Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 6 avril 2015

Autocritique et perfectionnisme

Des amis se retrouvent sur une façon de fonctionner assez voisine.

Hedwige : « Moi, j’ai fortement tendance à m’autocritiquer : j’ai en permanence un tribunal dans ma tête, comme une petite salle d’audience à l’intérieur de moi-même où se passent des jugements ; et la plupart du temps, ces jugements sont négatifs. »

Gabin : « Pour moi, c’est le souci de perfection permanent. J’ai toujours cru que tout le monde avait envie d’être parfait… Et je me suis rendu compte que non, ce n’est pas du tout évident, on n’est pas parfait. Je suis toujours dans l’autocritique, le doute, la colère. »

Émilienne : « Je suis comme toi, j’ai une attention très forte aux petits détails : que tout soit rangé à la maison ; l’exigence sur les résultats scolaires de mes enfants (j’étais institutrice avant…) Je suis dans la peur de l’échec et l’autocritique en permanence : j’aurais pu mieux faire… j’aurais dû mieux faire… »

Désiré : « J’ai en moi une jauge permanente, une évaluation incessante de toute situation, de toute action à prendre. Au travail, ça n’est remis que si j’estime que c’est parfait. Si quelqu’un fait une critique sur ce travail, pour moi c’est une critique personnelle. Mais je ne le montre pas ; je le garde à l’intérieur, car ça ne se fait pas. »

Avoir un regard critique sur soi, c’est une bonne chose, à condition que cette autocritique ne dépasse pas un certain seuil que je qualifierai de destructif. Être critique par rapport à soi-même, c’est être capable de discerner et de reconnaître ses propres limites. Cela s’inscrit dans la reconnaissance de la finitude humaine en général, et de la sienne propre en particulier. L’autocritique qui me permet de reconnaître mes erreurs tout en conservant l’idée que je demeure perfectible est une démarche constructive : elle me permet de discerner et de mettre en œuvre, seul ou avec l’aide de tiers, des améliorations possibles dans mes attitudes et comportements. Par contre, en dépassant ces limites, en me dévalorisant sans cesse, je risque de tomber dans un excès nocif, à la fois pour moi-même et pour les autres.

L’autocritique constante est souvent liée au perfectionnisme, ce souci d’être parfait dans tous les domaines et en toutes circonstances. Ce type de fonctionnement génère souvent anxiété et frustration, aussi bien au travail que dans la vie personnelle et sociale, ainsi qu’une colère souvent contenue mais parfois explosive. Perfectionniste, j’ai l’impression de ne jamais en faire assez, de toujours pouvoir et devoir faire mieux, et je développe un sentiment diffus de culpabilité. Il m’arrive de me sentir coupable pour avoir négligé des détails que les autres ne perçoivent même pas ; d’ailleurs, dans la plupart des cas, ils ne comprendraient pas, même si je leur montrais. Car ce juge impitoyable est à l’intérieur de moi-même.


Accepter de ne pas être parfait, faire du mieux possible et prendre avec simplicité – voire avec humour – les erreurs ou les imperfections résiduelles, c’est une façon de vivre plus harmonieusement ce que j’ai à vivre.


Renaud CHEREL


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