Beaucoup de gens autour de nous sont grognons ou râleurs : râler, critiquer, cela fait partie d’un sport national français dont on ne prend vraiment la mesure qu’en sortant de nos frontières. Ayant eu l’occasion de voyager seul à l’étranger, j’ai pu m’apercevoir que les français avaient mauvaise réputation. Cette impression personnelle a été confirmée par différentes enquêtes que j’ai pu consulter. Par exemple, Expedia, leader mondial du voyage en ligne, publiait en 2009 les résultats d’une étude annuelle, menée auprès de 4 500 hôteliers dans le monde entier, sur les comportements des voyageurs de 27 nationalités différentes. Les Français y obtenaient la palme des pires touristes au monde : ils étaient classés comme étant les plus réfractaires aux langues étrangères et figuraient parmi les plus pingres, les plus râleurs et les plus impolis.
Dans un autre domaine, l’Observatoire international des
salariés publié par TNS-Sofres en 2007 met en évidence le côté râleur des
français : ceux-ci sont plus pessimistes, plus las et entrent plus
facilement en conflit avec la direction de leur entreprise que les salariés des
autres nationalités étudiés. Cependant, le râleur français se montre moins
négatif quand il est salarié d'un groupe étranger, comme si le contact avec
d’autres points de vue modéraient son côté vindicatif.
Là encore, les enquêtes coïncident avec mon expérience
personnelle : lorsque je travaillais dans un groupe international, j’avais
eu l’occasion de visiter nos installations dans l’Iowa, aux États-Unis. Et
j’avais été frappé, lors de discussions informelle avec mes collègues
américains, par la façon dont ils se positionnaient par rapport à l’entreprise
dont nous étions employés. En effet, en France j’avais l’habitude d’entendre
les critiques et récriminations permanentes de certains de mes collègues
cadres, ce qui ne les empêchait pas de continuer à travailler dans
l’entreprise. Là, rien de tel : je voyais mes collègues américains faire
leur travail sans râler et appliquer scrupuleusement les consignes de la
direction. Un soir, en prenant une bière, je leur demandais si de temps en
temps ils n’éprouvaient pas le besoin d’exprimer leur désaccord ou leur
différence. L’un d’eux me résuma leur position : « Moi, j’ai passé un
contrat avec cette entreprise ; tant que l’objectif de l’entreprise et les
moyens qu’elle met pour y parvenir correspondent à ma vision personnelle, j’y
vais à fond. Si j’ai des points de désaccord, je le dis ; et si l’on
n’arrive pas à s’entendre sur des points importants, je m’en vais, je vais
trouver du travail ailleurs. »
Notons que cela se passait avant la crise de 2008 : le
discours des américains ne serait peut-être pas le même aujourd'hui. On
pourrait discuter longuement sur le mérite de l’un ou l’autre des points de
vue, ou chercher à justifier la position des français ; mais là n’est pas
mon propos. Ma question est plus simple : il est probable que peu d’entre
nous se reconnaissent dans le portrait du français râleur. Si pourtant c’est le
cas, quelles satisfactions le fait d’être grincheux(se), râleur(se), pessimiste
ou ronchon m’apporte-t-il ? Et quelles conséquences cela a-t-il pour les
autres ?
Renaud CHEREL
Voir aussi dans ce blog :
Comment gérer les râleurs au travail?
Vivre avec un râleur
Colère
Critique constructive
Renaud CHEREL
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