J’entends ici comprendre au sens d’appréhender par la
connaissance, se faire une idée claire de l’enchaînement des causes du
phénomène ou de l’événement.
Enfant, je posais beaucoup de questions
« pourquoi ? » et n’avais de cesse de comprendre le monde qui
m’entourait. « Pourquoi le ciel est-il bleu et l’herbe verte ?
Pourquoi les bateaux sur la mer disparaissent-ils à l’horizon ? Qu’est-ce
qui fait avancer une automobile ? » Devenu adulte, j’ai conservé
cette tournure d’esprit ; ayant bénéficié d’une formation scientifique,
j’ai résolu la plupart des questions que je me posais étant enfant, mais j’ai
continué de m’en poser de nouvelles continuellement. Et pendant longtemps, non
seulement je suis resté persuadé de la nécessité de chercher à tout comprendre,
mais je pensais que ce besoin était partagé par tout le monde. Il m’a fallu du
temps et la confrontation avec l’expérience pour réaliser que cette soif de
comprendre correspondait à un type de fonctionnement particulier, et que ce
n’était pas la priorité de la plupart des gens.
Pour prendre quelques exemples personnels : vers l’âge
de six ans, j’ai réparé la vieille machine à écrire de ma mère après avoir
observé son fonctionnement ; adolescent, je trouvais mystérieux le
mouvement des montres et horloges, capables de donner l’heure à tout
instant. J’ai donc démonté la vieille horloge en panne d’une de mes tantes pour
en comprendre le mécanisme. Par la même occasion, j’ai trouvé l’origine du
dysfonctionnement et j’ai pu la réparer. J’ai fait de même avec des réveils,
sans toutefois m’attaquer aux montres, dont le mécanisme très fin demandait un
outillage que je ne possédais pas. Pour comprendre comment s’est formé le sol
que nous foulons aux pieds, j’ai approfondi mes cours de géologie et fait une collection
de roches. Puis j’ai étudié la botanique et constitué un herbier. Plus tard,
quand j’ai appris à conduire, il m’était impératif de comprendre comment
fonctionnait mon véhicule, en l’occurrence une 2CV ; avec un copain, nous
avons passé plusieurs week-ends à la démonter complètement, puis à la remonter,
après quoi elle a démarré parfaitement. Pour observer le ciel et les étoiles
j’ai acquis une lunette astronomique, puis étudié l’astronomie… Et ainsi de
suite dans de nombreux domaines de connaissance.
Et puis un jour, j’ai pris conscience que je ne comprenais
pas trop les humains, et que mes interactions sociales n’étaient pas toujours
très adroites. Alors, j’ai suivi une psychanalyse, pour tenter de comprendre
mon propre fonctionnement, puis des cours de psychologie et différentes
formations qui m’ont amené à la pratique du coaching. Je me suis rendu compte
que les êtres humains fonctionnent de manière bien plus compliquée que les
horloges, les automobiles, les plantes ou les étoiles dans le ciel. Et j’ai
reconsidéré ma façon de voir les choses : oui, il est bon de chercher à
comprendre – et je continuerai à le faire –, mais non, on ne peut pas tout comprendre.
Il y a des domaines qui nous échappent, comme la métaphysique, et qui
probablement nous échapperont toujours, car liés aux limites humaines.
Renaud CHEREL
Vous pouvez lire aussi dans ce blog des articles sur la même thématique :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire