Enfermement (Christophe Cherel) |
La notion d’enfermement est très subjective, elle dépend
beaucoup de la façon dont on voit le monde.
Au sens propre, l’enfermement est physique : on peut être
enfermé dans un lieu clos, une cellule de prison, un cachot, un hôpital
psychiatrique. Mais la limite dans laquelle on se sent enfermé est très
variable selon les individus. Je me souviens d’une discussion avec un vieux paysan,
en Auvergne : Anicet m’expliqua que, de sa vie entière, il n’était jamais
sorti des limites de sa commune, sauf pour le service militaire. En revanche,
il connaissait son territoire natal dans ses moindre recoins, ainsi que tous ses
habitants – sauf les nouveaux, bien entendu, qui étaient des étrangers à ses
yeux.
Au contraire, combien d’entre nous, et peut-être davantage dans
les jeunes générations, se trouvent à l’étroit dans les frontières de leur pays
ou même de l’Europe, et veulent découvrir ce qui existe ailleurs en ne cessant
de voyager et de découvrir de nouvelles contrées à l’autre bout du monde ?
Même en dehors des contraintes financières, telle personne s’accommodera fort
bien de vivre dans un appartement minuscule donnant sur une rue étroite, telle
autre aura besoin d’une grande maison ouverte sur des espaces infinis. Je connais
des gens qui se sentent oppressés par les montagnes, et d’autres qui ne supportent
pas de se promener dans des grottes ou même dans les couloirs du métro (claustrophobie).
À l’inverse, certains préfèrent l’ambiance des centres commerciaux fermés, aux
espaces naturels trop ouverts et angoissants (agoraphobie).
Au sens figuré, l’enfermement est psychologique : à la
limite, c’est l’enfermement sur soi dans la folie ; mais sans aller jusque
là, au quotidien, nous pouvons nous retrouver enfermés moralement ou mentalement,
si nous nous sentons contraints par des obligations, des devoirs ou des rituels,
ou simplement par une programmation serrée d’activités, que ce soit dans le secteur
personnel ou professionnel. Dans un autre domaine, le regard que les autres portent
sur nous peut nous enfermer dans des stéréotypes, du fait de notre sexe, de la
couleur de notre peau, de notre position sociale, etc. et cela de manière
différente selon les cultures et les époques.
Tous ces éléments ont une réalité objective ; mais
chacun les ressent plus ou moins intensément. Pour certaines personnes, toutes ces
contraintes sont insupportables alors que pour d’autres, ces mêmes éléments fournissent
une ossature, une structure qui les conforte et les sécurise.
Comment est-ce que je me situe par rapport à cette notion d’enfermement ?
Est-ce que mon attitude personnelle me convient ou bien, au fond, cela me
dérange-t-il ?
Renaud CHEREL
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