Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 16 mars 2015

Néophobe ou néophile?

Dans le précédent article, nous avons abordé les notions de néophobie et de néophilie, recul ou attrait par rapport à la nouveauté : celles-ci ont des répercussions importantes dans la vie sociale. Dans la société, en effet, on a coutume de différencier les individus qui ont tendance à se montrer néophobes, qualifiés de « conservateurs », et ceux qui sont plutôt néophiles, les « progressistes ». Les uns et les autres s’organisent en associations, en mouvements, en partis politiques souvent antagonistes.

Cependant, si l’on prend un peu plus de hauteur, on en vient à constater que bien souvent dans la vie des sociétés humaines, des périodes plus néophiles alternent avec des périodes plus néophobes. La société chinoise, dans laquelle le changement et l’innovation ont été considéré comme extrêmement négatifs pendant des siècles, notamment sous l’influence d’une certaine interprétation du confucianisme, est brutalement entrée dans une période néophile il y a quelques décennies. Notre société occidentale a elle aussi connu ce type d’alternance : le Moyen-âge était plutôt néophobe, la Renaissance et la période actuelle sont allègrement néophiles. 

Le confucianisme a favorisé la tradition contre l'innovation.
Mais un examen plus détaillé de l’Histoire nous invite à davantage de nuance dans notre jugement ; ainsi, de nombreuses innovations ont vu le jour dans la période médiévale : on peut citer, parmi de multiples exemple, les techniques architecturales inventées pour construire les cathédrales, l’invention de la brouette, celle de la charrue à soc. De même les Chinois, à l’intérieur d’une société relativement immobile dans ses traditions, ont innové dans un certain nombre de domaines : ils ont inventé le papier et l’imprimerie, ou bien encore la poudre, qu’ils utilisaient uniquement pour les feux d’artifice, toutes technologies arrivées bien plus tard en Europe. Ils sont aussi à l’origine de la boussole, ce qui leur a permis de lancer des navires sur tous les océans bien avant Christophe Colomb.

Même si certains individus sont globalement plus attirés par la nouveauté et d’autres par la tradition, il nous faut reconnaître que la frontière entre néophobe et néophile passe à l’intérieur de chacun de nous : n’avons nous pas tendance à nous reposer sur la sécurité de choses acquises dans certains domaines, sans chercher à les remettre en question, et par ailleurs à rechercher la nouveauté dans d’autres ? De plus, pour la plupart, nous évoluons au cours de notre vie : jeunes, nous sommes généralement plus néophiles, plus à l’affût de la nouveauté. Inversement, lorsque nous avançons en âge, nous avons davantage tendance à nous fier à notre expérience et à nous installer dans certaines habitudes sécurisantes. D’ailleurs, les grandes inventions ou découvertes ont pour la plupart été réalisées par des personnes jeunes, même s’il existe de nombreuses exceptions à cette tendance. Thomas Edison, par exemple, déposa son dernier brevet à l’âge de 83 ans.

Thomas Edison, un esprit inventif jusqu'à la fin de sa vie.
En conclusion, ne portons pas trop rapidement de jugement sur les personnes ou les groupes dont le comportement en matière de nouveauté ne correspond pas au nôtre : c’est de sa diversité que naît la richesse de tout groupe humain !


Renaud CHEREL


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