Dans le message précédent, j’ai évoqué l’idée de pouvoir choisir,
selon les circonstances, de combattre, de fuir ou de ne rien faire. Prenons
l’exemple de la fuite, le fait de s’éloigner en toute hâte pour échapper à
quelque chose ou quelqu’un de menaçant, ou de chercher à éviter un risque.
Il arrive à certaines personnes de se retrouver coincées
dans un comportement de fuite perpétuelle, laquelle devient leur façon normale
de fonctionner. Elles fuient les confrontations, fuient leurs responsabilités,
fuient tout ce qu’elles ressentent comme une menace pour leur bien-être et
finalement leur existence.
Mais de fuite en fuite, elles risquent d’en arriver à
réduire drastiquement leur champ d’activité à quelques nécessités de survie, ou
bien de se réfugier dans l’alcool, la drogue ou d’autres conduites addictives
pour échapper à la réalité de tous les jours. Ce n’est sans doute pas la
meilleure façon de vivre sa vie : même dans des situations compliquées ou
dramatiques, il existe probablement d’autres façon de faire face aux
événements.
Dans bien des situations, la fuite n’est donc pas la
meilleure solution. On peut d’ailleurs conjuguer la fuite de nombreuses
manières : se noyer dans l’alcool, abandonner un projet, fuguer, s’adonner aux
jeux vidéos de façon excessive, quitter une personne avec qui on était en
relation, arrêter une activité, partir et quitter les lieux, s’exiler, donner
sa démission... Cependant, fuite n’est pas forcément synonyme de lâcheté, mais
parfois au contraire un moyen de survie efficace. Est-ce de la lâcheté que de
vouloir changer d’études alors qu’on réalise avoir fait fausse route ? De
changer de travail pour évoluer professionnellement, alors qu’on se sentait
bloqué dans un poste ? De s’exiler d’un pays où les conditions de vie sont
devenues insupportables ou dangereuses pour soi et sa famille ?
La fuite peut être une façon de sortir de l’échec. Par
exemple, on peut chercher à s’échapper vers le haut, via l’ascension sociale.
On peut profiter d’un départ pour construire une nouvelle vie. Dans une
relation toxique, lorsqu’on a épuisé toutes les ressources du dialogue, qu’on
n’a plus envie de parler, de se battre, de concilier, il arrive que la fuite
s’avère la meilleure solution.
C’est le cas du harcèlement moral, que ce soit dans le lieu
de travail ou dans le couple. Le pervers qui fait usage du harcèlement engage
une guerre psychologique contre une victime qui a peu de chances de s’en tirer.
En effet, il choisit le plus souvent ses victimes parmi des personnes honnêtes
et sincères, qui cherchent vraiment à consoler et à réparer, mais aussi naïves,
sans trop d’esprit critique, voire fragiles. Ainsi, il peut les amener plus
facilement et plus rapidement à subir une relation de dépendance. Marie-France Hirigoyen,
psychiatre et psychanalyste, qui travaille depuis de nombreuses années sur le
problème du harcèlement, explique bien ce fonctionnement. Pour les victimes de ces
pervers, la fuite peut être la seule solution.
Tout est donc affaire de discernement : dans certaines
situations, la fuite peut constituer un acte positif, même si elle porte
souvent avec elle un parfum d’échec ou de culpabilité.
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