Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 31 décembre 2012

Poème d'hiver : Meilleurs vœux 2013 !


À la fin de l’année nous voici arrivés ;
avec elle s’en vont tous les moments vécus
pendant ces douze mois, ce dont on a rêvé
et nos actes posés. Certains ont survécu
dans notre souvenir : ceux qui nous ont touchés,
les moments d’émotion, les joies et les chagrins,
ce qui nous a émus, ou bien nous a fâchés
tout ce qui de la vie en constitue le grain.

Une année qui s’en va : un pan de vie qui meurt.
Peut-être éprouvons-nous un peu de nostalgie
à nous remémorer des moments de bonheur,
des accomplissements où toutes nos énergies
tendues vers le succès ont surmonté nos peurs.
Mais voici que les jours vont bientôt rallonger
et qu’à nouveau la nuit fait place à la lueur
d’un jour nouveau qui vient, riche de nos projets.

C’est le temps des bilans et puis évidemment
c’est bien le temps des vœux ; que puis-je vous souhaiter,
amis et connaissances, et vous, tout bonnement
amis lecteurs d’un jour, par hasard arrêtés
par quelques petits mots jetés légèrement
sur une page blanche ? À la façon française :
de très joyeuses fêtes et puis tout simplement          
je vous souhaite aujourd'hui                                                
                                               Bonne Année Deux mille treize !





Renaud CHEREL




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lundi 24 décembre 2012

Les arbres


Chêne en hiver - Lot-et-Garonne (photo R. Cherel)
Classé arbre remarquable en 2003
J’aime me promener dans la forêt, circuler parmi les arbres qui me dominent de leur hauteur mais aussi de leur âge, lequel se compte souvent en siècles. Enracinés, fixés dans un lieu précis mais jamais immobiles, leurs feuilles et leurs branches sans cesse agités par les mouvements de l’air, ils m’inspirent la patience et la sagesse. Il m’arrive parfois de toucher, voire de caresser le tronc d’un arbre pour ressentir, à travers le contact brut de son écorce, cette énergie primaire qui parcourt ce grand être vivant. C’est au cours de ces promenades en forêt que je trouve l’inspiration pour écrire et pour réfléchir.

Dans un très grand nombre de cultures, l’arbre est un symbole de vie extrêmement puissant. En perpétuelle évolution, il se dresse vers le ciel et en cela, dans sa verticalité, il suggère l’idée d’une progression vers un ailleurs, un en-haut ou un au-delà qui nous dépasse. D’autre part, les arbres en général mais plus particulièrement les feuillus à feuilles caduques, qui se dépouillent de leurs feuilles à l’automne puis reverdissent au printemps, évoquent le caractère cyclique de la vie, qui passe par la naissance et la mort.

L’arbre met aussi en communication trois dimensions du monde : par ses racines qui s’enfoncent dans les profondeurs de la terre, il est en contact avec le monde souterrain, siège des enfers dans l’imagerie traditionnelle, mais aussi allégorie de notre inconscient, de nos instincts les plus basiques. Par son tronc et ses basses branches, il est à la surface de la terre, image de notre réalité quotidienne avec ses exigences concrètes, le lieu où s’expriment nos émotions. Enfin par sa ramure et par sa cime baignée de lumière, il rejoint le ciel, siège des divinités mais aussi de nos aspirations les plus hautes, lieu de la pensée et de l’imagination. L’arbre symbolise donc fortement les rapports qui s’établissent entre le ciel et la terre : il possède donc un caractère central, d’où les multiples représentations de l’arbre cosmique, de l’arbre du monde ou de l’arbre de vie – ce dernier étant plus souvent représenté par un arbre à feuilles persistantes.

Chêne en été - Saône-et-Loire (photo R. Cherel)
L’arbre est également un symbole sexuel ambivalent : avec son tronc qui évoque le phallus, l’arbre est symbole de virilité et constitue une image archétypale, (c’est-à-dire primitive et universelle) du père, avec les qualités qui y sont traditionnellement attachées : la force, la domination, l’autorité. Mais les arbres creux et ceux qui abritent dans leur feuillage les nids des oiseaux évoquent l’image archétypale de la mère, avec certains éléments qui y sont reliés : fertilité, sécurité de l’abri et de la nourriture. Le père-arbre et la mère-arbre conduisent à l’idée d’arbre-ancêtre dont l’image, dépouillée de son contenu mythique, aboutira peu à peu à l’arbre généalogique que nous connaissons actuellement. Un exemple très ancien d’arbre généalogique est l’arbre de Jessé qui symbolise, dans la Bible, la succession des générations depuis le père du roi David jusqu’au Christ.

Et pour vous, les arbres évoquent-ils quelque chose ? Les aimez-vous, les détestez-vous, ou bien vous sont-ils parfaitement indifférents ?


Renaud CHEREL


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    Arbres d'hiver
    L'écorce des arbres
    La force des symboles
    ou le blog botanique de Renaud Cherel : fleursauvagerenaud

Liens externes :
    http://www.arbres.org/arbres_remarquables.html

lundi 17 décembre 2012

Pourquoi la violence ?


Semaine dernière j’ai évoqué des exemples de comportements destructifs : si minimes soient-ils, ils témoignent, me semble-t-il, de cette pulsion de mort nommée thanatos par Freud, qui se manifeste en nous presque quotidiennement dans de petits actes tels que ceux-là, mais qui peut parfois surgir avec grande violence.

L’actualité, telle qu’elle nous est présentée, est remplie de violence : il suffit de parcourir les pages de son journal habituel, d’écouter les informations à la radio ou de les regarder à la télévision pour y être plongés jusqu’à saturation. La violence fascine et fait vendre, à en croire la proportion de romans, de films, de jeux vidéo dont elle constitue l’un des ressorts principaux.

Le mot violence vient du latin vis, force ; or la force nous est nécessaire pour survivre : c’est dire l’aspect duel de la violence. C’est pourquoi la violence à la fois nous repousse et nous attire, nous inquiète et nous captive, nous détruit et nous protège.

La violence constitue l’un des trois réflexes de survie instinctifs, face à une situation de danger vital : soit rester paralysé et faire le mort, soit prendre la fuite, soit attaquer. Ces réactions réflexes, héritées de nos lointains ancêtres, ne sont pas pathologiques, mais elles sont la plupart du temps inadaptées à la complexité des situations sociales que nous vivons aujourd'hui.

Ainsi on peut avoir recours à la violence, physique ou verbale pour de nombreuses raisons qui n’ont pas grand-chose à voir avec une situation de danger vital :

Carmen, très susceptible, se sent souvent atteinte par les propos de son entourage et sait utiliser des mots très durs pour riposter à ce qu’elle ressent comme des agressions. Souvent même, se disant que la meilleure défense, c’est l’attaque, elle anticipe en plaçant quelques remarques bien senties avant même que son interlocuteur ait pu s’exprimer.

Delphin a tendance à se réfugier dans l’alcool pour échapper aux difficultés du quotidien (réflexe de fuite) ; mais quand il a bu, il devient agressif et la moindre contradiction provoque ses accès de violence, souvent contre ses proches.

Amaury, cadre compétent et ambitieux, sait très bien utiliser la menace et la manipulation pour amener d’autres personnes de son entourage professionnel à servir ses intérêts propres.

Betty se rend compte qu’elle est parfois très violente envers ses enfants ; stressée par les soucis de la vie quotidienne, elle se laisse emporter par la colère et les punit de façon disproportionnée par rapport à la gravité de leurs actes.

Martial devient très agressif lorsqu’il est au volant de sa voiture, n’hésitant pas à faire des manœuvres dangereuses pour doubler un automobiliste qu’il considère comme un rival, ou agonir d’injures un conducteur hésitant.

Samson aveuglé par les Philistins. (Rembrandt)
Dans ces exemples comme dans bien d’autres, l’appréciation du danger est extrêmement subjective et varie d'une personne à une autre : elle dépend beaucoup de notre sentiment de sécurité intérieure. En se faisant aider, il est possible cependant d’apprendre à repérer ces moments de bascule où nos actes nous échappent, pour être capable de choisir un comportement alternatif plus adapté à la gestion de la situation.


Renaud CHEREL



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    Destructivité
    Communication non défensive
    L'agressivité passive, mécanisme de défense

Liens externes :
    Pistes de recherche/violence(s) étude très intéressante de Nelly Derabours sur différentes approches de la violence.

lundi 10 décembre 2012

Destructivité


L’autre matin, je suis allé faire un tour dans la forêt qui s’étend non loin de chez moi ; il faisait froid mais beau et, chemin faisant, je fus émerveillé par la quantité de champignons tout frais sortis de terre, qui étincelaient dans les rayons obliques de ce soleil d’automne. Je fus frappé en particulier par l’élégance de quelques coprins pies dont la robe en noir et blanc éclaboussait d’une grâce fragile le fossé d’une route forestière. Je me promis de revenir avec mon appareil photo pour en immortaliser quelques-uns.

Coprin pie (photo R. Cherel)
Après le déjeuner, je repartis donc dans l’intention de parcourir en sens inverse le même circuit. Dans le sous-bois, je débusquais quelques belles amanites, mais j’attendais avec impatience de retrouver mes coprins. Hélas ! Ils étaient situés à quelques dizaines de mètres d’un parking, et cela suffit pour les rendre très vulnérables : je les retrouvais réduits en miettes, dispersés en tous sens, et l’herbe piétinée aux alentours me laissait penser qu’un promeneur les avait sans doute détruits à grands coups de pieds. Face à ce désastre minuscule, je me sentis à la fois surpris et attristé. Oh, me dira-t-on, il n’y a pas là de quoi en faire toute une histoire ; un ou deux malheureux champignons n’ont aucune espèce d’importance, il y en a des millions d’autres dans les forêts d’alentours, leur disparition ne représente rien !

Peut-être, mais cela ne m’empêche pas de me poser des questions sur les comportements humains : l’individu qui a commis ce crime infime avait-il besoin de dissiper son énergie, ou bien d’évacuer son stress ? Pourquoi ce geste de destruction gratuite, aux dépens d’un être vivant qui ne lui avait rien fait ? Je ne peux pas répondre à ces questions, bien sûr ; mais je ne peux m’empêcher de penser que ce type de comportement est l’indice d’une violence bien plus générale. Faut-il le dire, ce n’était pas la première fois que je constatais de tels comportements : je me souviens par exemple d’une fine toile d’araignée aperçue un matin le long d’un chemin, scintillant au soleil avec ses gouttes de rosée comme autant de joyaux, miracle fragile de beauté éphémère. Je décidais de la prendre en photo ; mais le temps de retourner chez moi pour chercher mon appareil, lorsque je revins sur les lieux une demi-heure après, la petite merveille avait disparu et la branche qui la soutenait gisait sur le sol, brisée et piétinée.

Pourquoi faut-il que certains d’entre nous éprouvent depuis l’enfance ce besoin de détruire systématiquement ce qui est fragile et vulnérable ? Que dire du comportement banal de ces enfants qui fouettent les feuilles des arbres avec un bâton pour les réduire en bouillie, ou écrasent à coups de talon des insectes qu’ils ont pu attraper ? Quelle jouissance se cache-t-elle sous ces comportements ? Serait-ce lié au fait que ce qui est différent nous insupporte ? Est-ce en raison d’une sensation diffuse de notre propre vulnérabilité, qui nous pousserait à détruire plus vulnérable que nous ?

Nous en reparlerons dans le message suivant.

Renaud CHEREL


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    Pourquoi la violence ?
    Sur la défensive
    L'agressivité passive, mécanisme de défense

lundi 3 décembre 2012

Bien reformuler, un exercice délicat


Reformuler pour bien se comprendre
Nous avons vu dans le dernier message (voir Reformulation) que la reformulation était un outil précieux de communication, c’est pourquoi elle est beaucoup utilisée par les professionnels de l’écoute. Mais, pour que la communication soit de qualité, ne perdons pas de vue que la relation établie avec la personne est plus importante que l’outil utilisé. Autrement dit, si la reformulation est réduite à son seul aspect technique, elle risque de ne plus rien apporter et même devenir néfaste.

Le psychologue américain Carl Rogers, à l’origine de l’approche centrée sur la personne, recommande de se centrer sur l’individu plutôt que sur le verbe et d’avoir un accueil inconditionnel de l’autre. Cela ne signifie pas une approbation totale de l’autre personne, mais son acceptation telle qu'elle est, ici et maintenant, avec le cadre de référence qui lui est propre : une attitude humaine, chaleureuse et encourageante.

Cela entraîne une prise en compte de la communication non verbale dans la reformulation. En effet, ce qui passe par la gestuelle (non verbal) mais aussi par le ton de la voix (paraverbal) a un poids prépondérant dans nos échanges. Le non verbal peut changer le sens des mots que nous prononçons au point de signifier le contraire : par exemple dans la raillerie.

Ce non verbal, très partiellement contrôlable, reflète notre pensée consciente ou inconsciente. Plus notre pensée est en accord avec ce qui est dit – ce qu’on appelle la congruence – et plus l’interlocuteur se sent en confiance, car il perçoit, au moins partiellement, cet accord entre ce qui est dit et ce qui est pensé.

Par exemple, si votre interlocuteur dit : « je suis inquiet sur ce point… » alors que sa gestuelle non verbale indique un état d’inquiétude extrême, vous pouvez reformuler en reprenant : « Vous êtes vraiment très inquiet ? ». Vous avez réagi par une question fermée, mais formulée avec confiance et considération, prenant soin de laisser à la personne la possibilité de répondre éventuellement « non, pas exactement… » Autrement dit, la reformulation, tout en prenant en compte ce qui n’a pas été dit verbalement, laisse l’interlocuteur libre de sa réponse et de son cheminement.

Reformuler par la question « vous êtes inquiet ? » serait probablement insuffisant. La reformulation proposée intègre le verbal et le non verbal de l’interlocuteur, avec une intonation légèrement interrogative. On peut parfois ne reformuler que le non verbal. Par exemple si une personne dit : « ça va bien » avec une grimace exprimant la douleur ou l’inquiétude, on peut réagir par une question du genre : « Quelque chose vous préoccupe ? » On ne cherche pas là à interpréter, mais plutôt à entendre ce qui se dit hors des mots.

La difficulté tient au fait que la reformulation, dans le choix des mots et l’attitude non verbale, ne doit être ni trop affirmative, ni trop interrogative. Dans le premier cas, elle risque d’enfermer l’interlocuteur dans un propos qui n’est pas le sien ; dans le second, votre interlocuteur peut penser que vous n’avez rien compris.

La reformulation est donc un exercice délicat, qui demande à être travaillé pour être bien utilisé.

Pour aller plus loin… (ajouté le 31/05/2013)

Rappel : la reformulation n’est pas d’abord une technique, mais fait partie d’une façon d’écouter, au service d’un objectif que l’on pourrait résumer ainsi : montrer à l’interlocuteur qu’il est écouté, considéré en tant que personne et reconnu dans sa spécificité. Par contre, la reformulation appliquée systématiquement peut s’avérer stérile. Voici quelques exemples de reformulations tirées de mon expérience personnelle.

Reformulation en écho (ou perroquet)
Il s’agit de reprendre les mots prononcés par l’interlocuteur. C’est l’intonation mise dans cette reprise qui va motiver la personne à développer. Exemple :
    -« Pour l’instant, je n’ai toujours pas de mission. »           
    -« Pas de mission ? »
    -« Non, pas tout à fait. Je vous résume la situation… »
On peut aussi reprendre la même expression, mais en changeant la personne du verbe. Par exemple ci-dessous, le « je » est renvoyé en « tu » en écho :
    -« J’ai arrêté mes relations avec ces gens. »           
    -« Tu as arrêté tes relations ? »       
    -« Oui, ils étaient trop négatifs, ils me critiquaient… »

Reformulation en miroir (ou en reflet)
Dans cette forme de reformulation, il s’agit de reprendre avec ses propres mots les dires de l’interlocuteur, mais sans déformer le propos et sans y ajouter d’interprétation. Exemple :
    -« Pour moi, le fait de construire ensemble est plus important que les choses que l’on fait. »           
   -« Si j’ai bien compris, vous accordez plus d’importance au fait d’agir ensemble, qu’au résultat obtenu ? »    
    -« Oui : quand on construit ensemble, il y a un échange, une addition des capacités et des qualités de chacun…
Cette reformulation commence souvent par des expressions comme : « si j’ai bien compris… », « en d’autres termes… », « autrement dit… »

Reformulation résumé (ou synthèse)
Il s’agit là de ramasser en une formule les détails donnés par l’interlocuteur. Par exemple :
    -« Il y a actuellement 22% de chômage dans cette région. On ne sait pas où trouver des liquidités, tout le monde fait des économies, et les banques ne prêtent pas facilement… »            
    -« Vous voyez donc beaucoup d’obstacles économiques et financiers au lancement de votre affaire ? »       
    -« En effet ; mais d’un autre côté… »

Reformulation clarification (ou d’élucidation)
Cette reformulation va inciter l’interlocuteur à préciser des points qui ne paraissent pas clairs ; celui-ci est amené à confirmer ou infirmer la reformulation proposée. Par exemple :
    -« J’ai rencontré une personne de mes relations privées. »
    -« Tu veux parler d’une amie ? »     
    -« Oui, une amie ; elle m’a dit que… »
Autre exemple :
    -« Il y a une grande différence entre ce que je suis à l’extérieur et ce que je suis à l’intérieur. »  
    -« À l’intérieur de vous-même ? »   
    -« Non, à l’intérieur de la maison… »
Ce type de reformulation est très utile pour lever les ambiguïtés ; sans quoi, on peut parfois se rendre compte au bout d’un certain temps que chacun des deux interlocuteurs parlait en fait de choses différentes.

Reformulation interprétation
Souvent, l’interprétation va s’appuyer sur des éléments non verbaux : ton de la voix, mimiques, gestuelle… Par exemple :
    -« Je trouve que la vie est très difficile quand on est idéaliste… »
    Ce disant, la personne fait une moue expressive.
    -« Vous avez des regrets ? » 
    -« Non, je ne dirais pas comme ça ; mais c’est vrai qu’au fond j'en ai… »

Ce type de reformulation est à utiliser avec prudence, car l’interprétation peut orienter le propos. Or, le but de la reformulation n’est pas d’orienter vers un sujet qu’on voudrait aborder, mais bien de permettre à l’interlocuteur de s’exprimer plus complètement.


Renaud CHEREL



Ce message vous a plu ? Vous pouvez voir aussi dans ce blog :
    Reformulation
    Une ambiguité nécessaire
    Comment améliorer son écoute

Liens externes :
   http://www. maieusthesie. com/nouveautes/article/reformulation. htm

lundi 26 novembre 2012

Reformulation

Reformuler pour vérifier que la communication passe dans les deux sens.

Ne vous est-il jamais arrivé de vous trouver en face d’une personne qui manifestement ne comprenait pas ce que vous lui dites, ou bien réagissait de façon surprenante face à une situation qui pour vous est relativement banale, ou bien encore exprimait des émotions disproportionnées par rapport à ce que vous aviez dit ou fait ?

Spontanément, j’ai tendance à croire qu’au fond, l’autre fonctionne à peu près comme moi. En réalité, dans une situation donnée, les ressentis de l’autre, sa façon de penser et de réagir ne sont pas les miens ; et souvent j’ai tendance à sous-estimer cette différence. Pour moi, il est évident que, face à telle circonstance, les gens « normaux » fonctionnent à peu près comme moi. Or, l’expérience montre que ce n’est pas forcément le cas ; et si l’autre, de son côté, croit que je fonctionne comme lui, la communication entre nous est sérieusement compromise, sans que ni l’un, ni l’autre en soit vraiment conscient.

Par ailleurs, un autre obstacle à la communication vient du fait que nous ne cessons pas d’interpréter les gestes et les dires des autres. D’un côté, cette interprétation est indispensable pour accéder aux émotions qui s’agitent derrière les mots de la personne, mais de l’autre nous pouvons facilement nous tromper dans notre interprétation. Par exemple, pendant une conférence, la personne que j’avais convaincue de venir avec moi ferme les yeux. Je peux penser : « Tiens, elle est fatiguée… » ou bien : « Zut, ça l’ennuie, je n’aurais pas dû lui proposer de venir… » alors qu’en réalité c’est sa façon de se concentrer sur ce que dit le conférencier.

La reformulation peut alors nous aider à apprécier la distance qui nous sépare et, dans une certaine mesure, à évaluer la part d’interprétation dans ce que nous croyons avoir entendu de l’autre.

Pourquoi reformuler ?
La reformulation fait partie des outils utilisés dans l’écoute active. C’est un outil très puissant dans beaucoup de situations de communication, notamment pour les éducateurs, les coaches, les parents vis-à-vis de leurs enfants. Plus généralement, la reformulation peut nous aider à mieux comprendre l’autre et avancer dans une négociation ou dans la résolution d’un conflit.

Comment reformuler ?
La reformulation peut se faire de plusieurs façons :
- En reprenant mot à mot les paroles de la personne ; a priori, cela peut paraître une bonne idée. Mais ne perdons pas de vue la finalité de la reformulation : montrer qu’on a compris ce qu’a dit l’autre. Or un magnétophone ne comprend rien, même s’il répète parfaitement ! C’est pourquoi la seconde manière est plus indiquée.

- En reprenant le sens de ce que j’ai compris des dires de la personne, avec mes propres mots : « Voilà ce que j’ai compris de ce que tu voulais dire… » Puis je vérifie si mon interprétation est la bonne : « Est-ce que tu es d’accord avec cela ? » ou bien : « Qu’est-ce que tu en penses ? »

Cette façon de faire me permettra d’améliorer nettement ma communication avec autrui.


Renaud CHEREL



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    Bien reformuler, un exercice délicat
    Points de vue
    Relations humaines
    Ambiguïté des mots
    Ecoute active

Bibliographie :

BELLANGER Lionel & COUCHAERE Marie-Josée : Les techniques de questionnement - Poser et se poser les bonnes questions, ESF Editeur, coll. Formation Permanente, Paris 2005, 172 pages.

Cet ouvrage propose une étude approfondie du questionnement, qui peut nous aider à formuler nos questions, que ce soit dans la conversation ordinaire ou dans le contexte professionnel, management, entretiens d’embauche, animation de groupe… J’ai bien aimé l’approche des éléments de connaissance dans une première partie, puis des exercices d’application pratique dans la seconde.

Liens externes :
    Fiche evaluation questions.doc Fiche synthétique très bien faite

lundi 19 novembre 2012

Accéder à la joie


Spectacle "Que ma joie demeure" (chorégraphie Béatrice Massin)
La joie me semble être un sentiment qui naît spontanément chez le petit enfant quand il se sent aimé, reconnu. L’enfant exprime aisément sa joie, son émerveillement devant le spectacle de la vie, qui pour lui offre de la  nouveauté à chaque instant. Par contre, en tant qu’adultes, nous sommes plus facilement gagnés par la lassitude, la morosité, face à un quotidien répétitif et routinier, même si parfois cette répétition d’habitudes, de rituels familiers, peut nourrir en nous un sentiment de sécurité. L’habitude finit par nous chloroformer, nous endormir, elle nous rend sourds et aveugles à ce qui se passe autour de nous et finit par générer l’ennui.
C’est pourquoi l’attrait de la nouveauté, qui nous sort de la routine, est un puissant ressort, utilisé depuis longtemps par le marketing. Notre société de consommation excelle à nous procurer une foule de moyens pour « tuer le temps », pour nous distraire ; mais souvent ces moyens sont très artificiels et nous laissent une impression de vide.

Alors, peut-on retrouver cet émerveillement de l’enfant, cette curiosité pour tout se qui se passe autour de lui ? Avons-nous encore à découvrir du beau et du bon dans le monde qui nous entoure ? Oui, certainement, car, quelle que soit notre expérience, nous sommes loin d’avoir épuisé toutes les possibilités du réel. Il y a sans cesse à découvrir du nouveau, de l’étonnant, du surprenant parfois dans notre environnement et dans nos relations avec les autres.

Une des raisons qui nous empêchent de goûter pleinement l’instant que nous vivons – et ainsi d’être dans la joie de vivre, tout simplement – c’est nous n’y sommes pas. Nous sommes rarement dans « l’ici et maintenant », mais plus souvent dans le rappel du passé ou la projection vers le futur. Certains vivent dans la nostalgie de moments heureux, le regret d’une époque qui ne sera plus, ou bien l’amertume, la colère par rapport à des opportunités ratées ou des événements malheureux qui n’auraient pas dû arriver. Pour d’autres, ils sont dans l’attente d’un avenir meilleur, dans la planification des événements futurs et de leurs conséquences, dans l’impatience ou dans la crainte de ce qui peut advenir prochainement.

Il est légitime, bien sûr, et même indispensable, tant au niveau individuel que collectif, de prévoir, de s’organiser pour l’avenir en fonction de l’expérience du passé. Mais que cela ne m’empêche pas de vivrepleinement le moment présent, en m’ouvrant vers l’extérieur à tout ce que je peux percevoir du réel par mes cinq sens, et vers l’intérieur à mes émotions et aux pensées qui traversent mon esprit. Alors, même les actes les plus minuscules de ma vie quotidienne peuvent acquérir du sens : ils s’intègrent comme des petits brins de laine de couleur dans la vaste tapisserie de ma vie. En soi, tel petit brin peut paraître sans importance, mais en prenant du recul par rapport à la tapisserie, je m’aperçois qu’il contribue à donner du relief à l’ensemble.

Être réellement présent à ma vie, être vraiment en relation avec les personnes qu’il m’est donné de rencontrer, c’est, je crois, un moyen très sûr d’accéder à la joie.


Renaud CHEREL




Ce message vous a plu ? Vous pouvez voir aussi dans ce blog :
    La joie

Liens externes :
    Approche pratique par une enseignante :
    Elle décide d'enseigner du bonheur a ses élèves moyenne version - Vidéo Dailymotion

    Approche philosophique de la joie :
    http://apprendre-la-philosophie.blogspot.fr/2011/05/la-recherche-du-bien-et-du-bonheur.html  

lundi 12 novembre 2012

La joie


Femme joyeuse (Ferdinand Hodler)
La joie est une des émotions humaines de base ; cependant, nos façons de l’exprimer sont très variables.

Octave est un sportif de haut niveau en athlétisme. Il exprime une joie mitigée à l’issue d’une compétition : « Mon premier sentiment c'est la joie d'avoir gagné, d'avoir réussi à défendre mon titre. Je reconnais avoir eu un peu peur d'avoir perdu, et il y a eu un peu de soulagement quand j'ai vu le résultat… »

Certains en parlent moins facilement que des émotions dites négatives comme la peur, la colère, la tristesse.
Michaël reconnaît : « J’ai du mal à montrer ma joie... Pour entraîner les autres, oui, je montre de l’enthousiasme, une certaine émotion ; mais dans le domaine personnel, je ne suis pas très convaincant. »

D’autres s’obligent à afficher une joie qu’au fond ils n’éprouvent pas : « Mon schéma, c’est simple, dit Hilda : on n’exprime pas d’émotion, on est toujours dans la bonne humeur, dans la joie. Tout ce qui est négatif, on le met de côté, on n’a pas le droit de le regarder. Il faut avancer dans la réussite, il faut plaire à papa - maman. »

Rolande, elle, exprime volontiers sa joie : « Je suis curieuse de tout et pour moi, le désir est source de joie. Par exemple, la culture me fait bouger, c’est quelque chose qui m’apporte de nouvelles idées, de nouveaux points de vue : je me dis tiens, cela je ne l’aurais pas vu comme ça… ça me donne de la joie. »

On pourrait dire que la joie est l’émotion – ou mieux, le sentiment – de base du bonheur. Le mot sentiment me semble plus adapté pour décrire la joie, car celle-ci s’inscrit dans une certaine durée, alors que l’émotion est éphémère. En ce sens, la joie peut être assimilée à un état dynamique, le bonheur étant, lui, un état idéal de satisfaction complète et durable, donc plus statique. Pour exprimer la joie avec des nuances différentes, on peut parler d’allégresse, de contentement, de jubilation, d’exaltation, de félicité… Je décrirais la joie comme un sentiment profond qui anime la personne et demeure présent même dans les épreuves.

On pourrait penser que la joie dépend d’abord des conditions matérielles dans lesquelles on vit. C’est vrai dans une certaine mesure ; pourtant, en regardant autour de moi dans ma famille et mes amis, en écoutant mes clients me confier leurs problèmes au cours d’un coaching, le lien entre les conditions de vie et le sentiment de joie ne me parait pas si évident. Qui n’a pas fait ce constat ? Bien des personnes disposant de revenus élevés et vivant dans des conditions matérielles très confortables souffrent d’angoisses, d’inquiétudes, de tristesse, d’envie, de jalousie et d’autres maux de l’âme. Inversement, certains individus, apparemment moins favorisés par l’existence, semblent au contraire pleins d’enthousiasme et de confiance dans la vie et n’hésitent pas à manifester leur joie.

D’où vient cette différence ? Et comment retrouver la joie ? Je vous proposerai quelques pistes dans le prochain message...

Renaud CHEREL



Pour aller plus loin...
J'ai réuni dans le tableau ci-dessous (non exhaustif) quelques expressions exprimant différentes formes de joie :
Adjectif (je me sens…)
Nom (plein de…)
Affectueux
Affection
Aimant
Amour
À l’aise
Aise
Alerte

Allégé
Légèreté
Allègre
Allégresse
Amical
Amitié
Amoureux
Amour
Animé
Animation
Apaisé
Apaisement
Attendri
Tendresse
Aux anges

Béat
Béatitude
Bien disposé

Bouleversé
Bouleversement
Câlin

Calme
Calme
Chaleureux
Chaleur
Comblé

Conciliant
Conciliation
Confiant
Confiance
Confortable
Confort
Content
Contentement
De bonne humeur

Décontracté
Décontraction
Délivré
Liberté
Détendu
Détente
Doux
Douceur
Dynamique
Dynamisme
Effervescent
Effervescence
Égayé
Gaieté
Ému
Émotion
Enchanté
Enchantement
Encouragé
Encouragement
Énergique
Énergie
Enflammé
Flamme
Enjoué
Enjouement
En pleine forme

En sécurité
Sécurité
Enthousiaste
Enthousiasme
Entraînant
Entrain
Épanoui
Épanouissement
Espérant
Espérance, Espoir
Espiègle
Espièglerie
Euphorique
Euphorie
Éveillé
Éveil
Exalté
Exaltation
Excité
Excitation
Expansif
Expansion
Extatique
Extase
Exubérant
Exubérance
Exultant
Exultation
Fier
Fierté
Frémissant (de joie…)
Frémissement
Gai
Gaieté
Galvanisé

Gonflé à bloc


Gratitude
Harmonieux
Harmonie
Heureux
Bonheur
Hilare
Hilarité
Impliqué
Implication
Insouciant
Insouciance
Inspiré
Inspiration
Intensément présent
Présence
Joyeux
Joie
Jubilatoire
Jubilation
Léger
Légèreté

Liesse
Libre
Liberté
Nonchalant
Nonchalance
Nourri
Nourriture
Optimiste
Optimisme
Ouvert
Ouverture
Paisible
Paix
Passionné
Passion
Pétillant
Pétillement
Pétulant
Pétulance
Plaisant
Plaisir
Posé

Proche
Proximité
Quiet
Quiétude
Radieux
Rayonnement
Rafraîchi
Fraîcheur
Ragaillardi

Rassasié
Rassasiement
Rasséréné

Rassuré
Assurance
Ravi

Rayonnant
Rayonnement
Reconnaissant
Reconnaissance
Régénéré
Régénération
Regonflé

Réjoui
Réjouissance
Relaxé
Relaxation
Remonté

Resplendissant
Splendeur
Revigoré
Vigueur
Rieur
Rire
Satisfait
Satisfaction
Sécurisé
Sécurité
Sensible
Sensibilité
Serein
Sérénité
Soulagé
Soulagement
Submergé (de joie)

Sûr de soi
Assurance
Surexcité
Surexcitation
Tendre
Tendresse
Tonique
Tonicité
Tranquille
Tranquillité
Tranquillisé
Tranquillité
Transporté (de joie)
Transport (de joie)
Vibrant
Vibration
Vif
Vivacité
Vivace
Vivacité
Vivant
Vie
Vivifié
Vie
Zélé
Zèle

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