Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 27 février 2012

Décrypter le langage non verbal


Nous passons beaucoup de temps à interpréter intuitivement les signes non verbaux envoyés par nos interlocuteurs. Mais le faire consciemment pour en tirer des conclusions utiles s’avère plus difficile. Car en effet, chaque personne fonctionne sur son registre propre ; certains sont très démonstratifs alors que d’autres paraissent impassibles. L’interprétation est aussi fonction du contexte social et culturel de la personne. Il s’agit donc d’abord de noter ce registre de fonctionnement : comment cette personne agit-elle habituellement ? Plus que les gestes en eux-mêmes, c’est le changement de rythme (intensification ou affaiblissement) ou l’apparition d’un geste inhabituel qui est indicateur de ce qui se passe chez la personne.

Enfin, il est important de distinguer entre une cause objective externe (la personne porte la main au visage pour chasser un moucheron) et une cause subjective interne (la personne fait le même geste parce qu’elle se sent gênée).

Dans le message précédent (voir Langage non verbal) j'avais évoqué la correspondance qui existe ou pas entre le langage verbal et non verbal d'une personne (la congruence). Notons que les signes de langage non verbal sont émis par tout le corps et non pas seulement par le visage : par exemple, l’observation des jambes et des pieds peut donner de bonnes indications sur l’état émotionnel de la personne. Ceci étant dit, il va de soi que notre visage, grâce à la mobilisation de très nombreux muscles, est le plus capable d’exprimer une grande variété d’émotions.

"Je ne veux pas te voir"
Quand Mélanie écoute son amie Olga, son visage est légèrement penché, dans une attitude réceptive, et elle lui sourie de manière vraie : ses yeux s’étirent en même temps que sa bouche. Mais quand elle écoute sa vieille tante Augustine qui lui raconte pour la centième fois les mêmes histoires, le sourire de Mélanie est de convenance, et ses yeux ne rient pas. De temps en temps, elle fermer les yeux ou se frotte l’oreille, comme pour dire à sa tante : je ne veux pas te voir, je ne veux pas t’entendre…

Nos mains sont des outils extraordinaires qui nous mettent en contact avec le monde et nous permettent d’agir sur lui. Nos mains sont extrêmement expressives et nous permettent de manifester une large gamme d’émotions. Nos gestes améliorent notre crédibilité : une bonne gestuelle des mains renforce considérablement les messages que nous émettons et améliorent notre force de persuasion. Ceci étant, un méditerranéen parlera davantage avec les mains qu’un habitant d’Europe du Nord qui, lui, sera plus réservé. Mais s’il cesse d’agiter ses mains, ou s’il les fait disparaître sous la table, cela pose question.

Geste de réconfort :
frottement des paumes
Notons que beaucoup de gestes de frottement des mains, ou le fait de se toucher ou masser une partie du corps, sont des signes de réconfort : cela signifie que juste avant, la personne a probablement ressenti une gêne, un stress quelconque.





Geste de réconfort :
la main frotte le cou
Geste de réconfort :
main sur la fourchette sternale
Geste barrière

De la même façon, les gestes barrière, comme croiser les bras, tenir un objet plus ou moins serré devant soi, peuvent indiquer un besoin de protection.



Geste : manipulation d'un crayon
Enfin le fait de jouer avec ses doigts ou avec un menu objet, peut être signe d’une certaine nervosité.






Mais ces interprétations doivent être confortées par d’autres observations pour être validées.

Photos : Renaud Cherel. Merci à Sophie Pérès, conteuse professionnelle, pour la gestuelle.

Renaud CHEREL


Ce message vous a plu ? Vous pouvez voir aussi dans ce blog :
    Langage non verbal
    Nos mains

Liens externes : 
    Les gestes qui vous trahissent
    Contes et bricoles site de Sophie Pérès

Bibliographie :
Navarro Joe : Ces gestes qui parlent à votre place, Ixelles éditions, Bruxelles 2010. 284 pages.
Ce livre détaille les gestes des différentes parties du corps : le visage, le buste, les mains, les bras, l'ensemble du corps, les jambes et les pieds. Écrit par un ancien agent du contre-espionnage US et un psychologue, il vous aide à décoder nombre de gestes rencontré dans la plupart des situations professionnelles ou privées. Approche  anglo-saxonne, pragmatique et efficace.


Cuzacq Marie-Laure : Comprendre le langage du corps en 35 leçons, éditions ESI, Paris 2012. 192 pages.
Ce livre traite du même sujet, mais avec une approche différente, plus psychologique : l’auteure montre, en s'appuyant sur des témoignages, comment le langage corporel exprime les grandes familles d’émotions (joie, tristesse, colère, peur), puis étudie un certain nombre de gestes universels et donne quelques conseils pratiques : travail de la respiration, de la voix, du look. Enfin, elle apporte quelques considérations plus générales.


lundi 20 février 2012

Le langage non verbal


Quand nous communiquons avec d’autres personnes, l’information échangée ne passe pas seulement dans les paroles que nous prononçons. Nous sommes aussi attentifs aux intonations de la voix, à la force avec laquelle les mots son assénés : c’est ce qu’on appelle le langage paraverbal. Enfin, nous interprétons les mimiques et la gestuelle de notre interlocuteur, et réciproquement : c’est le langage non verbal.

De nombreux spécialistes, dont le chercheur américain Mehrabian, ont cherché à évaluer l’importance relative de ces trois langages lors d’un échange entre deux ou plusieurs personnes. Les résultants sont étonnants : dans une conférence, c’est le contenu des mots qui prime, mais leur impact n’est que de 53% sur les auditeurs, alors que le non verbal les impacte à 32%. Plus surprenant encore : dans les interactions quotidiennes, le contenu des mots n’intervient que très peu, autour de 7%, alors que le non-verbal participe à 55% à l’impact sur l’interlocuteur.

Comment se fait-il que le contenu des mots soit si peu important dans nos interactions avec les autres ? N’oublions pas que, pendant la plus grande partie de son histoire, l’espèce humaine s’est exprimée par des gestes. Le langage est apparu très récemment, il y a quelques dizaines de milliers d’années, alors que l’espèce humaine existait depuis déjà très longtemps.

C’est pourquoi, si l’on cherche à améliorer sa relation avec autrui, il est essentiel d’avoir une bonne communication non verbale. Bien sûr, l’essentiel se passe de façon inconsciente, et nous passons beaucoup de temps à évaluer les autres en observant leurs comportements sans toujours nous en rendre compte. Mais, de la même façon qu’à l’école nous avons étudié la langue que nous parlons, il n’est pas inutile de connaître un peu mieux la grammaire de ce langage non-verbal.

La congruence est une des choses auxquelles nous sommes souvent attentifs : est-ce que les paroles de la personne en face de moi concordent avec son langage non-verbal ? En fait, nous utilisons souvent des artifices dans nos interactions sociales, un peu comme on utilise des figures de style dans l’écriture. Par exemple :

Masque de carnaval brésilien (photo R. Cherel)
-« Oh ! Quel beau cadeau ! Merci, Mamie, ça me fait tellement plaisir ! » dit Mélanie, un grand sourire aux lèvres, les yeux écarquillés. En fait, Mélanie exagère son expression de surprise car elle sait que cela fera plaisir à sa grand-mère : elle pratique l’intensification.
Par contre, face à son amie Olga qu’elle sait déprimée, Mélanie minimise l’expression de sa joie car elle pense que cela serait quelque peu déplacé : elle pratique l’atténuation.

Pierrick ne veut pas laisser apparaître ses émotions lorsqu’il est en situation professionnelle et affiche un visage impassible. Il a adopté cette attitude depuis tant d’années qu’elle est devenue une seconde nature pour lui : c’est la neutralisation.

Quant à Mathias, c’est plus compliqué, il a tendance à pratiquer le masquage : ressentant son environnement comme hostile, il tente de donner le change en remplaçant l’expression d’un sentiment par un autre, affectant l’assurance alors qu’au fond il craint d’être mis dehors à la prochaine restructuration.

Dans le message suivant (voir Décrypter le langage non verbal), nous verrons quelques moyens de décrypter le langage non verbal.

Renaud CHEREL

Ce message vous a plu ? Vous pouvez lire aussi dans ce blog : 
    Nos mains
    Les neurones miroirs

Liens externes : 
Communication non verbale

lundi 13 février 2012

Comment ouvrir des possibles ?


Semaine dernière (voir Ouvrir des possibles), nous avons évoqué les portes que l’on se ferme intérieurement. Considérons d’abord le fait de s’ouvrir des portes à soi-même. Quelles permissions est-ce que je me donne ? Reprenons les exemples que j’avais cités :

Geoffroy passe pour être quelqu’un de gentil : il ne s’autorise pas à exprimer ce qu’il veut vraiment. En disant toujours oui, il se coule dans le désir des autres en oubliant les siens propres ; mais au bout d’un certain temps, cela peut lui peser et détériorer son estime de lui-même en même temps que ses relations avec les autres. Pourquoi ne pas s’exercer, dans des situations à enjeux faibles – c’est-à-dire dont les conséquences sont relativement négligeables – à dire non, et à exprimer son avis, même s’il est différent de celui des autres ?

Albertine a du mal à faire appliquer des règles à ses collaborateurs. Peut-être qu’en travaillant sur elle-même, elle découvrira qu’elle est très attachée à la notion de liberté individuelle et qu’elle hésite à faire subir à d’autres ce qu’elle n’aimerait pas subir elle-même. En réalisant que la liberté ne peut s’exercer qu’à l’intérieur de certaines limites, elle s’autorisera à énoncer des règles et trouvera le cadre pouvant laisser à ses collaborateurs l’autonomie nécessaire au fonctionnement efficace du service.

Mickaël a manifestement exclu la possibilité de se former à autre chose que ce qu’il a fait jusqu’alors. Peut-être lui faut-il passer par le détour d’une pratique non professionnelle, d’une activité nouvelle pratiquée dans le cadre d’un loisir agréable. En reprenant contact avec la créativité qui est en lui et dont il n’a plus conscience, il aura la possibilité d’ouvrir des portes restées fermées et d’envisager des changements professionnels.

Marie-Claire se sent jugée, coincée par le regard des autres ; accompagnée d’un travail sur soi, la pratique d’un art martial ou d’un sport collectif pourront l’aider à regagner confiance en elle. En prenant conscience de la façon dont elle fonctionne et en se donnant la permission de s’affirmer en tant que personne, elle pourra sortir du cadre étriqué dans lequel le regard des autres l’avait enfermée pour poser ses propres actes et prendre ses responsabilités.

On peut aussi penser aux portes que l’on ferme ou que l’on ouvre aux autres. Bien sûr, la communication fonctionnant dans les deux sens, je peux dire que ma porte est parfois fermée à l’autre et que parfois c’est l’autre qui me ferme sa porte. Or, force m’est de constater que, si je peux éventuellement agir physiquement sur l’autre, je ne peux guère le changer, au fond.

Par contre, je peux me changer, moi, dans une certaine mesure ; et si je change dans mes comportements, cela aura une répercussion sur l’autre, qui probablement changera aussi. Dans quel sens l’autre changera-t-il ? Cela, je ne peux pas le savoir exactement, c’est un pari que je fais. Mais l’expérience montre que le fait de m’ouvrir à l’autre – tout en faisant respecter mes limites – améliorera non seulement la qualité de notre relation, mais aussi notre efficacité collective.

Porte bleue - Dublin (photo R. Cherel)
Porte noire - Dublin (photo R. Cherel) 


Porte rouge - Dublin (photo R. Cherel) 

Porte verte - Dublin (photo R. Cherel)
Porte jaune - Dublin (photo R. Cherel) 



















Renaud CHEREL


Liens externes : 
Se donner la permission de réussir

lundi 6 février 2012

Ouvrir des possibles


Se donner la possibilité de quelque chose, c'est comme ouvrir des portes. Une porte est une ouverture spécialement aménagée dans un mur, une clôture, etc., pour permettre le passage. Au sens figuré, tout dispositif permettant d’ouvrir sur d’autres aspects de l’objet de notre attention.

Dans notre société d’aujourd'hui, nous avons la possibilité d’ouvrir plus de portes que par le passé, même s’il existe encore de nombreuses zones d’exclusion et que demeurent des lieux réservés à une élite privilégiée. Certaines portes s’ouvrent difficilement : il est plus difficile à un fils d’ouvrier qu’à un fils d’avocat d’accéder à de hautes fonctions dans l’entreprise ou l’administration publique, et la difficulté s’accroît encore pour une fille. Mais la chose n’est pas impossible.

Il est une autre catégorie d’obstacles nous empêchant d’ouvrir les portes : les obstacles intérieurs. Malgré toutes les possibilités qui sont offertes, on peut avoir une certaine tendance à se fermer intérieurement des portes, et il arrive que cette tendance s’accentue au fur et à mesure que l’on avance dans la vie, sous l’effet des échecs subis. Nous avons souvent intégré les interdits de notre environnement social ou bien nous avons conservé ceux dont nous avons été imprégnés par notre éducation, sans les remettre en question.

Geoffroy : « Je n’ai pas vraiment bien réussi dans ma carrière. J’ai essayé d’être gentil avec les uns et avec les autres, trop gentil ; et finalement tout le monde m’est tombé dessus… Si tu n’écrases pas les autres, tu ne réussis rien dans la vie. Mais moi, c’est pas mon truc, et du coup c’est moi qui me fait marcher dessus. »

Albertine : « J’ai un poste de responsabilité, mais je suis mal à l’aise, parce que je ne suis pas capable de faire appliquer des règles à mes collaborateurs. En fait, derrière ma façade de professionnel rapide et efficace, j’ai peu de confiance en moi, il m’est difficile de m’affirmer. Il faudrait que j'arrive à mieux communiquer. »

Mickaël : « Je fais ce boulot depuis vingt ans et j’en ai marre ; mais je ne vois pas ce que je peux faire d’autre… Je suis coincé car je ne connais que ce métier et ce n’est pas à quarante-cinq ans que je peux apprendre quelque chose d’autre… »

Marie-Claire : « Dans la situation où je suis, je suis coincée et je ne peux plus rien faire. Je ne peux pas espérer un poste de responsabilité dans cette boîte : on m’a dit que je n’y arriverai pas, parce que j’avais besoin d’un cadre, besoin d’être entourée. »

Un des objets du coaching, c’est justement d’examiner, sous le regard bienveillant d’un tiers, le bien-fondé de cette fermeture : cette porte intérieure, l’ai-je fermée à bon escient ? Bien évidemment, il ne s’agit pas de mettre à bas tous les interdits, car on a besoin d’interdits à la fois pour se construire et pour vivre en harmonie les uns avec les autres : les interdits sont structurants. Il s’agit simplement de chercher à savoir si tel interdit, auquel j’obéis tacitement, est une bonne chose – pour moi, pour ceux qui m’entourent, pour la société, pour l’environnement… – ou pas.
Choisir quelle porte ouvrir... (dessin R. Cherel)

Renaud CHEREL


Suite
Comment ouvrir des possibles?

Voir aussi dans ce blog :
    Dedans dehors
    Curiosité, défaut ou qualité ?
    La nostalgie n'est plus ce qu'elle était

Liens externes :
    Femmes et carrière : la course d'obstacles