Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 15 septembre 2014

La notion d'enfermement

Enfermement (Christophe Cherel)
-« J’ai horreur de l’enfermement, déclare Blandine, je n’aime pas faire quelque chose très longtemps. Je veux pouvoir faire ce que je veux quand je veux. Je n’aime pas être enfermée, donc je prends de multiples options avant pour ne pas être prise au piège : il faut toujours qu’il existe une possibilité de faire autre chose. Par exemple, je lis trois livres différents en même temps, sur des sujets différents. C’est pareil pour plein de choses. »

La notion d’enfermement est très subjective, elle dépend beaucoup de la façon dont on voit le monde.
Au sens propre, l’enfermement est physique : on peut être enfermé dans un lieu clos, une cellule de prison, un cachot, un hôpital psychiatrique. Mais la limite dans laquelle on se sent enfermé est très variable selon les individus. Je me souviens d’une discussion avec un vieux paysan, en Auvergne : Anicet m’expliqua que, de sa vie entière, il n’était jamais sorti des limites de sa commune, sauf pour le service militaire. En revanche, il connaissait son territoire natal dans ses moindre recoins, ainsi que tous ses habitants – sauf les nouveaux, bien entendu, qui étaient des étrangers à ses yeux.

Au contraire, combien d’entre nous, et peut-être davantage dans les jeunes générations, se trouvent à l’étroit dans les frontières de leur pays ou même de l’Europe, et veulent découvrir ce qui existe ailleurs en ne cessant de voyager et de découvrir de nouvelles contrées à l’autre bout du monde ? Même en dehors des contraintes financières, telle personne s’accommodera fort bien de vivre dans un appartement minuscule donnant sur une rue étroite, telle autre aura besoin d’une grande maison ouverte sur des espaces infinis. Je connais des gens qui se sentent oppressés par les montagnes, et d’autres qui ne supportent pas de se promener dans des grottes ou même dans les couloirs du métro (claustrophobie). À l’inverse, certains préfèrent l’ambiance des centres commerciaux fermés, aux espaces naturels trop ouverts et angoissants (agoraphobie).

Au sens figuré, l’enfermement est psychologique : à la limite, c’est l’enfermement sur soi dans la folie ; mais sans aller jusque là, au quotidien, nous pouvons nous retrouver enfermés moralement ou mentalement, si nous nous sentons contraints par des obligations, des devoirs ou des rituels, ou simplement par une programmation serrée d’activités, que ce soit dans le secteur personnel ou professionnel. Dans un autre domaine, le regard que les autres portent sur nous peut nous enfermer dans des stéréotypes, du fait de notre sexe, de la couleur de notre peau, de notre position sociale, etc. et cela de manière différente selon les cultures et les époques.

Tous ces éléments ont une réalité objective ; mais chacun les ressent plus ou moins intensément. Pour certaines personnes, toutes ces contraintes sont insupportables alors que pour d’autres, ces mêmes éléments fournissent une ossature, une structure qui les conforte et les sécurise.

Comment est-ce que je me situe par rapport à cette notion d’enfermement ? Est-ce que mon attitude personnelle me convient ou bien, au fond, cela me dérange-t-il ?


Renaud CHEREL


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