Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

mardi 2 septembre 2014

Idéalisation et dépréciation, mécanisme de défense

Midnight in Paris, un film de Woody Allen sur l'idéalisation (2011)
Des amis discutent à la rentrée des vacances :

-« Figurez-vous, dit Émilie, que j’ai fait une rencontre incroyable cet été sur la plage : il est beau, il est sportif et musclé, il a un super boulot, il est plein d’humour, bref, l’homme idéal ! J’en ai rêvé, je l’ai rencontré, c’est lui mon prince charmant ! On a décidé de s’installer ensemble…

- Toi, lui répond Bérengère, tu es amoureuse ! Méfie-toi de ne pas l’idéaliser, ton homme ! Tu risques de tomber de haut un de ces jours, crois-en mon expérience… Tout nouveau, tout beau au début, et puis ensuite, quand tu découvres la réalité, tu t’aperçois que les bonshommes sont tous pareils. Et là, bonjour les dégâts… grosse déception !

- Arrête, interrompt Frédéric, tu vas nous faire pleurer ! Pour moi, l’essentiel aujourd'hui, c’est d’avoir un bon job, le reste viendra après. Cela fait des années que je cours après le poste dont je rêve… Malheureusement, ce n’est pas dans cette boîte pourrie que je vais pouvoir m’éclater, et vous non plus d’ailleurs, c’est moi qui vous le dis.

- Heureusement qu’on a de vrais amis sur qui s’appuyer, remarque Cosima ; moi, je fais totalement confiance à mes amis, et j’attends d’eux la même chose : entre nous, on peut tout se dire. Mais si un ami me trahit, alors là, c’est fini entre nous, il n’a pas intérêt à revenir, il irait se faire recevoir en beauté, c’est moi qui vous le dis ! »

Ne nous est-il jamais arrivé d’enjoliver le réel, ne serait-ce que pour éloigner de nous la banalité de la vie quotidienne ? En surévaluant certains aspects de notre vie, de notre partenaire, de notre métier, de nos amis, ou d’une cause que nous défendons, nous tentons à la fois d’échapper à la déception et de nous valoriser. C’est l’idéalisation, un mécanisme de défense par lequel nous attribuons à une personne (soi ou autrui), à un objet ou à une idée des qualités exagérées. L’attitude défensive inverse, la dépréciation, n’est jamais loin de l’idéalisation : en effet, elle risque de surgir si l’objet idéalisé n’est pas à la hauteur de nos attentes : alors il n’est même plus bon à jeter aux orties. Et pour certains, la descente peut continuer très bas : « Je suis complètement nul, les autres sont nuls, le monde est mauvais, la vie ne vaut pas la peine d’être vécue… »

Nous avons tous besoin d’idéal, qui agit comme un moteur et nous permet d’agir, d’avancer vers l’avenir malgré les obstacles, les doutes et les incertitudes. Sans un minimum d’idéalisation, beaucoup de projets, beaucoup d’entreprises n’auraient pas vu le jour par manque de passion et d’énergie. Mais jusqu’à quel point faut-il y recourir ? Pour être capable de les incarner dans notre présent, nous devons accepter de confronter nos désirs les plus utopiques à la réalité.

Nous verrons dans le prochain message comment gérer cet équilibre entre idéal et réalité à travers quelques exemples concrets.


Renaud CHEREL


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