Même si certains individus se sentent à l’aise dans la solitude ou vivent en ermites, nous autres humains sommes majoritairement des êtres sociaux. Qui n’a jamais eu besoin d’aide, ne serait-ce que pendant son enfance ? Nous pouvons d’ailleurs observer que toutes les sociétés, à toutes les époques, ont su élaborer des systèmes d’aides aux individus qui en avaient besoin. Dans une période où la menace d’attentats sanglants continue de planer, nous ressentons combien sont précieuses les manifestations de soutien et les aides apportées aux victimes et à leurs familles.
Mais il peut nous arriver de ne pas oser recourir à autrui
pour résoudre un problème ou sortir d’une difficulté. En effet, demander de
l’aide nous fait apparaître plus vulnérable et nous positionne en état
d’infériorité, ce qui peut être inconfortable. Pourtant, nous pouvons
considérer les choses sous un autre angle : en demandant de l’aide à
l’autre, je lui rends paradoxalement un certain service. Je ne parle pas
d’excès, bien entendu : il ne s’agit pas de décider de vivre toute sa vie
aux crochets des autres ! Mais en sollicitant l’aide d’autrui, je lui envoie
un message non verbal qui signifie « Je te fais confiance ».
Je lui donne l’occasion de se montrer généreux, d’exprimer
des qualités et des aspects positifs de sa personnalité qui étaient peut-être
sous-utilisés. Par là même, en lui demandant un service, je valorise cette
personne, je lui accorde une dignité dont peut-être elle avait soif sans
forcément avoir conscience de ce besoin de reconnaissance en elle. Le prix que
je paye – celui de me sentir momentanément en état d’infériorité – est
largement compensé, non seulement par l’aide concrète que je reçois, mais aussi
par le lien qui s’instaure entre cette personne et moi, par le plaisir qu’elle
ressentira de m’aider et par la valorisation de cette personne qui peut-être,
grâce à ce service rendu, aura pris davantage confiance en elle.
Ainsi, la demande d’aide peut être un outil de
valorisation : les éducateurs le savent bien, qui demandent aux jeunes des
services dans lesquels ils vont pouvoir peu à peu exercer des responsabilités
et s’affirmer. C’est aussi le cas, d’une façon un peu différente, dans le monde
de l’entreprise, lorsqu’un responsable hiérarchique délègue un certain nombre
de tâches à ses subordonnés. Cela suppose évidemment de sa part de bien savoir
situer les limites du domaine de chacun et de savoir dire non quand cela est
nécessaire.
Un exemple qui m’a beaucoup frappé est le geste de l’abbé
Pierre, lorsqu’il rencontra Georges Legay en 1949. Ce dernier, un ancien
bagnard, était désespéré, ne croyant plus en rien ni en lui-même et résolu à se
suicider. L’abbé Pierre lui dit : « Je ne peux pas t'aider, je n'ai rien à
te donner. Mais toi, tu peux m'aider à aider les autres. » Georges devint alors
le premier compagnon d’Emmaüs et participa avec énergie au développement de ce
mouvement.
Osons donc demander de l’aide à autrui, osons faire ce
cadeau à l’autre en lui faisant confiance et en lui signifiant qu’il est
important à nos yeux !
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Demander de l'aide, mécanisme de défense
Oser demander
Donner et recevoir
Renaud CHEREL
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