Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

dimanche 27 décembre 2009

Bilan et souhaits

Teddy qui travaille dans les services comptables et financiers d’une grosse PME, est sous pression ces dernières semaines : la fin de l’année, c’est le temps des bilans, et pour lui c’est un surcroit d’activité. Quels sont les secteurs qui ont bien marché ? Quels sont ceux à redresser ? Que disent les projections pour 2010 en fonction des prévisions des services Marketing et Commercial ?

Comme Teddy le fait pour son entreprise, il peut être bon pour nous de prendre le temps de faire un bilan personnel en ces derniers jours de l’année 2009. Une année qui s’en va, c’est quelque chose qui meurt, et ce peut être parfois avec une certaine nostalgie que nous nous remémorons de bons moments vécus. Mais en même temps c’est quelque chose qui naît, c’est une nouvelle année qui apparait… et donc c’est aussi le moment de se projeter sur un futur pas encore là mais riche de promesses. C’est pourquoi nous avons pris l’habitude de souhaiter – à nous-mêmes et aux autres – un certain nombre de choses, bonnes si possible.

N'attendons pas que le génie sorte de la lampe pour formuler nos souhaits !
Que nous souhaiter ? À mon sens, le mieux qu’on puisse se souhaiter les uns les autres, c’est d’être heureux… chose qui ne dépend pas forcément de notre état de richesse, des biens que nous possédons, de la quantité de choses que nous réalisons, du prestige dont nous jouissons auprès des autres, ni même de notre santé, si précieuse soit-elle. Peut-être les activités nombreuses qui nous occupent du matin au soir nous empêchent-elles de nous pencher sur les causes profondes de ce que nous appelons le bonheur. Quand nous sommes insatisfaits, nous nous imaginons que plus nous multiplions les activités, plus nos sensations s’intensifient et plus notre insatisfaction diminue. Nous courons après des biens, une reconnaissance ou des honneurs une bonne partie de notre vie. Et pourtant, force est de constater que nous ne trouvons pas facilement ce bonheur que nous recherchons...

Puissions-nous avancer avec nos doutes. Puissions-nous marcher sous la pluie battante, mais aussi trouver le temps de nous arrêter à l’abri quand c’est nécessaire. Puissions-nous nous rappeler que nous sommes aimés. Puissions-nous donner moins de conseils et écouter. Puissions-nous savoir quand nous en aller. Puissions-nous laisser tomber ce que nous ne sommes pas, nos vieux manteaux, et nous retrouver nous-mêmes de temps en temps. Puissions-nous patiemment faire germer ces petites graines de bonheur qui se trouvent sur notre chemin mais que nous ne voyons pas !

Bonne année 2010 !

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog : 
    Souhaiter ou présenter ses voeux
    Bonnes résolutions
    Bilan 2014
    Le blues de Noël

Début d'hiver

Le solstice d’hiver a lieu aujourd'hui 21 décembre : c’est pour nous, dans l’hémisphère nord, le jour le plus court de l’année… et la nuit la plus longue !

Parc sous la neige (photo R. Cherel)
L’hiver marque la fin d’un cycle saisonnier : les arbres ont perdu leurs feuilles, ces feuilles mortes que l’on foule au pied ; les branches sont à nu, la vie semble s’être arrêtée. Certains oiseaux ont fait leur migration vers des cieux plus cléments ; et bien des animaux se sont terrés dans leur retraite pour hiberner. Le vent souffle en rafales, il pleut, il fait froid, la pluie fait parfois place à la neige comme ces derniers jours… C’est aussi la saison où, pour les plus fragiles d’entre nous, des désagréments physiques réapparaissent et provoquent des douleurs en tous genres. C’est pourquoi l’entrée dans la saison d'hiver peut évoquer chez certains des craintes, des inquiétudes.

Psychologiquement aussi, l’hiver est éprouvant, quand certains projets sont suspendus, que l’enthousiasme est au plus bas et que les choses bougent trop lentement à notre gré. Pourtant, si vous pouvez reconnaître la qualité d’énergie et des sensations propres à l’hiver, alors cette saison sombre peut devenir un beau temps de repos, de renouvellement et de créativité.

Les jours plus courts et plus froids de l'hiver nous invitent naturellement à rester à la maison, à nous installer confortablement, et à dormir davantage. Malheureusement, ce rythme naturel est souvent contraire à celui imposé par notre société… Souvenons-nous tout de même que le « burn-out » peut provenir d’un non respect prolongé de nos rythmes naturels, associé au stress. À chacun donc de s’organiser au mieux pour concilier ces exigences parfois contradictoires.

C’est aussi le moment de porter plus d’attention à ce que nous vivons intérieurement. C’est un vrai cadeau que l’hiver nous apporte : le temps de nous accorder sur ce qui se passe en nous-mêmes. Dans le monde d’aujourd’hui, focalisés sur l’action, nous oublions parfois combien le fait de se connecter avec soi-même, de se poser en soi, ici et maintenant, est essentiel.

Vous pouvez utiliser l’opportunité de ces journées ou de ces longues soirées froides et mornes pour rester chez vous – au lieu de vous forcer à sortir – et vous connecter à votre sagesse intérieure. Vous pouvez lire des revues ou des livres qui vous nourrissent, écrire, dessiner, méditer, prier ou encore ne rien faire – choisissez ce qui vous permettra d’être plus en lien avec votre être intérieur.

Nous faisons nos rêves la nuit, dans l'obscurité : celle-ci est favorable au développement de l’imaginaire. De la même façon, l’hiver avec ses nuits plus longues nous apporte un riche potentiel de créativité : profitons-en pour laisser surgir et germer en nous de nouvelles idées. Les longues et chaudes journées de l’été sont de parfaits moments pour exécuter vos grands plans et vos idées, mais l’hiver fournit l’opportunité de vous pelotonner dans un endroit confortable, de vous relier à votre sagesse intérieure, d’inventer et de visualiser ce que vous voulez faire pour l’année prochaine. Les meilleures réussites sont basées sur de belles visions, élaborées après qu’on se soit donné du temps et de l’espace pour sa créativité.

Quand le printemps arrivera de nouveau, vous serez complètement préparés pour sortir et avoir de l’audace !

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Fin d'hiver
    Neige
    L'hiver et nos rythmes biologiques

lundi 14 décembre 2009

Locus de contrôle

"Ce n'est pas moi, c'est l'autre !"
Danièle n’a pas trop le moral ces temps-ci : « J’ai toutes les tuiles qui me tombent dessus ! Ma voiture a glissé à cause de la pluie, et la voilà à la casse ! Et en plus je viens d’échouer à mon concours administratif. Je n’ai pas eu de chance. Pourtant, j’avais bossé ; mais à l’oral, l’examinateur était de mauvais poil… »

Benoît, lui non plus n’est pas au mieux de sa forme : « J’ai dû passer trois jours au lit la semaine dernière… Il faut dire que j’ai fait une bêtise : en rentrant à pied sous une pluie glaciale, j’ai attrapé une bronchite. Et puis j’ai du retard dans mon boulot : je me suis trop laissé aller, ces temps-ci… »

Le psychologue américain Julian Rotter a proposé en 1966 le concept de locus of control, ou « locus de contrôle » LOC (du latin locus, lieu) pour étudier certains traits de caractère. Le locus de contrôle précise la façon dont l’individu situe la cause de ses performances ou de l’enchaînement des événements de sa vie. Il peut avoir un impact très important sur les choix de vie, la motivation et le bien-être. Rotter distingue deux types d’attitudes :

- LOC interne : ainsi que Benoît, la personne perçoit la performance ou l’événement comme dépendant entièrement d’elle-même : la responsabilité de l’échec ou de la réussite n’incombe qu’à elle. On parle aussi de référence interne.
- LOC externe : comme Danièle, l’individu perçoit la performance ou l’événement comme échappant totalement à sa maitrise, car dépendant de circonstances extérieures incontrôlables. On parle de référence externe. 

Aujourd'hui, il est établi que le locus de contrôle est une dimension importante de la personnalité, relativement stable dans le temps. Mais, comme pour tout ce qui touche à l’humain, les choses restent nuancées : le LOC peut être affecté par différents facteurs, comme la dimension affective de la situation. D’une manière générale, les échecs personnels sont souvent perçus comme davantage dus aux circonstances extérieures, tandis qu’on aurait tendance à attribuer ses propres succès à des facteurs internes. Autrement dit, la même personne peut être plus interne ou plus externe selon certaines circonstances.

De manière générale, on a tendance, dans notre société, à valoriser les individus internes plutôt que les individus externes. C'est pourquoi les personnes voulant se montrer sous un angle favo-rable à autrui auront plutôt tendance à mettre en avant des explications internes.

Pourtant, le locus de contrôle concerne simplement, de la part de l’individu, la perception subjective de la source de responsabilité. Il est probable que, dans la plupart des cas, ce qui nous arrive objectivement est le produit de nos actions propres (origine interne) dans des circonstances et un environnement particulier (origine externe). Mais le fait de savoir que nous avons affaire à des personnes plutôt LOC interne ou LOC externe peut nous aider à mieux comprendre l’autre et à mieux gérer notre relation. C’est le cas en bien des circonstances, par exemple en tant qu’éducateur, manager, conjoint, confident. Et pour soi-même, mieux se connaître n’est jamais inutile.

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Dedans, dehors
    Question de référence
    Extraversion, introversion
    Allier contrôle et lâcher-prise
    Vivre sa vie au mieux

lundi 7 décembre 2009

La force des symboles

Henri et Damien échangent à propos de leur travail.

-« On prépare un événement pour l’anniversaire de la boîte, dit Henri. C’est une vraie ruche ! Il faut dire que le patron n’a pas construit sur du sable. C’est un aigle, ce type-là, à croire qu’il avait anticipé la crise. Il a su faire fructifier les talents de son équipe… »

-« Chez nous ce n’est pas la même chanson, répond Damien. Il faut bien gagner son pain, mais quand je pense à ma boîte, j’ai des idées noires. Le patron est dans sa tour d’ivoire, il ne comprend rien aux problèmes. Qui est-il derrière son masque ? Je n’en sais rien… »

Dans ce dialogue imaginaire, Henri et Damien utilisent un certain nombre d’images, de métaphores. Certaines d’entre elles s’appuient sur des symboles, c'est-à-dire des objets ou des images qui évoquent une association d’idée avec quelque chose d’abstrait ou d’absent. Mais le symbole est plus qu’un simple signe ou qu’une simple image ; il est chargé d’affectivité et de dynamisme. « Le symbole détient un essentiel et spontané pouvoir de retentissement. » (Gilbert Durand)

En fait, chacun de nous utilise des symboles à longueur de temps, à longueur de jour et de nuit sans toujours s’en rendre compte, dans son langage ou dans ses rêves. Non seulement les artistes font appel aux symboles dans leurs créations, mais les professionnels du marketing et de la vente ainsi que ceux de la politique y ont recours. Les sciences, les techniques et les arts les utilisent ou les rencontrent : nous vivons dans un monde de symboles.

Le symbole n’est jamais expliqué une fois pour toutes, mais toujours à déchiffrer de nouveau, un peu comme une partition musicale, que chaque musicien va interpréter de manière nouvelle. Un symbole se livre et s’enfuit ; il voile et dévoile à la fois ; il ne se laisse pas enfermer par des mots : il reste infiniment suggestif. La perception du symbole est à la fois un acquis et un reçu ; elle varie avec chaque sujet et procède de la personne tout entière, mais elle est héritière d’une expérience millénaire. La perception du symbole exclut l’attitude du simple spectateur, elle exige une participation d’acteur. Un symbole peut renvoyer à de nombreuses interprétations selon le contexte socioculturel ; mais souvent celles-ci se présentent comme des harmoniques autour d’une dominante.

Réhabiliter la valeur du symbole, ce n’est pas éliminer les éléments intellectuels ou rationnels d’une œuvre ou de la réalité des faits. C’est au contraire y ajouter une dimension, un relief, une verticalité. Les symboles nous relient à notre inconscient, à la part créative et spontanée qui est en nous, à notre imagination. Après l’avoir jetée aux orties comme la folle du logis, on reconnaît plus volontiers aujourd'hui que l’imagination participe, comme la raison, à nos prises de décisions individuelles ; et que sur le plan collectif, elle est, comme la raison, un facteur de progrès.

Alors, vivent les symboles !

Renaud CHEREL



Voir aussi dans ce blog :

- Pour le symbolisme des couleurs :
    Couleurs : rouge et orangé
    Couleurs : jaune et vert
    Couleurs : bleu et violet
    Couleurs : noir et blanc, gris, rose et brun
- Pour la symbolique de l'arbre :
    Les arbres
- Pour la symbolique du soleil :
    La chaleur du soleil
- Pour la symbolique des rêves :
    Interprétation des rêves

Bibliographie : 
Si vous êtes intéressé(e) par ce thème, consultez l'ouvrage de référence : le Dictionnaire des symboles, de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant. Plus de 1600 articles reliés par des comparaisons et des renvois, s'appuyant sur des références dans différentes cultures, permettent de mieux approcher la signification des symboles.

dimanche 29 novembre 2009

Profiter de la critique

Une critique constructive reçue dans un esprit de dialogue
peut permettre de progresser.
Si, comme indiqué semaine dernière, vous avez demandé un délai de réflexion à votre interlocuteur à la suite d’une critique de sa part, profitez-en pour en tirer le meilleur parti. Voici quelques pistes dans ce sens :

- Tous les exercices visant à renforcer l’estime de soi vous rendront plus solide face à la critique.

- Utilisez des techniques d’ancrage positif : en clair, il s’agit de pouvoir vous appuyer, quand vous en avez besoin, sur le rappel d’expériences positives qui vont faire barrage à l’effet déprimant de la critique. Par exemple vous allez évoquer mentalement un franc succès dans une mission ou une tâche effectuée, des encouragements reçus. L’ancrage fonctionne bien s’il est imagé et sa puissance proportionnée à la critique.

- Si vous avez éprouvé des émotions fortes (colère, peur, tristesse…) à la réception de cette critique, c’est qu’elle renvoie probablement à des situations antérieures vécues négativement et non résolues. En revisitant ces situations semblables, vous pourrez peut-être remonter à un événement vécu dans votre enfance : lequel ? Découvrir ce à quoi fait écho cette réaction forte permet de prendre du recul. Notons que souvent, il est plus facile de faire ce travail en étant accompagné (par un coach ou un psychothérapeute).

- Si vous avez des doutes sur la validité de la critique sans pouvoir immédiatement trancher : cette critique est-elle légitime ou non ? Rien ne vous empêche d’explorer ce degré de validité, soit en consultant les règlements ou autres normes encadrant votre activité, soit en faisant appel au point de vue de personnes extérieures qui ont de l’expérience ou une certaine autorité en la matière.

- Dans les cas où la remarque vous semble maladroite mais fondée, demandez-vous : « Comment aurais-je aimé que cette remarque me soit formulée pour qu’elle me semble recevable ? » Mon interlocuteur aurait pu me dire les choses de telle façon, j’aurai trouvé cela plus acceptable. Lorsque vous le rencontrerez comme prévu, vous pourrez lui livrer cette réflexion et en parler ensemble.

- Enfin, il arrive très souvent que la critique (explicite) cache une demande (implicite) de l’interlocuteur, comme : «Je veux que tu fasses plus attention à moi » ou bien : « Je suis une personne valable, moi aussi ». Demandez-vous donc quelle demande y avait-il derrière la critique de votre interlocuteur ? Explorez la validité et la légitimité de cette demande pour déterminer si vous allez choisir d’y accéder et dans quelle mesure.

Dans certains cas, une critique qui vous a laissé plutôt indifférent méritera une réponse appropriée à la demande qui se cachait derrière ! Dans une relation de couple par exemple, un geste affectueux ou une attention peuvent parfois constituer la réponse appropriée à une critique qui cachait la demande : « Est-ce que tu m’aimes ? »

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Critique constructive
    Recevoir la critique
    Les émotions
    Tirer parti de mes ennemis

lundi 23 novembre 2009

Recevoir la critique

Donner et recevoir sereinement la critique est un art.
Dans le message précédent (voir Critique Constructive), j’ai évoqué comment aborder la critique de façon constructive ; aujourd'hui, voyons comment la recevoir. Généralement, les remarques négatives ne sont pas agréables à entendre. Cela d’autant plus si elles touchent des points sensibles, des zones de fragilité en nous. La plupart du temps, ce n’est pas la critique elle-même qui nous touche, mais les idées et émotions qu’elle suscite.

Alors, comment vivre la critique de façon constructive ?

Question complexe, car liée d’une part à la critique elle-même, la façon dont elle est posée et l’environnement dans laquelle elle se situe et d’autre part à notre histoire personnelle, aux dévalorisations ou humiliations que nous avons pu subir antérieurement. Sans vouloir épuiser ce sujet, je vous suggère quelques pistes, en proposant aujourd'hui des outils utilisables dans l’instant ; lundi prochain, nous en verrons d’autres permettant de retravailler à moyen terme sur votre façon de réagir à la critique.

Écoutez de façon neutre
Plus facile à dire qu’à faire, car parfois nos émotions peuvent nous submerger ! Un premier moyen, c’est de dissocier votre identité du comportement qui a fait l’objet de la critique. Naturellement, cette dissociation est plus difficile quand la critique porte sur votre personne, comme : « T’es qu’un pauvre type ! » ou bien « T’es aussi butée que ta mère ! »
Mais ce genre de phrase est souvent accompagné d’un discours plus important, ce qui nous amène au second moyen : tentez de vous concentrer sur la compréhension du message. Par le contenu et par les émotions exprimées, qu’est-ce que mon interlocuteur veut me communiquer ? Et qu’est-ce que ces émotions que je ressens me disent, à moi ?

Assurez-vous que vous avez compris
Vous pouvez alors dire à l’autre ce que vous avez compris : reformulez ce qu’il/elle vous reproche sans essayer d'interpréter. Posez des questions pour lui permettre de préciser les points vagues ou les généralisations, ses sentiments, les conséquences de votre comportement.

Remerciez votre interlocuteur
Toutes les critiques ne sont pas émises pour vous démolir ! Dans la plupart des cas, la personne a formulé – plus ou moins adroitement – sa critique dans un but d’amélioration. Peut-être d’ailleurs cela a-t-il été difficile pour elle. Si la critique vous paraît fondée, cela vous permet d’avancer. Sinon, c’est quand même pour vous une occasion de ressentir et d'explorer des émotions et leur signification. Plus largement, cela peut vous permettre de mieux comprendre comment les autres perçoivent vos comportements et d’améliorer vos compétences relationnelles.

Réagissez à la critique
Si la critique est fausse, dites-le sans détour, sans justification et sans accusation en donnant les faits et les informations nécessaires. Ceci est en réalité un exercice très difficile pour la plupart d’entre nous et demande un certain entraînement.
Si elle est justifiée ou possible, demandez à votre interlocuteur le comportement qu’il attend de votre part ou ce qu’il propose de faire à la place.

Demandez un délai de réflexion
Dans la plupart des cas, il est possible de dire que vous allez y réfléchir et de proposer un rendez-vous pour en reparler. Nous verrons semaine prochaine comment mettre à profit ce délai.

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Critique constructive
    Profiter de la critique
    Sentiment de culpabilité

lundi 16 novembre 2009

Critique constructive

Marianne est agacée par son fils Joël qui ne comprend pas ses explications sur le devoir de maths à rendre demain. Découragée, elle lui lance : « Joël, qu’est-ce que tu peux être buté par moments ! Qu’est-ce que j’ai fait pour avoir un fils aussi bête ? Tu ne comprendras donc jamais rien ! »

Roland est chef du service informatique de sa boîte ; ce matin, un ingénieur de son service lui présentait un projet sur lequel travaille depuis plusieurs mois. Après avoir écouté sa présentation, Roland commente d’un ton sarcastique : « C’est ça que vous avez appris dans votre école d’ingénieurs ? Vos spécifications sont ridicules ! Aucune chance que votre projet soit accepté ! »

La critique n’est pas a priori quelque chose de négatif : il est des moments où elle est nécessaire, que ce soit de la part de parents, d’éducateurs, ou de managers. Dans tous ces cas de figure, c’est une tâche indispensable et pourtant l’une des plus difficiles et des plus redoutables, d’une part pour ceux qui y sont soumis mais aussi – cela peut paraitre surprenant – pour ceux qui l’utilisent. Car une mauvaise pratique de la critique peut avoir des conséquences désastreuses, et aboutir parfois au résultat inverse de ce qu’elle était censée corriger.

J'arrête de critiquer pour le plaisir de critiquer !
Joël s’est bloqué de plus en plus sur ses exercices de maths et ses résultats ont empiré dans cette matière. Bien sûr, Marianne n’est pas la cause première de cela, mais ses critiques ont ébranlé la confiance en soi de son fils, qui finit par ne plus croire en sa capacité de progresser.

Quand à l’ingénieur qui travaille avec Roland, il est sorti effondré de leur entretien. Il s’est dit qu’on ne lui confierait pas de projet important après ce fiasco, et a perdu une bonne part de la belle motivation qu’il avait en démarrant sur ce projet. Il en vient à se demander s’il ne vaudrait pas mieux aller travailler ailleurs.

Pourtant, la critique constructive est un moteur et un outil de progression. Le psychanalyste américain Harry Levinson a travaillé de nombreuses années sur l’art de la critique constructive et donne quelques indications utiles :

- Portez la critique sur des actes ou des réalisations, mais pas sur des personnes. Les gens qui se sentent attaqués personnellement se mettent sur la défensive. Selon leur tempérament, ils vont se rebeller et contre-attaquer, louvoyer pour faire tomber la responsabilité sur d’autres, faire de la résistance passive ou bien encore déprimer.

- Soyez spécifique : la critique doit porter sur un point précis et non pas une indication vague. Tel point a été exécuté correctement, tel autre point doit encore être amélioré : une erreur identifiée et corrigée permet de progresser.

- Proposez une ou des solutions, des pistes pour sortir du problème ou une indication sur la façon de faire autrement : la critique ne coince pas la personne sur son incapacité mais ouvre ainsi la porte à des possibilités et des alternatives qu’elle n’avait pas aperçues.

- Soyez présent le plus souvent possible : les critiques, comme d’ailleurs les compliments, portent beaucoup plus quand on est face à face avec la personne concernée, plutôt que par un moyen indirect, un e-mail par exemple.

- Enfin, soyez en empathie : essayez de percevoir l’impact de votre message sur la personne !

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Comment recevoir la critique ?
    Profiter de la critique
    Grognons et râleurs
    Savoir encourager

dimanche 8 novembre 2009

Renforcer son attitude de gratitude

Apprécier son environnement
(Tableau d'Olga Suvorova)
Revenons de nouveau sur la gratitude dont j’ai parlé la semaine dernière. Pour la pratiquer depuis plusieurs années, je voudrais vous en partager les bénéfices. Cultiver la gratitude, c’est apprécier la nature et votre environnement, votre cadre de vie, c’est donner de l’importance aux relations avec les personnes que vous côtoyez, bref c’est d’aimer la vie. La « Gratitude Attitude », comme certains la nomment, permet de regarder l’avenir plus positivement en savourant le moment présent et peut vous aider à accéder à un sentiment de plénitude et, pourquoi pas, de bonheur.

Apprenez à être reconnaissant et à dire merci chaque jour. Merci tout simplement d’être vivant. En vivant dans un état de gratitude, vous allez attirer des éléments plus positifs autour de vous ! Le philosophe André Compte-Sponville en parle très bien dans son livre Petit Traité des grandes vertus.

Voici donc encore quelques exercices pour renforcer en vous cette attitude de gratitude.

« Ce que j’aime en toi » : notre éducation nous a souvent appris à ne pas dire à l’autre ses qualités, ce que nous trouvons de bien en lui ou en elle. Je vous propose de choisir un moment pour dire à l’un ou l’autre de vos proches (famille, amis) : « Ce que j’aime en toi, c’est… » et de lui dire, sans faux-semblants mais en toute sincérité ce que vous aimez chez cette personne, les qualités que vous appréciez, ce qui vous touche, ou ce que vous admirez en elle. C’est un très beau cadeau que vous lui ferez ainsi.

Remerciez… lorsque vous donnez. J’ai déjà abordé la question de donner et recevoir (lettre 12) : donner n’est pas un acte simple ; apprenez à ressentir le plaisir qu’il y a dans le fait de donner de façon vraie. Et remerciez intérieurement le bénéficiaire de votre don, car celui-ci vous permet sans le savoir d’entrer en contact avec la meilleure part de vous-même. En donnant sans craindre d’être dépossédé, vous prenez conscience de la richesse profonde du partage et de l’échange.
Beaucoup de nos attitudes de méfiance ou d’incompréhension de l’autre sont issues de nos peurs : peur de ne pas être à la hauteur, peur d’être déçu par l’autre, peur d’être jugé. La prise de conscience de ces peurs peut nous aider à les surmonter, mais parfois cela n’est pas suffisant : il nous faut aussi développer la confiance en soi.

De la même façon, abstenons-nous de juger les personnes ; il est plus facile de dire ou de penser : « C’est un violent et un sale type ! » plutôt que : « Il a frappé sa femme quand elle a changé de chaîne de télé ». Cela ne nous empêche pas de juger avec sévérité les actes mauvais, et d’exprimer notre désaccord. Mais celui ou celle qui a commis ces actes que nous réprouvons – et qui peuvent être sanctionnés – demeure une personne humaine, et à ce titre, digne de respect.

En la travaillant au quotidien, la gratitude deviendra ainsi pour vous un moteur pour avancer plus harmonieusement sur votre chemin de vie.

Renaud CHEREL


Voir aussi : Savoir dire merci

dimanche 1 novembre 2009

Gratitude

Ludovic a l’œil critique et peu de choses lui échappent ; il considère ce trait de personnalité comme une qualité et, dans son travail, il réalise d’excellentes performances. Par contre, il reconnaît que son regard critique s’étend à tous les domaines, et que, pour lui, la vie n’est pas une aventure facile. Comme il perçoit le moindre petit défaut, il lui arrive souvent de se montrer cynique ; il ne sait pas s’émerveiller ni dire vraiment merci. Au final, il a du mal à établir des liens avec les autres et il ne peut pas dire qu’il baigne dans le bien-être.

Juliette, de son côté, a tendance à regarder l’avenir positivement, elle savoure tout les bons moments, apprécie la nature et son cadre de vie. Elle ne court pas après la performance à tout prix mais donne de l’importance aux personnes qu’elle rencontre et sait les remercier du fond du cœur. Finalement, elle n’affiche pas les résultats impressionnants de Ludovic mais aime la vie, et malgré les soucis qu’elle rencontre comme tout un chacun, elle éprouve souvent un certain bonheur, une certaine plénitude.

Savoir exprimer sa gratitude
Juliette cultive la gratitude. Considérée comme un devoir moral hérité de notre culture judéo-chrétienne, la gratitude n’est pas une qualité très valorisée dans notre société actuelle. Pourtant, selon un certain nombre d’études américaines en psychologie positive, elle participerait activement à la bonne santé émotionnelle de ceux qui en font un usage régulier. Renforçant les liens sociaux, la gratitude affaiblit aussi les émotions négatives et procure un sentiment de bien-être durable.

Chris PETERSON, professeur de psychologie à l’université du Michigan, a beaucoup travaillé sur la gratitude. Il a coutume de demander à ses étudiants d’écrire une lettre de gratitude à une personne qui a compté dans leur vie. Régulièrement, il fait le même constat : « Écrire ces textes procure à leurs auteurs un sentiment de bien-être durable. »
Voici quelques exercices qu’il conseille :

Le soir, au coucher, revoyez les événements positifs que vous pouvez considérer comme des « cadeaux » de la journée : chacun de ces petits « extras » vaut bien un remerciement !

Cultivez un regard neuf : il est important de prendre le temps d’apprécier tout ce que nous considérons comme normal mais qui nous facilite la vie : l’eau qui coule à volonté, les fruits et légumes en abondance sur la table, l’air et le soleil qui entrent par la fenêtre… Après tout, ils ne sont pas des dus.

Évitez les jugements, les comparaisons, l’envie, qui font gaspiller votre énergie vitale, brident votre confiance et votre curiosité. Cultivez à la place des sentiments d’accomplissement en vous rappelant vos réussites.

Accueillez tristesse, colère, peur ou déception en faisant corps avec ces émotions négatives, sans les nourrir ni les combattre. Cette acceptation permet d’atténuer les « montagnes russes émotionnelles » qui peuvent emporter certains. En cessant de considérer les événements sous un angle « bon » ou « mauvais », vous apprendrez à considérer la vie comme un tout, dont il est possible de goûter sans crainte les différentes saveurs.

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Les bénéfices de la gratitude
    Savoir dire merci
    Donner des signes de reconnaissance
    Humilité et modestie
    Qu'est-ce que l'empathie?

Lien externe :
    Le blog de Bernard Romain

dimanche 25 octobre 2009

Améliorer sa prise de décision

Dans le message précédent (voir Prise de décision), nous avons vu quelques obstacles à la prise de décision. Poursuivons cet examen avec quelques suggestions d'amélioration.

Marie-Laure, cadre dans une PME, a souvent peur de commettre des erreurs, d’autant plus qu’elle a coutume d’anticiper les implications et conséquences de ses décisions. Pour tenter d’éviter au mieux ces erreurs, elle a tendance à accumuler de l’information et repousser les décisions à plus tard. De plus, elle cherche toujours à s’abriter derrière des règlements ou les autorisations de ses supérieurs. Cela lui garantit une meilleure sécurité, mais complexifie les choses et rend les processus de décision encore plus lourds.

Pour prendre sa décision, au lieu de se plonger dans des rapports, des enquêtes de satisfaction, des outils informatiques et à programmer un ensemble de réunions, Marie-Laure ne doit pas hésiter à plonger dans la réalité du terrain. Par exemple, en réalisant des entretiens approfondis avec les acteurs concernés, que ce soit des clients, des fournisseurs, des partenaires. Cette démarche lui permettra de mieux sentir les choses par une écoute permanente et d’avancer les pieds sur terre. Au bout du compte, elle sera plus efficace dans l’environnement dynamique et changeant de son secteur d’activité. Car un atout du décideur est sa capacité à gérer différents niveaux de contraintes. Une bonne décision doit prendre en compte d'une part la réalité du terrain, mais également ne pas perdre de vue l'objectif final. Cela lui impose d'être souple sur certaines règles ou sur certains objectifs en fonction de ses contraintes. Marie-Laure doit donc améliorer sa capacité à s’opposer à des façons de faire habituelles, à des règles imposées.

Marie-Laure le sait bien : elle est souvent envahie par la peur : peur de mal faire, peur des conséquences et même –cela peut paraître paradoxal – peur de réussir. Or la peur est mauvaise conseillère. Parfois, cela la paralyse, surtout si elle est mise en avant, sous les feux des projecteurs ; ou bien au contraire, elle devient agressive et prend des décisions à l’emporte-pièce, au risque de démobiliser son équipe. Il lui faut donc se détacher de la dimension émotionnelle. Mais, paradoxalement, pour s’en détacher, elle doit d’abord en prendre conscience : il ne s’agit pas forcément pour Marie-Laure d’en trouver les causes, mais d’être en contact avec son émotion : « Voilà ce que j’éprouve en ce moment ». Ce n’est qu’à partir de là qu’elle pourra faire face à sa peur et avoir prise sur elle.

Par contre, dans l'urgence, Marie-Laure sait se laisser guider par l'intuition et cela lui réussit bien. Sa capacité d'écoute et d'ouverture lui permet de décrypter la situation et de prendre en compte plusieurs paramètres à la fois. Cette intelligence intuitive ne vient pas se substituer à l'intelligence rationnelle mais vient compléter son expertise.

On le voit, la prise de décision, processus complexe, peut toujours être améliorée!

Renaud CHEREL  



Voir aussi dans ce blog, sur la même thématique :
    Volonté
    Prise de décision
    Comment choisir plus sereinement

lundi 19 octobre 2009

Prise de décision


Confronté aux multiples choix qu’il doit faire au quotidien dans son travail, Stéphane a du mal à faire le tri ; sous l’avalanche des informations, il est souvent tenté de remettre les décisions à plus tard et à se noyer dans des tâches secondaires. Résultat, il se trouve régulièrement acculé quand les échéances arrivent, avec une montagne de travail à abattre. Cela lui demande beaucoup d’énergie, et c’est décourageant, il a l’impression de retomber régulièrement dans le même schéma sans pouvoir en sortir.

Prendre une décision n'a jamais été très aisé.
Décider, c'est assumer le risque de faire des erreurs. L’environnement dans lequel nous vivons est devenu de plus en plus complexe, et nous n’arrivons plus à prévoir toutes les conséquences de nos décisions. Dans un contexte aussi incertain, Stéphane doit assumer l’idée de faire des erreurs et opter pour une attitude tournée vers l'avenir. S’il attend d’avoir acquis une certitude totale avant d’agir, il ne pourra jamais décider.

Pour décider, il est important d'avoir collecté des informations, des données, des conseils. Mais inversement, Stéphane s’est parfois trouvé paralysé face à une trop grande masse de données contradictoires. Pour éviter cet écueil, il lui faut faire le tri pour ne retenir que ce qui relève du domaine traité. Et, quand il discute professionnellement avec un interlocuteur, ne pas se contenter d’informations floues ou de généralités, mais demander de la précision, du détail qui en feront des données utiles, lui permettant d’avancer.

Par ailleurs, Stéphane se rend bien compte que repousser la prise de décision limite le nombre d'opportunités. Il a réalisé que cela ne lui sert finalement qu’à se rassurer. Dans un environnement très concurrentiel, décider vite est évidemment un atout. La meilleure parade qu’il ait trouvée, c’est d’anticiper ; cela lui permet de bénéficier de plus de perspectives, de clarifier ses choix.

Aujourd'hui, face à des situations et des environnements complexes, la prise de décision est un processus dynamique dans lequel elle se construit petit à petit, à partir de tâtonnements et d'ajustements. Quand il manque de visibilité à long terme, plutôt que d’attendre que les choses s’éclaircissent complètement, Stéphane prend des mini-décisions suivies immédiatement d'expérimentations. Cet aller-retour entre réflexion et action, l’une validant l’autre, lui permet d’ajuster au mieux l’avancement de son travail à la situation.

Évidemment, cette façon de faire impose à Stéphane de gérer les effets positifs et négatifs de sa décision. Il va devoir en suivre de près la mise en œuvre, en évaluer les effets positifs comme négatifs. Cela lui permettra d’une part de saisir les nouvelles opportunités qui n’avaient pas été imaginées au départ et d'autre part, de prendre en charge les conséquences négatives de façon à les réduire.

D’autres obstacles à la prise de décision peuvent se présenter, nous les examinerons semaine prochaine à travers l’expérience de Marie-Laure.

Renaud CHEREL



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Voir aussi dans ce blog :
    Enjeux
    Volonté
    Peut on exercer sa volonté?
    Comment gérer mes contradictions internes?
    Intuition
    Difficulté de choisir

lundi 12 octobre 2009

Donner des signes de reconnaissance

Sur le trottoir, William croise une connaissance et lui fait un signe de la tête ; mais l’autre l’ignore et passe son chemin. « Quel mufle ! pense William… Pour qui se prend-il ? Il aurait pu quand même me rendre mon salut. »

Au travail, Michèle se sent démotivée ; son manager ne l’a jamais félicitée alors qu’elle travaille d’arrache-pied. « J’ai souvent le sentiment qu’en faire deux fois plus que mon voisin ne sert à rien. C'est décourageant pour les personnes compétentes et motivées ! »

Nous avons tous besoin de signes de reconnaissance, expliquait Éric Berne, médecin psychiatre américain. Le signe de reconnaissance (stroke en anglais) est un message que j’envoie à l’autre pour lui signifie que pour moi il existe, il est présent. Un signe de reconnaissance répond à la soif d’être reconnu, à un besoin très important pour chacun nous, que ce soit dans le domaine professionnel ou privé.

Un signe de reconnaissance peut être :
- verbal : « Bonjour William ! » ou non verbal : un hochement de tête,
- positif : « Michèle, vous avez fait un travail remarquable ! » ou négatif : « Encore en retard, comme d’habitude… »
- conditionnel, il concerne des actions ou des comportements de la personne : « Ton gâteau n’est pas une réussite ! » ou inconditionnel, concernant l’être de la personne: « Tu es quelqu'un de bien. »

Dans la pratique, les choses ne sont pas simples, car souvent le signe de reconnaissance est « filtré » par son destinataire : « C’est super, ce que tu as réalisé », dit son chef à Michèle, qui rétorque : « Oh, c’est trois fois rien ! » et amoindrit ce compliment qu’elle a du mal à recevoir.

Les signes de reconnaissance obéissent à une règle humaine fondamentale : mieux vaut un signe de reconnaissance négatif que pas de signe de reconnaissance du tout ; autrement dit : tout mais pas l’indifférence. La soif de reconnaissance est un besoin vital : s’il a le sentiment que ses parents ne font pas assez attention à lui, un enfant n’hésitera pas à faire une bêtise, même s’il doit se faire gronder. De la même façon, un adulte qui se sent mis à l’écart d’une réunion de travail pourra mettre en place des stratégies plus ou moins conscientes pour se faire remarquer en faisant du bruit avec sa chaise ou en renversant son verre…

Il n’y a pas de bons ou de mauvais signes de reconnaissance. Il est aussi important de féliciter quelqu’un qui vient de réussir, que de marquer son désaccord sur une initiative ou de critiquer une réalisation. Mais, que ce soit pour le parent qui regarde le travail scolaire de son enfant, ou pour le manager qui commente un rapport de son collaborateur, il faut apprendre à formuler sa critique de façon constructive. Commencer toujours par ce que l'on a trouvé de bien dans le travail. On place ainsi l’interlocuteur dans une meilleure posture pour écouter ce qui ne va pas ou moins bien.

Pour aller plus loin...

Il y a quelques années, lors d’un séjour professionnel aux États-Unis dans plusieurs sites d’une filiale de la PME européenne qui m’employait, j’ai été surpris par la quantité de signes de reconnaissance distribués. J’ai entendu les discours des managers, j’ai vu les récompenses symboliques distribuées par la Direction à la suite d’opérations réussies et fièrement épinglées aux murs dans les bureaux. J’ai même assisté à une petite cérémonie lors de laquelle un ouvrier, qui partait en retraite après une vingtaine d’années de travail dans l’entreprise, a reçu des mains du directeur du site un vélo de randonnée, sous les applaudissements de tous ses collègues : très ému, l’ouvrier aux cheveux grisonnants en avait les larmes aux yeux ! Je pourrais ainsi continuer la liste de nombreux petits détails visant à valoriser publiquement le travail et l’effort de chacun, sans obligatoirement passer par le salaire. D’après mes collègues sur place, ce genre de pratiques est très courant dans les entreprises américaines.

Bien sûr, certains de mes collègues français, eux, regardaient ce type de management avec un œil critique en émettant des commentaires du genre : « C’est de la manipulation, moi je ne marche pas dans ces combines… » ou bien : « C’est pour mieux faire passer la pilule : tu verras, l’an prochain, il n’auront pas d’augmentation de salaire… » Les Français ont un sens critique développé et ont souvent tendance à anticiper les mauvais coups, et pas tellement les bonnes choses. Mais est-ce toujours la meilleure façon de réagir ?

Je suis persuadé que le fait de donner des signes de reconnaissance à ceux que nous côtoyons apporte une véritable amélioration à la vie en commun. Cela, non seulement dans l’univers professionnel, mais dans tous les domaines où nous devons être en relation avec les autres. Un lieu particulièrement révélateur de cet état d’esprit, c’est la famille. En tant que coach, j’entends de nombreuses histoires de famille – même dans un coaching professionnel, il peut arriver que des questions familiales surgissent dans l’échange – et je suis frappé par la quantité de tensions familiales ou de conflits liés au fait qu’une ou plusieurs personnes ne reçoit pas ou n’a pas reçu par le passé suffisamment de signes de reconnaissance.

Je l’affirme pour en avoir fait l’expérience depuis de nombreuses années : le simple fait de donner des signes de reconnaissance à ceux qui nous entourent résout un bonne proportion des problèmes que nous rencontrons, pas seulement sur le plan relationnels mais aussi sur le plan technique. En effet, les problèmes techniques se résoudront d’autant mieux que les parties prenantes ont la possibilité d’échanger leurs points de vue en confiance. Et le fait de donner des signes de reconnaissance améliore le climat de confiance – à condition bien sûr que cette pratique ne soit pas utilisée mécaniquement, comme un outil destiné uniquement à augmenter la rentabilité de l’entreprise.


Et vous, quels signes de reconnaissance distribuez-vous ? Si ce n’est pas dans vos habitudes, essayez pendant une semaine, ne serait-ce que dans un domaine limité : vous serez probablement surpris des résultats !


Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Gratitude
    Savoir dire merci
    Donner et recevoir
    Offrir et recevoir des cadeaux

lundi 5 octobre 2009

Les étapes du deuil

Chaque fois que nous devons faire face à un changement dans notre vie, nous avons à faire le deuil de ce que nous perdons dans ce changement.

Vassili a décidé de changer de job pour un autre plus intéressant ; Stéphanie démarre une vie en couple ; Fadila déménage ; Rémi change de voiture… tous ces changements impliquent des deuils ! Il est étonnant de constater que l’on passe par toutes ces étapes quel que soit le changement, qu’il soit ressenti comme positif ou négatif, qu’il soit choisi ou non.

Elisabeth Kübler-Ross
Les étapes du deuil ont été précisément décrites par Élisabeth Kübler-Ross, médecin psychiatre dont l’action est une référence en matière d’accompagnement de fin de vie. Elle décrit plusieurs phases successives du processus de deuil, qui se retrouvent aussi dans le processus de changement.

Le déni
Dans le cas d’un événement fort (par exemple la mort d’un proche), je vais nier une vérité externe trop cataclysmique pour l’intégrité de ma personne, pour éviter l’implosion psychique. Il va y avoir soit un déni de l’événement en bloc : « Non, ce n’est pas vrai, il n’est pas mort ! », soit un déni de la majeure partie des conséquences de cet événement. Mais le déni peut se produire aussi, l’espace d’un instant, pour des événements mineurs.

La colère
Que ça implose ou pas, avant cet événement, j’étais bien ; à cause de cela, je suis bousculé et je réagis ! La colère peut être conscientisée ou pas : je peux nier ma colère.

La négociation
J’en arrive à négocier avec moi-même, avec la vie, avec cet événement, pour faire comme si c’était vrai mais pas vrai... Il y a un essai de marchandage, de troc interne.

La dépression
Les périodes de dépression sont inéluctables dans la vie et font partie intégrante du processus de deuil (la saison d’automne dont j’ai parlé). Ce peut être un simple coup de blues, mais la dépres-sion est obligatoire pour la digestion d’un certain nombre d’événements à prendre en compte. Et même dans la digestion de toute nouvelle information.

L’acceptation
J’accepte que les choses ne soient plus jamais ce qu’elles ont été. Le deuil est fait. Maintenant je vais vivre autrement, avec de nouveaux critères, de nouvelles règles du jour : mon acceptation est actée.

Cimetière du Père Lachaise (Photo R. Cherel)
Selon Élisabeth Kübler-Ross, dans 90% des cas, les étapes du deuil se déroulent dans cet ordre-là. On a parlé de deuil, mais cela est vraiment applicable à toute situation de changement.
Certains peuvent avoir la tentation d’ignorer ces étapes : pas de problème, tout va bien ! Mais cela peut nous revenir plus tard en boomerang et causer de sérieux dégâts. D’où la nécessité de la récupération des deuils pas faits. Car c’est inéluctable et c’est normal de faire un deuil par rapport à n’importe quel changement. Même si je l’ai choisi, eh bien j’ai un deuil à faire.


Renaud CHEREL
 


Ce message vous a plu ? Vous pouvez voir aussi dans ce blog :
    Nous sommes mortels
    Finitude
    Le cycle des saisons de notre vie : l'hiver
    Résistance au changement
    Souviens-toi que tu vas mourir

Liens externes : 
    Site d'Elisabeth Kubler-Ross en France

mardi 29 septembre 2009

L'automne

Mardi dernier, notre calendrier annonçait le début de l’automne. L'automne, c’est le temps des vendanges, des récoltes de fruits. Traditionnellement, la saison du stockage des provisions pour la longue saison d'hiver qui vient, la préparation des conserves ou des confitures. C’est aussi un moment de festivités et de réunions, un temps où l’on célèbre les moissons et l’abondance.
Beauté des feuillages d'automne (Photo R. Cherel)

L’automne, c’est peut-être la nostalgie des années d’enfance. Les émotions ressenties dans la nouvelle classe ou la nouvelle école. Les marrons collectionnés dans la cour. L’odeur des cartables neufs et des nouveaux livres, des feuilles de papier et des nouveaux feutres. Les nouveaux camarades et les anciens que l’on retrouve après les vacances. Le rangement des vêtements d'été et la sortie des tenues de demi-saison.

À l’automne, les arbres se dénudent peu à peu, leurs feuilles tourbillonnant dans le vent. Les matins sont frais mais certains après-midis sont glorieux dans les rayons obliques du soleil. La couleur des feuilles offre un éventail de nuances entre les verts de l'été et les bruns mats annonçant l’hiver. Éclatent les jaunes : pur, orangé, pâle, lumineux… et les rouges de toutes sortes : cramoisi, ardent, marron, vermeil…

J’ai déjà parlé de la façon de représenter notre vie comme une succession de cycles, qui passeraient chacun par les quatre saisons. Dans notre société, on demande à l’individu d’être dans la créativité (le printemps) et la productivité (l’été) ; mais on n’accepte pas l’automne. Pourtant, c’est une saison indispensable pour boucler le cycle de l’année. De la même façon, c’est aussi un moment important dans nos cycles de vie. L’automne est une saison qui nous appelle à nous départir – à laisser tomber comme les feuilles mortes tombent de l’arbre – tout ce qui nous freine, nous empêche de nous développer, de progresser sur notre chemin de vie. Ce qui fait obstacle peut être un travail, une relation, un projet, ou un comportement, une manière de penser et d'être. Pour certains d'entre nous, cela peut être la vision du monde que nous avons apprise dans notre enfance. Quand nous étions jeunes, cette façon de voir était probablement la meilleure que nous pouvions avoir, et la mieux adaptée aux circonstances. Mais il se peut qu’elle ne soit plus adaptée à ce que nous vivons aujourd'hui. Au moment où l’automne survient, c’est le moment d’honorer nos anciennes manières d'être et de croire – nous ne les méprisons pas, car elles nous ont été utiles pour nous construire –, et puis de les laisser disparaître.

C'est également le moment de reconnaître les aspects de notre vie que qui nous semblent les plus importants. Dans l’ancienne Chine, l’on avait l’habitude de s’incliner devant celui que l’on recevait en un geste d'honneur et de respect. De la même façon, l’automne est la saison où nous nous inclinons simplement devant la vie, en la reconnaissant telle qu’elle est. Même si la vie n’est pas exactement comme nous souhaiterions qu’elle soit, nous nous inclinons devant ce qu’elle est.

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Le cycle des saisons de notre vie : fin d'été et automne
    La rentrée
    Élagage

lundi 21 septembre 2009

Donner un nom

Nous passons notre temps à nommer des choses ; tout ce que nous connaissons a un nom. Même quand nous ne parlons pas, en pensée nous désignons souvent les choses par leur nom.

Baptême du navire "Costa Concordia" dont le nom reste gravé dans les mémoires.
Dans un coin de rue mal éclairé, la nuit, Gérard aperçoit le mouvement souple d’un animal qui saute sur le mur et disparait. Il se dit : « Tiens, voilà un chat. » Ce simple nom de « chat » lui permet immédiatement d’accéder à un grand nombre d’informations concernant cet animal qu’il a à peine entrevu : par exemple, alors que Gérard ne l’a pas entendu, il sait qu’il peut miauler et ronronner ; qu’il a quatre patte avec des griffes, qu’il est couvert de poils, qu’il est plutôt carnassier, etc.

Si sa voisine lui dit : « J’ai rencontré Micheline », Gérard sait qu’elle a rencontré une personne de sexe féminin, probablement francophone – car sa voisine ne parle que le français. Et comme en plus il y a une Micheline dans leurs connaissances communes, il voit immédiatement de qui elle parle précisément : c’est une femme de quarante ans environ, mère de deux enfants scolarisés dans l’école du quartier, qui habite dans telle rue et qui exerce telle profession…

Autrement dit, un nom, que ce soit celui d’un objet, d’une plante, d’un animal, d’une personne, ou même celui d’un concept général, ce nom transporte avec lui un grand nombre d’informations ; d’autant plus d’informations que l’on connait bien le sujet en question. Nommer, donner un nom, c’est donc un acte à la fois très ordinaire et très important, dont on ne mesure pas forcément toutes les ramifications.

Pas étonnant que cet acte de nommer ait une telle force dans les grands mythes de l’humanité. Et la psychologie moderne confirme cette intuition profonde : ce qui n’est pas nommé a beaucoup de mal à exister dans notre esprit. Nommer, c’est faire exister, c’est faire advenir à ma conscience des choses et des êtres, qui auparavant n’existaient pas pour moi. Or, le fait qu’ils n’existent pas peut avoir des conséquences très négatives pour moi-même et, par suite, pour les autres. C’est la raison d’être de la plupart des thérapies : faire accéder à la conscience ce qui pour elle n’existe pas, en utilisant la parole, en mettant des mots sur le non-dit.

Le coach, sans être un psychothérapeute, procède lui aussi de cette façon. Il accompagne la personne dans sa démarche, en lui permettant de se définir elle-même un objectif et des moyens pour y arriver. Se sentant écoutée, la personne va pouvoir mettre des mots sur tout cela et sur les émotions qu’elle en ressent. Elle va pouvoir identifier à la fois les obstacles et les ressources qu’elle possédait en elle-même, mais qu’elle ignorait, faute d’y avoir mis des noms.

Alors, les choses qui n’en avaient plus vont reprendre du sens.


Renaud CHEREL



Voir aussi dans ce blog :

    Classements et catégories

Liens externes
    Appelez les gens par leur nom

Bibliographie :

J'ai trouvé le commentaire suivant qui apporte un éclairage différent et m'a paru intéressant dans le cadre de cette réflexion :

« C'est que dénommer, c'est appeler à la vie ; mais nommer, c'est prononcer le nom, c'est agir sur l'âme, c'est faire violence, c'est s'emparer de la puissance que détient celui que l'on nomme : se nommer, c'est donc aussi se découvrir, donner accès à son intimité ; c'est déjà se soumettre. »

Extrait de Lilith ou la Mère Obscure, de Jacques Bril, éd. Payot, Paris 1981, 217 pages.