Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

mardi 28 juin 2016

Sentiment de culpabilité


-« Mon garçon ne réussit pas à l’école, soupire Priscilla, et c’est certainement de ma faute. Je ne suis pas une bonne éducatrice ; je ne suis pas assez présente pour lui faire faire ses devoirs et réviser ses leçons tous les soirs...            
- J’ai encore sévèrement critiqué une de mes employées cet après-midi, se dit Uriel, gérant d’une épicerie ; j’ai renvoyé la culpabilité sur elle, mais pour être tout à fait honnête, est-ce qu’elle était suffisamment formée ? C’est quand même moi qui suis responsable de ce qui se passe dans mon établissement.     
- Je réagis au quart de tour quand on me fait une réflexion, et après je culpabilise de m’être mise en colère, remarque Solange ; je devrais réagir autrement mais je n’y parviens pas.            
- Je fais tout pour éviter le conflit, explique Léopold. J’ai beaucoup de mal à dire non, et quand je le fais, je me sens coupable… Je me demande toujours si je n’aurais pas pu éviter de blesser l’autre par mon refus… »

Qui n’a pas éprouvé un jour ou l’autre un sentiment de culpabilité ? Même le criminel le plus endurci qui tue ou viole sans regrets apparents peut se sentir coupable de quelque chose, par exemple de ne pas avoir souhaité l’anniversaire de sa mère.

Le sentiment de culpabilité n’est pas inutile, loin de là : il naît de la conscience d’avoir enfreint des lois, des règles, sans lesquelles la société ne pourrait pas fonctionner : aucune société ne permet que l’on tue, vole ou viole selon son bon plaisir. Vivre sans jamais éprouver de culpabilité nécessiterait de pouvoir transgresser n’importe quelle règle sans s’en sentir fautif, ou bien de vivre dans un monde sans aucune loi ni règle. Pour appartenir au groupe, l’individu doit renoncer à la toute-puissance de ses pulsions. La culpabilité est liée à notre conscience morale qui fixe les frontières entre le bien et le mal, le permis et l’interdit, et fait de nous des êtres responsables.

Malheureusement, nous allons souvent trop loin : nous nous punissons pour des désirs ou des pensées qui contrarient les attentes de nos proches et de la société, autant que pour nos fautes réelles. Certains se persécutent par une culpabilité dont, la plupart du temps, ils ignorent la cause.

Bien sûr, nous faisons des erreurs et par conséquent il nous arrive d’être coupables de façon objective. Mais développer un sentiment général de culpabilité est inutile et toxique. La culpabilité inconsciente est un poison qui peut empoisonner toute notre existence. Or, on n’est jamais coupable pour avoir transgressé un interdit que l’on ne connaissait pas. Et par ailleurs, rappelons-nous qu’aucun être n’est assimilable à son acte, alors que nous faisons souvent l’amalgame : le fait d’avoir volé ne fait pas de cet individu un voleur, pas plus que d’avoir menti, un menteur. Il convient de réprouver l’acte et non la personne, de sanctionner la faute et non son auteur.

Il importe donc d’apprendre à déculpabiliser ; et cela passe par une bonne connaissance de soi.



Renaud CHEREL

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