"Ce n'est pas moi, c'est l'autre !" |
Benoît, lui non plus n’est pas au mieux de sa forme : « J’ai dû passer trois jours au lit la semaine dernière… Il faut dire que j’ai fait une bêtise : en rentrant à pied sous une pluie glaciale, j’ai attrapé une bronchite. Et puis j’ai du retard dans mon boulot : je me suis trop laissé aller, ces temps-ci… »
Le psychologue américain Julian Rotter a proposé en 1966 le concept de locus of control, ou « locus de contrôle » LOC (du latin locus, lieu) pour étudier certains traits de caractère. Le locus de contrôle précise la façon dont l’individu situe la cause de ses performances ou de l’enchaînement des événements de sa vie. Il peut avoir un impact très important sur les choix de vie, la motivation et le bien-être. Rotter distingue deux types d’attitudes :
- LOC interne : ainsi que Benoît, la personne perçoit la performance ou l’événement comme dépendant entièrement d’elle-même : la responsabilité de l’échec ou de la réussite n’incombe qu’à elle. On parle aussi de référence interne.
- LOC externe : comme Danièle, l’individu perçoit la performance ou l’événement comme échappant totalement à sa maitrise, car dépendant de circonstances extérieures incontrôlables. On parle de référence externe.
Aujourd'hui, il est établi que le locus de contrôle est une dimension importante de la personnalité, relativement stable dans le temps. Mais, comme pour tout ce qui touche à l’humain, les choses restent nuancées : le LOC peut être affecté par différents facteurs, comme la dimension affective de la situation. D’une manière générale, les échecs personnels sont souvent perçus comme davantage dus aux circonstances extérieures, tandis qu’on aurait tendance à attribuer ses propres succès à des facteurs internes. Autrement dit, la même personne peut être plus interne ou plus externe selon certaines circonstances.
De manière générale, on a tendance, dans notre société, à valoriser les individus internes plutôt que les individus externes. C'est pourquoi les personnes voulant se montrer sous un angle favo-rable à autrui auront plutôt tendance à mettre en avant des explications internes.
Pourtant, le locus de contrôle concerne simplement, de la part de l’individu, la perception subjective de la source de responsabilité. Il est probable que, dans la plupart des cas, ce qui nous arrive objectivement est le produit de nos actions propres (origine interne) dans des circonstances et un environnement particulier (origine externe). Mais le fait de savoir que nous avons affaire à des personnes plutôt LOC interne ou LOC externe peut nous aider à mieux comprendre l’autre et à mieux gérer notre relation. C’est le cas en bien des circonstances, par exemple en tant qu’éducateur, manager, conjoint, confident. Et pour soi-même, mieux se connaître n’est jamais inutile.
Renaud CHEREL
Voir aussi dans ce blog :
Dedans, dehors
Question de référence
Extraversion, introversion
Allier contrôle et lâcher-prise
Vivre sa vie au mieux
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