Midnight in Paris, un film de Woody Allen sur l'idéalisation (2011) |
-« Figurez-vous, dit
Émilie, que j’ai fait une rencontre incroyable cet été sur la plage : il
est beau, il est sportif et musclé, il a un super boulot, il est plein
d’humour, bref, l’homme idéal ! J’en ai rêvé, je l’ai rencontré, c’est lui
mon prince charmant ! On a décidé de s’installer ensemble…
- Toi, lui répond
Bérengère, tu es amoureuse ! Méfie-toi de ne pas l’idéaliser, ton
homme ! Tu risques de tomber de haut un de ces jours, crois-en mon
expérience… Tout nouveau, tout beau au début, et puis ensuite, quand tu
découvres la réalité, tu t’aperçois que les bonshommes sont tous pareils. Et
là, bonjour les dégâts… grosse déception !
- Arrête, interrompt
Frédéric, tu vas nous faire pleurer ! Pour moi, l’essentiel aujourd'hui,
c’est d’avoir un bon job, le reste viendra après. Cela fait des années que je
cours après le poste dont je rêve… Malheureusement, ce n’est pas dans cette
boîte pourrie que je vais pouvoir m’éclater, et vous non plus d’ailleurs, c’est
moi qui vous le dis.
- Heureusement qu’on
a de vrais amis sur qui s’appuyer, remarque Cosima ; moi, je fais totalement
confiance à mes amis, et j’attends d’eux la même chose : entre nous, on
peut tout se dire. Mais si un ami me trahit, alors là, c’est fini entre nous,
il n’a pas intérêt à revenir, il irait se faire recevoir en beauté, c’est moi
qui vous le dis ! »
Ne nous est-il jamais arrivé d’enjoliver le réel, ne
serait-ce que pour éloigner de nous la banalité de la vie quotidienne ? En
surévaluant certains aspects de notre vie, de notre partenaire, de notre
métier, de nos amis, ou d’une cause que nous défendons, nous tentons à la fois
d’échapper à la déception et de nous valoriser. C’est l’idéalisation, un
mécanisme de défense par lequel nous attribuons à une personne (soi ou autrui),
à un objet ou à une idée des qualités exagérées. L’attitude défensive inverse,
la dépréciation, n’est jamais loin de l’idéalisation : en effet, elle
risque de surgir si l’objet idéalisé n’est pas à la hauteur de nos
attentes : alors il n’est même plus bon à jeter aux orties. Et pour
certains, la descente peut continuer très bas : « Je suis complètement
nul, les autres sont nuls, le monde est mauvais, la vie ne vaut pas la peine
d’être vécue… »
Nous avons tous besoin d’idéal, qui agit comme un moteur et
nous permet d’agir, d’avancer vers l’avenir malgré les obstacles, les doutes et
les incertitudes. Sans un minimum d’idéalisation, beaucoup de projets, beaucoup
d’entreprises n’auraient pas vu le jour par manque de passion et d’énergie.
Mais jusqu’à quel point faut-il y recourir ? Pour être capable de les
incarner dans notre présent, nous devons accepter de confronter nos désirs les
plus utopiques à la réalité.
Nous verrons dans le prochain message comment gérer cet équilibre
entre idéal et réalité à travers quelques exemples concrets.
Equilibre entre idéal et réalité
Renaud CHEREL
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Les mécanismes de défense psychologiqueEquilibre entre idéal et réalité
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