Utile : dont l’usage, l’emploi est ou peut être
avantageux, satisfait un besoin.
Utilitarisme : doctrine selon laquelle l’utile est le
principe de toutes les valeurs dans le domaine de la connaissance et de l’action.
Attention : chez les tenants de l’utilitarisme, la notion d’utilité n’a
pas le sens qu’on lui attribue couramment ; ce qui est « utile » désigne
ce qui contribue à maximiser le bien-être d’une population. On peut résumer le
cœur de la doctrine utilitariste par la phrase : Agis toujours de manière à ce qu’il en résulte la plus grande quantité
de bonheur (principe du bonheur maximum).
Même après avoir pris cette précaution sémantique, il me
semble difficile aujourd’hui dans notre société d’échapper à l’emprise de
l’utilitarisme, alors même que cette notion est absente du fonctionnement de
bien des cultures non occidentales, et n’a probablement pas été un moteur de la
nôtre avant la Renaissance.
"Paradoxe entre l'utile et l'inutile" (Oeuvre de Sébastien Desjardins) |
Et dans le même temps, l’on proteste en cas de changements
imposés, de restructuration ou de licenciements. Pierrick s’insurge :
« Ils m’ont gardé tant que j’étais utile, et maintenant ils me
jettent ! » Dans cette protestation, il y a le sentiment que la
personne ne se réduit pas à sa seule utilité pour l’entreprise ; elle
n’est pas qu’une machine, un robot, un pion. Pierrick a conscience à ce moment-là
qu’il possède d’autres dimensions, une valeur qui dépasse le chiffrable et le
mesurable.
Même dans le relationnel quotidien, hors de l’entreprise, on
peut avoir une vision utilitariste : Maximin a tendance à fréquenter les
personnes ou les groupes sociaux qui vont lui être utile pour sa promotion, son
plan de carrière, tandis que Victoria se retrouve dans les cercles lui
permettant de conforter son statut social…
Ce sont des comportements courants
qui prennent une place très importante dans le fonctionnement de notre société.
Mais peut-on prétendre pour autant que c’est le ressort exclusif de toute
interaction sociale ? Il y a, me semble-t-il, une part de gratuité dans
beaucoup d’actes humains qui contribue à mes yeux à la dignité de la personne humaine. Et
s’il est vrai que dans la vision libérale actuelle, l’employé d’une entreprise
est considéré comme une ressource, et donc « utile » dans la mesure
où il est productif, cela n’est probablement pas la seule manière d’envisager
le fonctionnement en société. Après tout, l’entreprise est au service des
hommes et non pas l’inverse.
Renaud CHEREL
Ce message vous a plu ? Vous pouvez voir aussi dans ce blog :
Utilité et gratuité
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Expo Sébastien Desjardins
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