Après une longue et intenses période de sècheresse, voilà revenu le temps de la pluie.
Ce matin, à l’aube, c’est la grisaille : le ciel est uniformément sombre, la luminosité est faible, la lumière me parvient comme tamisée. Par la fenêtre, dans une atmosphère ouatée, j’aperçois au-delà des arbres, dans le lointain, les contours des collines qui paraissent estompés par les rideaux de pluie. Une brume légère monte du sol, tout le paysage semble noyé dans l’humidité qui imprègne l’atmosphère. L’air est calme, un peu de vent agite mollement les rameaux des arbres, dont les feuilles trépident sous l’impact des gouttes qui tombent sans discontinuer. Par moments un souffle de vent surgit, agitant la cime des arbres qui se balancent lentement, puis le calme revient.
Murmure de la pluie tombant sur les feuilles... |
C’est un temps qui incite à demeurer sous la couette, bien au chaud dans un univers douillet. Je suis envahi par une sensation d’uniformité, d’homogénéité, l’impression d’être enveloppé par cette pluie, dans un cocon qui évoque le retour au sein maternel, à la matrice primordiale, à l’origine, à l’enfance, au paradis perdu. La pluie parfois nous incite au retour sur soi et suscite des sentiments de langueur, de tristesse, de nostalgie. Aujourd'hui, elle évoque plutôt le calme, la sérénité, le bonheur tranquille. La pluie est associée à tant de symboles : c’est l’eau qui tombe du ciel et qui vient féconder la terre ; sans elle, pas de végétation, pas de récolte, pas de vie. C’est l’eau nourricière, l’eau désaltérante, l’eau bienfaitrice, l’eau maternelle, l’eau de jouvence qui vient régénérer les êtres vivants.
Il me faut mettre le nez dehors, après m’être équipé d’un vêtement imperméable et de solides chaussures. La température de l’air est douce, il ne fait ni trop chaud ni trop froid. L’air est humide, et cette humidité qui imprègne l’atmosphère lui confère une qualité un peu particulière, une très légère sensation de moiteur lorsque je la respire. Je savoure la sensation des gouttes de pluie qui me tombent sur le visage et sur les mains, la caresse de l’air frais sur la figure. Par endroits mes pieds s’enfoncent dans le sol détrempé, saturé d’eau. Je respire profondément, humant l’air : je perçois l’odeur de la terre mouillée qui remonte, une odeur primitive, basique, d’humus et de végétation.
Renaud CHEREL
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