Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 28 juillet 2014

Poème d'été : La magie des mots


Jouer avec les mots, c’est ce qui m’intéresse ;
les tordre en tous les sens, en changer la séquence
en exprimer le jus, découvrir d’autre sens
que le premier venu… Car chaque mot adresse
de par sa construction – ou bien par sa graphie –
à celui qui l’entend, qui y prête attention
la multiplicité des significations
issues de son histoire et sa géographie.

Qu’il provienne du grec antique ou du latin,
d’un quelconque patois, ou de l’arabe encor
chaque mot nous raconte, inscrite dans son corps
une étonnante histoire, que les bénédictins,
les copistes anonymes et tous leurs successeurs
ont à travers les âges réussi à transmettre
jusqu’à nous aujourd'hui. À nous de faire naître
l’envie de proroger ce travail de passeurs !

Donc, travailler les mots et leurs sonorités,
en explorer le sens et l’étymologie
pour les recombiner, c’est pour moi vraie magie.
Le langage dévoile en exclusivité
des rivages infinis à ceux qui, amoureux
des vocables et des sons, se laissent emmener
par leur inspiration et, tout illuminés
par ces nouvelles voies, s’en trouvent fort heureux !

Le charme vient aussi du rythme de la phrase :
tantôt rapide et dru, tantôt dans la lenteur,
au gré des émotions, des idées, des ardeurs
de l’auteur, écrivain et parfois kamikaze,
qui ose se lancer dans des opérations
dont il ne sait l’issue. Car c’est une aventure
que celle dont il vit, celle de l’écriture
qui lui procure tant de vives émotions !

Alors, ayant pris goût à cette construction,
fragile pont jeté du sentiment au verbe,
pour moi qui ne suis qu’un petit poète en herbe,
j’ai très vite perçu combien la séduction
qu’offrait à mon esprit l’écriture en poèmes
me permettait d’ouvrir des horizons nouveaux
et de donner ainsi à mon bouillant cerveau
la possibilité de partir en bohème ! 




Renaud CHEREL


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    Exprimer et libérer sa créativité
    Vive l'écriture!

lundi 21 juillet 2014

Poème d'été : Naissance d'un jour nouveau


Levé tôt ce matin, j’ai gagné la terrasse
pour contempler le ciel encore tout habillé
de son manteau de nuit, avec, éparpillés
des diamants étoilés qui lui conféraient grâce.
Comme s’il se dénudait, de sa chair dévoilant
les rondeurs cristallines, un éclat rosé pointe
vers l’horizon à l’est : l'originale empreinte
de l’aube qui paraît dans son premier élan.

Le jour, sur le coteau, se lève doucement :
enveloppé de brumes, il est dans l’ombre encor ;
couronné de beaux chênes, on dirait le grand corps
d’un énorme animal assoupi faussement
et dont à tout moment on attend le réveil.
Au creux de son giron, des maisons sont blotties ;
je les distingue mal : seraient-ce ses petits
serrés pour la tétée, qui sortent du sommeil ?

Dans le rose naissant du ciel qui s’éclaircit
un troupeau de nuées aux tons bleu-violacé
comme au pré, lentement, prend le temps de passer.
Juste au-dessus de moi, des nuages bas aussi
très paresseusement circulent dans l’azur,
semblable à des vaisseaux chargés de lourds trésors
qui s’en iraient au loin, tout là-bas vers le nord
dans l’océan du ciel, testant sa démesure.

Mais qu’entend-on au loin, quel sont ces gazouillis ?
Voici que brusquement le silence est troué
par le chant des oiseaux célébrant l’arrivée
du bel astre du jour. Car voici que jaillit
comme sous la pression d’un volcan gigantesque
trouant les cumulus, une lave en fusion
qui envahit le ciel de sa brusque intrusion
et colore leurs bords en fines arabesques
.

Ornés de festons d’or, les nuages scintillent
sur le fond bleu du ciel ; c’est alors que surgit,
magnifique, éclatant, tout rempli d’énergie
l’aveuglant dieu soleil dont les rayons qui brillent
inondent tout le ciel. Son orbe safrané
majestueusement émerge à l’horizon
avant de s’élancer, tel un bel étalon
dans sa course diurne : un jour nouveau est né.



Renaud CHEREL


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    Aube

lundi 14 juillet 2014

La fuite est-elle une solution ?


Dans le message précédent, j’ai évoqué l’idée de pouvoir choisir, selon les circonstances, de combattre, de fuir ou de ne rien faire. Prenons l’exemple de la fuite, le fait de s’éloigner en toute hâte pour échapper à quelque chose ou quelqu’un de menaçant, ou de chercher à éviter un risque.

Il arrive à certaines personnes de se retrouver coincées dans un comportement de fuite perpétuelle, laquelle devient leur façon normale de fonctionner. Elles fuient les confrontations, fuient leurs responsabilités, fuient tout ce qu’elles ressentent comme une menace pour leur bien-être et finalement leur existence.

Mais de fuite en fuite, elles risquent d’en arriver à réduire drastiquement leur champ d’activité à quelques nécessités de survie, ou bien de se réfugier dans l’alcool, la drogue ou d’autres conduites addictives pour échapper à la réalité de tous les jours. Ce n’est sans doute pas la meilleure façon de vivre sa vie : même dans des situations compliquées ou dramatiques, il existe probablement d’autres façon de faire face aux événements.

Dans bien des situations, la fuite n’est donc pas la meilleure solution. On peut d’ailleurs conjuguer la fuite de nombreuses manières : se noyer dans l’alcool, abandonner un projet, fuguer, s’adonner aux jeux vidéos de façon excessive, quitter une personne avec qui on était en relation, arrêter une activité, partir et quitter les lieux, s’exiler, donner sa démission... Cependant, fuite n’est pas forcément synonyme de lâcheté, mais parfois au contraire un moyen de survie efficace. Est-ce de la lâcheté que de vouloir changer d’études alors qu’on réalise avoir fait fausse route ? De changer de travail pour évoluer professionnellement, alors qu’on se sentait bloqué dans un poste ? De s’exiler d’un pays où les conditions de vie sont devenues insupportables ou dangereuses pour soi et sa famille ?

La fuite peut être une façon de sortir de l’échec. Par exemple, on peut chercher à s’échapper vers le haut, via l’ascension sociale. On peut profiter d’un départ pour construire une nouvelle vie. Dans une relation toxique, lorsqu’on a épuisé toutes les ressources du dialogue, qu’on n’a plus envie de parler, de se battre, de concilier, il arrive que la fuite s’avère la meilleure solution.

C’est le cas du harcèlement moral, que ce soit dans le lieu de travail ou dans le couple. Le pervers qui fait usage du harcèlement engage une guerre psychologique contre une victime qui a peu de chances de s’en tirer. En effet, il choisit le plus souvent ses victimes parmi des personnes honnêtes et sincères, qui cherchent vraiment à consoler et à réparer, mais aussi naïves, sans trop d’esprit critique, voire fragiles. Ainsi, il peut les amener plus facilement et plus rapidement à subir une relation de dépendance. Marie-France Hirigoyen, psychiatre et psychanalyste, qui travaille depuis de nombreuses années sur le problème du harcèlement, explique bien ce fonctionnement. Pour les victimes de ces pervers, la fuite peut être la seule solution.

Tout est donc affaire de discernement : dans certaines situations, la fuite peut constituer un acte positif, même si elle porte souvent avec elle un parfum d’échec ou de culpabilité.


Renaud CHEREL


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    Faire preuve de courage

lundi 7 juillet 2014

Combattre, fuir ou ne rien faire ?

Lizzie est une battante ; pleine d’une énergie vitale, elle adore les challenges et, face à un obstacle, elle lutte comme une lionne et ses colères sont redoutables. Souvent flamboyante, elle aime bien affirmer qu’elle arrive toujours à obtenir ce qu’elle veut – et c’est en général le cas.

De son côté, Flore n’est pas très mondaine ; elle déteste papoter de tout et de rien et préfère consacrer son temps à des choses plus importantes. Elle utilise une stratégie bien rôdée pour éviter les situations ennuyeuse : elle déserte la place, elle s’éclipse, ou tout simplement elle évite de répondre à certaines invitations.

Ivan, quant à lui, est un calme ; il s’entend plutôt bien avec tout le monde et n’aime pas faire des vagues. S’il sent qu’un conflit risque de survenir, il fait en sorte de ne pas se faire remarquer. Mais dans une discussion, ses collègues ont du mal à savoir quelle est son opinion.

Depuis Henri Laborit, on sait que, face à un danger, nous réagissons instinctivement selon trois modes possibles : le combat, la fuite ou l’immobilité. Ces comportements instinctifs sont hérités de nos premiers ancêtres : ils leur permettaient de faire face à la plupart des situations dans lesquelles leur vie était mise en péril. Dans notre société, les risques physiques sont probablement moindres, mais les occasions de stress se sont multipliées et nous avons conservé la même palette de comportements : le combat se manifeste par l’agressivité, la fuite par l’évitement, et l’immobilité par le fait de ne rien faire, de rester sans réagir face à la situation.

Aujourd'hui, dans notre culture, il semble que l’attitude combative soit davantage valorisée. À l’inverse, la fuite est en général critiquée, car elle est souvent prise comme une manifestation de lâcheté.

Pourtant, chacune de ces trois attitudes, n’est ni bonne ni mauvaise en soi : elle est simplement mieux adaptée à certaines situations et pas à d’autres. L’ennui, c’est que la plupart d’entre nous avons privilégié l’une de ces trois stratégies, et que nous l’utilisons chaque fois que nous nous sentons en danger ou stressés. Comme Lizzie, nous fonçons dans le tas avant même d’avoir complètement évalué la situation ; ou bien, comme Ivan, nous sommes paralysés et incapables de prendre parti ; ou bien encore, comme Flore, nous fuyons. Plutôt que d’éliminer l’une ou l’autre attitude, cherchons à utiliser celle qui nous paraît la plus appropriée aux circonstances :

À la réflexion, il existe vraiment des cas où il est préférable de fuir, de quitter les lieux, des défis où il nous faut nous battre, lutter pour défendre des droits ou des valeurs, et des situations complexes où il vaut mieux ne pas intervenir. Mais encore faut-il pour cela s’être exercé à pratiquer chacune de ces stratégies : sans quoi l’on risque, par la force de l’habitude, de toujours choisir la même, et celle-ci ne sera pas forcément la solution optimale à notre problème. 
Qu’en pensez-vous ?

Renaud CHEREL


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