Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 7 mars 2016

Qu'est-ce que la vérité?

"La vérité sortant du puits"
de Gérôme
Le mot « vérité » est polysémique, il a plusieurs sens. Si nous nous tenons à celui du langage courant, la vérité est une connaissance conforme au réel. Ainsi, la notion de vérité suppose l’existence d’un sujet pensant et disant quelque chose sur le réel. La vérité n’est pas la réalité, mais elle tient dans la conformité avec le réel d’un discours sur lui ; par conséquent, la vérité est par essence subjective. Et donc la notion de « vérité objective » peut être discutée car, sans sujet, il n’y a pas de vérité, et que tous les sujets ne voient pas le monde de la même façon. Je pourrais ajouter que la vérité est un objet relationnel, elle se situe toujours dans une relation, de moi à l’autre ou – dans le dialogue intérieur – de moi à moi.

Dire la vérité, c’est au fond dire au plus juste, le plus exactement possible, l’impact de la réalité sur moi. C’est donc dire à la fois ce que j’ai perçu des faits par mes sens, et les émotions qui m’ont traversé à ce moment-là. Comme mes sens sont imparfaits, ma relation des faits ne sera que partiellement exacte ; la vérité est la réalité passée par le filtre de mes sens et de mes émotions, donc de ma subjectivité. Deux personnes qui témoignent d’un accident auquel elles ont assisté racontent le plus souvent deux histoires différentes. Par conséquent, on peut affirmer qu’il y a autant de vérités que d’individus. C’est pourquoi je souscris à l’assertion de Luigi Pirandello : « à chacun sa vérité ».

Même l’observateur le plus froid, le plus honnête et le plus sincère ne peut pas tout à la fois percevoir la totalité du réel, restituer la totalité de ce qu’il a perçu et séparer complètement ce qu’il a perçu de son ressenti émotionnel. Quand, lors d’un procès, un témoin dit : « Je jure de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité », il n’affirme pas qu’il va décrire la réalité telle qu’elle est, mais seulement telle qu’il l’a perçue. C’est pourquoi il pourrait dire : « Je jure de dire ma vérité » ou bien « Je jure de dire la vérité telle que je l’ai perçue » – ce qui, évidemment, ne serait pas accepté par le tribunal.

Si donc chacun a sa vérité, peut-on parler de la Vérité, une vérité universelle ? Qu’est-ce que la Vérité ? C’est la question que posait le procurateur romain Ponce Pilate à Jésus dans le prétoire il y a deux mille ans, question balayée d’un revers de main par beaucoup de commentateurs, mais qui pourtant me semble extrêmement profonde et pertinente. Sur un plan strictement humain – où se situait Pilate –, je ne crois pas qu’il y ait de réponse à cette question ; Jésus, lui, se situe sur un tout autre plan, lorsqu’il affirme : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ».

La recherche de la vérité ne peut donc se faire, me semble-t-il, que sur le plan spirituel... Je n'irai pas plus loin pour ne pas sortir du cadre de ce blog.


Renaud CHEREL


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    Visions du monde
    Vérité et mensonge


1 commentaire:

Annie a dit…

Voilà une pensée avec laquelle je suis en parfait accord : si tant est que LA vérité existe, elle ne peut être que de l'ordre de la foi et même en ce domaine, elle reste subjective puisque chaque religion a sa propre vérité qui n'est pas celle des autres.