Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

mardi 1 mars 2016

Pudeur, impudeur

Jeanne n’aime pas s’exposer au regards des autres – et surtout des hommes – et arbore toujours en public des tenues très correctes. Elle admet qu’elle cherche à préserver son intimité, précieuse à ses yeux. Son amie Gervaise, elle, adore les tenues très sexy qui allument les regards des hommes et ne rate jamais une occasion de faire tourner les têtes. Elle explique à Jeanne qu’elle est une femme libérée et qu’elle ne supporte pas toutes ces contraintes qui furent imposées à des générations de femmes avant elles.

Etienne est un homme très direct qui ne mâche pas ses mots et peut utiliser un langage très cru ; physiquement, la nudité ne le gêne pas et ses proches disent qu’il n’a pas de pudeur. Pourtant, quand il s’agit d’exprimer certains sentiments, il se sent mal à l’aise et cache son émotion derrière un bon mot ou une blague un peu salace : la pudeur existe aussi pour lui.

Dans son blog sur Internet, Lila a l’habitude de raconter tous les détails de sa vie personnelle et sentimentale, récits agrémentés de photos prises sur le vif. Cela lui paraît naturel ; elle expose sa vie intime aux regards de tout un chacun, sans en éprouver de gêne particulière. Pourtant, dans ses rapports avec les autres dans la vie réelle, elle se montre plutôt réservée, voire timide, et ne se livre pas très facilement.

Notre société d’aujourd'hui – du moins dans les pays occidentaux – a mis à mal la notion de pudeur, pour un ensemble de raisons. Sans être exhaustif, l’on pourrait citer : la remise en cause des interdits traditionnels ; un certain exhibitionnisme ambiant – il faut se montrer pour exister, il faut être vu pour réussir. Par ailleurs, les intérêts mercantiles n’y sont pas étrangers et exploitent le côté voyeur dans la publicité, les films, sans parler de l’industrie pornographique. Cela a pour conséquence un durcissement de l’opposition pudeur – impudeur, favorisant l’excès et la caricature. D’un côté, certains prennent plaisir à s’exhiber physiquement et moralement, affirmant que la pudeur, c’est de la pudibonderie ou de la gêne, voire de la honte. D’autres au contraire versent dans un excès de pruderie qui peut confiner à la dissimulation.

Dans le petit Robert, deux sens du mot pudeur sont proposés :      
1. Sentiment de honte, de gêne qu’une personne éprouve à faire, à envisager ou à être témoin des choses de nature sexuelle, de la nudité. C’est le domaine de la décence, voire de la pudibonderie si le comportement est exagéré ou déplacé (la fausse pudeur).   
2. Gêne qu’éprouve une personne délicate devant ce que sa dignité semble lui interdire. On est là davantage dans la réserve, la discrétion, la retenue. Cette forme de pudeur peut concerner l’expression de sentiments ou certains comportements.

Ces deux aspects de la pudeur sont synthétisés dans la définition donnée par Jean-Claude Bologne : pour lui, la pudeur est « la disposition plus ou moins marquée à dissimuler ce que nous ressentons comme une fragilité ou un caractère essentiel de notre personnalité ».

Et vous, comment vivez-vous la pudeur ou l’impudeur ?


Renaud CHEREL


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