-« Mon mari m’a offert un aspirateur, je n’ai pas
trouvé cela très élégant ! s’exclame Servane. Je n’aime pas trop les cadeaux
utilitaires, je préfèrerais quelque chose de plus romantique. Et puis qu’est-ce
que ça veut dire ? Il trouve que je ne fais pas bien le ménage ? Il n’a
qu’à le faire, lui !
- Moi, explique Mauger, pour ne pas risquer ce genre de
mésaventure, j’offre des chèques ou des bons d’achat : ainsi la personne
choisit ce qu’elle veut, elle ne pourra pas se plaindre d’avoir reçu un cadeau
qui ne lui plaisait pas !
- C’est louable sur le principe, tempère Vivienne, mais
tu reconnaîtras que ce n’est pas très poétique… Je préfère recevoir un cadeau
de peu de valeur, mais dans lequel la personne s’est investie, a donné de son
temps et de son imagination. Pour tout dire, les cadeaux qui me touchent le
plus sont ceux qui ont été fabriqués par le donneur et non achetés à l’extérieur.
- Mais on ne peut pas fabriquer tous les cadeaux,
objecte Prosper. L’important, c’est l’intention, et la manière de donner compte
autant que le contenu, à mon avis. Cela dit, j’ai du mal avec ma sœur : rien
ne lui plaît, elle a déjà tout… je tombe toujours à côté, et elle me le fait
sentir, c’est humiliant… »
Pendant cette période de Noël et de la fin d’année, nous avons
probablement reçu des cadeaux et nous en avons donné. Les enfants donnent et
reçoivent spontanément, sans cacher leur plaisir ou leur déception. Pour nous adultes,
c’est plus compliqué, les cadeaux s’inscrivent dans un tissu de relations
sociales, réglés par des coutumes et des règles de convenance. À ce titre, ils ne
sont pas neutre ni totalement gratuits : nous faisons des cadeaux pour faire
plaisir à l’autre, mais aussi pour nous-mêmes. Peut-être pour plaire et nous sentir
aimé de l’autre, pour nous rassurer, nous valoriser, pour conforter notre
appartenance au groupe. Peut-être aussi parfois pour envoyer des messages ou
régler des comptes avec certaines personnes.
En plus du message que je tente d’envoyer à l’autre, les cadeaux
que j’offre disent quelque chose de moi-même et de ma relation au destinataire,
et aux autres de manière générale. Car dans l’échange d’un cadeau, on peut dire
qu’il y a trois personnes en présence : le donneur, le receveur, et le spectateur
imaginaire de la représentation en cours. En cherchant à faire plaisir à l’autre,
il peut arriver que j’offre ce qui m’a manqué, ce que j’aurais aimé recevoir ;
c’est peut-être l’occasion d’affirmer mon originalité et ma singularité ; ou
bien celle de prendre du pouvoir sur le destinataire, en lui offrant ce qu’il
ne pourra jamais me rendre…
Se mettre à la place de la personne à qui l’on offre n’est
pas toujours un exercice facile. Mais acceptons aussi de ne pas être parfaits
et de nous tromper parfois.
Et vous, avez-vous fait des cadeaux ? En avez-vous reçu ?
Et comment avez-vous vécu cela ?
Savoir dire merci
Renaud CHEREL
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