Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 29 septembre 2014

Les risques de l'utopie

Utopie, pays imaginaire idéal
À l’origine, l’Utopie était un pays imaginaire où un gouvernement idéal régnait sur un peuple heureux. Aujourd'hui, l’utopie désigne un idéal politique ou social qui ne tient pas compte de la réalité et, par extension, une conception ou un projet qui paraît irréalisable.

Pourtant, de nombreuses utopies sont propagées dans notre société. Citons quelques exemples :      
- La promesse qu’un monde meilleur, voire idéal, sera atteint dans peu de temps grâce à l’effort de tous les citoyens ;            
- de façon plus pragmatique, une part des promesses faites par certains candidats aux élections, qui ne sont parfois pas tenues, parce que pas réalisables ;  
- la recherche du partenaire idéal pour former le couple idéal, recherche qui me semble plus marquée aujourd’hui qu’elle ne l’était il y a quelques générations ;         
- Mais aussi les innombrables promesses de la publicité, qui pour la plupart dessinent un monde idéal – une utopie – promis aux détenteurs des biens dont la promotion est faite.

Paul Watzlawick, théoricien américain de la communication, a montré avec ses collègues de l’École de Palo Alto que les utopies ont des effets pernicieux et aboutissent souvent à l’inverse de ce qu’elles étaient supposées apporter. En effet, si l’on arrivait à atteindre un état idéal de la société, une fois cet idéal atteint, tout écart aboutirait nécessairement à un état moins bon. Par conséquent, dans une telle société idéale, toute innovation et même tout changement seraient à bannir, puisqu’ils risqueraient de détériorer l’état idéal. Tous les gens créatifs ou originaux seraient mis en face d’un choix cornélien : soit ils continuent d’appartenir à la société, et pour cela ils doivent accepter d’être « rééduqués » par un système de lavage de cerveau. Soit ils refusent, et dans ce cas la société a le devoir de s’en débarrasser pour subsister. Cette vision des choses n’est pas qu’une théorie : l’Histoire a démontré maintes fois comment la logique de l’utopie amenait à ce genre de conclusion, pour preuve les excès perpétrés sous Hitler, Staline, Mao, Pol Pot ou d’autres régimes politiques.

Très souvent, les remèdes proposés pour résoudre les « problèmes » qui se posent dans le cadre de la recherche de l’utopie ne font qu’aggraver la situation. Là encore, Watzlawick propose des exemples assez parlants. Par exemple, le cas d’un couple dont la femme trouve que son mari ne communique pas assez : pour en savoir plus, elle le presse de questions. Mais lui, ressentant cette intervention comme une intrusion, a tendance à se montrer laconique. Si sa femme, croyant résoudre le problème, intensifie son questionnement, il y a de grandes chances que le mari s’enferme davantage dans son mutisme, provoquant éventuellement des soupçons : « pourquoi ne me parle-t-il pas ? A-t-il une maîtresse ? » Ce genre de cercle vicieux peut aller jusqu’à la rupture.

Watzlavick montre que, dans un certain nombre de cas, les problèmes sont créés par la recherche même de l’utopie. La société idéale n’existe pas, pas plus que le couple idéal. Si donc les difficultés quotidiennes sont vues comme faisant partie de la normalité, bien des problèmes disparaissent !


Renaud CHEREL


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