-« Moi, je cherche à faire des étincelles très vite,
explique Josselin. Puis c’est le burn-out ! Plusieurs fois déjà ça m’est
arrivé, suite à une période où j’ai travaillé jour et nuit, sept jours sur
sept. Dans ces moments-là, il m’est impossible de prendre des congés.
- C’est un peu pareil pour moi, opine Vinciane. Je suis
une fonceuse, j’ai de l’énergie. Je mets le masque de "Tout va
bien !" et j’avance. Je dois toujours être moteur. Je fais, je crée
des choses tout le temps. Déjà jeune j’étais comme ça : j’ai le
souvenir d’une année scolaire en apnée pendant 9 mois…
- J’ai travaillé beaucoup – trop, explique Pétronille.
J’ai beaucoup été dans l’efficacité, il fallait se sentir indispensable… et
puis j’ai eu une grosse fatigue, et cela m’a fait réfléchir : j’avais la
sensation de tourner dans le vide, un peu comme un hamster dans sa cage. Je cherchais
à faire pour avoir. Je n’avais pas le droit d’aller mal. Maintenant j’ai changé
de fonctionnement et je vais mieux.
- Oh là là, vous me faites peur, avec votre
activisme ! s’exclame Marin. Rien que de vous voir faire, ça me fatigue.
Moi, je prends mon temps pour faire les choses, et je déteste qu’on me
bouscule. C’est vrai qu’au travail, on me met la pression ; mais si on
insiste pour me faire aller plus vite, j’utilise plutôt la résistance passive.
Je vais résister de façon invisible. Je n’ai pas eu de grosse promotion, mais
bon… »
L’activisme, ou hyperactivité, est cité par un certain
nombre d’auteurs comme faisant partie des mécanismes de défense psychologiques.
Il s’agit de la « gestion des conflits psychiques ou des situations
traumatiques externes, par le recours à l’action, à la place de la réflexion ou
du vécu des affects. »
Alors que l’incapacité à tenir en place et l’hyperactivité chez
les enfants sont souvent pris comme des signaux d’alerte, cela n’est plus
considéré comme un problème à l’âge adulte. Au contraire, notre société
valorise les comportements hyperactifs dans l’univers professionnel où la
compétitivité fait rage. Pourtant, d’après les psychologues, l’activisme est souvent
une façon de masquer ou de justifier une anxiété chronique, la peur de ne pas
être à la hauteur, la peur de ne pas être aimé.
Mais on ne peut pas rejeter sur le seul individu au travail
l’entière responsabilité de cette hyper-activité ; la vie professionnelle
et même notre société dans son ensemble en prennent une part importante. On
voit bien que l’organisation du travail impose des contraintes croissantes dans
le cadre de la productivité. Le sujet est contraint de déployer des efforts
considérables pour produire davantage, tout en maintenant un haut niveau de
qualité. Le risque, pour celui qui réussit à s’impliquer subjectivement dans
son travail, qui cherche à l’accomplir le plus consciencieusement possible,
c’est de devenir vulnérable au risque de l’hyperactivité. Il risque de tomber
dans un engrenage sans fin où on lui demandera toujours plus.
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