Avant de se décider,
Julienne a l’habitude de se renseigner, écoute différents avis, puis tranche en
assumant la responsabilité de sa décision, sachant qu’il lui arrive de faire
des erreurs. Quant à Victorien, il n’hésite pratiquement jamais et décide très
vite sans trop considérer les conséquences. Mais il regrette rarement son geste :
oui, il y a eu des dégâts collatéraux, mais à quoi servirait d’attendre une
meilleure décision, qui, si elle arrive trop tard, serait encore pire ?
Mais tout le monde ne
fonctionne pas comme Julienne ou Victorien, et en regardant autour de nous, nous
constatons que beaucoup de gens ont des difficultés à choisir.
Ignace n’arrive pas à faire
ses choix et hésite longuement entre les différentes options possibles. Quand
il finit par faire un choix, c’est comme s’il se jetait à l’eau, les yeux
fermés ; mais souvent, au regard de conséquences qu’il n’avait pas prévues,
il le regrette ou bien en rejette la responsabilité sur d’autres que lui-même.
Clémentine hésite aussi, mais pour d’autres raisons, sous l’effet d’une certaine paresse, comme si l’acte de choisir lui demandait une énergie au-dessus de ses forces. Alors, elle préfère attendre un peu et remet sa décision à plus tard : peut-être que les événements feront en sorte qu’elle n’aura pas le choix…
Sheila a du mal à choisir,
car il lui faut sécuriser ses choix. Elle va donc considérer au préalable
toutes les conséquences, directes et indirectes, de chacune des options
possibles, avant de choisir celle dont les implications seront les moins défavorables ;
ces considérations lui prennent évidemment beaucoup de temps.
On peut penser que la
façon de vivre actuelle joue dans notre difficulté à choisir.
Une première raison tient
à la multiplicité des choix que nous avons à faire au quotidien, face à l’offre
pléthorique de la société de consommation. Le moindre produit, le moindre
service est disponible sous une multitude de prix, de formes, d’emballages
différents, chacun avec ses avantages et ses inconvénients. Aux
caractéristiques du produit lui-même s’ajoutent éventuellement des considérations
sur l’impact que son acquisition peut avoir sur notre santé, sur l’emploi ou sur
l’environnement. Tous ces éléments augmentent considérablement la difficulté du
choix.
Une seconde raison tient à
notre liberté de choix. En effet, dans la société où vivaient nos aïeux, la plupart
des individus se conformaient au scénario défini par leur naissance. Leur
classe sociale, leur sexe, leur place dans la fratrie, le métier de leurs parents,
leur religion, et d’autres facteurs encore, déterminaient leur vie de façon assez
précise et – pour la plupart d’entre eux – sans guère de remise en question. Aujourd'hui
au contraire, même si ces éléments continuent d’exister pour chacun de nous, tout
nous pousse à trouver par nous-mêmes notre épanouissement individuel. Chacun de
nous porte sur ses épaules la lourde responsabilité de son développement
personnel et de son propre bonheur. Du coup, les décisions que nous prenons ont
un poids autrement plus lourd : même des choix anodins peuvent revêtir une
importance quasi vitale pour certains d’entre nous.
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