Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 19 octobre 2015

Causalité, finalité

Principe de causalité : pour les tenants de la causalité, les relations causales influencent le présent à partir du passé. Un autre façon de formuler ce principe est de dire que si un phénomène (nommé cause) produit un autre phénomène (nommé effet), alors l’effet ne peut précéder la cause.

On a longtemps avancé un second aspect du principe de causalité : à une même cause correspond nécessairement un même effet (ce qu’on appelle le déterminisme). Mais cet aspect a été écarté dans la physique moderne : en effet, dans l’état des connaissances actuelles, la détermination complète de l’état initial d’un système complexe est impossible. Or, l’expérience montre que dans certains systèmes, des différences minimes aboutissent à des effets extrêmement différents (systèmes chaotiques).

Toute la science contemporaine est donc bâtie sur un axiome : la cause précède l’effet. Pourtant, même dans les sciences dures, un domaine semble lui résister, la physique quantique ; un certain nombre de théories ont d’ailleurs été élaborées pour contourner ce problème.

Principe de finalité : à l’inverse, pour les tenants de la finalité, le projet final influence le présent. Ce principe avait été formulé dès l’Antiquité, avec Aristote qui affirmait : « La nature ne fait rien en vain. » Selon le philosophe grec, tout être a une fin, un but. Rien dans la nature n’est gratuit, manqué ou superflu. C’est notamment le cas si l’on admet l’existence d’un dieu créateur, ayant créé le monde dans une certaine intention, même si celle-ci nous est inconnue.

Ces deux écoles de pensée semblent exclusives l’une de l’autre. Pourtant, nous les mélangeons sans cesse dans le langage courant. Par exemple nous pouvons dire : « si je n’avais pas raté la marche, je ne serais pas tombé » : causalité. Ou bien : « les épines permettent au rosier de se défendre contre les oiseaux. » Là, nous avons un discours finaliste en attribuant une intention à une plante. Mais celle-ci a-t-elle la volonté de se défendre ? Difficile à dire, alors qu’elle ne possède pas de système nerveux, ni aucune structure pouvant jouer ce rôle. Buffon allait très loin dans ce sens, affirmant par exemple que le melon était fait pour être partagé en famille, d’où les divisions de la peau du fruit : vision à la fois très finaliste et anthropocentrique (centrée sur l’homme)…

La rose explique au petit Prince qu'elle a des épines
pour se protéger...
Faut-il trancher entre les deux ? Ou bien les admettre simultanément dans deux sphères séparées, en postulant que la science – et la causalité – traitent du « comment », et la religion ou la métaphysique traitent du « pourquoi » ? Certains auteurs défendent une position intermédiaire : l’existence de causes immédiates démontrées par la science ne saurait exclure la nécessité d’une cause finale ou d’une cause première. 

Pour illustrer cette position : la démonstration que la flèche est poussée par la tension de la corde (cause immédiate) ne saurait expliquer la volonté de l’archer de tuer le sanglier pour se nourrir – ou pour s’enrichir en vendant la viande (cause finale).

Et vous, qu’en pensez-vous ?


Renaud CHEREL


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