Principe de causalité : pour les tenants de la
causalité, les relations causales influencent le présent à partir du passé. Un
autre façon de formuler ce principe est de dire que si un phénomène (nommé
cause) produit un autre phénomène (nommé effet), alors l’effet ne peut précéder
la cause.
On a longtemps avancé un second aspect du principe de
causalité : à une même cause correspond nécessairement un même effet (ce
qu’on appelle le déterminisme). Mais cet aspect a été écarté dans la physique
moderne : en effet, dans l’état des connaissances actuelles, la
détermination complète de l’état initial d’un système complexe est impossible. Or,
l’expérience montre que dans certains systèmes, des différences minimes
aboutissent à des effets extrêmement différents (systèmes chaotiques).
Toute la science contemporaine est donc bâtie sur un
axiome : la cause précède l’effet. Pourtant, même dans les sciences dures,
un domaine semble lui résister, la physique quantique ; un certain nombre
de théories ont d’ailleurs été élaborées pour contourner ce problème.
Principe de finalité : à l’inverse, pour les tenants de
la finalité, le projet final influence le présent. Ce principe avait été
formulé dès l’Antiquité, avec Aristote qui affirmait : « La nature ne
fait rien en vain. » Selon le philosophe grec, tout être a une fin, un
but. Rien dans la nature n’est gratuit, manqué ou superflu. C’est notamment le
cas si l’on admet l’existence d’un dieu créateur, ayant créé le monde dans une
certaine intention, même si celle-ci nous est inconnue.
Ces deux écoles de pensée semblent exclusives l’une de
l’autre. Pourtant, nous les mélangeons sans cesse dans le langage courant. Par
exemple nous pouvons dire : « si je n’avais pas raté la marche, je ne
serais pas tombé » : causalité. Ou bien : « les épines permettent
au rosier de se défendre contre les oiseaux. » Là, nous avons un discours
finaliste en attribuant une intention à une plante. Mais celle-ci a-t-elle la
volonté de se défendre ? Difficile à dire, alors qu’elle ne possède pas de
système nerveux, ni aucune structure pouvant jouer ce rôle. Buffon allait très
loin dans ce sens, affirmant par exemple que le melon était fait pour être
partagé en famille, d’où les divisions de la peau du fruit : vision à la
fois très finaliste et anthropocentrique (centrée sur l’homme)…
La rose explique au petit Prince qu'elle a des épines pour se protéger... |
Faut-il trancher entre les deux ? Ou bien les admettre
simultanément dans deux sphères séparées, en postulant que la science – et la
causalité – traitent du « comment », et la religion ou la métaphysique
traitent du « pourquoi » ? Certains auteurs défendent une
position intermédiaire : l’existence de causes immédiates démontrées par
la science ne saurait exclure la nécessité d’une cause finale ou d’une cause
première.
Pour illustrer cette position : la démonstration que la flèche
est poussée par la tension de la corde (cause immédiate) ne saurait expliquer
la volonté de l’archer de tuer le sanglier pour se nourrir – ou pour s’enrichir
en vendant la viande (cause finale).
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Renaud CHEREL
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