Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 23 février 2009

Fin d'hiver

L'hiver tire à sa fin. Beaucoup d’arbres ont laissé tomber leurs feuilles et les écureuils ont amassé des provisions. Il n'y a pas si longtemps, nos ancêtres devaient se demander : « Avons-nous récolté et stocké assez de provisions pour traverser tout l’hiver ? » Ceux qui avaient des surplus étaient invités à les offrir à leurs proches et aux plus nécessiteux. Et au moment de Noël, nous avons gardé l’habitude d’offrir des cadeaux à nos proches et à nos connaissances.

L'hiver est un moment de conservation et de réapprovisionnement. L’hiver nous permet de nous poser des questions – et éventuellement trouver des réponses – au sujet de qui nous sommes, de pourquoi nous sommes ici sur cette terre, et quels cadeaux nous apportons à la communauté à laquelle nous appartenons.

Les arbres ont transféré à leurs réserves profondes l’énergie contenue dans leurs feuilles jusqu'à leur tronc et leurs racines. En hiver, la vie est intérieure et souterraine : c’est vraiment le bon moment pour se permettre de rêver sans entrer dans l’action immédiate. Ce devrait être le moment d’imaginer ce qui pourrait arriver, sans s’obliger à considérer les contraintes ou à obtenir des résultats immédiats !

N’êtes-vous jamais sorti un matin après une lourde chute de neige, et éprouvé cette tranquillité immaculée, où tous les bruits sont amortis ? L'hiver est une période d’écoute – de nous-mêmes, de l’autre, du silence. C'est une période où nous pouvons nous donner la permission de ne pas savoir, de laisser courir des possibilités ouvertes et non résolues. En hiver, les arbres ne sont plus protégés par leurs feuilles, et donc nous pouvons voir leur structure fondamentale : il est plus facile de voir l'essence des choses en hiver, saison où nous sommes naturellement appelés à l’être plutôt qu’à l’avoir. (Voir le message Être et avoir)

Les plantes se reposent en hiver, rassemblant leurs forces de façon à pouvoir redémarrer au printemps. Pour nous-mêmes, si nous nous permettons vraiment de reconstituer nos réserves en hiver, nous aurons bien plus de forces pour redémarrer au printemps.

Alors, tout cela s’accorde-t-il avec la société dans laquelle nous vivons ? Pas très bien ! La période d’hiver est l’une des plus actives de l’année, nous n’arrêtons pas de courir ! Dans notre culture, nous sommes constamment invités à faire plus, devenir plus fort, gagner plus d'argent, avoir plus d'amis, acheter une plus grande maison, acquérir plus de biens, obtenir un meilleur travail...

Mais, comme le dit la sagesse chinoise, la nature nous prouve que ce qui est plein sera vide un jour. Ce qui monte doit descendre. Un objet exposé à une forte lumière projette une ombre dense. Ainsi, chacun de nous doit faire face à des périodes sombres, à l’intérieur de lui-même comme à l’extérieur, comme il a aussi des périodes lumineuses, en les acceptant les unes et les autres.

Les perce-neige annoncent le réveil de la nature
et le retour du printemps
Notre culture est totalement tournée vers le printemps et l’été – j’en reparlerai – et elle ignore l’automne et l’hiver. Pourtant, l’hiver nous appelle à regarder notre vie, à nous poser des questions difficiles : Est-ce que je vis vraiment la vie que je voudrais vivre ? Ou bien est-ce que je me conforme à un modèle de vie édicté par quelqu'un d'autre, mes parents, mes proches, les gens de mon milieu social ?


Renaud CHEREL  




Voir aussi dans ce blog :
    Début d'hiver
    Neige

lundi 16 février 2009

Atteindre ses objectifs

Une bonne façon d’avancer dans ce que nous voulons faire (ou ce que nous devons faire) consiste à se fixer des objectifs et à les tenir.
Atteindre ses objectifs (dessin R. Cherel)

Cela paraît évident, mais ce n’est pas toujours aussi facile qu’il n’y paraît. Jean-Pierre devait rendre un rapport fin de semaine dernière, mais le document n’est toujours pas terminé et attend sur son bureau. Justine avait prévu de réorganiser l’appartement mais rien n’est encore fait.

Voici quelques questions simples à se poser pour arriver plus sûrement à atteindre ses objectifs :

- Quelle est la situation présente ?
Le fait de m’arrêter un instant pour évaluer la situation d’où je pars me permettra de mieux estimer la somme de travail nécessaire afin d’atteindre mon objectif.

- Quel est précisément mon objectif ?
Pour être plus efficace, j’ai absolument besoin de connaître mon point de départ et mon point d’arrivée. Il est important que l’objectif soit bien défini. On trouve de multiples façons de caractériser un objectif ; personnellement, j’aime bien dire qu’un objectif doit être SMAC.
S comme Spécifique : l’objectif doit être concret, on doit pouvoir le schématiser. « J’aimerais pouvoir partir en vacances », dit Christelle. Pour arriver à prendre une décision, il lui faut pouvoir dire : « Je veux aller à tel endroit à telle période et pendant tant de temps. »
M comme Mesurable : il me faut définir des critères permettant de dire que j’ai atteint l’objectif. Si mon objectif est complexe, je peux l’assortir de critères d’évaluation, en utilisant des échelles.
A comme Atteignable. Si je me donne comme objectif d’atteindre la planète Mars dans les 6 mois, est-ce atteignable ? Cela n’empêche pas la NASA de se donner ce même objectif dans les 20 ans à venir...
C comme Challenge : pour me motiver, il faut que mon objectif me donne envie, qu’il soit comme un défi à relever.

- Faut-il être perfectionniste ?
Cela dépend beaucoup du contexte ; dans certaines situations, le problème doit être parfaitement résolu ; dans d’autres au contraire, il peut être réaliste de se dire qu’en traitant la question à 90% - ou à 99% - le problème sera considéré comme résolu. En effet, dans beaucoup de cas, les derniers pourcents d’amélioration demandent une part énorme d’énergie et il peut être intéressant de se fixer une limite supérieure au-delà de laquelle on considère que l’on perd son temps.

- Quels sont les obstacles ?
Qu'est-ce qui m’empêche d'obtenir ce que je veux ? Définir les obstacles internes (qui dépendent de moi) et les obstacles externes. Qu’est-ce que je suis prêt à abandonner ?

- Enfin, dernière question mais non la moindre : Quels sont les enjeux ?
C’est la notion très importante des conséquences de mes choix. Quels sont les bénéfices et inconvénients de l’atteinte de cet objectif ? Autrement dit, les conséquences de l’objectif, ce qu’il va m’apporter. Si je n’atteins pas cet objectif, que va-t-il se passer ? Les enjeux permettent de clarifier l’objectif. Si pas d’enjeu, pas de motivation !
L’énergie n’est pas dans l’objectif, elle est dans les enjeux qui lui sont liés.

Les marches du succès

Renaud CHEREL 



Voir aussi dans ce blog :
    Essentiel et accessoire
    Impatience
    La fin justifie-t-elle les moyens?

Liens externes : 
    http://www.webdlambert.com/objectifs.html

lundi 9 février 2009

Acquérir la maîtrise

Myamoto Musachi, maître de sabre japonais
Un Maître de sabre reçut un jour un confrère. Il imagina alors une astuce pour présenter ses trois fils et le niveau qu'ils avaient atteint à son école. Il posa un vase en équilibre au-dessus de la porte de la pièce, de façon à ce qu'il tombe sur celui qui la ferait coulisser.

Enfin installés devant une tasse de thé, le maître appela son fils aîné. On entendit des pas approcher puis stopper net devant la porte ; l'ayant entrouverte doucement, le garçon saisit le vase et entra. Il replaça le vase dans la même position avant d’aller saluer les deux maîtres. « Voici mon fils aîné, dit le Maître, son niveau est maintenant bon, bientôt il sera maître à son tour. »

Il appela le second fils. Celui-ci entra sans hésitation et faillit bien recevoir le vase, mais au dernier moment, il l'esquiva et le rattrapa au vol. « Et voilà mon deuxième fils, il a encore un long chemin à parcourir. »

Vint le tour du plus jeune garçon qui entra brusquement, reçut l'objet en plein sur le crâne, mais avant que le vase n'atteigne le sol, il dégaina son sabre et le fracassa d'un coup. « Voici mon fils cadet, dit le Maître à son ami qui riait, il ne comprend pas grand chose à l'art du sabre mais enfin, il est encore jeune. »

On peut tirer quelques leçons d’une telle histoire ; voici celles que je vous propose, à vous d’en trouver d’autres...
Pour être capable d’atteindre la maîtrise dans un certain domaine, l’apprenti doit mettre en œuvre certaines qualités :
- Le sens de l’observation : c’est en étant attentif à son environnement, en voyant que la porte n’était pas fermée de la manière habituelle, que le fils aîné s’est douté de quelque chose. Suis-je assez attentif aux différents paramètres de la situation pour agir de la meilleure façon ?
- Le sens de l’adaptation : le second fils met à profit la souplesse et la rapidité de mouvement acquise à son entraînement de sabre pour rattraper le vase au vol sans le casser. Ai-je le réflexe d’utiliser mes savoir-faire et mes talents dans d’autres conditions que mon contexte habituel ?
- La maîtrise de soi : en réagissant trop instinctivement, le fils cadet ne se sert pas de son sabre à bon escient. Il en résulte un fort mal au crâne et un vase cassé. Ai-je le sang-froid nécessaire pour ne pas toujours agir selon ma première impulsion, mais proportionner mon geste à la situation ?

Cette histoire nous laisse entendre, et c’est vérifiable par l’expérience, que ces différentes qualités ne sont pas hors de notre portée, quel que soit le domaine où on les exerce. La maîtrise peut être acquise grâce à un travail d’apprentissage et maintenue par un entraînement régulier.



Elle est extraite du livre de Pascal Fauliot : « Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon », éd. Albin Michel, Paris, 1984. 


Renaud CHEREL  




Voir aussi dans ce blog :
    Faut-il chercher la perfection ?
    Faut il avoir de l'expérience ?
    Savoir encourager

Liens externes : 
    Comment acquérir la maîtrise totale de soi

lundi 2 février 2009

Logique et logiques

Parmi ses cadeaux de Noël, mon épouse a reçu un livre contenant 365 jeux de logique (un par jour de l’année) censés stimuler les neurones. Ces exercices, essentiellement basés sur de la logique mathématique, ne correspondaient pas vraiment au goût de Bernadette, qui a abandonné rapidement.

365 jeux de logique
Par contre c’est tout à fait le type d’énigmes que j’aime bien résoudre ; aussi, chaque matin au petit déjeuner, j’ai pris l’habitude d’en résoudre quelques-unes prises au hasard pour me mettre en forme intellectuellement. Jusqu’à maintenant, j’ai pu répondre à tous les problèmes présentés, sans trop de difficultés. Un seul m’a donné du fil à retordre ; il s’agissait de la série suivante qu’il fallait compléter : u – d – t – q – c – s – s – h ...

J’ai commencé à chercher les relations numériques qui pouvaient exister entre ces lettres, en utilisant les opérateurs logiques, l’addition, la soustraction, la multiplication et la division ; j’ai tenté de regrouper certains caractères... sans trouver de logique apparente dans cette séquence. Ce qui me gênait beaucoup, c’était la répétition de la lettre S, qui me faisait penser que la séquence contenait deux séries différentes dont les logiques amenaient indépendamment à cette lettre ; mais je ne trouvais pas ces deux séries. Bernadette vient prendre son petit déjeuner à côté de moi et me dit : « Oh, celui-là il est facile, c’est le seul que j’ai su faire ! »

Cette déclaration m’a permis de résoudre l’énigme immédiatement. En effet, sachant que Bernadette ne raisonne pas en termes de logique mathématique, j’ai exploré d’autres logiques... et j’ai aussitôt découvert que la séquence était la suite des initiales des nombres entiers Un, Deux, Trois, Quatre, Cinq...

J’ai trouvé cet incident très intéressant, car il mettait en évidence le fait que, souvent, on se focalise sur une façon d’aborder un problème en oubliant les autres manières de voir. Et cette tendance est encore renforcée si l’on a eu auparavant l’occasion de traiter efficacement un nombre de problèmes en utilisant une certaine méthode : par effet d’entraînement, on va avoir tendance à utiliser cette méthode efficace une fois de plus pour résoudre le problème nouveau. Et si l’on n’arrive pas à résoudre le problème, on va chercher à affiner sa méthode, à l’améliorer, sans envisager d’en changer complètement. Si j’avais eu à travailler d’emblée sur cette liste, je pense que je l’aurais résolue rapidement ; mais après avoir travaillé sur plusieurs problèmes de relations numériques entre les items, j’ai continué à utiliser la même logique et je m’y suis enfermé.

Cette leçon est valable pour d’autres aspects de la vie : avec l’expérience, nous avons construit plus ou moins consciemment des modèles de réponse à certains types de situations, ce qu’on appelle des heuristiques. En général, ces heuristiques s’avèrent efficaces et nous permettent d’économiser du temps et de l’énergie. Mais parfois il se trouve que la situation est vraiment nouvelle et que nos modèles de réponses – nos heuristiques – ne sont pas adaptés ; il nous faut alors casser la logique à laquelle nous sommes habitués pour en trouver une autre.

Si la méthode que vous utilisez pour résoudre un problème ne marche pas, sachez changer de méthode !


Renaud CHEREL  



Pour aller plus loin...

Connaissez-vous le problème des 9 points ? C'est un exemple classique de problème qui ne peut être résolu qu'en prenant du recul. L'énoncé est simple : il s'agit de relier les 9 points présentés ci-dessous par des lignes droites, sans lever le crayon.
Quel est le plus petit nombre possible de droites pour relier ces 9 points ?
Si vous avez tracé 5 droites, c'est pas mal, mais vous pouvez faire mieux, avec 4 droites...
Vous pouvez accéder à la solution en bas de cette page.

Voir aussi dans ce blog :
    Croyances et savoirs
    Heuristiques

Bibliographie :


Si vous aimez les énigmes, voici deux livres qui vous feront travailler :

Le livre qui rend fou de Raymond Smullyan, Dunod, 1999.
Ce petit livre propose des énigmes sous forme de jeux sympathiques, dont le niveau de difficulté va croissant : les premiers problèmes font appel à une logique simple, mais la suite se complique pour arriver à de vrais casse-têtes mathématiques. Il y en a pour tous les niveaux, de quoi passer de très agréables moments.


Le grand livre des énigmes mathématiques de Sylvain Lhullier, Marabout, 2009
L'originalité de ce livre, c'est d'avoir présenté les problèmes de logique sous forme d'énigmes dans le contexte de la Grèce antique : au fil des pages, vous aurez l'occasion de trouver l'âge des fils de Pythagore, de dénombrer des esclaves scythes et cappadociens, d'aider la déesse Héra à capturer Io, la maîtresse de Zeus, de compter les statues de Praxitèle ou d'identifier une fausse pièce en un minimum de pesées...


Liens externes :
    Les huit formes d'intelligence

Solution du problème des 9 points :
Il s'agit de sortir du cadre des points. En effet, une droite ne peut relier que 3 points au maximum. Si l'on reste dans le cadre des 9 points, sans lever le crayon, les droites successives se recoupent forcément en un point, ce qui diminue le nombre de points joignables par une droite : celui-ci passe à 2 puis à 1.

Par contre, la sortie du cadre permet, avec deux droites, de relier 5 points selon l'illustration ci-dessous :
Il reste donc 4 points à relier en deux droites, soit deux fois 2 points :
On peut se poser la question de savoir s'il serait possible de relier les 9 points en 3 droites seulement. Ce n'est pas possible, pour la raison énoncée plus haut : une seule droite ne peut pas relier plus de 3 points. Une fois la première droite tracée, il resterait 6 points à relier en deux droites ; pour ce faire, il faudrait deux droites parallèles, ce qui est interdit par l'énoncé (tant qu'on reste en géométrie euclidienne, où deux droites parallèles ne se recoupent pas).

Ce problème est intéressant, car il illustre concrètement l'intérêt de sortir du cadre. Or, dans la vie professionnelle autant que dans la vie privée, il nous arrive de "bloquer" sur un problème parce que nous n'avons pas su sortir de notre cadre de référence habituel. Un des intérêts du coaching, c'est justement de nous aider à sortir du cadre pour considérer la question que nous nous posons sous un autre angle, hors du cadre qui nous est familier : très souvent, alors, la solution se présente.