Floriane, très attachée à son employeur et à son emploi, a bien réussi dans sa carrière professionnelle, mais sa vie personnelle n’est pas très heureuse. Toute son énergie consacrée au travail, elle a du mal à se faire des amis, mettant de la distance lorsque la relation devient trop proche. Et ses relations avec les parents sont plutôt orageuses, alors qu’elle désire toujours être aimée d’eux.
Côme collectionne les aventures amoureuses sans lendemain ;
et pourtant, il rêve secrètement de trouver l’âme sœur, la femme avec qui
partager le restant de ses jours. Quand il examine ses comportements, il se
rend compte que, pour ne pas risquer la déception amoureuse, c’est souvent lui
qui fait en sorte de provoquer la rupture.
Suzon est souvent en souffrance dans sa relation à l’autre
et ses attitudes sont souvent excessives : elle peut passer des grandes
démonstrations d’affection à l’agressivité et à la jalousie, ou bien se replier
sur soi et s’enfermer dans son désespoir de ne pas être comprise. Elle pense
qu’elle n'est pas assez bien, qu’elle n’est pas à la hauteur des attentes de
l’autre.
Eugénie explique qu’elle est une personne très compliquée et
se demande si quelqu’un est capable de la comprendre. Dans beaucoup de
situations, elle se sent impuissante, en insécurité, et ressent souvent un fort
sentiments d’injustice, tout en se sentant incapable d’intervenir.
Ces personnes souffrent du sentiment d’abandon, elles
éprouvent l’angoisse d’être délaissée, la peur d’être quittées définitivement
par ceux auxquels elles sont liées ou dont elles dépendent, ou encore la
sensation d’être livrées au pouvoir d’un tiers sans capacité de se défendre. Ce
sentiment peut naître à la suite d’un choc vécu dans l’enfance : enfant
réellement abandonné par l’un de ses parents ou les deux, mais le plus souvent
situations vécues subjectivement comme un abandon. Par exemple, un parent
absent car absorbé par son activité professionnelle ; le décès d’une tante ou
d’un grand-père auquel l’enfant était très attaché ; l’arrivée d’un bébé
auquel les parents vont consacrer beaucoup d’attention ; le fait d’être
confié à une nounou pendant que les parents travaillent… et même un événement
vécu comme traumatisant pendant la vie fœtale. Mon expérience m’amène à penser
que l’événement causal peut parfois remonter plus loin : des traumatisme
vécus par les parents, grands-parents ou avant, qui n’ont pas été digérés et
ont été transmis à la descendance.
Ainsi, un grand nombre de faits de la vie ordinaire peuvent
agir comme déclencheurs du sentiment d’abandon. Bien sûr, la plupart d’entre
nous vont oublier ces événements. Mais pour certaines personnes, l’émotion
ressentie alors perdure, souterrainement, jusque dans leur vie d’adulte. En
toute logique, elles peuvent conclure inconsciemment : « puisque j’ai
été abandonné(e), c’est que je ne suis pas digne d’être aimé(e) ». Cette
croyance est d’autant plus solide qu’elle est inconsciente ; et elle va
colorer toutes les relations sociales et affectives, apportant son lot de souffrance
et de solitude.
Pourtant, cette blessure n’est pas inguérissable. Nous
verrons dans le prochain message que des chemins peuvent être empruntés pour en
faire un atout.
Peurs
Construire sa vie
Renaud CHEREL
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