Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 10 novembre 2014

Sortir d'une autocritique malsaine

L’autocritique peut être une pratique saine, à condition d’être entreprise dans un esprit constructif, et non pas pour me dévaloriser aux yeux des autres ou de moi-même.

Miserere (Rouault)
La dévalorisation de soi s’accompagne souvent d’un certain nombre d’autoaccusations: j’ai tendance à m’attribuer des fautes que je n’ai pas commises. Parfois, face à la colère des autres, j’interprète celle-ci comme liée à une de ces fautes de ma part, sans savoir exactement laquelle… en bref je me sens responsable et coupable de choses qui, en fin de compte, ne dépendent pas de moi.

Et les conséquences ne s’arrêtent pas là, car mon attitude vis-à-vis de moi-même se répercute sur mon attitude vis-à-vis des autres : si je me soupçonne d'être prétentieux, je risque de juger ceux qui ont une bonne estime d'eux-mêmes comme étant prétentieux. Parent, je risque de dévaloriser mes enfants en projetant sur eux mes propres échecs : en n’étant pas satisfait de leurs résultats, c’est moi que je remets en cause. Ou bien je peux m’interdire d’agir par peur de l'échec et, en miroir, condamner l’action des autres sous un certain nombre de prétextes.

Quand on observe comment fonctionnent les prétentieux, on s’aperçoit qu’ils représentent le pôle opposé de la même logique. Alors que dans la dévalorisation, j’estime que je suis moins bon que les autres, dans la prétention je crois être meilleur que les autres. Prétentieux, je ne m’attribue jamais les fautes, même quand j’en suis l’auteur ; je juge et critique facilement les décisions des autres ; j’estime que la meilleure façon de faire est la mienne ; je me justifie par toutes sortes d’arguments, etc.
La dévalorisation de soi, comme la prétention, peuvent amener à me réfugier dans une attitude cynique et aigrie face à la société et à la vie en général, où tout est sujet à critique. Prétention et dévaluation sont donc les deux faces opposées d’une même attitude : dans les deux cas, je suis dans la comparaison.

Pour sortir de cette dualité, il est nécessaire de changer de perspective pour aller vers une autre logique qui ne s'alimente plus de la comparaison. Les deux pôles en sont l'estime de soi d'un côté et la vraie humilité de l'autre. Au passage, le mot humilité vient de humus, terre : l'homme est de la terre et non pas du ciel ; autrement dit, il n'est pas un dieu, quoiqu'il fasse ou pense.

Alors d’autres attitudes seront possibles :
- Je conçois mes erreurs comme des étapes nécessaires d’un chemin de progression. Cela ne supprime pas pour autant l’exigence personnelle ; mais je pourrai admettre des erreurs à condition de savoir en tirer les leçons qui permettront de les éviter par la suite.
- Je demeurer dans le non-jugement, la neutralité bienveillante à mon propre égard, et par conséquent sans juger les personnes – moi-même ou les autres. Ce qui ne m’empêche pas de juger, après analyse, des décisions, des comportements ou des actions.
- Je me reconnais à ma juste valeur, et réciproquement j’admets l’autre dans sa différence, en évitant autant que possible la comparaison.


Renaud CHEREL


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    Francais, champions de l'autocritique
    Humilité et modestie

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