Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

mardi 24 janvier 2017

Abandon et sentiment d'abandon


Floriane, très attachée à son employeur et à son emploi, a bien réussi dans sa carrière professionnelle, mais sa vie personnelle n’est pas très heureuse. Toute son énergie consacrée au travail, elle a du mal à se faire des amis, mettant de la distance lorsque la relation devient trop proche. Et ses relations avec les parents sont plutôt orageuses, alors qu’elle désire toujours être aimée d’eux.

Côme collectionne les aventures amoureuses sans lendemain ; et pourtant, il rêve secrètement de trouver l’âme sœur, la femme avec qui partager le restant de ses jours. Quand il examine ses comportements, il se rend compte que, pour ne pas risquer la déception amoureuse, c’est souvent lui qui fait en sorte de provoquer la rupture.

Suzon est souvent en souffrance dans sa relation à l’autre et ses attitudes sont souvent excessives : elle peut passer des grandes démonstrations d’affection à l’agressivité et à la jalousie, ou bien se replier sur soi et s’enfermer dans son désespoir de ne pas être comprise. Elle pense qu’elle n'est pas assez bien, qu’elle n’est pas à la hauteur des attentes de l’autre.

Eugénie explique qu’elle est une personne très compliquée et se demande si quelqu’un est capable de la comprendre. Dans beaucoup de situations, elle se sent impuissante, en insécurité, et ressent souvent un fort sentiments d’injustice, tout en se sentant incapable d’intervenir.

Ces personnes souffrent du sentiment d’abandon, elles éprouvent l’angoisse d’être délaissée, la peur d’être quittées définitivement par ceux auxquels elles sont liées ou dont elles dépendent, ou encore la sensation d’être livrées au pouvoir d’un tiers sans capacité de se défendre. Ce sentiment peut naître à la suite d’un choc vécu dans l’enfance : enfant réellement abandonné par l’un de ses parents ou les deux, mais le plus souvent situations vécues subjectivement comme un abandon. Par exemple, un parent absent car absorbé par son activité professionnelle ; le décès d’une tante ou d’un grand-père auquel l’enfant était très attaché ; l’arrivée d’un bébé auquel les parents vont consacrer beaucoup d’attention ; le fait d’être confié à une nounou pendant que les parents travaillent… et même un événement vécu comme traumatisant pendant la vie fœtale. Mon expérience m’amène à penser que l’événement causal peut parfois remonter plus loin : des traumatisme vécus par les parents, grands-parents ou avant, qui n’ont pas été digérés et ont été transmis à la descendance.

Ainsi, un grand nombre de faits de la vie ordinaire peuvent agir comme déclencheurs du sentiment d’abandon. Bien sûr, la plupart d’entre nous vont oublier ces événements. Mais pour certaines personnes, l’émotion ressentie alors perdure, souterrainement, jusque dans leur vie d’adulte. En toute logique, elles peuvent conclure inconsciemment : « puisque j’ai été abandonné(e), c’est que je ne suis pas digne d’être aimé(e) ». Cette croyance est d’autant plus solide qu’elle est inconsciente ; et elle va colorer toutes les relations sociales et affectives, apportant son lot de souffrance et de solitude.

Pourtant, cette blessure n’est pas inguérissable. Nous verrons dans le prochain message que des chemins peuvent être empruntés pour en faire un atout.

 

Renaud CHEREL

Vous pouvez lire aussi dans ce blog des articles sur la même thématique :
    Fragilité
    Peurs
    Construire sa vie

Aucun commentaire: