"L'arbre de la connaissance" |
Dans notre société, nous sommes constamment bombardés d’informations venant de toutes parts. En plus des moyens traditionnels de communication comme l’échange direct par la parole, le téléphone ou la lecture de journaux, sont apparus en quelques dizaines d’années de nombreux outils via Internet, courrier électronique, forums de discussions, chats, visioconférences et autres. Ces outils permettent de s’informer sur pratiquement tout, et cela très rapidement. Pour les individus comme pour les entreprises, ils sont quasiment devenus indispensables. Pour les premiers, afin d’être normalement insérés dans la société, de pouvoir échanger sur les faits d’actualité, de tirer parti au mieux de ce que proposent les services modernes. Pour les secondes, pour s’informer sur les changements et évolutions de leur environnement, leur clientèle, leurs concurrents.
Information vient du latin informatio, de la racine forma
signifiant forme, moule, et désigne les renseignements sur quelqu’un ou quelque
chose et par extension l’action de les diffuser.
Au départ, on perçoit ou reçoit des données et c’est leur
interprétation qui constitue une information. Celle-ci est donc plus élaborée
que la donnée mais, à mon sens, elle l’est moins que la connaissance.
Connaître vient du latin cognoscere,
de la racine gen/gno, signifiant
savoir (d’où dérive to know en
anglais). Connaître, c’est se faire une idée de quelque chose ou quelqu’un,
mais aussi avoir vécu, ressenti. En français, on peut dire que co-naître c’est
naître avec, même si cela n’a pas de rapport direct avec l’étymologie du mot.
Mais cela donne une indication sur la profondeur de celui-ci : à la
différence de l’information, qui aujourd'hui plus encore qu’hier peut être instantanée,
il me semble que toute connaissance vraie exige d’y consacrer du temps. La
connaissance de quelque chose ou de quelqu’un, pour être réellement intégrée,
doit être en quelque sorte digérée ; elle requiert un « vivre
avec » qui se déroule dans le temps.
Une information deviendra une connaissance quand la
personne, avec ses connaissances et compétences antérieures, se la sera
appropriée. Cette appropriation varie selon les individus, leur histoire, le
contexte dans lequel ils évoluent, et leur motivation.
Un exemple pour illustrer mon propos :
39°5 est une donnée. Mais sans contexte, difficile de savoir
ce qu’elle représente. Par contre, associée à des données comme la pression
artérielle, le rythme cardiaque et certains symptômes, elle fait partie des
informations médicales dont dispose le spécialiste concernant la patiente de la
chambre 357, qui lui permettent de diagnostiquer une maladie rare. Mais voilà
qu’une complication est survenue pendant le traitement. D’un autre côté, le
médecin traitant de cette patiente connaît très bien madame Dupont, car il l’a
suivie depuis sa première grossesse, il l’a vue à de nombreuses reprises en
consultation, et s’est déplacé chez elle plusieurs fois à l’occasion de
maladies de ses enfants. Le spécialiste a pu traiter Mme Dupont plus rapidement
et plus efficacement ; mais peut-être les complications auraient pu être
évitées grâce à la connaissance de cette patiente que possédait le généraliste.
La connaissance se nourrit d’informations, les deux sont
étroitement imbriquées. Mais ne privilégions pas l’information au détriment de
la connaissance !
Renaud CHEREL
Vous pouvez lire aussi dans ce blog des articles sur la même thématique :
Croyances et savoirs
Faut-il avoir de l'expérience?
Croyances et savoirs
Faut-il avoir de l'expérience?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire