Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 22 février 2016

Libérer son intuition


Différents obstacles peuvent s’opposer au recours à notre intuition.

Le premier obstacle est sans doute lié à notre éducation : celle-ci, et particulièrement en France, nous incite à faire usage avant tout de la raison, de la rationalité. Et l’on ne peut nier que la prépondérance de la raison sur l’irrationalité et l’obscurantisme ait constitué un immense progrès dans l’histoire sociale : on ne brûle plus les sorcières aujourd'hui dans notre pays, du moins physiquement. Mais, héritiers du culte de la déesse Raison, peut-être sommes-nous parfois allé trop loin dans ce sens en cherchant à nier une part essentielle de notre réalité ; car nous ne sommes pas que des êtres rationnels, nous possédons en nous-mêmes d’autres dimensions, d’autres richesses. Si je me trouve dans ce cas, un premier travail pour libérer mon intuition consiste donc à m’éveiller à ma petite musique intérieure, à ce qui s’exprime subtilement en moi par des émotions, par d’imperceptibles réactions du corps, ou encore par des impressions ou des pensées qui peuvent me sembler déraisonnables.

Un second obstacle peut résider dans le manque de confiance en soi : je ne crois pas en moi, et par conséquent je ne crois pas en mes intuitions. Pour la plupart du mes choix, j’hésite et j’ai besoin de l’accord, de l’assentiment de quelqu’un d’autre pour prendre une décision.

Un troisième est la tendance à se tourner vers le négatif, à considérer d’abord ce qui ne va pas, tendance qui peut amener le regret et l’insécurité. Souvent liée à une trop grande centration sur soi, la négativité peut paradoxalement empêcher d’être réellement à l’écoute de soi-même et de sa propre intuition.

Ayant identifié les obstacles, les meilleurs moyens d’être à l’écoute de son soi intérieur procèdent de la relaxation. Vous pouvez par exemple utiliser les techniques de recentrage, en travaillant sur la respiration. Installé confortablement, expirez longuement, puis inspirez calmement et profondément en relâchant vos muscles. Répétez pendant plusieurs minutes de façon à vous détendre complètement. Une fois détendu, imaginez que vous déplacez votre conscience dans votre ventre. Posez-vous alors la question : « De quoi ai-je besoin d’être plus conscient ? »

Si vous cherchez à résoudre un problème, une autre technique consiste, après une phase de respiration profonde, à placer successivement votre conscience dans les différentes parties de votre corps. À chaque endroit, restez uniquement en relation avec vos sensations, impressions et émotions, puis posez-vous la question « Qu’est-ce que cette partie dirait face à mon problème ? »

Une autre technique, proposée en PNL, consiste à vous placer dans un endroit avec votre problème à l'esprit en disant tout haut : "je pense ceci, je ressens cela". Puis avancez d’un pas et faites de même. Recommencez ainsi plusieurs fois. Comme l’esprit est lié au corps et que notre corps est sensible à son positionnement dans l’espace, ces positions produiront des effets différents. Laissez ensuite votre intuition choisir la bonne piste.

Dans tous les cas, il s’agit de garder un espace d’ouverture pour que votre intuition puisse s’exprimer ; elle vous sera alors d’une aide précieuse.


Renaud CHEREL


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    Intuition


lundi 15 février 2016

Intuition

On parle volontiers d’intuition féminine ; en réalité, nous possédons tous cette capacité. Les grands artistes, les créateurs, les explorateurs, les scientifiques et les chercheurs, qu’ils soient hommes ou femmes, utilisent leur intuition, qu’Einstein définissait comme une « sensation au bout du doigt ». Pour vous et moi, l’intuition peut se manifester par une certitude immédiate, par une petite voix intérieure, ou bien encore par des sensations corporelles qui jouent le rôle d’avertisseurs. Encore faut-il se mettre à l’écoute de ces manifestations particulières : car l’intuition se cultive, se travaille et s’aiguise au quotidien. Certains prennent en compte très facilement leur intuition dans les décisions de la vie quotidienne, d’autres au contraire l’ignorent ou bien la refoulent comme si c’était une mauvaise conseillère.

Roland Jouvent, professeur de psychiatrie, explique : « La capacité intuitive consiste à percevoir des éléments contextuels et à les agencer de manière adaptative pour trouver une solution nouvelle dans un programme préétabli ou dans une situation répétitive. ».

Contrairement à l’intelligence rationnelle qui analyse les faits et qui se base sur des éléments comme la répétition pour en tirer des règles logiques, l’intuition fonctionne d’une manière globale, en prenant en compte l’ensemble des informations dont nous disposons via nos différents sens : on peut parler d’un fonctionnement holistique. Elle est capable d’intégrer l’ensemble des données de notre environnement, en utilisant notamment des informations sensorielles captées par notre cerveau mais qui demeurent en dessous du seuil de conscience. Par ce moyen, notre cerveau parvient directement aux conclusions pertinentes et nous permet de prendre des décisions rapides et efficaces sans avoir eu conscience des perceptions subliminales auxquelles il a eu recours pour ce faire.

Une façon de voir l''intuition qui associe à l'intelligence rationnelle
(en bleu) l'intelligence émotionnelle (en vert)

Ainsi branchés sur nos sens, réceptifs à nos émotions et à notre « petite musique intérieure », nous pouvons percevoir ce qui est vraiment bon ou mauvais pour nous. Quelle relation laisser tomber et sur laquelle investir ? Quelle proposition refuser ou au contraire accepter ? Quel risque prendre, quelle direction suivre ? Puis-je faire confiance à cet interlocuteur ? L’intuition peut s’avérer une boussole efficace, une invitation à l’autonomie, et nous fournir la capacité de décider au plus près de nos besoins, de nos envies et de nos compétences. C’est ainsi que notre intuition peut améliorer grandement nos choix et finalement notre vie.

Pourtant, bien des gens étouffent leur intuition pour privilégier la logique. Les conséquences en sont d’autant plus fortes quand on se trouve dans une activité relationnelle, que ce soit dans la vie privée ou le domaine relationnel. Les managers les plus charismatiques sont ceux qui font appel à leur intuition. En laissant leur réflexion prendre des détours qui peuvent paraître irrationnels, ils gagnent en perspicacité et décident plus sûrement, car ils prennent en compte l’ensemble du contexte, à la fois technique et humain.

Qu’est-ce qui nous empêche de faire confiance à notre intuition et de l’utiliser plus fréquemment ? Les obstacles sont peut-être liés à notre éducation, qui valorise la rationalité, surtout pour les garçons. Nous verrons dans le prochain message comment se débarrasser de ces obstacles pour libérer notre intuition.


Renaud CHEREL


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    Prise de décision
    Les atouts de nos émotions
    Etre présent à mes cinq sens

lundi 8 février 2016

Le langage influence-t-il notre pensée?


Même si nous agissons et éprouvons des émotions directement, sans forcément les exprimer verbalement, nous construisons notre monde intérieur essentiellement par le truchement du langage. Et c’est en mettant des mots sur les expériences traumatiques que nous pouvons les gérer. Alors le langage que nous utilisons influence-t-il notre pensée ? Un Finnois, un Français ou un Chinois voient-ils le monde de la même manière ? Même si les grandes familles d’émotions sont les mêmes pour tous, l’usage d’une langue particulière nous ouvre une fenêtre originale sur le monde, et par conséquent chaque langue nous fait apparaître le monde différemment.

Pour illustrer mon propos de façon concrète, je vous propose quelques exemples tirés de mon expérience personnelle.

- En apprenant l’arabe dialectal algérien, je me suis rendu compte que dans ce dialecte, les verbes ne se conjuguent pas au futur. Il faut pour cela passer par l’artifice d’une locution verbale. Pour une personne qui ne connaît que cette langue, cela a forcément des conséquences sur sa manière de penser : sa façon de se projeter dans l’avenir ne sera pas la même que la mienne, locuteur français.

- J’aime pratiquer la langue de Shakespeare, et j’ai rapidement découvert que, même si celle-ci est assez proche de la nôtre, on ne pense pas tout à fait de la même façon en anglais qu’en français. Les tournures de phrases sont beaucoup plus concrètes, alors que le français part volontiers dans l’abstraction. Pas étonnant que l’anglais ait tant de succès à notre époque très axée sur l’aspect matériel des choses, alors qu’au siècle des Lumières, le français dominait.

- La symbolique des mots varie selon les langues. En français, le mot « mer » est phonétiquement lié à « mère », et « la mère » se prononce de la même façon que « l’amer ». Pour un locuteur français, des liens sémantiques se tissent inconsciemment entre ces trois concepts, car l’inconscient ignore l’orthographe. Cependant, pour un locuteur anglais, mère se dit mother, mer se dit sea et amer se dit bitter : aucune ressemblance de forme entre ces trois mots. J’en déduis que, pour un anglophone, le réseau sémantique développé dans la tendre enfance sera forcément différent du mien.

- Pour écrire le mot « paix », un Chinois emploiera l'idéogramme qui est composé de la clé « femme » sous la clé « toit » : le concept de la paix est représenté par l’image d’une femme sous un toit. Donc, pour une personne chinoise sachant écrire, l'idée de la paix est très fortement liée avec l'idée de la femme à l’intérieur de la maison.

- Plus curieux encore : les langue utilisant des idéogrammes, comme le chinois, sollicitent davantage l’hémisphère droit du cerveau, alors que les systèmes alphabétiques sont contrôlés par l’hémisphère gauche. Or le cerveau gauche est davantage spécialisé dans le travail analytique et linéaire, alors que le droit est plus orienté vers la synthèse, les images et les émotions. La pensée d’un Chinois ne procède donc pas de la même façon que celle d’un Français !


Renaud CHEREL


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lundi 1 février 2016

Pour sortir de l'égocentrisme

Se prendre pour le centre du monde, c’est une attitude relativement immature par laquelle, nous l’avons vu, l’être humain passe au cours de son développement. Au passage, nous pouvons noter que les sociétés, elles aussi, passent par ce stade avec la perception collective de la place du groupe, de la nation, puis de la terre au centre de l’univers, perception qui a évolué très lentement dans l’Histoire. Aujourd'hui nous sortons de l’anthropocentrisme en reconnaissant que notre planète n’est qu’un point minuscule dans notre galaxie, laquelle n’est qu’un élément semblable à des centaines de milliards d’autres.
Pour en revenir au niveau individuel, il peut arriver à l’un ou l’autre de conscience d’être assez égocentrique et de se retrouver, de ce fait, relativement isolé. Comment se libérer de son égocentrisme ?

La première étape, c’est de bien se connaître pour en prendre conscience, et cela est valable pour tous les domaines : tant que je ne reconnais pas ma carence ou ma tendance, je ne pourrai pas changer ou me corriger. Dans le cas de l’égocentrisme, il me faut prendre conscience de mes besoins et du fait que je demande aux autres de les combler. Accepter mes imperfections, m’admettre tel que je suis et en même temps reconnaître l’autre pour ce qu’il est, souvent bien différent de moi, avec les valeurs et les préoccupations qui sont les siennes.

Concrètement, il s’agit d’apprendre de nouveaux comportements :

- Écouter sans interrompre ni penser « oui mais moi je… ». 
         
- Ne pas attendre toujours des compliments de la part des autres : s’ils me sont adressés, je les reçois comme un cadeau ; sinon, je poursuis ma route.
            
- Accepter que les autres fassent différemment de moi : il y a souvent plusieurs façons différentes de faire les choses pour aboutir au même résultat. 
      
- Être plus attentionné envers les autres, en étant plus respectueux de leurs façons de faire ou de leurs opinions, en réfléchissant à ce dont ils ont besoin, avant de penser à mes besoins propres ou encore en me réjouissant de leur réussite plutôt que d’en ressentir de la jalousie ou de la colère. Bref, en traitant les autres de la façon dont moi-même j’aimerais qu’on me traite.
  
Etre dans l'attention à l'autre...
- Étendre mon réseau de relations à des personnes très différentes de moi, par leur personnalité, leur milieu social, leur mode de vie : leurs goûts, leurs manières d’être et leurs points de vue différents des miens contribueront à m’ouvrir de nouveaux horizons.

Puisqu’il s’agit d’un nouvel apprentissage, je le mène de façon progressive, comme pour un entraînement sportif : je m’y exerce par exemple une heure dans la semaine, puis deux, puis une journée, avant que cela ne devienne un réflexe utilisé en continu. Et comme dans tout apprentissage, il peut y avoir des hauts et des bas, des progrès et des rechutes ; mais, le sachant à l’avance, je ne me décourage pas. Au besoin, j’en parle à une personne de confiance qui saura m’encourager ou me secouer quand ce sera nécessaire.

Ce décentrement de soi ne pourra vous apporter que joie et sérénité !


Renaud CHEREL


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