L’autorité, c’est le droit de commander, le pouvoir (reconnu
ou non) d’imposer l’obéissance, de se faire obéir. Dans son usage courant, le
mot autorité est polysémique, comme beaucoup de mots français : selon le
contexte, il peut recouvrir des sens différents. Quand on parle de l’autorité
d’un juge, on évoque le pouvoir accordé à sa fonction d’imposer l’obéissance à
des lois. Par ailleurs, on peut entendre par autorités les représentants du pouvoir,
les membres du gouvernement, ou les responsables de l’administration. Dans une
organisation pyramidale, l’autorité est conférée aux supérieurs hiérarchiques.
De quoi l'autorité dépend-elle ? |
Par ailleurs, il y a le contexte, la manière dont les
membres du groupe reçoivent cette autorité. Cela dépend de l’histoire du groupe,
de sa culture collective ; la parole ou l’acte posé par la personne se
situe dans un contexte social et culturel déterminé. Il y a bien sûr des gradations :
certaines personnes font autorité dans un cercle ou un domaine particulier :
leur profession, leur lieu de vie, leur milieu social ; d’autres sont acceptées
beaucoup plus largement ; enfin, l’autorité de quelques individus exceptionnels
est reconnue universellement, traversant à la fois les frontières et les
époques : ainsi en est-il des grands sages ou des esprits les plus brillants
de l’humanité.
Autorité, auctoritas
en latin, vient de auctor, auteur,
provenant de la racine augere, faire croître,
augmenter, développer. Cette étymologie est intéressante, car elle suggère que
celui qui détient l’autorité a pour mission de faire croître ceux dont il a la
charge et qu’il respecte : son autorité est un moyen au service d’une
valeur. C’est pourquoi l’autorité véritable est bien loin de l’autoritarisme :
caractère, comportement d’une personne qui aime l’autorité pour elle-même, qui
en use ou en abuse volontiers. L’individu qui fait preuve d’autoritarisme considère
le commandement comme une fin en soi. Son autorité est finalement un moyen de
se sécuriser, souvent au détriment des autres. Ayant peur d’être lui-même
attaqué ou infériorisé, il sera donc tenté de refuser toute discussion de sa domination,
exigeant tout et ne donnant rien en retour.
L’autorité naturelle est donc en lien avec l’estime de soi : plus je me sens intérieurement serein et en congruence, et plus mon autorité naturelle s’épanouira. À l’inverse, plus je me sentirai insécurisé, plus difficile sera mon exercice de l’autorité, et plus la tentation sera forte de recourir à l’autoritarisme.
Renaud CHEREL
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