Tout d’abord, notons que l’impatience n’est pas directement liée à la vivacité d’esprit ou à la rapidité d’action, comme on pourrait le croire : on peut être patient et très rapide, et impatient quoique très lent. N’avez-vous jamais rencontré de ces artisans incroyablement rapides et précis dans leurs gestes qui pourtant travaillaient avec beaucoup de sérénité ? On peut en dire autant concernant beaucoup d’activités bien maîtrisées. À l’inverse, le néophyte sera à la fois plus impatient et plus maladroit.
Cependant, l’impatience ne revêt pas que des aspects négatifs :
l’impatience de l’enfant, liée à sa curiosité, le pousse à explorer, à
découvrir le monde ; et chez l’adulte, elle peut s’avérer être un moteur
puissant capable de lui faire déplacer des montagnes pour atteindre son objectif.
Mais très souvent pressé d’arriver au but, l’impatient néglige des détails important
ou commet des maladresses, provoquant des dégâts collatéraux parfois dommageables.
Par ailleurs, l’impatience n’est pas toujours confortable à
vivre ; derrière ce sentiment d’urgence peuvent se cacher des émotions refoulées,
qui auraient besoin d’être entendues, accueillies et soutenues : angoisse
existentielle, peur de vieillir, vieilles colères contre ses proches, ses parents
ou contre soi-même. L’impatient chronique veut tout, tout de suite : cette
intolérance à la frustration, propre à l’état infantile, peut être signe d’une
certaine immaturité. Elle exprime un désir de toute-puissance qui peut cacher en
réalité un profond manque d’estime de soi. Il faut reconnaître que notre
société, qui favorise l’impulsivité et le zapping, ne nous aide pas à mettre de
la distance entre nos désirs et leur satisfaction immédiate.
Voici quelques pistes d’exercices à pratiquer régulièrement
pour échapper au diktat de l’impatience.
D’abord, il peut être utile de préciser le contexte pour
effectuer un travail de tri : suis-je impatient(e) chronique, ou bien seulement
dans certaines circonstances ? Dans ce dernier cas, puis-je identifier les
principales situations où je manifeste de l’impatience ? Peut-être y
a-t-il des situations où l’impatience s’avère positive, et dans ce cas je la
garde. Par contre, dans les autres cas, je décide de calmer mon impatience en
utilisant par exemple les outils suivants :
- Je prends conscience de mes émotions, en passant par
le corps : qu’est-ce que je ressens ? Une tension dans le dos, la
nuque, le ventre… ? Qu’est-ce que cela exprime pour moi ? De la colère,
de la peur, de la tristesse ? Cette simple prise de conscience a déjà des
effets positifs.
- Je suis présent(e) dans l’instant, ici et maintenant,
en appréciant toute la richesse et toutes les nuances de ce que je suis en
train de vivre, plutôt que d’être tendu(e) vers ce que je vais faire après, ou
angoissé(e) par la liste de toutes les tâches que je dois accomplir dans l’heure,
dans la journée, dans la semaine, dans le mois qui viennent…
- Je pratique des exercices propres à me détendre, par
la relaxation, la respiration lente, le yoga… Mais cela peut être aussi, tout simplement,
de m’adonner tranquillement à une activité que j’aime et qui me fait du bien.
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Renaud CHEREL
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