Dans le message précédent, j’ai opposé nomades et sédentaires.
Avant d’aller plus loin, j’aimerais préciser que nous autres, Occidentaux,
éprouvons le besoin de polariser les concepts par dualités : le noir
opposé au blanc, le bien au mal, le pur à l’impur, le courage à la lâcheté, etc.,
contrairement aux Orientaux qui préfèrent considérer tous les intermédiaires
entre deux opposés.
Jusqu’à un certain point, ces oppositions sont
justifiées : elles nous permettent certainement de mieux conceptualiser
les choses, et de préciser ou de caractériser chacun des concepts étudiés. Mais
ensuite, revenant à la réalité concrète, il nous faut prendre en compte toutes
les nuances qu’elle nous présente, ce que bien souvent nous omettons de faire. Il
en est évidemment de même pour le sujet qui nous occupe, l’opposition entre
nomadisme et sédentarité. L’image du nomade véhicule des idées de liberté, de
mouvement, de découverte de choses nouvelles ou inconnues ; le nomade est
également insaisissable, imprévisible et donc a toujours posé dans nos sociétés
sédentarisées la question de la sécurité. À l’inverse, l’image du sédentaire
évoque la stabilité, la continuité, l’ancrage et donc la solidité ; par
extension, une certaine sécurité.
Pourtant, on peut dire que chacun des deux a besoin de
l’autre : le monde ne cesse de changer et le sédentaire a besoin de mouvement
pour s’adapter au changement. De son côté, le nomade transporte avec lui une certaine
permanence, sans laquelle il tomberait dans l’errance. Aujourd'hui, dans notre
société, nous sommes tiraillés entre ces deux tendances. D’un côté, nous sommes
poussés à la sédentarité, à la stabilité. Pour prendre deux exemples actuels :
- l’accès à la propriété privée du logement, même si elle n’est pas accessible à tous, est présenté comme un droit ;
- l’accès à la propriété privée du logement, même si elle n’est pas accessible à tous, est présenté comme un droit ;
- par le biais d’Internet, les services
à domicile se généralisent, et incitent les particuliers à se sédentariser
encore davantage.
Mais dans le même temps, nous sommes de plus en plus poussés
à la mobilité, aussi bien dans la carrière professionnelle où la flexibilité
est recherchée, que dans les loisirs, où les croisières et voyages en tous
genres ne se sont jamais autant développés.
Dans ces conditions, difficile d’opposer sédentaires et
nomades ! Les deux types de comportement sont nécessaires à la vie de la
société, comme pour nous-mêmes. En général, on tend à être davantage sédentaire
en vieillissant ; mais les seniors forment aujourd'hui les gros bataillons
des agences de voyages… Par ailleurs, certains individus, très sédentaires physiquement,
sont très nomades dans leur tête : je pense à Marcel Proust, reclus dans
sa chambre une grande partie de sa vie, dont l’esprit était si vagabond. Plus
près de nous, combien d’internautes conversent depuis chez eux avec des
« amis » originaires de la planète entière !
Marcel Proust a composé son oeuvre sans presque jamais quitter sa chambre... |
Nous gagnerons en harmonie en acceptant, en nous et autour
de nous, les aspects sédentaires et nomades pour en tirer plus de richesse à
travers leurs complémentarités. À nous de les doser selon le type d’activité,
mais aussi selon les périodes de notre vie, certaines étant plus propices au nomadisme
et d’autres nous appelant à plus de sédentarité.
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Nomades et sédentaires
Permanence et changement
Renaud CHEREL
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