Il est de tradition, dans les pays d’influence chrétienne, d’aller se recueillir sur les tombes de nos proches le 1e novembre (jour de la Toussaint) ou le lendemain (commémoration des défunts), coutume assez répandue en France, même parmi les non-croyants. À l’origine, le choix de la date a probablement été lié à la symbolique de cette saison d’automne, marquée par la diminution de la longueur des jours, par la chute des feuilles et l’arrivée des premiers froids, ainsi que de la mise en hibernation de certains animaux, tous signe d’un ralentissement de la vie dans la nature et indirectement annonciateurs de la mort. Les pratiques funéraires figurent parmi les caractéristique des êtres humains, et nos ancêtres les plus reculés marquaient déjà leur respect envers les morts.
Il est certainement bon de trouver quelques occasions dans l’année
de songer à notre fin dernière. Car dans la vie quotidienne, pris par nos
activités et nos préoccupations, nous n’y pensons pas trop. Ou plutôt, nous éloignons
cette perspective de notre conscience, car au fond la mort, qui représente le
mystère ultime, la mort nous effraie. Et tous nos divertissements ne seraient
que des moyens d’échapper à la pensée de notre condition mortelle.
Et pourtant, lorsqu’on y songe, on découvre que la mort est intrinsèquement
liée à la vie, comme l’ombre à la lumière, comme les deux faces d’une même
pièce. Il n’y a pas de vie sans mort ; on peut même ajouter que, dans ce
monde matériel qui nous entoure, il n’y a pas d’existence sans mort. Tout doit
mourir, tout doit partir. Tous les hommes mourront un jour, toutes leurs réalisations,
toutes les villes et les monuments qu’ils ont construits périront. Même les plus
hautes montagnes, l’Everest et tous les orgueilleux pics de l’Himalaya disparaîtront
un jour, de même que notre terre, le soleil et toutes les étoiles… Mais cela
est évidemment bien loin de nous.
Bien plus près, je peux évoquer le fait que je suis d’une
certaine façon mort à ce que j’ai été : je ne suis plus le bébé que
j’étais il y a quelques décennies, ni l’enfant ou l’adolescent que je fus, avec
ses projets, ses interrogations et ses contradictions. Non seulement je ne peux
pas revenir en arrière dans mon passé, mais si j’y revenais, je ne serais pas
la même personne, car riche d’une autre histoire. Il faut donc me faire une raison :
ce temps-là ne sera plus jamais et c’est donc une petite mort dont j’ai à faire
le deuil. À chaque étape de ma vie, nourrisson, enfant, adolescent, jeune
adulte, adulte, vieillard, décrépit, j’ai à porter le deuil de celui que
j’étais et que je ne serai plus jamais. En poussant ce raisonnement à sa suite
logique, je peux dire que, d’une certaine façon, je meurs à chaque instant que
je vis, puisque je ne suis plus ce que j’étais précédemment.
Ces réflexions vous donnent peut-être le tournis, mais ce me
semble être une façon de faire face à l’idée de votre mort. Memento mori : souviens-toi que tu vas mourir.
Renaud CHEREL
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