Quoi de plus banal qu’une fenêtre ? Dans notre environnement
occidental, pratiquement toutes les habitations en sont pourvues – peu de gens
habitent dans des cavernes, des igloos ou des huttes sans ouvertures – et nous n’y
prêtons guère attention.
Pourtant, nos fenêtres ont derrière elles une histoire
longue et complexe. Au départ, il s’agissait d’ouvertures percées dans une paroi
afin de laisser pénétrer la lumière à l'intérieur – ou éventuellement de pouvoir
lancer un projectile à l’extérieur. Mais l’inconvénient d’une ouverture permanente,
c’est qu’elle favorise des échanges de chaleur indésirables avec l'extérieur, et
offre peu de protection contre les intempéries ou les visiteurs importuns.
On a remédié à ces désagréments en ajoutant des volets en
bois : ceux-ci assuraient la protection, mais ne laissaient pas passer la
lumière. Puis on a pensé à munir le cadre de la fenêtre de peaux d'animaux grattées
et tendues, après les avoir trempées dans l’huile pour les rendre translucides
et imperméables. Cependant, ces peaux n’étaient pas transparentes : il a
fallu attendre l’invention du verre pour que la fenêtre permette de voir parfaitement
à l’extérieur tout en conservant son rôle de protection.
Aujourd'hui, la fenêtre joue un rôle essentiel dans notre
vie quotidienne, individuelle et sociale : source de luminosité, de visibilité,
de communication, elle est aussi frontière entre deux espaces mitoyens, entre l’intérieur
et l’extérieur.
Vue de l’extérieur, la fenêtre constitue un élément de
décoration de la façade et contribue à déterminer le caractère du bâtiment.
De l’intérieur, chaque fenêtre ouvre sur un ailleurs, donné à contempler. Mais le cadre de la fenêtre fragmente cette réalité extérieure, qui n’est pas toujours visible ou ne l’est que partiellement ; il insère la scène dans un contour et sert de tremplin à l’imaginaire. Interface entre deux univers, celui du dehors et celui du dedans, la fenêtre peut ainsi donner lieu à un double jeu, entre regardant et regardé, entre exhibition et dissimulation.
En s'intégrant harmonieusement, les fenêtres contribuent au caractère de cette maison. |
De l’intérieur, chaque fenêtre ouvre sur un ailleurs, donné à contempler. Mais le cadre de la fenêtre fragmente cette réalité extérieure, qui n’est pas toujours visible ou ne l’est que partiellement ; il insère la scène dans un contour et sert de tremplin à l’imaginaire. Interface entre deux univers, celui du dehors et celui du dedans, la fenêtre peut ainsi donner lieu à un double jeu, entre regardant et regardé, entre exhibition et dissimulation.
La fenêtre apporte une valeur ajoutée à la résidence en l'ouvrant sur un ailleurs qui fait rêver. |
La fenêtre a aussi été perçue comme un lieu privilégié de l’échange
amoureux : traditionnellement, la femme à l’intérieur de la maison s’expose
ou se laisse apercevoir, à travers le cadre de la fenêtre, par l’homme situé à
l’extérieur, dans un jeu de séduction réciproque. Elle se met alors en danger
d’être extraite de ce cadre protecteur, d’autant plus si les personnages
n’appartiennent pas au même monde. Les scénarios ont beaucoup évolué dans ce domaine,
mais la symbolique demeure.
Extrait de "Femme à la fenêtre" de Dali. |
La fenêtre peut représenter encore la frontière entre
enfermement et liberté. Les mots eux-mêmes que nous employons peuvent être assimilés
à des fenêtres ouvertes ou fermées, donnant un aperçu de notre monde intérieur,
ou bien au contraire enfermant l’autre dans des jugements ou des préjugés.
Et vous, quel regard portez-vous sur les fenêtres ?
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La notion d'enfermement
Dedans, dehors
Renaud CHEREL
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