Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 30 décembre 2013

Meilleurs vœux 2014 !


Que l'année 2014 vous apporte le succès dans vos entreprises,
la paix et la joie dans votre vie personnelle !


Renaud CHEREL


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lundi 23 décembre 2013

Comment cultiver nos différentes formes d'intelligence


Pendant longtemps, on a pensé que le niveau d’intelligence d’une personne était fixé très tôt et qu’il n’était pas possible de l’améliorer, ou très peu, car le cerveau ne faisait que perdre des neurones tout au long de la vie. Aujourd'hui, on sait que les capacités d’apprentissage d’un individu peuvent persister pendant toute son existence, même si avec l’âge l’acquisition de nouvelles connaissances ou de nouveaux comportements demande plus de temps. On a démontré récemment que de nouveaux neurones sont générés dans le cerveau des adultes jusqu’à un âge avancé, le sujet le plus âgé chez qui on a observé ce phénomène ayant 89 ans. Par ailleurs, il est prouvé que la curiosité, l’éveil et le plaisir favorisent le développement de ces néoneurones chez l’adulte, le rendant capable d’acquérir de nouvelles compétences.

Donc, quel que soit notre âge, nous pouvons améliorer notre intelligence dans l’un des domaines cités par le Dr Gardner. Voici quelques conseils généraux :

Cultiver sa curiosité
La curiosité est l'un des moteurs de notre intelligence : en observant, en lisant, en posant des questions, nous stimulons notre cerveau pour développer notre capacité à résoudre toutes sortes de problèmes, à élaborer des stratégies, à trouver des solutions et à les confronter avec d’autres. À nous de choisir des centres d’intérêts variés sur lesquels travailler avec plaisir.

Travailler sa mémoire
La mémoire sollicite les principales fonctions mentales, et entretient le bon fonctionnement du cerveau. Plutôt que de faire des exercices plus ou moins artificiels, le mieux est de travailler en situation : retenir sa liste de courses, se rappeler des prénoms des personnes qu'on a croisées dans une journée, les noms des rues par lesquelles on est passé...

Exercer son sens critique
Face au flot d’informations issues de la télévision, d’Internet ou des journaux, le fait de prendre de la distance et de se poser des questions nous permet de garder une attitude active et non pas passive. Il suffit de s’interroger régulièrement : « Cet argument est-il valable ? D’où cette information peut-elle provenir ? Y a-t-il d’autres conséquences non abordées dans cet échange ? Il manque un élément que les interlocuteurs n'ont pas abordé dans ce débat... »

Plus spécifiquement, on peut travailler par types d’intelligence :
* On peut améliorer son intelligence verbo-linguistique par la lecture, par la pratique de mots croisés, en jouant au scrabble ou autres jeux sollicitant notre vocabulaire.
* Pour stimuler son intelligence spatiale, on peut s’exercer à circuler sans GPS et à mémoriser ses trajets à partir d’un plan ou d’une carte.
* Sudokus, mots croisés, puzzles et jeux de stratégie sont des moyens ludiques efficaces pour stimuler l’intelligence logico-mathématique.
* Dans notre société où la musique est omniprésente, il n’est pas difficile de prêter attention aux mélodies et aux rythmes pour mémoriser celles qui nous plaisent davantage et développer notre intelligence musicale ; on peut aussi participer à une chorale dans le même but. 
* En étant attentif aux autres, en élargissant le cercle de nos relations sociales, nous améliorons notre intelligence interpersonnelle.
* En prenant des cours de yoga ou de Tai-chi, nous cultivons notre intelligence kinesthésique.

Le plus important est la motivation : après avoir fixé un objectif, choisir ses moyens et s’y tenir. Et restons réaliste, adaptons nos objectifs à nos possibilités : dans le domaine de la transformation de soi, il vaut mieux se fixer un objectif modeste et le réaliser, plutôt que de s'en fixer un extrêmement ambitieux et ne pas pouvoir l'atteindre !


Renaud CHEREL


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lundi 16 décembre 2013

Notre intelligence est multiple

Souvent, quand nous disons d’une personne qu’elle est intelligente, nous pensons qu’elle a une certaine facilité à faire des raisonnements logiques, qu’elle est capable de s’exprimer avec aisance, de faire des synthèses et de construire des arguments charpentés. À l’école, on a l’habitude de conférer à ces critères une grande importance, et ce sont ceux-là qui sont essentiellement mesurés dans les tests de QI (Quotient Intellectuel).

Mais on a depuis longtemps avancé l’idée que l’intelligence représentait quelque chose de plus large que la simple aptitude à formuler des concepts et des raisonnements rationnels. Le psychologue américain Howard Gardner a proposé en 1983 une théorie dite des intelligences multiples, qui à l’origine distinguait sept formes d’intelligence :

Intelligence verbo-linguistique (ou verbale) : capacité à employer le langage pour exprimer ou saisir des idées complexes. Elle passe par la lecture, l’écriture, la parole et l’écoute du discours des autres. Elle est particulièrement mise en œuvre par les écrivains, les poètes, les traducteurs et les interprètes, mais aussi toute personne ayant à utiliser la parole ou l’écriture.

Intelligence spatiale : capacité à s’orienter dans l’espace grâce à une représentation visuelle du monde. Elle est sollicitée dans les activités consistant à créer et à résoudre des problèmes dans le domaine visio-spatial : cartographie, dessin, photographie, etc., mais aussi pilotage d’engins ou de moyens de locomotion.   
                                     
Intelligence logico-mathématique : capacité de calculer, de faire preuve de logique, de raisonner et de résoudre des problèmes mathématiques et scientifiques. Elle permet d’analyser les causes et les conséquences d'un phénomène ou d'une action et d'expliquer le pourquoi des choses. Elle aide à catégoriser et à ordonner les objets.

Intelligence musicale : aptitude à penser en rythme et en mélodies, de reconnaître des modèles musicaux, de les interpréter et d'en créer. Elle permet d’apprendre à jouer d’un instrument de musique ou à chanter.

Intelligence corporelle-kinesthésique : capacité d'utiliser son corps pour exprimer une idée ou une émotion ou réaliser une activité physique donnée de façon coordonnée. Elle est utilisée par exemple pour la danse, l’artisanat, les activités sportives ou la chirurgie.
   
Intelligence interpersonnelle (ou sociale) : capacité de comprendre et d’interpréter les comportements d’autrui. Elle permet l’empathie, la coopération, la tolérance et facilite la détection des intentions d’autrui. Cette intelligence aide à résoudre les problèmes liés aux relations avec les autres et de concevoir des solutions pour les aider.

Intelligence intrapersonnelle : aptitude à se former une représentation de soi précise et fidèle et à l’utiliser efficacement. C’est une capacité à décrypter ses propres émotions, à rester ouvert à ses besoins et à ses désirs : l'intelligence de l'introspection, de la psychologie analytique.

Plus tard, Gardner ajouta deux autres formes :
Intelligence naturaliste (écologiste) : capacité de reconnaître et de classer ses connaissances sur l'environnement naturel ; elle permet d’être sensible à ce qui est vivant ou de comprendre l’environnement dans lequel l’homme évolue. Elle s’applique aussi à l’univers culturel qu’elle permet d’interpréter.

Intelligence existentielle (ou spirituelle) : aptitude à se questionner sur le sens et l’origine des choses. C’est la capacité à penser nos origines et notre destinée.

Remarque :
Certaines formes d'intelligence prédisposent à l'exercice de certains métiers. Ainsi, comme l'illustre le schéma ci-dessous :
* Une personne douée d'une bonne intelligence interpersonnelle sera plus à l'aise dans des métiers privilégiant les relations sociales : conseiller, politicien, activités commerciales...
* Une bonne intelligence intrapersonnelle facilitera la pratique de métiers tels que chercheur, romancier, psychologue, coach...
* L'intelligence kinesthésique est requise pour les activités sportives de haut niveau, mais aussi des professions comme pompier ou chirurgien.
* L'intelligence musicale et rythmique est nécessaire dans les métiers musicaux : instrumentiste, chanteur interprète, compositeur, disk jockey...
* L'intelligence verbo-linguistique facilite l'exercice de métiers tels que journaliste, enseignant, avocat...
* L'intelligence logico-mathématique est importante dans les activités d'ingénieur, informaticien, comptable...
* L'intelligence naturaliste est fort utile pour l'agriculteur, le botaniste, le garde forestier...
* L'intelligence spatio-visuelle est d'une grande aide pour le navigateur, le sculpteur, l'architecte...
* L'intelligence existentielle aidera dans leur pratique le philosophe, le théoricien, le théologien...

MAIS...
Si, dans un premier temps, le choix d'une orientation professionnelle pour un adolescent ou un jeune adulte est grandement facilité en tenant compte des formes d'intelligence dans lesquelles il est le plus doué, n'oublions pas la capacité d'évolution et d'apprentissage dont tout être humain est capable ! Chacun de nous a potentiellement en germe plusieurs formes d'intelligence, et toutes n'ont peut-être pas été exploitées ! Il est donc tout à fait possible, dans le cours d'une vie, de développer de nouvelles formes d'intelligence pour lesquelles nous n'avions pas forcément les plus grandes aptitudes au départ, et d'en faire un métier pleinement épanouissant, même si c'est dans un domaine totalement différent de ce que nous avions fait jusque là.



Et vous, quelles formes d’intelligence possédez-vous ?


Renaud CHEREL


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lundi 9 décembre 2013

Comment améliorer sa voix

Les grands orateurs de l'Antiquité
travaillaient beaucoup leur voix
Nous utilisons notre voix quotidiennement, dans la plupart des situations de notre vie, et son impact sur notre relation aux autres est considérable. Pourtant, la plupart d’entre nous acceptent leur voix telle qu’elle est, sans chercher à l’améliorer, pensant que cela n’est guère possible ou réservé à ceux qui disposent déjà d’une « belle » voix. En réalité, il est fort possible d’améliorer sa voix et d’en jouer comme on le ferait d’un instrument de musique.

Il faudrait d’ailleurs comparer la voix non pas à un instrument à cordes, mais à un instrument à vent, car ce qu’on appelle les cordes vocales sont en réalité des replis des membranes muqueuses du larynx, qui vibrent par le souffle issu des poumons. Ces membranes peuvent s’étirer et se fermer plus ou moins pour produire des sons de différentes hauteurs.

Voici quelques astuces pour mieux se faire entendre :

- Soufflez en utilisant la respiration abdominale, celle qui vient en contractant les muscles du ventre, afin de ne pas forcer sur les cordes vocales. Vous pouvez vérifier la contraction des muscles abdominaux en posant la main sur votre ventre tout en émettant un son. Une bonne maîtrise de la respiration abdominale permet de mieux gérer la puissance d’émission du son et son rythme. Or, le débit verbal est important : sous l’action du stress, par exemple dans la prise de parole en public, beaucoup de gens accélèrent le débit, devenant ainsi moins audibles. Pour se faire bien entendre, c’est tout le contraire : le rythme doit être plus lent – sans exagération – quand les auditeurs sont nombreux. Votre voix dégagera alors un sentiment de calme et de maîtrise, et non pas d’anxiété.

- Après avoir soufflé, il faut inspirer. Mais par le ventre, en évitant les grandes inspirations qui font gonfler la cage thoracique. Pourquoi ? Parce que cela bloque le corps et la circulation de l’air, conduisant à une expression hachée. Le plus simple est le mieux : il suffit de relâcher les muscles du ventre pour que l’inspiration se fasse naturellement.

- Modulez le timbre de votre voix : une voix monocorde est vite ennuyeuse, une voix bien modulée est plus captivante. En jouant sur la hauteur de votre voix, vous pouvez induire des émotions diverses chez vos auditeurs. Un timbre plus grave respire le calme et génère une certaine sécurité ; un timbre plus aigu exprime des émotions comme la colère et la joie.

- Pensez à bien articuler, en vous appuyant sur les consonnes : celles-ci permettent de rythmer et de clarifier l’énonciation, alors que les voyelles donnent le timbre de la voix et sa hauteur. Une voix qui articule donne un discours plus net, plus clair et compréhensible : chaque mot entendu est compris.

- Enfin, soyez attentif à adapter le volume sonore de votre voix à la situation. En parlant trop fort, vous risquez de paraître tendu, agressif, énervé, en colère. Tandis qu’avec un volume faible, vous pouvez sembler timide, peu sûr de vous-même. En adaptant votre volume selon les circonstances, vous paraissez plus confiant et sûr de vous.

Renaud CHEREL


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    Faire entendre sa voix
    


lundi 2 décembre 2013

Faire entendre sa voix

Sais-je faire entendre ma voix ?
Sabrina est une personne extrêmement timide, et en situation publique elle ne s’exprime que par un mince filet de voix, au point que ses interlocuteurs lui demandent souvent de répéter ce qu’elle vient de dire. Du coup, cela crée un cercle vicieux : elle se trouve déstabilisée et renforce son attitude de retrait ; elle n’ose plus s’exprimer en public par crainte de ne pas se faire comprendre. Sabrina se rend bien compte que cela ne lui rend pas service dans son activité professionnelle, mais comment faire ? Elle craint de prendre la parole dans les réunions ou face à son employeur car elle pense qu’elle ne sait pas bien formuler ses idées, et finalement se retrouve à un poste inférieur à ce qu’elle pourrait attendre par rapport à ses compétences.

Sammy, commercial dans une PME, réussit extrêmement bien dans la prospection téléphonique. Bien sûr, son argumentation est bien construite et les produits qu’il met en avant sont de bonne qualité ; mais beaucoup de ses clients – et clientes – reconnaissent lui avoir fait confiance d’emblée, dès le début de la conversation. Pourtant, ils ne le connaissent que par sa voix : que s’est-il donc passé ? Il se trouve que Sammy possède naturellement ce qu’on appelle une « voix d’or », une voix assez basse qui rassure, bien posée et richement modulée, qui s’avère être un outil de persuasion extrêmement efficace. Sa voix constitue en quelque sorte l’arme secrète de Sammy.

Nous avons tous, je suppose, été séduits un jour ou l’autre par la belle voix de tel acteur ou actrice de cinéma ou de théâtre, d’un chroniqueur à la radio ou celle de nos chanteurs préférés. Tout le monde, bien sûr, ne possède pas une voix d’avocat ou de chanteur d’opéra. Mais la voix se travaille. Alors que nous cherchons à améliorer notre apparence, notre coiffure, notre tenue vestimentaire, nos attitudes, nous pensons rarement à améliorer notre voix. Qu’est-ce qui nous en empêche ?

Notre voix est un outil performant qui peut nous rendre de grands services dans la plupart des situations. Il suffit d’y penser un instant : en situation professionnelle, une voix assurée donne plus de poids à notre argumentation ; dans le cours d’une négociation, notre voix peut trahir nos émotions ou au contraire, si elle est bien maîtrisée, convaincre notre interlocuteur, autant, voire davantage, que le contenu de notre explication.

Dans la vie privée, notre voix est aussi une voie privilégiée par où s’expriment nos émotions : tantôt impérieuse et tantôt cajoleuse, tantôt ferme et tantôt douce, tantôt continue et tantôt brisée, notre voix transporte toutes les nuances de nos sentiments. On peut parler d’une voix suave, sensuelle, caressante ou bien, au contraire employer une voix dure, cassante, un ton sec et sans réplique. Notre voix peut être monocorde et ennuyeuse, ou bien enjôleuse et fascinante dans ses variations de tonalités et sa musicalité.

Peut-on améliorer sa voix ? Et comment faut-il s’y prendre ? Je vous proposerai dans le prochain article quelques moyens pour y parvenir.


Renaud CHEREL


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lundi 25 novembre 2013

Peut-on croire à sa chance ?

Qu’est-ce que la chance ? Quand on dit que quelqu’un a de la chance, on pense que le sort lui est favorable, que les événements qui lui adviennent ont une issue heureuse.

Dans la vie de tous les jours, il semble que certaines personnes soient plus favorisées par la chance que d’autres. Si la chance est totalement liée au hasard, on ne peut que le constater sans pouvoir rien y faire. Mais peut-on concevoir des conditions propres à favoriser la chance dans sa vie ? Pour ma part, je pense que oui. Bien sûr, il peut arriver à chacun de nous des « coups de chance » qui semblent complètement indépendants de tout ce nous avons pu faire ; mais il existe aussi une chance qui se cultive, et cette chance-là peut nous arriver à tous.

Trouver un trèfle à quatre feuilles vous donne-t-il de la chance ?
En tout cas, cela prouve que vous avez l’œil ouvert !
Le psychologue Philippe Gabilliet propose quelques attitudes pour améliorer la possibilité d’avoir de la chance dans la vie :

- Clarifier son intention : « Qu’est-ce que je veux, au fond ? » Il ne s’agit pas forcément de se donner des objectifs précis et de tout planifier dans les moindres détails pour tous les domaines de sa vie, mais plutôt de cerner son désir, de préciser dans quel sens on aimerait orienter sa vie pour aller vers un accomplissement de soi. Tant que mes intentions sont floues, tant que je ne sais pas ce que je recherche, tant que je ne connais pas la direction dans laquelle je veux aller, comment pourrai-je percevoir les bonnes opportunités qui me permettraient d’avancer dans cette direction-là ? Notons que, dans un coaching, on commence généralement par cette étape-là.

- Se rendre disponible à ce qui advient autour de nous. C’est une attitude globale d’éveil et d’ouverture, qui nous rend capables d’accueillir ce qui survient. Nos mécanismes de défense nous ont protégé, certes, mais souvent ils nous ont fermés à certaines possibilités. C’est précisément cette attitude d’éveil à l’instant que l’on rencontre chez les tout petits enfants. Si nous arrivons à retrouver cette attention à ce qui se passe, les opportunités vont se multiplier.

- Recycler ses malchances. Les personnes dites chanceuses peuvent être, elles aussi, touchées par les mauvais coups du sort. Mais au lieu de s’apitoyer sur elles-mêmes et de s’enfoncer dans le regret et la culpabilité, elles se questionnent pour savoir comment tirer parti de cet échec ou de cette malchance. Dans l’événement malheureux qui m’est arrivé, je peux séparer la part du pur hasard et la part qui relève de ma responsabilité.

- Devenir un porte-chance : la chance, comme l’amour, ou comme la connaissance, est faite pour être partagée, pour circuler, affirme le psychologue. En étant davantage à l’écoute de l’autre, en étant plus disponible à ses demandes profondes, je lui porte chance, je lui permets d’accéder à des ressources insoupçonnées en lui. N’est-ce pas ce que font les parents auprès de leurs enfants quand ils cherchent sincèrement à les faire grandir ? Chacun de nous peut être la chance d’un autre !


Renaud CHEREL


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lundi 18 novembre 2013

Poème : Images de vies

Notre vie est comme un grand livre...
Notre vie est comme un grand livre
dont les pages tournent lentement.
Au début, l’appétit de vivre
nous fait jouir complètement
de l’instant : bébé, nous goûtons
intensément les stimuli ;
tout, depuis le premier téton
jusqu’aux couvertures du lit
est nouveau, étonnant, inconnu.
chaque signe est à décrypter
chaque imprévu porté aux nues,
chaque nouveauté adoptée.

C’est pourquoi dans la tendre enfance
les journées semblent s’étaler
sur un temps tellement immense
qu’on le croit vraiment installé
dans l’éternité. Mais bientôt
le rythme chrono s’accélère ;
et déjà, quand on est ado
on peut exploser de colère
parce qu’on ne veut plus attendre
d’être grand : c’est pour tout de suite.
Ils peuvent aller se faire pendre,
ceux qui vivent une vie réduite !

Vivre à fond, c’est le maître-mot
qui ponctuera notre existence :
tout ressentir fortissimo,
et vivre des moments intenses.
Mais cette soif d’intensité
n’est pas partagée par tous ;
pour certains, la sécurité
vaut mieux que de sentir la frousse
Ils préfèrent vivre tranquilles
dans la paix et loin du danger.
Pour ces gens l’essentiel est qu’ils
soient capables de surnager.

La vie peut être aussi pensée,
pour prendre une nouvelle image
comme une mer à traverser :
Ceux-ci demeurent sur la plage
à regarder d’autres partir
car ils ont peur d’être emportés,
de ne pas pouvoir s’en sortir…
Ceux-là vont se précipiter
sans l’ombre d’une hésitation
dans les vagues ou la mer déchaînée :
par manque de préparation
ils risquent d’être condamnés.

D’autres enfin, plus prévoyants
ont préparé leur traversée :
avec un mental de gagnant,
longtemps ils se sont exercés.
Ils ont équipé leur bateau
ils se sont fait des provisions,
prévu vêtements et manteaux
paré à toutes conditions.
Nous ne pouvons que constater
ce qui nous advient dans la vie,
Mais nous gardons la liberté
pour peu que nous ayons envie !


Suis-je à la barre du bateau de ma vie ?
Renaud CHEREL




lundi 11 novembre 2013

Essentiel et accessoire

Savoir distinguer ses priorités
Roméo a du mal à distinguer ses priorités : alors qu’il doit envoyer sa déclaration d’impôts demain, il a décidé de ranger son bureau de fond en comble. Comme si l’essentiel pour lui était remplacé par des tâches secondaires ; il se laisse ainsi souvent distraire par des détails extérieur plutôt que de répondre à ses propres besoins.

L’essentiel, au sens courant du terme, c’est ce qui est absolument indispensable, nécessaire, par opposition à l’inutile. Dans un sens un peu différent, c’est ce qui est le plus important, prioritaire, par opposition à ce qui est secondaire ou accessoire.

Dans une économie de subsistance, l’essentiel est facilement défini par ce qui contribue à satisfaire les besoins élémentaires de l’individu et de la collectivité. Mais, dans la société de consommation qui est la nôtre, la frontière entre l’essentiel et l’accessoire devient de plus en plus floue, de plus en plus difficile à définir. Les exigences de la mode et des usages en matière de consommation, renforcées à grands coups de publicité, font en sorte de nous faire apparaître dans bien des domaines l’accessoire comme essentiel.

Le marketing , de plus en plus précis, de mieux en mieux individualisé par rapport aux goûts du consommateur, vise à créer sans cesse de nouveaux besoins. Ou, pour être plus exact, le marketing propose de nouvelles façons de répondre à des besoins qui préexistent chez le consommateur potentiel. Il ne crée pas ces différents besoins mais suscite de nouveaux désirs et propose différents moyens de les satisfaire. Ainsi, le constructeur d’automobiles élabore un objet propre à satisfaire un besoin de considération, ou de liberté, ou d’appartenance à un groupe social… en plus d’un moyen de se transporter d’un point à un autre. La stratégie marketing fera en sorte que cela se concrétise, pour une certaine catégorie de consommateurs, par le désir d’acquérir tel modèle de la gamme. De plus, la customisation va permettre à certains clients, via l’acquisition d’accessoires, d’individualiser leur véhicule, lui donnant ainsi plus de valeur à leurs yeux.

Dans un autre domaine, la fonction primaire de l’habillement, qui est de se prémunir du froid et de se protéger physiquement, a été depuis longtemps – pratiquement depuis les origines de l’humanité – débordée par d’autres fonctions, répondant à des besoins plus complexes : identification à un groupe, à une classe sociale, souci d’arborer son originalité et sa différence, de marquer son indépendance par rapport à tel milieu, etc., à tel point que l’accessoire devient souvent un élément essentiel de l’habillement. On peut à l’infini multiplier ce type d’exemples.

On comprend que, dans ce monde-là, les choix soient encore plus compliqués pour Roméo et que le risque de se disperser en oubliant l’essentiel soit encore plus grand. Nous ne ressemblons pas tous à Roméo, mais il peut être utile de nous reposer de temps à autre la question de savoir ce qui est essentiel pour nous. Quelles sont les valeurs essentielles auxquelles je tiens vraiment, que je défends et que je sers ? Et quels moyens est-ce que je prends pour les mettre en œuvre ?


Renaud CHEREL


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lundi 4 novembre 2013

Juger sur les comportements

La plupart des jugements que nous portons sur autrui se basent sur les comportements que nous observons. Par exemple telle personne parle haut et fort, avec une gestuelle large : on va l’étiqueter « vantarde » ou « m’as-tu vu » ; telle autre reste en retrait, intervient peu dans la conversation : c’est une « timide » ou une « introvertie ».
Sur quoi jugeons-nous les autres ?

Le fait qu’un certain nombre d’écoles psychologiques – et même la plupart d’entre elles – s’appuient sur les comportements des individus pour en tirer des diagnostics ou des profils de personnalité n’est pas anodin : elles sont héritières du comportementalisme, ou behaviorisme, approche qui a dominé le champ de la psychologie pendant des décennies.

Le behaviorisme, tel que défini par son fondateur, l’américain John Broadus Watson, doit se limiter aux comportements observables et mesurables en se débarrassant, sur le plan théorique, de toutes les interprétations qui font appel à des notions telles que la conscience ou l’imagination et en condamnant, sur le plan méthodologique, l’usage de l’introspection. Selon les tenants de cette théorie, les comportements d’un individu sont uniquement déterminé par son environnement et l’histoire de ses interactions avec son milieu.

En utilisant cette approche comportementaliste de la psychologie humaine, on a, à mon avis, laissé de côté une part de ce qui justement nous caractérise en tant qu’êtres humains : la volonté, la liberté de choix. Pourtant, l’approche de la psychologie par les comportements n’est pas la seule envisageable : un petit nombre d’écoles s’appuie sur l’analyse des motivations des sujets, ce qui est assez différent. En effet, deux personnes peuvent poser le même acte tout en ayant des motivations très différentes, voire même opposées. Cependant, dans le cadre d’une approche scientifique, l’analyse des motivations est beaucoup plus délicate que celle des comportements, car seul le sujet peut dire quelle est sa motivation, laquelle est bien plus difficilement mesurable qu’un geste ou un comportement. Par ailleurs, pour de nombreuses raisons – conscientes ou inconscientes – le sujet peut cacher ses réelles motivations, ou les dévoiler partiellement. Ces difficultés liées à la subjectivité ont conduit la plupart des chercheurs à s’orienter sur des aspects comportementaux, plus accessibles aux mesures et aux comparaisons.

Le cognitivisme, courant de psychologie qui se dit opposé au behaviorisme, se fonde sur la thèse suivante : la pensée est un processus de traitement de l’information. Elle est décomposable en processus mentaux distincts, chacun d’eux étant modélisable en tant qu’entité relativement autonome. Les caractéristiques de ces processus mentaux sont alors accessibles indirectement par des expériences dans lesquelles le comportement reste la principale variable expérimentale. La psychologie cognitive part du principe que l’on peut inférer des représentations, des structures et des processus mentaux à partir de l’étude du comportement. Mais contrairement au béhaviorisme, elle défend que la psychologie est bien l’étude du mental et non du comportement.

Pour ma part, je reste persuadé que la personne humaine dépasse ces dimensions et n’est pas réductible à du mental ou à des comportements : il y a en elle une part transcendante, une part de mystère qui n’est pas accessible à l’analyse scientifique. Qu’en pensez-vous ?


Renaud Cherel




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lundi 28 octobre 2013

L'anticipation, mécanisme de défense

Le capitaine du bateau se doit d'anticiper les obstacles.
Charles est un sportif qui pratique le tennis à haut niveau ; pour se préparer aux futur matches qu’il va livrer, il a l’habitude d’anticiper ce qui va se passer : il étudie à l’avance le jeu de son adversaire, la façon dont il réagit à la pression, et anticipe même la réaction des supporters.

Elodie a rendez-vous avec un garçon qu’elle a rencontré lors du mariage de sa cousine, pour lequel elle a ressenti le coup de foudre. Mais pour cette première rencontre en tête-à-tête, elle se sent toute tremblante ; pour se rassurer, elle visualise le lieu du rendez-vous, imagine les mots qu’il pourra lui glisser, ses répliques à elle et – peut-être – leur premier baiser ; bref, elle se projette tout le film de leur entrevue romantique.

Anne-Lise est en recherche d’emploi. Méthodique, elle a commencé par bien délimiter le secteur dans lequel elle va effectuer ses recherches. Ayant reçu deux propositions d’entrevues, elle s’est renseignée en détail via Internet sur l’activité des entreprises concernées, et a même trouvé, pour l’une d’elles, des renseignements sur le directeur des ressources humaines qui devrait l’interviewer, dont elle compte bien tirer parti lors de l’entretien. Elle tenté d’imaginer les différentes objections possibles face à son CV et préparé d’avance une batterie de réponses.

Gautier doit faire une présentation professionnelle devant une assemblée d’une centaine de personnes de son entreprise. D’un naturel plutôt timide, il se sent très angoissé à l’idée de cet événement, et s’est longuement préparé : il a poli son discours, travaillé ses réponses aux objections. Il s’est rendu dans la salle de conférences, a vérifié et revérifié le système de projection des diapositives. Il s’est même visualisé entrant dans la salle à l’aise et décontracté.

Face à un futur incertain, l’anticipation est un moyen de défense extrêmement efficace contre l’angoisse générée par l’incertitude, qui nous permet de croire que nous contrôlerons davantage ce qui va arriver. L’anticipation peut porter sur des éléments internes, par exemple en expérimentant d’avance ses propres réactions émotionnelles ou en envisageant les différentes réponses ou solutions que l’on pourra apporter au problème attendu. Elle peut porter sur des éléments externes, en visualisant différents scénarios possibles ou en prévoyant les conséquences de ce qui pourrait arriver, de façon à imaginer des solutions adaptées.

Un manque d'anticipation peut conduire à des catastrophes...
L’anticipation est une défense adaptative : son mode d’action vise, non pas à faire disparaître l’émotion ressentie comme négative, mais à agir sur elle pour réduire la douleur. Adaptée à un certain type de situations ressenties comme menaçantes et orientée vers le long terme, elle s’avère très efficace pour lutter contre le stress et réagir de façon adaptée. Par contre, elle perd de son efficience et devient même toxique quand elle est utilisée de façon trop généralisée, dans la plupart des situations et avec la majorité de ses relations : alors, elle devient un mécanisme rigide qui efface la spontanéité et conduit à l’incapacité d’affronter une situation nouvelle sans l’avoir anticipée.

« Gérer, c’est prévoir » : oui, mais tout l’art consiste à anticiper sans cesser d’être créatif, en gardant une porte ouverte sur l’inattendu.


Renaud Cherel


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lundi 21 octobre 2013

Moyens pour influencer autrui

Les moyens utilisés pour influencer autrui sont aussi vieux que l’humanité : l’histoire d’Adam et Ève est une histoire de persuasion, dans laquelle le serpent convainc Ève de manger le fruit défendu, puis à son tour elle persuade Adam d’en faire autant.

Bien évidemment, l’utilisation de certains moyens peut poser des problèmes éthiques. Mais justement, le fait d’être informé de ces moyens augmente notre liberté face aux messages que nous recevons, car l’on peut penser qu’un homme averti en vaut deux. Voici donc quelques-uns de ces moyens parmi les plus classiques.

La persuasion logique
Appuyée sur la démonstration logique : la cause A entraîne l’effet B, lequel a pour conséquence C, etc. Cette technique, utilisée très fréquemment pour convaincre l’autre, suppose que celui-ci ne fonctionne que rationnellement. Or, l’expérience nous montre que nos convictions et nos décisions sont soumises à bien d’autres facteurs que la simple raison. Les démonstrations rationnelles, si elles ont leur intérêt, sont dans beaucoup de situations bien insuffisantes pour emporter l’adhésion.

Le renforcement de la crédibilité de la source
Une source crédible est plus influente. Le fait de faire référence à une autorité reconnue dans le domaine concerné (par exemple le témoignage d’un prix Nobel de médecine pour parler de l’efficacité d’un médicament) renforce la crédibilité de la source. Un autre moyen de renforcer sa crédibilité, moins connu, consiste à glisser dans l’argumentaire un élément mineur allant dans le sens contraire à la position défendue : la source du message paraît ainsi plus honnête et plus crédible.

L’attractivité de la source
De nombreuses études ont montré que le message sera d’autant plus facilement accepté que la personne émettrice est plus attractive, par sa beauté physique, son charme, sa séduction ou tout autre élément lié à la communication non verbale. C’est pourquoi un certain nombre de publicités utilisent des top-modèles ou des célébrités dans leurs annonces.

L’attrait de la nouveauté
Un grand nombre de messages publicitaires utilisent cet effet émotionnel, basé sur la curiosité naturelle de l’être humain, curiosité que l’on retrouve d’ailleurs chez la plupart des animaux.

L’appel à la peur
C’est un moyen utilisé assez couramment, par exemple en France depuis quelques années dans les campagnes anti-tabac. Mais si, dans une certaine mesure, la peur augmente l’efficacité de la persuasion, ce moyen est en réalité très délicat à utiliser. En effet, dès que le message génère une angoisse trop forte, le public ciblé adopte un comportement défensif d’évitement et va ignorer le message.

L’effet de contraste
La technique consiste à formuler une demande très difficile à satisfaire, pour en proposer ensuite une seconde, plus raisonnable (représentant ce que l’on veut réellement obtenir). Cette dernière est interprétée comme une concession importante de la part du demandeur, ce qui déclenche, par réciprocité, une concession également importante chez la personne sollicitée.

La pression du groupe
Tout groupe exerce une influence sur ses membres, qui pour la plupart cherchent à être dans la norme du groupe auquel ils appartiennent (même si quelques-uns se rebellent contre cette norme). Un message conforme ou proche des normes du groupe sera plus facilement accepté.


Renaud Cherel


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lundi 14 octobre 2013

Influencer ou être influencé

Le mot Influence vient du latin in, dans et fluere, couler, s’écouler. Influer, à l’origine, c’est faire couler dans. Mais parler d’influence, c’est impliquer qu’il existe un agent influent et un objet influencé. L’agent et l’objet ne sont pas forcément humains : on parle de l’influence de la lune sur les marées ; mais dans notre propos nous limiterons la notion d’influence aux interactions entre personnes.

Persuasion
C’est l’heure du coucher, et Violaine ne veut pas aller au lit. Comme Ralph, son papa, insiste, elle lui dit : « Je veux dormir sur le canapé ! »       
-« Non, tu dormiras dans ton lit ! » La voilà alors qui commence à lui faire les yeux doux, à pencher la tête sur le côté, à lui parler sur un ton sucré :    
-« Petit papa, je fais dodo sur le canapé ? » Il la laisse un moment faire sa comédie, puis répond :
-« Tu peux faire des mines, tu sais, mais ça ne marchera pas avec moi ! »           
Alors, le regardant bien en face, elle lui rétorque :
-« Oh ! Mais avec Maman, ça marche ! »    
Après quoi, elle s’est laissé amener au lit dans sa chambre sans plus de problème. Mais pour un petit bout de chou de deux ans et demi, Ralph a trouvé ça fort !


Cette petite histoire vraie montre que, très tôt, les enfants savent utiliser les techniques appropriées pour influencer autrui. Que nous le voulions ou non, dès notre plus jeune âge, nous exerçons sans cesse une influence sur les autres, même lorsque nous pensons rester parfaitement neutres – ne serait-ce que par l’exemple diffusé par cette neutralité.

Dans ce domaine de l’influence, certains d’entre nous sont plutôt acteurs, influents, alors que d’autres se sentent plus souvent influencés. Il arrive aussi que, selon les domaines ou les périodes de la vie, l’on passe de l’un à l’autre. Zacharie est cadre dans une PME, et son sens de l’organisation, sa rigueur, son exigence pour obtenir des résultats parfaits lui assurent une influence certaine sur le plan professionnel. Par contre, vis-à-vis de ses enfants, il a tendance à laisser son épouse Thérèse gérer les difficultés au jour le jour : cédant facilement aux demandes de ses enfants, il exerce une faible influence sur eux. En cas de conflit, il se met en retrait : c’est Thérèse qui intervient et qui s’efforce de régler les problèmes.

Mauricette est une personne extrêmement serviable ; mais malgré son apparence bienveillante, son sourire, ses offres de service, elle n’est pas aussi influençable qu’on pourrait le croire. En effet, sous ses dehors affables, elle est bien déterminée à faire ce qu’elle veut et peut aussi éventuellement utiliser la manipulation ou le chantage affectif pour arriver à apporter son aide, même quand celle-ci n’était pas demandée ou souhaitée.

Une source est d’autant plus influente qu’elle est crédible et attractive. Dans notre société, les techniques d’influence ont été beaucoup étudiées, notamment pour augmenter les volumes de vente par la publicité. Nous pourrons voir la prochaine fois quelques techniques classiques d’influence.


Renaud Cherel


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lundi 7 octobre 2013

L'humour, mécanisme de défense

L’humour est, selon le Petit Robert, une « forme d’esprit qui consiste à présenter la réalité de manière à en dégager les aspects plaisants et insolites. » Au sens strict, on distingue l’humour, manière de faire rire de soi, et l’esprit, manière de faire rire des autres.

L’humour, au sens restreint qui est celui retenu par Freud, fait partie des mécanismes de défense les plus efficaces, pratiquement en toute circonstance. Il nous permet de faire face aux dépits, aux angoisses, aux désespoirs même, bref aux aléas de la vie, et en plus il est capable de transformer en sourire ou en rire les énergies négatives qui montent parfois en nous. Ainsi, beaucoup s’accordent pour affirmer que l’humour, accompagné du rire qui lui est étroitement associé, joue un rôle essentiel dans l’équilibre de la personne : il libère les tensions et préserve notre santé. Les recherches médicales ont montré que l’humour et le rire participaient, entre autres, à la décontraction des muscles, à la réduction des hormones de stress, à l’amélioration du système immunitaire et à la réduction de la douleur.

L’humour est comme la goutte d’huile dans les rouages de la relation : il permet souvent d’en améliorer la qualité, que ce soit dans les relations familiales, amicales ou professionnelles. Dans des situations risquant de virer au conflit, l’humour peut être utilisé pour « calmer le jeu » : une plaisanterie bien choisie et lancée au bon moment peut réduire les tensions et détendre l'atmosphère. Il est parfois plus aisé de faire passer des messages, jugés nécessaires mais a priori désagréables, en pratiquant l'humour.

Cette pratique de l’humour améliore l’estime de soi : en émettant telle plaisanterie qui a fait mouche, j’ai fait œuvre de création, je me sens plus intelligent, je me dis que je peux en être fier. Et cela d’autant plus que j’ai transgressé les lois de la logique, vaincu une certaine censure, retourné une situation angoissante ou déprimante.

Quant à l’autodérision, elle permet de ne pas trop me prendre au sérieux et de désamorcer l’agressivité d’autrui. Ceux qui sont capables d'autodérision sont souvent capables également de se remettre en question.
Selon Freud, l’humour, de la même façon que les rêves, nous permet de libérer impunément nos pulsions les plus inavouables, sans que notre gendarme intérieur, le surmoi, ne s’en offense. Il permet ainsi d’exprimer ce qui ne peut être dit ou mis en actes : nos envies de meurtre, nos fantasmes les plus cruels, notre mépris de l’autre, etc.

L’humour peut être utilisé selon différents objectifs ; il peut, par exemple, être employé comme outil pédagogique ou militant. D’ailleurs, le sens de l’humour est un pouvoir largement utilisé par les personnages publics : le pouvoir de mettre les rieurs de leur côté.

L’humour s’apprend à tout âge ; si j’en suis dépourvu, je peux, pour m’exercer, imaginer des situations cocasses, insolites, là où justement les choses sont difficiles à vivre. L’humour m’aidera à prendre de la distance par rapport à ce que je vis pour y donner de la légèreté.



Renaud Cherel



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lundi 30 septembre 2013

La projection, mécanisme de défense

La projection est un mécanisme de défense, essentiellement imaginaire, qui consiste à se débarrasser de pensées, désirs ou sensations pénibles ou agressives que l’on ressent en les attribuant aux autres ou au monde extérieur. On projette dans les autres – ou dans la situation – se qui se passe en soi : ses peurs, ses propres images, ses propres intentions…

Comme une image est projetée sur le paysage, notre mental
peut projeter des éléments internes sur l'extérieur.
Poussé à l’extrême, ce processus peut aller jusqu’à la haine, le sentiment de persécution et le délire. Mais sans aller si loin, tout un chacun peut, à un moment ou à un autre, utiliser la projection pour se protéger.

Siméon est très énervé ; il avait rendez-vous avec son épouse pour aller dîner, mais celle-ci arrive avec un quart d’heure de retard : « Eh bien, comment se fait-il que tu sois en retard ? Tu étais où ? Avec qui ? » À partir de quelques indices – en plus d’être en retard, sa femme est joliment habillée ce soir – mais aussi de sa propre peur de la perdre, Siméon est déjà en train de se dire qu’elle le trompe, il se sent envahi par le soupçon et la jalousie.

Yvonne ne peut pas supporter de se retrouver enfermée dans un espace restreint : « J’ai l’impression que les murs vont se refermer sur moi… Je vais être écrasée, c’est étouffant… » Impossible pour elle de visiter les souterrains d’un château médiéval ou des lieux de ce genre, c’est trop angoissant.

Lionel est persuadé que son voisin lui veut du mal : « Il a sorti la poubelle ce matin juste avant que je parte au travail, uniquement pour m’embêter : j’ai été obligé de faire un détour. » Son voisin ne peut pas lui adresser la parole, ni même le regarder, sans que Lionel n’interprète son attitude de façon négative.

Le manque de confiance en soi peut être un moteur de ce mécanisme de projection : puisque je ne me sens pas en sécurité, la meilleure façon de me défendre, c’est d’imaginer le pire : ainsi, si le pire arrive, je ne serai pas pris au dépourvu.

La relation avec une personne qui a tendance à utiliser la projection peut se compliquer quand elle a projeté sur vous quelque chose de trop positif, quand elle vous a idéalisé. En effet, si vous ne vous en rendez pas compte aussitôt – vous n’êtes qu’un humain après tout – un beau jour, vous faites une erreur et à ses yeux vous tombez de très haut, vous devenez moins que rien. Alors cette personne va vous rendre responsable de la perte de l’image qu’elle avait de vous, elle va se sentir trahie et vous en fera subir les conséquences. « Comment, toi que je croyais si bien, tu as pu me faite une chose pareille, à moi qui t’admirais ? »

Il est donc important, dans la relation avec une telle personne, d’attirer sa vigilance sur le fait que vous êtes humain et faillible, et non pas parfait. Car une fois la trahison ressentie, c’est vraiment très difficile de rattraper la chose. 



Renaud Cherel



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lundi 23 septembre 2013

Les mécanismes de défense psychologique

Tous les êtres vivants, pour survivre, doivent se protéger contre les agressions de leur environnement, que ce soient des éléments physiques comme les écarts de température ou le manque d’eau, ou bien des attaques de prédateurs ou de concurrents. En ce qui concerne les êtres humains, ils semblent a priori bien peu protégés : ils n’ont pas d’épaisse fourrure pour se préserver du froid, ils ne disposent pas de canines acérées ou de cornes redoutables pour se défendre contre les animaux sauvages, ni de cuir épais pour se prémunir contre les piqûres d’insectes… on pourrait ainsi continuer la liste de ce qu’ils n’ont pas. Par contre, sur le plan mental, ils ont développé un arsenal considérable qui leur permet de faire face à la plupart des situations.

Comme les Romains installaient différents systèmes de défense
autour de leurs camps fortifiés, ainsi faisons-nous pour protéger
notre identité personnelle.
C’est ainsi que nous disposons de très nombreuses ressources intérieures pour faire face à la vie, pour nous défendre de tout ce qui pourrait nous agresser, mais aussi maintenir le sens de notre identité et nous sécuriser. Ces ressources peuvent aussi nous aider à nous épanouir, quelles que soient les conditions dans lesquelles nous vivons.

Les spécialistes appellent ces ressources intérieures les « mécanismes de défense ». Ceux-ci sont très nombreux, puisque le psychologue Alain Braconnier en dénombre vingt-sept. Cependant, depuis notre tendre enfance, nous avons eu tendance à n’en privilégier qu’un nombre restreint, et souvent à ne recourir qu’à ceux-là, qui nous sécurisent, au détriment de tous les autres. Ces mécanismes de défense opèrent généralement à l'arrière-plan, sans que nous en ayons vraiment conscience, mais deviennent particulièrement actifs quand nous nous sentons menacés. C’est un peu comme si nous avions recours à une gamme automatique de réactions, sans pouvoir en sortir ; et il peut nous arriver, après coup, de regretter notre réaction et nous dire : « Mais pourquoi donc ai-je réagi comme cela ? Ce n’était vraiment pas la meilleure façon de faire, mais je n’ai pas pu m’en empêcher ! » Ainsi, même si ces mécanismes préférentiels ont pu nous être utiles à une période antérieure de notre vie, le fait d’avoir restreint notre palette de réponses peut nous être défavorable aujourd'hui.

À l’extrême, l’usage excessif du même mécanisme dans pratiquement toutes les situations peut être considéré comme pathologique. Ainsi, Serge a tendance à interpréter tout intervention d’autrui comme agressive ; si on lui dit « il fait beau aujourd'hui », il va chercher quelle est la critique voilée de cette phrase et si on lui offre un cadeau, il va y trouver une mauvaise intention cachée. Il utilise le mécanisme de projection, en prêtant à son interlocuteur des intentions négatives qu’il n’a pas forcément. En conséquence de quoi, il n’a pas d’amis et beaucoup de ses relations le fuient.

Comme la projection, certaines stratégies défensives peuvent avoir des conséquences dommageables pour notre vie relationnelle. Inversement, d’autres mécanismes de défense ont des conséquences plutôt heureuses en nous permettant de réduire les tensions. C’est le cas de l’humour, la sublimation, l’affirmation de soi, l’anticipation, l’action, le recours à autrui, l’auto-observation.

Nous pourrons examiner ces mécanismes dans les semaines et les mois à venir.


Renaud Cherel



Alain Braconnier, dans Protéger son soi pour vivre pleinement, définit 27 mécanismes de défense, répartis en trois groupes. Dans le premier, baptisé « efficacité maximale », il regroupe ce qu’il appelle les défenses « heureuses » : des forces intérieures qui préservent le bien-être de la personne. Dans le second, intitulé « Prise sur soi », il rassemble des ressources dont l’efficacité est partielle et dont l’utilisation représente un certain coût psychologique. Dans le troisième, « Dernier recours », il rassemble des mécanismes que l’on peut utiliser en situation extrême mais qui s’avèrent très nocifs à forte dose.
J'ai noté en bleu les mécanismes abordés dans ce blog.

Groupe « Efficacité maximale »
Rassemble 7 mécanismes, qui ne sont pas considérés comme pathologiques :
1. Humour : Moyen de parvenir à éviter une situation pénible pour soi ou pour les autres grâce à une plaisanterie ou à un mot d’esprit.
2. Sublimation : Mécanisme permettant de détourner la satisfaction interdite des pulsions vers une activité ou une réalisation acceptable et socialement valorisée.
3. Auto-observation : Outil permettant de se donner le temps de la réflexion pour ne pas réagir trop affectivement ou impulsivement.
4. Affirmation de soi : Fait d’exprimer clairement et directement ses sentiments et ses souhaits sans angoisse excessive ou culpabilité.
5. Anticipation : Mécanisme consistant à imaginer des solutions ou des situations futures susceptibles d’atténuer le stress engendré par la prévision de problèmes à venir.
6. Action : Fait de recourir à l’action utile et réfléchie, sans tomber dans l’activisme ou céder au passage à l’acte impulsif.
7. Recours à autrui : Capacité à rechercher l’aide et le soutien de quelqu’un d’autre que soi pour faire face à une situation difficile.
Remarque:
Alain Braconnier cite l'action comme mécanisme de défense; d'autres auteurs y ajoutent l'activisme ou suractivité qui poussaient être classés dans le groupe "prise sur soi".

Groupe « Prise sur soi »
Ce groupe rassemble 14 mécanismes :
1. Identification : Mécanisme consistant à s’attribuer inconsciemment un aspect de l’autre que l’on désire posséder par l’attrait qu’il représente pour soi.
2. Séduction : Mécanisme permettant d’apaiser ses tourments ou la crainte de l’autre en suscitant un intérêt, un attrait ou une complicité.
Ce mécanisme n’est pas cité par la plupart des auteurs.
3. Mise à l’écart : Consiste à éviter de penser momentanément aux choses désagréables. Alain Braconnier le différencie du refoulement par le niveau de la mise à l’écart : ici, les objets mis à l’écart sont atteignables par le conscient, alors que dans le refoulement, ils sont rejetés dans l’inconscient.
Ce mécanisme n’est pas cité par la plupart des auteurs.
4. Intellectualisation : Consiste à contrôler, par un usage excessif de réflexion, de généralisation ou d’abstraction, les représentations gênantes pour éviter de ressentir ce qu’on éprouve en réalité. À un degré de plus, c’est la rationalisation qui, à la différence de l’intellectualisation, déforme la réalité : les pensées et les sentiments internes sont dissimulés derrière des explications rassurantes mais erronées et parfois même incompréhensibles aux autres.
5. Refoulement : Opération consistant à rejeter et conserver dans l’inconscient les représentations inacceptables. C’est le mécanisme le plus général chez l’être humain et le plus anciennement décrit. Il peut être considéré comme un processus psychique universel en tant qu’il serait à l’origine de la constitution de l’inconscient comme domaine séparé du reste du psychisme.
6. Déplacement : Consiste à séparer une représentation pénible de son affect, l’affect étant reporté, par connexion associative, sur une autre représentation plus acceptable.
Pour les freudiens, ce type de phénomènes est particulièrement repérable dans l’analyse du rêve et, d’une façon générale, dans toute formation  de l’inconscient.
7. Fuite : Mécanisme qui permet de s’épargner la rencontre d’une représentation pénible de soi et/ou des autres.
8. Altruisme : L’altruisme n’est pas en soi un mécanisme de défense mais il peut le devenir, quand il s’agit de pratiquer la générosité pour trouver de la satisfaction en soi. Peut conduire au piège de la dépendance.
Ce mécanisme n’est pas cité par la plupart des auteurs.
9. Formation réactionnelle ou inversion des sentiments : Attitude consistant à retirer l’énergie portant sur des représentations inquiétantes pour la contre-investir dans un comportement acceptable et diamétralement opposé.
10. Isolation : Consiste à penser sans rien ressentir, à séparer la représentation pénible de son affect, l’affect étant refoulé tandis que la représentation demeure consciente, mais privée de toute connexion associative.
11. Annulation rétroactive : Consiste en une marche arrière, le fait d’annuler, après énonciation, certaine représentations pénibles au moyen d’actes ou de pensées qui sont mis à la place.
12. Somatisation : Mécanisme consistant à utiliser son corps pour exprimer une plainte ou un mal-être et ainsi demander de l’aide.
13. Rêverie solitaire/autistique : Fait de se réfugier dans son imaginaire, à ses fantasmes, pour contrebalancer l’angoisse suscitée par la réalité telle qu’on la perçoit.
14. Idéalisation et dépréciation : Fait d’attribuer à soi ou à autrui des qualités exagérées. La dépréciation est l’attitude défensive inverse.
Remarques : 
L’introjection est un mécanisme non cité par Braconnier mais présent chez d’autres auteurs. Par ce mécanisme, le sujet fait passer des objets, avec leurs qualités, du « dehors » au « dedans » de soi.

Groupe « Dernier recours »
6 mécanismes :
1. Agressivité passive : Exprimer son ressentiment par une position passive et une manière détournée d’atteindre l’autre.
2. Passage à l’acte : Substituer à la réflexion ou au vécu des sentiments un acte impulsif destiné à décharger les tensions.
3. Régression : Retourner aux stades antérieurs de l’enfance.
4. Clivage : Considérer les autres, et soi-même, comme entièrement bons ou entièrement mauvais, avec uniquement des qualités ou uniquement des défauts, mais jamais les deux ensemble.
5. Projection : Refuser les sensations pénibles et agressives que l’on ressent en les attribuant aux autres ou au monde extérieur. Processus qui peut aller jusqu’à la haine, le sentiment de persécution et le délire.
6. Déni : Nier, partiellement ou totalement, la réalité, psychique ou externe, d’une perception liée à une représentation pénible. Peut aller jusqu’au délire, c’est-à-dire à la création d’une néoréalité plus acceptable.

Bibliographie

Alain BRACONNIER : Protéger son soi pour vivre pleinement, éd. Odile Jacob, 2010. 
Psychiatre et psychologue, l’auteur nous présente dans ce livre les principaux mécanismes de défense que nous utilisons pour nous protéger (il en dénombre 27). Le Dr BRACONNIER montre que nous avons souvent tendance à nous limiter à un nombre très restreint de ces défenses, quelle que soit la situation. Dans cet ouvrage, il nous explique comment utiliser toute la palette de ces défenses à bon escient, en choisissant quelle ressource intérieure mobiliser selon les circonstances. 

Un livre très éclairant.