Nous avons vu dans l'article précédent que les réunions familiales
pouvaient donner lieu à des conflits entre proches. Pourquoi cela ? Parce
que nous conservons des traces vivantes de notre premier attachement, celui
vis-à-vis de nos parents, et que nous attendons toujours d’être reconnu par eux
à notre juste valeur. Mais l’image que nous avons de nos parents ne correspond
pas à la réalité : pendant notre enfance, nous les avons idéalisés, nous
avons surdimensionné certains aspects de leur personnalité ou de leurs
comportements et nous en avons gommé d’autres.
En effet, quand nous aimons quelqu’un, nous sommes attentifs
au moindre de ses gestes, de ses regards, de ses paroles, qui prennent une
importance considérable. Enfant, nous analysons ainsi les paroles et les
comportements de nos parents et de nos frères et sœurs, qui s’impriment
d’autant plus fortement en nous que notre attachement est plus puissant.
L’enfant se construit avec ce qu’il reçoit, en positif et en négatif. Et ce
dont il estime avoir été privé prend une grande importance. Le psychologue D.
W. Winnicott disait que « la souffrance vient de ce qui n’est pas advenu ». Des
manques dont les parents n’ont pas forcément eu conscience au moment où ils
étaient ressentis par leur enfant.
Ainsi, nos parents font désormais partie de notre
« roman familial », une histoire que nous avons écrite dans notre
imaginaire, mais qui ne correspond qu’approximativement à la réalité. Cela vous
étonne ? Pourtant tous les psychanalystes en ont fait l’expérience : les
parents décrits par leurs patients n’ont pas grand chose à voir avec les
personnes réelles. Si vous en voulez une preuve, comparez vos souvenirs
d’enfance avec ceux de vos frères et sœurs quand vous en avez, ou avec ceux de
vos proches qui ont partagé des moments en commun avec vos parents et
vous : vous décèlerez bien des différences.
Conséquence : nous risquons de reprocher à nos parents
de ne pas être conforme à l’image que nous avons d’eux. C’est d’ailleurs ce que
nous faisons, en général, pendant la crise de l’adolescence, période de révolte
ou de contestation pour beaucoup. Cette contestation n’est pas malsaine, mais
elle demande à être dépassée : vient un moment où il nous faut accepter
non seulement que nos parents ne soient pas ce que nous aurions voulu qu’ils
soient, mais aussi notre difficulté ou notre incapacité à les changer. Cela
vaut aussi pour les frères et sœurs.
En acceptant nos parents tels qu'ils sont, nous entrons dans une relation plus sereine et plus riche. |
Renaud CHEREL
Vous pouvez voir aussi dans ce blog des messages sur la même thématique :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire