Tous les moyens sont-ils permis pour arriver à ses fins ? |
-« La fin justifie les moyens : en politique, ils
utilisent tous ce principe, affirme Keriann : tous les moyens sont permis,
pourvu qu’on ne se fasse pas prendre. Si tu n’utilises que les moyens légaux,
tu te fais piétiner par tes concurrents.
- Tout dépend de ce que tu recherches, répond Marie-Paule. Si c’est pour
le bien public, est-ce que ça ne justifie pas d’utiliser parfois des méthodes
pas très légales ?
- Oui, renchérit Sabin, la police utilise bien des méthodes limites pour infiltrer
les réseaux clandestins de drogue ou d’objets volés, mais c’est pour un bien au
final.
- Et pour nous, c’est vrai aussi ? interroge Marie-Paule.
- Non, la fin ne justifie pas les moyens, affirme Leila. Bon, pour des
petites choses, d’accord. Par exemple, j’ai un peu « arrangé » mon CV
pour obtenir mon emploi, mais ça ne doit pas aller plus loin… »
L’expression « la fin justifie les moyens » est
attribuée à Nicolas Machiavel, penseur florentin de la Renaissance, dont
l’ouvrage le plus connu est « Le Prince ». En politique, selon lui,
tous les moyens employés sont bons pour atteindre la fin visée, à la condition
toutefois que cette fin soit elle-même légitime.
La fin justifie-t-elle les moyens ? Peut-on utiliser
tous les moyens pour arriver à sa fin, si celle-ci est bonne ? Peut on
s’autoriser à commettre n’importe quel acte, même répréhensible pour arriver à
un objectif honorable ? En théorie, beaucoup de penseurs répondent
non ; mais dans la pratique, l’on constate que la réponse est souvent oui…
Le sujet est vaste, mais j’ai bien aimé la réflexion de Gérard
François Dumont, Géographe, Professeur à la Sorbonne, pour qui le mot essentiel
est le mot « fin », à différencier du mot « objectif ». Lorsqu’on
parle de fin, on évoque le terme final, et par conséquent on n’a pas à se
préoccuper de ce qui pourrait advenir après. Ainsi, l’impératif de fin engendre
n’importe quel type de moyen. Par contre, lorsqu’on vise un objectif, celui-ci
n’a pas un caractère final, mais s’inscrit dans une série d’efforts continuels.
L’objectif une fois atteint ouvrira sur d’autres objectifs ultérieurs. Il ne devrait
donc pas justifier des moyens condamnables.
Et cet auteur élargit sa réflexion en affirmant : « aucune
réalité ou œuvre humaine n’a de fin ». La fin de vie d’un individu n’est
pas la fin de la société, car cette vie s’inscrit entre les générations passées
et les générations futures. De même, d’une certaine façon, elle n’a pas de
début puisqu’elle hérite de toute l’expérience des générations antérieures. La
formule « la fin justifie les moyens » serait, elle, fondée sur le projet de créer un monde fini, conforme à une représentation rigide, justifiant
d’y employer tous les moyens. Mais des valeurs comme « la démocratie, la liberté, la
séparation des pouvoirs, la fraternité… ne peuvent être des "fins" (…).
Elles ne peuvent être que des "objectifs" vers lesquels il faut
tendre. »
2 commentaires:
Le mot "finalité", qui concerne un but et donc un objectif, aurait été mieux choisi... mais n'empêche pas de se poser des questions sur cette interrogation.
C'est vrai, mais l'expression consacrée est bien "la fin justifie les moyens", d'où la réflexion de Gérard-François Dumont, qui me paraît pertinente. A partir du moment où un groupe humain envisage ses actions en vue d'une "fin", il s'autorise tous les moyens pour y parvenir. C'est ainsi que le régime nazi utilisait l'expression de "solution finale" pour qualifier le génocide des Juifs, comme d'autres groupes extrémistes aujourd'hui visent une "fin".
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