"Du temps de ma jeunesse... c'était bien mieux !" |
- La nostalgie, c’est complètement ringard !
s’exclame Charly. Ils me font rigoler, tous ces gens qui se lamentent sur le
bon vieux temps. Moi, je n’ai rien à faire du passé, c’est mort. Ce qui
m’importe, c’est ce que je vis maintenant et tous les projets que j’ai dans la
tête : la vie, elle est là !
- Quand j’étais petite, affirme Anna, du haut de ses
sept ans, c’était bien mieux que maintenant. On a déménagé et j’ai perdu mes
meilleures copines. Et puis ma mère, elle doit tout le temps s’occuper de mon
petit frère et pas tellement de moi. Oh, ce que j’aimerais bien, c’est de revenir
au temps d’avant !
- Ça fait quand même du bien de se replonger dans les
bons moments qu’on a vécus, reconnaît Hubert. Pour moi, la nostalgie, ce n’est
pas de la tristesse noire, c’est plutôt un sentiment positif et délicieux dans lequel
j’aime bien me retrouver. Je dirais même que le rappel des jours heureux m’aide
à affronter les difficultés d’aujourd'hui. »
Le mot nostalgie vient du grec nóstos, retour, et álgos,
tristesse, douleur, souffrance : au départ, il désignait le « mal du pays
», le désir douloureux de retourner chez soi. Ulysse est un bel exemple de
nostalgique antique : il prend plaisir à différer son retour, mais pleure en
pensant à Pénélope, sa femme, et à Ithaque sa ville natale. Valorisée pendant
la période romantique, la nostalgie a ensuite longtemps été considérée comme
une maladie neurologique ou comme un signe de dépression non surmontée.
On peut analyser la nostalgie comme le résultat d’une
rupture entre une période heureuse vécue dans le passé, et une vie plus
difficile ensuite, du fait d’un événement ressenti négativement ou subi dans la
souffrance. Par la suite, le moment de bonheur va être survalorisé, la mémoire
ayant éliminé ses éléments négatifs pour n’en retenir que le meilleur. Mais en
cherchant à revivre ce bonheur perdu, on risque de réactiver aussi la
souffrance liée à sa disparition
.
Aujourd'hui pourtant, la nostalgie est revenue à la mode :
en cette période de crise, les références au passé, aux Trente Glorieuses sont
de plus en plus nombreuses. Est-ce un mal ? De plus en plus de chercheurs
qui ont étudié cette question affirment que la nostalgie comporterait des
éléments positifs, à condition de ne pas s’y plonger constamment. En effet, les
souvenirs nostalgiques consolideraient le bien-être en formant une sorte de protection
contre les pensées négatives : en revivant un moment heureux de mon passé,
je peux y puiser des ressources pour affronter le présent.
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