pour sortir du problème ou une indication sur la façon de faire autrement : la critique ne coince pas la personne sur son incapacité mais ouvre ainsi la porte à des possibilités et des alternatives qu’elle n’avait pas aperçues.

- Soyez présent le plus souvent possible : les critiques, comme d’ailleurs les compliments, portent beaucoup plus quand on est face à face avec la personne concernée, plutôt que par un moyen indirect, un e-mail par exemple.

- Enfin, soyez en empathie : essayez de percevoir l’impact de votre message sur la personne !

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Comment recevoir la critique ?
    Profiter de la critique
    Grognons et râleurs
    Savoir encourager

dimanche 8 novembre 2009

Renforcer son attitude de gratitude

Apprécier son environnement
(Tableau d'Olga Suvorova)
Revenons de nouveau sur la gratitude dont j’ai parlé la semaine dernière. Pour la pratiquer depuis plusieurs années, je voudrais vous en partager les bénéfices. Cultiver la gratitude, c’est apprécier la nature et votre environnement, votre cadre de vie, c’est donner de l’importance aux relations avec les personnes que vous côtoyez, bref c’est d’aimer la vie. La « Gratitude Attitude », comme certains la nomment, permet de regarder l’avenir plus positivement en savourant le moment présent et peut vous aider à accéder à un sentiment de plénitude et, pourquoi pas, de bonheur.

Apprenez à être reconnaissant et à dire merci chaque jour. Merci tout simplement d’être vivant. En vivant dans un état de gratitude, vous allez attirer des éléments plus positifs autour de vous ! Le philosophe André Compte-Sponville en parle très bien dans son livre Petit Traité des grandes vertus.

Voici donc encore quelques exercices pour renforcer en vous cette attitude de gratitude.

« Ce que j’aime en toi » : notre éducation nous a souvent appris à ne pas dire à l’autre ses qualités, ce que nous trouvons de bien en lui ou en elle. Je vous propose de choisir un moment pour dire à l’un ou l’autre de vos proches (famille, amis) : « Ce que j’aime en toi, c’est… » et de lui dire, sans faux-semblants mais en toute sincérité ce que vous aimez chez cette personne, les qualités que vous appréciez, ce qui vous touche, ou ce que vous admirez en elle. C’est un très beau cadeau que vous lui ferez ainsi.

Remerciez… lorsque vous donnez. J’ai déjà abordé la question de donner et recevoir (lettre 12) : donner n’est pas un acte simple ; apprenez à ressentir le plaisir qu’il y a dans le fait de donner de façon vraie. Et remerciez intérieurement le bénéficiaire de votre don, car celui-ci vous permet sans le savoir d’entrer en contact avec la meilleure part de vous-même. En donnant sans craindre d’être dépossédé, vous prenez conscience de la richesse profonde du partage et de l’échange.
Beaucoup de nos attitudes de méfiance ou d’incompréhension de l’autre sont issues de nos peurs : peur de ne pas être à la hauteur, peur d’être déçu par l’autre, peur d’être jugé. La prise de conscience de ces peurs peut nous aider à les surmonter, mais parfois cela n’est pas suffisant : il nous faut aussi développer la confiance en soi.

De la même façon, abstenons-nous de juger les personnes ; il est plus facile de dire ou de penser : « C’est un violent et un sale type ! » plutôt que : « Il a frappé sa femme quand elle a changé de chaîne de télé ». Cela ne nous empêche pas de juger avec sévérité les actes mauvais, et d’exprimer notre désaccord. Mais celui ou celle qui a commis ces actes que nous réprouvons – et qui peuvent être sanctionnés – demeure une personne humaine, et à ce titre, digne de respect.

En la travaillant au quotidien, la gratitude deviendra ainsi pour vous un moteur pour avancer plus harmonieusement sur votre chemin de vie.

Renaud CHEREL


Voir aussi : Savoir dire merci

dimanche 1 novembre 2009

Gratitude

Ludovic a l’œil critique et peu de choses lui échappent ; il considère ce trait de personnalité comme une qualité et, dans son travail, il réalise d’excellentes performances. Par contre, il reconnaît que son regard critique s’étend à tous les domaines, et que, pour lui, la vie n’est pas une aventure facile. Comme il perçoit le moindre petit défaut, il lui arrive souvent de se montrer cynique ; il ne sait pas s’émerveiller ni dire vraiment merci. Au final, il a du mal à établir des liens avec les autres et il ne peut pas dire qu’il baigne dans le bien-être.

Juliette, de son côté, a tendance à regarder l’avenir positivement, elle savoure tout les bons moments, apprécie la nature et son cadre de vie. Elle ne court pas après la performance à tout prix mais donne de l’importance aux personnes qu’elle rencontre et sait les remercier du fond du cœur. Finalement, elle n’affiche pas les résultats impressionnants de Ludovic mais aime la vie, et malgré les soucis qu’elle rencontre comme tout un chacun, elle éprouve souvent un certain bonheur, une certaine plénitude.

Savoir exprimer sa gratitude
Juliette cultive la gratitude. Considérée comme un devoir moral hérité de notre culture judéo-chrétienne, la gratitude n’est pas une qualité très valorisée dans notre société actuelle. Pourtant, selon un certain nombre d’études américaines en psychologie positive, elle participerait activement à la bonne santé émotionnelle de ceux qui en font un usage régulier. Renforçant les liens sociaux, la gratitude affaiblit aussi les émotions négatives et procure un sentiment de bien-être durable.

Chris PETERSON, professeur de psychologie à l’université du Michigan, a beaucoup travaillé sur la gratitude. Il a coutume de demander à ses étudiants d’écrire une lettre de gratitude à une personne qui a compté dans leur vie. Régulièrement, il fait le même constat : « Écrire ces textes procure à leurs auteurs un sentiment de bien-être durable. »
Voici quelques exercices qu’il conseille :

Le soir, au coucher, revoyez les événements positifs que vous pouvez considérer comme des « cadeaux » de la journée : chacun de ces petits « extras » vaut bien un remerciement !

Cultivez un regard neuf : il est important de prendre le temps d’apprécier tout ce que nous considérons comme normal mais qui nous facilite la vie : l’eau qui coule à volonté, les fruits et légumes en abondance sur la table, l’air et le soleil qui entrent par la fenêtre… Après tout, ils ne sont pas des dus.

Évitez les jugements, les comparaisons, l’envie, qui font gaspiller votre énergie vitale, brident votre confiance et votre curiosité. Cultivez à la place des sentiments d’accomplissement en vous rappelant vos réussites.

Accueillez tristesse, colère, peur ou déception en faisant corps avec ces émotions négatives, sans les nourrir ni les combattre. Cette acceptation permet d’atténuer les « montagnes russes émotionnelles » qui peuvent emporter certains. En cessant de considérer les événements sous un angle « bon » ou « mauvais », vous apprendrez à considérer la vie comme un tout, dont il est possible de goûter sans crainte les différentes saveurs.

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Les bénéfices de la gratitude
    Savoir dire merci
    Donner des signes de reconnaissance
    Humilité et modestie
    Qu'est-ce que l'empathie?

Lien externe :
    Le blog de Bernard Romain