Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

mardi 13 septembre 2016

Activisme et hyperactivité


Des amis discutent sur leur rapport au travail.

-« Moi, je cherche à faire des étincelles très vite, explique Josselin. Puis c’est le burn-out ! Plusieurs fois déjà ça m’est arrivé, suite à une période où j’ai travaillé jour et nuit, sept jours sur sept. Dans ces moments-là, il m’est impossible de prendre des congés.

- C’est un peu pareil pour moi, opine Vinciane. Je suis une fonceuse, j’ai de l’énergie. Je mets le masque de "Tout va bien !" et j’avance. Je dois toujours être moteur. Je fais, je crée des choses tout le temps. Déjà jeune j’étais comme ça : j’ai le souvenir d’une année scolaire en apnée pendant 9 mois…

- J’ai travaillé beaucoup – trop, explique Pétronille. J’ai beaucoup été dans l’efficacité, il fallait se sentir indispensable… et puis j’ai eu une grosse fatigue, et cela m’a fait réfléchir : j’avais la sensation de tourner dans le vide, un peu comme un hamster dans sa cage. Je cherchais à faire pour avoir. Je n’avais pas le droit d’aller mal. Maintenant j’ai changé de fonctionnement et je vais mieux.

- Oh là là, vous me faites peur, avec votre activisme ! s’exclame Marin. Rien que de vous voir faire, ça me fatigue. Moi, je prends mon temps pour faire les choses, et je déteste qu’on me bouscule. C’est vrai qu’au travail, on me met la pression ; mais si on insiste pour me faire aller plus vite, j’utilise plutôt la résistance passive. Je vais résister de façon invisible. Je n’ai pas eu de grosse promotion, mais bon… »

L’activisme, ou hyperactivité, est cité par un certain nombre d’auteurs comme faisant partie des mécanismes de défense psychologiques. Il s’agit de la « gestion des conflits psychiques ou des situations traumatiques externes, par le recours à l’action, à la place de la réflexion ou du vécu des affects. »

Alors que l’incapacité à tenir en place et l’hyperactivité chez les enfants sont souvent pris comme des signaux d’alerte, cela n’est plus considéré comme un problème à l’âge adulte. Au contraire, notre société valorise les comportements hyperactifs dans l’univers professionnel où la compétitivité fait rage. Pourtant, d’après les psychologues, l’activisme est souvent une façon de masquer ou de justifier une anxiété chronique, la peur de ne pas être à la hauteur, la peur de ne pas être aimé.

Mais on ne peut pas rejeter sur le seul individu au travail l’entière responsabilité de cette hyper-activité ; la vie professionnelle et même notre société dans son ensemble en prennent une part importante. On voit bien que l’organisation du travail impose des contraintes croissantes dans le cadre de la productivité. Le sujet est contraint de déployer des efforts considérables pour produire davantage, tout en maintenant un haut niveau de qualité. Le risque, pour celui qui réussit à s’impliquer subjectivement dans son travail, qui cherche à l’accomplir le plus consciencieusement possible, c’est de devenir vulnérable au risque de l’hyperactivité. Il risque de tomber dans un engrenage sans fin où on lui demandera toujours plus.

Peut-on sortir de l’hyperactivité ? Nous le verrons dans le prochain message.



Renaud CHEREL


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