Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 8 décembre 2014

Accepter nos parents tels qu'ils sont

Nous avons vu dans l'article précédent que les réunions familiales pouvaient donner lieu à des conflits entre proches. Pourquoi cela ? Parce que nous conservons des traces vivantes de notre premier attachement, celui vis-à-vis de nos parents, et que nous attendons toujours d’être reconnu par eux à notre juste valeur. Mais l’image que nous avons de nos parents ne correspond pas à la réalité : pendant notre enfance, nous les avons idéalisés, nous avons surdimensionné certains aspects de leur personnalité ou de leurs comportements et nous en avons gommé d’autres.

En effet, quand nous aimons quelqu’un, nous sommes attentifs au moindre de ses gestes, de ses regards, de ses paroles, qui prennent une importance considérable. Enfant, nous analysons ainsi les paroles et les comportements de nos parents et de nos frères et sœurs, qui s’impriment d’autant plus fortement en nous que notre attachement est plus puissant. L’enfant se construit avec ce qu’il reçoit, en positif et en négatif. Et ce dont il estime avoir été privé prend une grande importance. Le psychologue D. W. Winnicott disait que « la souffrance vient de ce qui n’est pas advenu ». Des manques dont les parents n’ont pas forcément eu conscience au moment où ils étaient ressentis par leur enfant.

Ainsi, nos parents font désormais partie de notre « roman familial », une histoire que nous avons écrite dans notre imaginaire, mais qui ne correspond qu’approximativement à la réalité. Cela vous étonne ? Pourtant tous les psychanalystes en ont fait l’expérience : les parents décrits par leurs patients n’ont pas grand chose à voir avec les personnes réelles. Si vous en voulez une preuve, comparez vos souvenirs d’enfance avec ceux de vos frères et sœurs quand vous en avez, ou avec ceux de vos proches qui ont partagé des moments en commun avec vos parents et vous : vous décèlerez bien des différences.

Conséquence : nous risquons de reprocher à nos parents de ne pas être conforme à l’image que nous avons d’eux. C’est d’ailleurs ce que nous faisons, en général, pendant la crise de l’adolescence, période de révolte ou de contestation pour beaucoup. Cette contestation n’est pas malsaine, mais elle demande à être dépassée : vient un moment où il nous faut accepter non seulement que nos parents ne soient pas ce que nous aurions voulu qu’ils soient, mais aussi notre difficulté ou notre incapacité à les changer. Cela vaut aussi pour les frères et sœurs.

En acceptant nos parents tels qu'ils sont,
nous entrons dans une relation plus sereine et plus riche. 
Car on peut se poser la question : pourquoi vouloir changer mes parents ? Accéder à l’état d’adulte, c’est peut-être se dire qu’ils ont fait envers moi ce qu’ils ont pu, avec les moyens qu’ils détenaient à ce moment-là. Vouloir les changer aujourd'hui ne changera rien au passé. Il est donc temps d’entrer dans une relation plus libre avec eux, d’adulte à adulte. Le jour où j’y parviens, j’accède à une certaine libération intérieure : je ne les ai pas changés, eux, mais j’ai changé mon propre regard, moi. Et, du coup, il y a de fortes chances pour que notre relation change et gagne en qualité.


Renaud CHEREL


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