Dans le message précédent, nous avons vu l’intérêt de construire un
compromis. Précisons d’emblée que le compromis n’est pas une solution universelle :
il existe bien sûr des situations où il s’avère nécessaire de trancher, soit du
fait de l’urgence, soit parce que l’ensemble des informations n’est pas disponible
pour toutes les parties, ou encore pour d’autres raisons. Lorsque l’alerte au
feu retentit dans la caserne des pompiers, ce n’est pas le moment de discuter
de l’intérêt d’intervenir sur le sinistre ou pas. En dehors de ces situations
qui doivent rester exceptionnelles, le compromis est envisageable dans la plupart
des cas.
L’esprit dans lequel construire un compromis s’inscrit dans celui
de la communication non violente. Dans les deux cas, l’on s’appuie sur les mêmes
principes :
- Prendre d’abord le temps d’échanger. Si l’autre personne
intervient alors que je suis occupé à une tâche importante, il est possible, la
plupart du temps, de répondre : « Je termine cette tâche et je suis à
toi dans tel délai » Que ce soit deux minutes ou une demi-heure, l’important
est de préciser la durée et de s’y tenir.
- Une fois face à la personne, rester calme, sans se
laisser déborder par les émotions. Il ne s’agit pas d’éliminer les émotions qui
peuvent monter en moi et qui de toute façon trouveront un moyen de s’exprimer,
mais de leur laisser leur juste place. Pour cela, je tente de considérer la situation
le plus objectivement possible, sans jugement : quels sont les faits ?
Qu’est-ce qui est en train de se passer ?
- Donner ma propre vision des faits et des ressentis qu’ils
ont provoqués en moi. C’est le moment où mes émotions peuvent s’exprimer, mais sans
excès ni théâtralisation. Poursuivre en exprimant fermement mon point de vue et
ma demande : il ne s’agit pas de céder ou de capituler a priori.
- Être à l’écoute de la personne ; cela signifie
non seulement que je sois attentif aux paroles qu’elle prononce, mais aussi à
ce qu’elle exprime par ailleurs : intonations et puissance de voix (langage
paraverbal), gestuelle et attitude du corps (langage non verbal). Souvent ces
derniers langages complètent très utilement l’information apportée par la parole.
- Poser des questions pour faire préciser à l’autre ce
que je n’ai pas bien compris, et au besoin reformuler avec mes propres mots, ce
qui permettra éventuellement d’éclaircir certains points qui ne me paraissaient
pas clairs. L’écoute et le questionnement me permettent de comprendre le point
de vue de l’autre, même si je ne le partage pas : je respecte la personne,
même si ses actes ou ses déclarations me paraissent inappropriés par rapport à
la situation.
- En dernier lieu, proposer une solution en accord avec
les deux points de vue. Il est également possible de demander à la personne
quel compromis elle serait en mesure de proposer. Si cette solution paraît
acceptable dans son principe, elle peut ensuite être affinée dans ses détails
afin que les deux interlocuteurs y trouvent chacun leur compte.
Renaud Cherel
Renaud Cherel
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